La mobilisation enseignante le 30 mars et ses suites 

Des milliers d'enseignants ont manifesté dans une cinquantaine de villes samedi 30 mars, accompagnés de nombreux parents. Les manifestations organisées par les 5 principaux syndicats enseignants (Fsu, Unsa, Sgen Cfdt, Cgt, Snalc) ont posé une nouvelle étape du mouvement pour la révision de la loi Blanquer. Les enseignants du premier degré étaient particulièrement nombreux, alarmés par la création des EPSF et l'article sur les jardins d'enfants. Pour la Fsu comme pour le Sgen Cfdt et le Se Unsa, le ministre doit enfin entrer en discussion sur son projet de loi. A noter le ralliement du Se Unsa au mouvement du 9 mai et ces premiers chiffres du Baromètre Unsa : seulement 6% des enseignants sont en accord avec les mesures prises par JM Blanquer.

 

Plusieurs dizaines de milliers d'enseignants en colère

 

 "Le message du ministre n'est pas bien passé. Mais on n'est pas assez intelligent sans doute". Carole Alibert, professeure des écoles à Vauréal (95) a perdu confiance. La lettre envoyée par le ministre à tous les enseignants la veille de la manifestation n'a pas servi à grand chose sauf peut-être à exacerber la colère.

 

Samedi 30 mars des dizaines de milliers d'enseignants sont descendus dans la rue. A Paris ils étaient 6500 selon la police, 14 000 selon les organisateurs. On comptait aussi 3 000 manifestants à Lyon et Toulouse, 2500 à Nantes, 2000 à Rennes, un millier à Clermont et Brest, plusieurs centaines à Poitiers, Montpellier, Perpignan, La Roche sur Yon ou St Brieuc.

 

Anne-Marie : C'est le début de la fin

 

 Dans le cortège parisien, nous avons vu beaucoup de professeurs du 1er degré. Carole Alibert trouve "qu'on s'enferme dans des logiques comptables et qu'on oublie les enfants et les enseignants". Le projet de loi Blanquer est critiqué sur la disparition des directeurs d'école dans les EPSF. "Le directeur est une interface importante entre les familles, les enseignants et la municipalité. Le fait qu'elle ne soit plus dans les locaux mais au collège c'est un problème. Quand il y a un conflit il faut le régler tout de suite". Elle craint aussi les délocalisation d'école avec de longs trajets pour les enfants. "Il y a eu beaucoup de promesses et on  a perdu confiance", nous a t-elle dit. "Ca va être difficile après tant d'enfumage de nous convaincre".

 

Anne-Marie travaille dans une maternelle à Vauréal (95). Elle est là pour défendre la maternelle. "Ce qui se cache derrière la loi c'est qu'on va laisser le choix entre la maternelle et le jardin d'enfant en PS et MS. C'est le début de la fin". Les Etablissements publics des savoirs fondamentaux (EPSF) lui font peur. "On veut faire croire qu'on va faire le lien entre école et collège. Mais j'ai participé à des réunions. C'est très différent. Ce qui se cache derrière ce sont des économies". Elle aussi n'a pas été convaincue par la lettre ministérielle. "C'est lui qui raconte des bobards". Son école sera fermée le 4 avril.

 

"La réforme du lycée est une catastrophe"

 

 Karine est professeure au lycée Turgot de Paris et c'est la réforme du lycée qui l'amène à la manifestation avec deux collègues. "On a encore entendu hier des propos mensongers du ministre sur les maths. Il dit que les élèves pourront faire l'option maths élémentaires. Oui mais seulement en terminale. Avant il faudra qu'ils fassent la spécialité maths de haut niveau". Dans son lycée on compte 51 demandes différentes de triplettes en 1ère. "On ne pourra pas en proposer plus de 12. Donc les élèves recréent les filières et on va gérer les flux comme cela". Elle craint la disparition de certaines matières et des dédoublements. " La réforme du lycée est une catastrophe".


