12 novembre : Les syndicats n'ont pas fait le plein 

Entre 10%, selon le ministère, et 30% des enseignants, selon les syndicats, ont fait grève le 12 novembre en réponse à un appel unanime des syndicats. Le ministre se réjouit sur LCP de cette situation. Il serait pourtant erroné de croire qu'il bénéficie de la confiance ou du soutien des personnels de son ministère ou du grand public.

Une mobilisation molle

 

 Si l'on doit retenir deux chiffres qui synthétisent la journée de grève de l'éducation du 12  novembre, retenons 30 et 72. 30% c'est à peu près le taux de grévistes. Le ministère compte 9% de grévistes dans le premier degré et 14% dans le second. Mais son mode de calcul tend à réduire sensiblement le taux, particulièrement dans le second degré. Les syndicats annoncent de leur coté, 25% pour le Se Unsa, 25% dans le premier degré et 40% dans le second pour la Fsu.

 

Evidemment ce taux n'est pas très fort pour une mobilisation effectuée à l'appel de tous les syndicats d'enseignants et beaucoup d'administratifs. Si le mouvement du 12 novembre était la première grève unitaire de l'éducation depuis 2011, on peut quand même oser le parallèle avec la journée du 10 octobre 2017 à laquelle appelaient toutes les fédérations de fonctionnaires. Le ministère annonçait deux fois plus de grévistes que le 12 novembre 2018.

 

Résignation ?

 

 Comment expliquer cette situation ? "Il y a peut-être une forme de résignation", estime Frédéric Marchand, secrétaire général de Unsa Education, interrogé par le Café pédagogique. "Ce sont de vraies inquiétudes", souligne t-il à propos des revendications avancées par els organisations. "Il y a une rupture par rapport à plusieurs années où l'éducation était une priorité. L'opinion publique y est sensible".

 

"Ca fait longtemps qu'il n'y a pas eu de journée de grève unitaire à l'éducation nationale. C'ets le signe que l'heure est grave", nous a dit Bernadette Groison, secrétaire générale de la Fsu. "On assiste à un retour en arrière. La priorité n'est plus donnée à l'éducation nationale". Le mouvement est lancé au moment où l'Assemblée nationale examine un budget 2019 marqué par les premières suppressions nettes de postes d'enseignants depuis 2012. "Au lieu de permettre d'avoir un meilleur accompagnement des élèves, on va fragiliser le tissu scolaire".

 

Pour B Groison, "le ministre devrait s'inquiéter d'une faible participation. Cela veut dire qu'il y a beaucoup de lassitude et de découragement, trop de solitude face au métier".

 

"Ce n'est plus possible !"

 

Dans la manifestation nous avons croisé Maria Gabanini, professeure d'italien en collège dans le 92. Ce qui la mobilise c'est l'avenir de sa discipline dans la réforme du lycée. "La réforme fait sauter les points bonus des langues vivantes 3 (seuls le latin et le grec garderont des points bonus). Les élèves vont moins choisir ces options. On va être dans une situation difficile pour garder des heures d'enseignement. Ca va être encore pire".

 

Professeure de maths au collège Rep+ Jean Vilar de Villetaneuse (93), Amélie Chaudeur est venue manifester contre les suppressions de postes. "Avec la croissance démographique, on va avoir davantage d'élèves par classe". Mais d'autres décisions ministérielles l'inquiètent. "On nous parle de liberté pédagogique mais le ministère publie des repères annuels", relève-t-elle. "Dans les collèges Rep+ on a beaucoup de contractuels et les équipes changent beaucoup d'une année sur l'autre. Des collèges manquent d'assistants d'éducation, de CPE, de profs de maths. Si on supprime des postes ce n'est plus possible..."

 

Un ministre sourd ?

 

Interrogé sur LCP le soir même, JM Blanquer faisait part de sa satisfaction. "10,98% de grévistes. Ce sont des chiffres bas". L'appel à la grève unanime des syndicats enseignants ? " Je n'y vois pas un signal d'alarme". Pour le ministre la faute revient aux syndicats : "malheureusement certains pensent qu'à la veille des élections professionnelles il est bon d'être celui qui sera le plus radical". JM Blanquer voit dans la relativement faible participation la confirmation qu'il a raison et même, il l'explique, qu'il a le soutien de nombreux enseignants.

 

Pas besoin d'en appeler à #pasdevagues. Bien des chiffres lui donnent tort sur ce point à commencer par les sondages répétés du Baromètre Unsa, un syndicat pourtant pas "radical". Mais le dernier chiffre est plus éclairant. 72% c'est le pourcentage des français qui jugent le mouvement de grève justifié selon L'union de Reims. Ils trouvent aussi les enseignants compétents, sympathiques et soucieux de leurs élèves.

 

François Jarraud

 

Journée du 10 octobre 2017

Les raisons de la grève

Sondage L'Union

 

 

 

Par fjarraud , le mardi 13 novembre 2018.

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