PY Duwoye : Piloter l'Ecole par le bas 

Comment faire évoluer l'Ecole : en changeant le sens du pilotage, semble dire Pierre Yves Duwoye dans une nouvelle contribution sur son blog. Au passage, il publie le texte du décret sur l'expérimentation écarté par Vincent Peillon au début de la Refondation. L'ancien directeur de cabinet de V. Peillon redessine l'organisation de l'Ecole en proposant deux structures de la maternelle à la licence. Surtout il invite à bouger l'Ecole par le bas , en offrant davantage d'autonomie aux établissements et en ouvrant les vannes de l'expérimentation aux équipes de terrain...

 

L'occasion ratée de 2012

 

Novembre 2012, Vincent Peillon négocie avec les syndicats le contenu de la loi d'orientation. Pierre Yves Duwoye, son directeur de cabinet, raconte cette scène marquante. "Sans en avoir averti personne, (Vincent Peillon) crut bon de déclarer tout de go qu’il souhaitait retirer l’article sur l’expérimentation du projet de loi. Il faut dire que cet article instaurait une expérimentation grand format en donnant largement la main au terrain, y compris sur l’organisation pédagogique et sur la ressource humaine. C’était une toute autre manière de concevoir le changement en le confiant à l’expertise et au savoir-faire des praticiens... Le ministre ne donna aucune explication à froid de sa décision. Le SNES a garanti à plusieurs interlocuteurs qu’il n’avait pas demandé ce retrait ; vérification faite l’Elysée et Matignon non plus". Dans les semaines qui suivent, Pierre Yves Duwoye quitte le cabinet...

 

L'échec des réformes impulsées par en haut

 

La fracture porte sur le pilotage de l'Education nationale, comme PY Duwoye l'explique dans un nouveau chapitre de son blog où il invite à réformer le réformer par en bas.

 

"Il demeure légitime et indispensable encore aujourd’hui de définir nationalement ce que tous les élèves doivent acquérir durant leur scolarité. Mais quand les méthodes et modalités pratiques sont elles-mêmes uniformisées, les élèves ne s’y adaptent pas tous et la « standardisation des élèves », voulue par l’École républicaine, laisse de côté bon nombre d’entre eux", écrit-il.

 

Aussi les tentatives de réforme par en haut sont vouées à l'échec. "Toute réforme, tout changement, pensé, imposé et finalisé d’en haut se heurte à des incompréhensions, des refus, des résistances qui ne pourront pas être surmontés et ceci pour deux raisons", écrit-il. "Sur la forme, parce que c’est par ce truchement qu’ont été imposées ces 15 dernières années ce que les enseignants ont estimé être de « mauvaises réformes ». Donc, la « ligne est brisée ». Sur le fond, il faut se convaincre, en regardant les analyses internationales, que, contrairement à la tradition administrative française et à une volonté de changer vite, les pratiques habituelles et standardisées ne peuvent pas répondre en matière d’apprentissage aux besoins de tous les élèves et à toutes les situations tant la diversité est grande".

 

La réforme doit venir du bas

 

La réforme doit venir du bas. PY Duwoye en réfère aux travaux du Cnesco. "Les besoins des publics enseignés doivent conduire non seulement à proportionner les moyens mais également à laisser aux équipes davantage le "choix des armes pédagogiques", y compris en termes de structures d’enseignement, d’organisations pédagogiques et de pratiques professionnelles... C’est une démarche profondément politique fondée sur la confiance, qui considère les professionnels comme des acteurs du changement. Le rapport publié en septembre 2016 par le CNESCO sur les inégalités sociales et migratoires invite à : « Miser sur l'expertise pédagogique des personnels enseignants et d'encadrement. Davantage que des réformes à répétition ou des injonctions à rentrer dans des cadres pédagogiques fermés, les enseignants et les personnels d’encadrement intervenant dans les enseignements (chefs d’établissement, inspecteurs…) ont besoin de ressources, dont l’efficacité est évaluée, pour développer une expertise pédagogique et didactique approfondie »."

 

Revoir le fonctionnement des établissements

 

Il appelle à revoir le fonctionnement interne des établissements pour permettre cette libération par le bas. "Il s’agit bien de confier de nouvelles responsabilités aux entités d’enseignement. Dès lors, il faut revisiter les questions du pilotage, de l’animation et du travail collectif et participatif interne… qui ouvrent sur : le rôle des conseils (des maîtres, pédagogique), le coaching ou la coordination par des professeurs expérimentés, l’aide aux équipes pour les projets… L’équation personnelle du directeur d’école, du chef d’établissement, des inspecteurs, le positionnement de l’équipe de professeurs par rapport à la direction, le degré de syndicalisation… sont autant de paramètres qui peuvent aboutir à de vraies réussites ou à de gros blocages."

 

Par conséquent il invite à " clarifier la question du temps de travail des enseignants, notamment des « missions liées à la mission principale d’enseignement » qui mentionnent un « travail en équipe » que l’encadrement devrait pouvoir mobiliser. Il en est de même de la formation continue qu’il faudrait rendre obligatoire en la rémunérant".

 

Ouvrir le champ des expérimentations

 

"D’excellentes initiatives existent dans la zone grise dite de l’innovation, souvent à la limite des textes, sans réel contrôle et évaluation. Faisons sortir le travail des équipes, leurs acquis de la clandestinité. Offrons-leur un cadre grand format qui les « libère », évidemment sur le seul fondement du volontariat, avec des garanties juridiques solides, et surtout l’intention après évaluation d’en faire, si les résultats sont concluants, un cadre « normal » de travail", écrit-il.

 

L'outil c'est le décret avorté de 2012 que PY Duwoye dévoile intégralement. Il donne un cadre légal à des expérimentations sur la gestion et l'organisation des établissements en donnant la possibilité d'ouvrir des "écoles fondamentales" regroupant écoles et collège. Dans ces écoles fondamentales, les enseignants des  deux niveaux peuvent intervenir dans toutes les classes.

 

Ecole fondamentale et bloc bac -3+3

 

Le système éducatif se structurerait en deux grands cycles. Un cycle fondamental associant école et collège. Et un cycle final regroupant lycée et supérieur, permettant de piocher dans les ressources du lycée pour alimenter un supérieur qui manque de moyens face à la montée du nombre des étudiants. 

 

C'est la seconde contribution concrète de PY Duwoye à un autre budget de l'Education nationale après la "découverte" d'un gisement de 10 milliards pour le primaire et le collège. Des propositions qui pourraient faire leur route dans les nouvelles perspectives qui se dessinent politiquement.

 

François Jarraud

 

Sur son blog

PY Duwoye : Comment gagner 10 milliards...

Les révélations de PY Duwoye

 

 

 

 

Par fjarraud , le mercredi 26 avril 2017.

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