Francette Popineau et le 30 mars : "La loi Blanquer est hors sol" 

Si l'on écoute JM Blanquer, il n'y a pas de raison de manifester. Le succès du 19 mars prédit-il un 30 mars réussi ? A la veille d'une manifestation organisée par les 5 principaux syndicats enseignants (Fsu, Unsa, Sgen Cfdt, Cgt, Snalc), Francette Popineau, secrétaire générale du Snuipp FSU, revient sur les raisons de la manifestation. Elle s'exprime aussi sur les déclarations du ministre de l'éducation nationale.

 

 Les cinq syndicats (Fsu, Unsa, Sgen Cfdt, Cgt, Snalc) qui appellent à manifester le 30 mars refusent la loi Blanquer. Ils dénoncent particulièrement "la création des établissements publics des savoirs fondamentaux sans accord des communautés éducatives, la reprise en main de la formation des enseignants basée sur une conception du métier réduite à des fonctions d’exécution, la fin de l’évaluation indépendante des politiques éducatives et les cadeaux financiers pour l’école privée". Ils demandent "une véritable reconnaissance de nos métiers" notamment sur le plan salarial. "Nos salaires restent inférieurs à la moyenne des pays de l’OCDE. Sans parler du gel de la valeur du point d’indice, du pouvoir d’achat qui se dégrade régulièrement depuis des années, du rétablissement du jour de carence". De cortèges sont prévus dans une cinquantaine de villes le 30 mars.

 

Secrétaire générale du Snuipp Fsu, Francette Popineau fait un point sur cette manifestation.

 

Il y a eu la manifestation et la grève du 19 mars. Puis le 28. Et le 4 avril sera aussi une journée de grève et manifestation. N'y a-t-il pas trop de dates ?

 

Non car tous les départements ont leur calendrier d'action. Depuis le 19 mars on sent une montée en puissance dans les départements. Ca se traduit par des mouvements locaux qui prennent différentes formes : nuit des écoles, débats, écoles mortes etc. Il y aura un point d'orgue le 4 avril avec une grève et des manifestations. Le 30 mars est un autre temps fort.

 

Pour JM Blanquer, le 19 mars a été une journée importante dans le premier degré mais parce que les informations données aux enseignants n'étaient pas justes. Qu'en pensez vous ?

 

Ce n'est pas parce que des choses fausses circulent qu'il n'y a pas des choses vraies qui circulent. Et si le ministre veut que sa loi soit bien comprise il devrait passer par le dialogue social au lieu de faire les choses par le parlement sans concertation. Quand on fait la loi en douce il ne fait pas s'étonner qu'il y ait des inquiétudes. J'ajouterais que le ministre lui même quand il parle de la méthode globale à l'école ou du fait qu'on ne fait pas dictée à l'école véhicule des fake news.

 

Le 28 mars JM Blanquer a dit sur France Inter que les EPSF n'ouvriraient qu'avec l'accord des communautés éducatives et même des professeurs. Comment accueillez vous cette déclaration ?

 

Il y a une prise de conscience du ministre sur les établissements publics des savoirs fondamentaux (EPSF). Il se rend compte que les expérimentations existantes ne sont pas évaluées. Ca se passe en dehors de tout projet pédagogique sous un angle gestionnaire. JM Blanquer veut remettre de la pédagogie. Mais l'air ne fait pas la chanson. On a eu d'autres paroles du ministre qui n'ont pas été suivies d'effet. Un bon exemple est l'article 1 de sa loi où il avait dit qu'il y avait malentendu et que l'article serait rectifié. On voit bien ce qu'il en est.

 

Ceci dit il ne suffira pas de nettoyer l'article 6 de la loi. Il va falloir aussi donner des garanties aux directeurs et sur la plus value des EPSF.

 

Le ministre promet qu'il ne veut pas supprimer les directeurs d'école...

 

Une député En Marche dit que sur 10 écoles il resterait 4 directeurs. Le ministre dit que les directeurs seront conservés. Il va falloir qu'ils accordent leurs violons ! Il semble qu'il y ait eu une vérité d'avant le 19 mars et une autre d'après...

 

Sur les suppressions de postes JM Blanquer ne répond pas vraiment...

 

Ne pas répondre quand on est au printemps ca veut dire qu'il y aura des suppressions de postes en 2020. Les collègues du second degré devraient s'en inquiéter. Le 1er degré sera peut-être préservé.

 

Vous attendez beaucoup de monde le 30 mars ?

 

Ca va être diffus par il y a de nombreux mouvements locaux. Mais on a le sentiment que les enseignants seront présents.

 

Le 4 avril il n'y a plus que 4 fédérations pour appeler à la grève. N'est ce pas un risque ?

 

Tout le monde n'a pas donné sa réponse définitive. On avance pas à pas. L'essentiel  c'est que tous les syndicats soient acquis à l'idée que le projet de loi Blanquer ne répond pas aux préoccupations des écoles.

 

Vous pensez que le mouvement est lancé et que les enseignants sont dans la rue de façon durable ?

 

Ils ont été très patients. Ils n'ont pas préjugé de JM Blanquer. Ils ont attendu pour voir. Et aujourd'hui leur colère est palpable. Elle est justifiée car ce sont les enseignants qui affrontent les difficultés de l'Ecole et les souffrances des élèves et qui tiennent le système. Ils ont envie que le ministre apporte de vraies réponses.

 

Au lieu de cela il apporte de nouveaux problèmes comme l'EPSF qui menace les directeurs d'école. On disait qu'ils devaient se recentrer sur l'animation de l'équipe pédagogique. Or dans l'EPSF il restera peut-être des référents pour répondre au téléphone. Mais on est loin des attentes des directeurs. Ca vaut aussi pour la maternelle qui fonctionnait bien avec une forte mixité sociale. La loi Blanquer va favoriser la concurrence avec le privé.  Les enseignants n'ont aps besoin de ces problèmes en plus. Ils ont aussi la sensation qu'on se moque d'eux avec l'histoire des drapeaux. Décidément cette loi Blanquer est hors sol.

 

Propos recueillis par François Jarraud

 

Cinq syndicats appellent à manifester le 30 mars

Loi Blanquer : le dossier

 

 

 

Par fjarraud , le vendredi 29 mars 2019.

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