Blanquer : L'ouverture des EPSF nécessitera l'accord des conseils d'école 

A la veille d'une grève qui s'annonce encore plus suivie que celles du 19 mars dans le premier degré, JM Blanquer envoie une nouvelle lettre, le 2 avril, cette fois aux seuls directeurs. Il promet que "l'accord de la municipalité et du conseil d'école sera une condition nécessaire à la réalisation" d'un établissement public des savoirs fondamentaux (EPSF). Cette fois la formule est précise. Mais JM Blanquer ne dit pas comment cet accord nécessaire des conseils d'école entrera dans la loi. Pour le moment il ne figure pas dans le texte soumis au Sénat. JM Blanquer ne parle pas d'amendement. Seule une forte pression continue des enseignants pourrait l'amener à modifier réellement la loi.

 

La lettre de JM Blanquer

 

Il aura fallu du temps à JM Blanquer pour sortir des finasseries et trouver la formule qui a un sens. Le 20 mars, juste après la forte mobilisation du 19 , il avait parlé d'accord de "la communauté scolaire". Le 29 mars, là aussi à la veille d'une manifestation qui s'est avérée très importante, il parle d'accord "des professeurs", ce qui ne veut toujours rien dire.

 

Dans sa lettre aux directeurs du 2 avril, JM Blanquer définit clairement les conditions d'ouverture des EPSF. "Les discussions qui ont commencé avec les organisations syndicales ainsi que les débats à venir devant le Sénat vont nous permettre de préciser les choses et d’apporter de solides garanties sur trois points : la procédure d’abord. Nous souhaitons en effet que les modalités de création d’un EPLESF soient similaires à la procédure utilisée pour déterminer les rythmes scolaires de vos écoles. L’accord de la municipalité et du conseil d’école sera donc une condition nécessaire à la réalisation du projet ;  ensuite, sur le nombre d’implantations scolaires : le projet n’imposera jamais le regroupement des écoles sur un site unique ; enfin, sur le statut des directeurs d’école : je tiens à apporter toute garantie quant au maintien de la fonction de directeur d’école. Il n’est pas envisageable qu’une école n’ait pas un responsable local, interlocuteur naturel des parents et de la commune".

 

Une réelle avancée...

 

Cette lettre apporte une réelle avancée : JM Blanquer annonce qu'il veut soumettre à l'accord des conseils d'école l'ouverture d'un EPSF. C'est évidemment un point extrêmement important. D'autant que le conseil d'école qui accepterait d'entrer dans un EPSF mourrait aussitôt.

 

Chaque EPSF sera dirigé par un principal, assisté d'un principal adjoint en charge "des classes du 1er degré", et un conseil d'administration (CA) où il y aura quelques professeurs des écoles. L'entrée dans un EPSF videra le conseil d'école de ses prérogatives.  C'est d'ailleurs certainement un des objectifs de leur création que de faire entrer dans un fonctionnement hiérarchique les petites républiques autonomes que constituent les écoles.

 

JM Blanquer est beaucoup moins crédible quand il parle des directeurs d'école. " Je tiens à apporter toute garantie quant au maintien de la fonction de directeur d’école", écrit-il. Sans doute mais pas dans un EPSF où l'autorité est détenue par le principal et son adjoint. Tous eux sont des personnels de direction, un corps très différent des professeurs des écoles et il faudrait à ceux ci réussir le concours de personnels de direction pour y entrer.

 

"Il n’est pas envisageable qu’une école n’ait pas un responsable local", écrit-il pourtant. Sans doute il faut bien un référent local pour jouer le concierge de l'école ayant intégré un EPSF...

 

Qu'il reste à faire entrer dans le texte de la loi...

 

Dans une rencontre avec le Sgen Cfdt ce même 2 avril, JM Blanquer s'est montré plus prolixe. " Le statut de l’adjoint en charge du 1er degré reste à l’heure actuelle pour le moins nébuleux", écrit le Sgen Cfdt. "Les directeurs et directrices étant nombreux à passer le concours de personnel de direction, le Ministère envisageait le rattachement de l’adjoint en charge du 1er degré au corps des personnels de direction, considérant qu’il y avait là un vivier tout trouvé. Autre piste envisagée, proposer ce statut aux « faisant fonction de personnel de direction » ce qui pourrait ainsi être perçu comme une évolution de carrière pour ces personnels. Le ministère envisage un statut un peu sur le modèle des coordonnateurs REP+ mais précise que cela relève du réglementaire".

 

Et là on retombe sur ce qui manque dans la lettre de JM Blanquer. Il ne dit aucunement comment cet accord des conseils d'école va entrer dans la loi. Car aujourd'hui non seulement il n'y est pas, mais la majorité et le ministre ont refusé toute amendement en ce sens lors du débat à l'Assemblée nationale. Devant le Segn Cfdt le ministre parle d'une évolution réglementaire, c'est à dire d'un décret ou d'un arrêté. Il demande donc qu'on lui fasse confiance pour qu'il introduise un décret qui  apporterait une restriction à la loi.

 

Si JM Blanquer a l'intention sérieusement d'aller en ce sens, il est nécessaire que le gouvernement dépose un amendement, du même genre que ceux qu'il a écarté à l'Assemblée,  et le rende public. A défaut on peut penser qu'il gagne juste du temps pour diminuer la contestation et la colère montantes des enseignants. Exactement comme il a fait avec l'article 1 dont il avait promis la modification pour faire disparaitre "les ambiguïtés". Il y a bien eu l'ajout d'une demi phrase en début d'un paragraphe, sans que cela n'apporte de réelle garantie aux enseignants. JM Blanquer excelle dans ce genre de manoeuvre.

 

La mobilisation historique des enseignants fera t-elle reculer le ministre ?

 

On retiendra donc de cette lettre surtout le fait que la mobilisation annoncée des professeurs du premier degré pour le 4 avril a un impact. Le ministre sait le 2 avril au soir combien d'écoles seront fermées jeudi 4. On ne le sait, nous,  pour le moment que pour Paris où 230 écoles sur 656 seront fermées, ce qui est historique. Le taux de grévistes pourrait, selon le Snuipp 75, monter à 70%.

 

La pression des enseignants est efficace, ils sont en train de gagner. Mais ils auront intérêt à la maintenir jusqu'au bout du vote final de la loi s'ils veulent maintenir les emplois de directeur d'école et le fonctionnement historique des écoles.

 

François Jarraud

 

La lettre de JM BLanquer

Compte rendu du Sgen

Le 20 mars

Le 29 mars

Le point sur l'EPSF après le vote de la loi en 1ère lecture

Tout sur la loi Blanquer

 

 

 

Par fjarraud , le mercredi 03 avril 2019.

Commentaires

  • isaca1, le 03/04/2019 à 16:34
    Avis des conseils d'école comme pour les rythmes scolaires : quelle bonne blague ! A l'époque, notre avis a été balayé par la décision de la mairie. On se fiche parfaitement des avis des conseils d'école, croyez-moi, à part pour la couleur des nappes à la cantine...
  • thais8026, le 03/04/2019 à 10:29
    Et vous pensez que la mairie et le conseil d'école d'école vont voter quoi quand on leur dira que c'est soit le regroupement soit la fermeture ? Vous parlez d'une avancée
    • Ricos71, le 03/04/2019 à 13:44
      Je suis d accord. Il suffira de mettre la pression sur les équipes et les parents pour qu ils votent oui. Pourquoi faire une loi où on demande l accord des conseils d école alors qu ils diront tous non ? Les mairies peuvent promettre une augmentation du budget sous condition de fusionner. Ça sent l arnarque...
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