Un mouvement enseignant marquant  

Entre les enseignants et le gouvernement le charme est rompu. Alors qu'ils avaient massivement voté en faveur d'E Macron dès le premier tour de la présidentielle, de nombreux enseignants, entre un quart et un tiers, ont fait grève le 10 octobre, journée d'action des fonctionnaires contre les choix budgétaires du gouvernement. Ils entendent protester contre le gel du point fonction publique et les menaces qui pèsent sur la revalorisation. Mais des enseignants protestaient aussi contre la dégradation de leurs conditions de travail avec  la suppression des contrats aidés. Les contre réformes menées par JM Blanquer, qui vont souvent dans le sens de petits avantages catégoriels, n'ont pas convaincu les enseignants de soutenir le ministre. Pour autant cette mobilisation à moitié réussie a peu de chance de convaincre le gouvernement de mener une autre politique.

 

Combien de manifestants et de grévistes ?

 

Sous un ciel parisien très gris combien sont-ils à manifester le 10 octobre ? 26 000 selon la police, 45 000 selon les syndicats qui revendiquent 450 000 manifestants dans la France entière. Impossible de savoir combien d'enseignants sont présents : les manifestants défilent par fédération, tous corps de fonctionnaires mélangés. La police défile avec les enseignants, les territoriaux, les hospitaliers. Les frontières ne sont pas nettes.

 

C'est que tous partagent les mots d'ordre communs à toutes les fédérations de fonctionnaires. Elles protestent contre le gel des salaires, l'avenir incertain des accords de revalorisation (PPCR),le rétablissement de la journée de carence, et globalement contre une politique jugée hostile aux fonctionnaires.

 

Du coté des seuls enseignants, mêmes incertitudes pour le taux de grévistes. Le ministère déclare 17.5% de grévistes enseignants, 19.4% dans le premier degré et 16% dans le second. Les syndicats avancent entre un tiers et la moitié.

 

Un avertissement

 

Le Snes évoque "un sévère avertissement" donné au gouvernement. " La grève de ce jour constitue un avertissement sévère que le gouvernement devrait prendre au sérieux. Quelques mois après son élection, la politique du Président de la République a eu pour effet de mobiliser les fonctionnaires à l’appel unanime de leurs organisations. Dans ce cadre, plus d’un personnel du second degré sur trois a répondu à l’appel".  Du coté du Se Unsa, on souligne " leur déception et leur colère en réponse aux  annonces concernant leurs salaires et leurs carrières.. On ne construit pas une politique contre les personnels et les agents de l’Etat, mais avec eux, dans le respect, la considération et la reconnaissance qu’on leur doit".

 

Les professeurs entre défense de la paye et inquiétudes pédagogiques

 

Rencontrée dans le défilé parisien, Anne Olivia Fahy est professeure des écoles, mise à disposition dans une MDPH.  Elle défile "pour le pouvoir d'achat" et contre le manque de considération envers les professeurs des écoles. "Il y a eu un engagement de l'Etat sur la revalorisation il n'est pas normal qu'il ne soit pas respecté".  Mais il y a aussi la question pédagogique. "Avec le mot pédagogisme c'est dommage de montrer du doigt des gens qui travaillent et qui sont aussi capables de s'inspirer des neurosciences".

 

Amélie est professeure de lettres classiques dans un collège de Deuil la Barre (95). Elle est là "pour des raisons de salaire. On fait le  plus beau métier du monde mais on doit gagner notre vie avec", dit-elle. Elle pose aussi la question de la considération. "La manière dont la dernière réforme a été menée est scandaleuse. L'idée des  "Devoirs faits" est intéressante. Mais la proposer sans encadrement par des enseignants et sans moyens c'est ce moquer du monde".

 

Isabelle est aussi professeure de lettres classiques. Elle enseigne dans un collège de Sainte Geneviève des Bois (91). Ce qui l'amène à manifester c'est d'abord les conditions matérielles de la rentrée dans son établissement. "On nous avait promis un contrat aidé de surveillant et on en l'a pas. Du coup on a du mal à surveiller la cour et les couloirs. Des AVS ne seront pas renouvelés. Or on a 30 élèves par classe en 6ème. On ne peut pas s'occuper de chaque élève et certains 6èmes ont besoin d'AVS pour suivre". Elle signale aussi le manque d'agents techniques pour le nettoyage des salles de classe. "On manque de moyens pour accueillir dignement les élèves".

 

Elisabeth est professeure des écoles dans un CP en Rep+. Elle a 12 élèves. Et malgré cela elle manifeste. "Je ne peux pas me plaindre de la réduction des effectifs. Mais habiller Pierre en déshabillant Paul ce n'est pas bien", nous dit-elle. Elle est là pour montrer son mécontentement contre le gel des salaires et la journée de carence. Surtout elle est inquiète devant les initiatives gouvernementales. "Avec le dernier gouvernement on a eu du répit sur l'école. Et là on a l'impression d'entendre à nouveau les gouvernements précédents". Et ils n'ont pas laissé de bons souvenirs....

 

François Jarraud

 

Communqiué Snes

 

 

 

Par fjarraud , le mercredi 11 octobre 2017.

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