Les révélations de PY Duwoye 

C'est le blog qu'il faut suivre dans les jours qui viennent. On savait que plusieurs anciens conseillers de Vincent Peillon préparaient des Mémoires sur la Refondation. Mais c'est le plus discret, le plus affable, le plus retiré, en apparence, d'entre eux, bref le Père tranquille de l'Education nationale, qui tire le premier. Ancien secrétaire général du ministère de l'Education nationale sous Sarkozy, premier directeur de cabinet de Vincent Peillon puis recteur de Versailles et Limoges, Pierre Yves Duwoye a servi l'Education nationale aux plus hautes responsabilités durant des années. Il l'a quitté il y a quelques semaines. Il a ouvert le 23 avril un blog dont on n'a pas fini de parler. Mais pour quoi faire ?

 

Les révélations de PY Duwoye

 

Avril 2017. PY Duwoye quitte l'Education nationale, le rectorat de Limoges précisément, pour un passage à la Cour des Comptes en fin de quinquennat. Il publie un blog qui annonce un programme de gouvernement sur l'Education. Une situation qui rappelle celle de mai 2012. Ancien secrétaire général du ministère de l'Education nationale, PY Duwoye vient d'entrer à la Cour des Comptes. Il se retrouve bombardé par l'Elysée directeur de cabinet de Vincent Peillon , ministre d'un gouvernement qui a fait de l'Education sa priorité.

 

Pour PY Duwoye, il n'y a pas de Refondation. " La loi n'offre pas aux enseignants le cadre nouveau d’action qu’ils souhaitaient. Ils n’y ont lu qu’une somme d’injonctions, déjà trop évidentes, mais dont le poids s’accroissait par ce truchement. Cet empilement, en ne clarifiant pas les finalités du système, les laisse livrés à eux-mêmes sur leur métier." L'échec de la Refondation c'est pour PY Duwoye celui d'un PS qui n'a pas d'idées sur l'Ecole mais qui s'approprie celles des syndicats. " L'erreur de Lionel Jospin de considérer l'Éducation à travers le prisme des seules attentes syndicales a été commise, à nouveau. Considérant le paysage syndical national comme incontournable, le politique n'a pas voulu s'engager dans des changements de fond, au motif que ces questions n'étaient pas majoritairement portées syndicalement ; non par peur des syndicats mais par principe idéologique". Une idée que PY Duwoye démontre en analysant trois moments clés de la Refondation.

 

L'allègement de services raté des rythmes scolaires

 

Largement préparée en amont du quinquennat, la réforme des rythmes scolaires aurait du passer sans accroc. " Lors de la campagne, la possibilité de baisser d’une heure l’obligation de service hebdomadaire (23h au lieu de 24) des PE avait en effet été évoquée avec les syndicats du 1er degré pour compenser le travail d’une demi-journée supplémentaire", explique PY Duwoye. Au final la réforme des rythmes devait marquer le premier divorce entre les enseignants et la majorité. " Le fait de s’enfermer dans 5 matinées de cours a été mortifère. Il aurait fallu ne rendre obligatoire qu’un nombre maximum d’heures par jour (5h30 par exemple), en laissant la possibilité de jouer sur le nombre de demi-journées par semaine et le nombre de semaines de cours dans l’année", estime PY Duwoye. Quant à la réduction du service des enseignants à 23 heures elle est totalement écartée par Matignon. Les enseignants doivent à la fois avaler la demi journée supplémentaire de travail et l'irruption du périscolaire dans les écoles.

 

Le rendez vous raté de la réforme

 

Deuxième temps fort du blog de PY Duwoye, sa description des négociations avce les syndicats sur la possibilité d'ouvrir des expérimentations de terrain pour faire évoluer l'Ecole. C'est un sujet que PY Duwoye avait déjà évoqué en 2014 lors d'un colloque de l'AFAE. Selon PY Duwoye, la proposition est sabordée par Vincent Peillon. " Le ministre ne donna aucune explication à froid de sa décision. Le SNES a garanti à plusieurs interlocuteurs qu’il n’avait pas demandé ce retrait ; vérification faite l’Elysée et Matignon non plus".

 

Pour PY Duwoye, le PS n'ose pas affronter les syndicats voire même se vit comme leurs servants au pouvoir, remarque avec aigreur PY Duwoye. " Le ministère a pratiqué une sorte de « tournez manège syndical », en louvoyant entre leurs attentes, suivant au mieux leurs lignes de pente : la consultation sur les programmes de l’école a été accordée au SNUIPP, la réforme des programmes d’histoire au SNALC, le SNES a obtenu un chantier sur le seul collège, le SGEN a eu son chantier sur le métier d’enseignant et l’éducation prioritaire, le SE-UNSA ses groupes de travail sur les directeurs d’école et les RASED…. Le manque de lignes de force de la loi de Refondation ne pouvait conduire qu’à cette pratique politique". Un eposition qui devait mener la Refondation à l'immobilisme. " Je n’ai pas compris assez vite, ou plutôt voulu admettre, qu’il s’agissait de ne rien changer au fond, de ne déplacer aucune ligne, de ne procéder à aucune réforme structurelle mais de faire comme avant 2007".

 

Un blog de campagne

 

" Ce texte n’a d’autre vocation que de mettre en avant des sujets incontournables, à mes yeux, sans être exhaustif, avec forcément des partis pris et nécessairement quelques raccourcis pour aller à l’essentiel des propositions, sans volonté de heurter ou de choquer mais, quelques consensus trop bien établis sont interrogés. Bref, c’est un texte engagé, pour changer la donne éducative, qui se veut utile et pragmatique." Publié entre deux tours d'une élection qui ouvre de nouvelles perspectives, le blog de Pierre-Yves Duwoye part d'une analyse de l'échec de la Refondation pour dessiner un programme pour un futur ministre de l'Education nationale.

 

Il appelle à un nouveau "Pacte pour l'Education de nos élèves" fondé sur "ce qui est efficace en éducation, ce que nous disent la science et ceux qui agissent au quotidien". C'est donc un programme que nous présente PY Duwoye.  Il invite à construire le Pacte à travers une conférence de consensus du Cnesco qui dessinerait la feuille de route du prochain ministre.

 

C'est maintenant ce programme que PY Duwoye va esquisser dans les jours qui viennent sur son blog. Il invite à changer la régulation du système éducatif en accordant plus d'autonomie à des établissements liés par contrat aux académies, à conduire le changement en expérimentant,à clarifier les responsabilités entre Etat et collectivités locales et à repenser la gestion des ressources humaines dans l'Education nationale. Des propositions qui ne sont pas si éloignées que cela du programme d'Emmanuel Macron...

 

François Jarraud

 

Le blog de PY Duwoye

Les premières révélations de 2014

 

 

Par fjarraud , le lundi 24 avril 2017.

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