 

C Nave Bekhti (Sgen Cfdt) : Il faut une clarification rapide

 

"Pour nous l'idéal c'est un nouveau projet de loi", nous a dit Catherine Nave Bekhti, secrétaire générale du Sgen Cfdt, rencontrée dans la manifestation. "A ce jour les EPSF n'ont pas fait l'objet de dialogue social. Dans la 1ère rédaction du projet et les propos des parlementaires En Marche il y a une inquiétude sur le devenir des directeurs d'école des différents sites composant les EPSF. Sous la pression, on commence à avoir des propos rassurants. Mais on est encore dans le flou. Il faut une clarification rapide sur le temps de travail des directeurs. L'EPSF comme il est actuellement est purement gestionnaire. Or toutes les études montrent que la qualité de la liaison école collège ne repose pas sur une structure administrative. Pour nous on ne peut pas l'imposer. Le ministre commence à dire que les professeurs seront consultés mais ce n'est pas dans le projet de loi".

 

Bernadette Groison (FSU) : " on demande au ministre de reconsidérer les réformes"

 

"On veut redire au gouvernement qu'on est en désaccord avec le projet de loi Blanquer", nous a dit Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU. "Le projet ne parle pas de la réussite de tous les élèves. Il vise à réduire les objectifs de tous les élèves, à faire travailler les enseignants par injonctions. Il ne fait pas confiance aux acteurs de terrain. L'EPSF n'a jamais été discuté avec les élus du personnel. La remise en cause du Cnesco en dit long sur la conception du ministre de ce que doit être le pilotage du système éducatif qui doit être à la botte de sa conception de l'éducation. Les personnels ne sont pas d'emblée contre les réformes. Ils regardent. Maintenant qu'ils ont regardé il y a une remise en cause plus importante et on demande au ministre de reconsidérer les réformes. On attend sa réponse".

 

Le Se Unsa appelle à la grève le 9 mai

 

Dans la soirée du 30 mars, Stéphane Crochet, secrétaire général du Se Unsa, appelait à participer à la grève du 9 mai et jugeait que " l’importante mobilisation sur l’ensemble du territoire doit être un véritable signal d’alerte pour le gouvernement et le ministre tant sur la méthode utilisée que sur le fond des transformations envisagées : dissolution du collège et de l’école maternelle et élémentaire dans des Établissements publics des savoirs fondamentaux, réforme du bac et du lycée général et technologique et de la voie professionnelle à un rythme effréné, suppression de postes et heures supplémentaires imposées, recours accru aux contrats et insécurisation des personnels titulaires".  

 

Seulement 6% des professeurs sont en accord avec la politique menée par JM Blanquer

 

Dans un tweet il donnait deux chiffres qui éclairent sur l"état d'esprit des enseignants. Selon le Baromètre Unsa 2019, seulement 6% des enseignants se déclareraient en accord avec le politique éducative du gouvernement . Un taux qui monte à 11% pour l'ensemble des personnels de l'Education nationale, ce qui veut dire qu'une majorité de cadres ne suivent plus le ministre. Ce sont là les taux les plus bas constatés lors des 7 éditions du Baromètre Unsa, une consultation qui touche environ 30 000 agents de l'Education nationale. En 2018 on comptait encore 16% des enseignants et 21% des personnels en accord avec le ministre.

 

Prochaines étapes le 4 avril et le 9 mai

 

Reste pour les syndicats à gérer au mieux l'incompréhension et la colère montante contre les projets de JM Blanquer. Si le Se Unsa vient d'appeler à participer aux grèves et manifestations du 9 mai contre la loi de transformation de la Fonction publique aux cotés de la Fsu, Cgt, Unsa, Autonomes, Solidaires, Cgc et Cftc, seulement 7 syndicats appellent à faire grève le 4 avril (SNUipp-FSU, SNEP-FSU, SNES-FSU, SNUEP-FSU, FNEC-FP-FO, CGT Éduc’action et Sud Éducation). Ce prochain rendez vous veut obtenir l'abandon du projet de loi Blanquer.

 

François Jarraud

 

Grève du 4 avril

Baromètre Unsa 2018

Grève du 9 mai

Sur la manifestation du 30 mars

Tout sur la loi Blanquer

 

 

 

 

 

Par fjarraud , le lundi 01 avril 2019.

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