Guide de rentrée 2008 : Education civique - Ecjs 

François Jarraud


Programmes : les programmes d'éducation civique respectent-ils les droits de l'Homme ? 

Fait sans précédent ! Les programmes d'éducation civique du collège sont-ils conformes aux valeurs républicaines ? La Ligue des droits de l'Homme pense que non et demande leur modification.

 

"Des droits civils, économiques et sociaux accordés à tous les habitants régulièrement installés sur le territoire national ". La formule, inscrite dans les futurs programmes d'éducation civique du collège a fait bondir la Ligue des Droits de l'Homme. D'autres organisations ont rejoint la Ligue : le Snes, la Fcpe, le Ferc Cgt, le Gisti et le Réseau éducation sans frontières.

 

Pour elle "le gouvernement envisage de faire enseigner à tous les collégiens de France que les droits fondamentaux sont réservés aux étrangers en situation régulière, ce qui est non seulement inacceptable mais contraire à l’état du droit en vigueur". La Ligue a saisi la Commission nationale consultative des droits de l'Homme.

Les nouveaux programmes de 2009

http://eduscol.education.fr/D0082/accueil.htm

Communiqué

http://www.ldh-france.org/actu_derniereheure.cfm?idactu=1706

 

Les textes officiels

Le CNDP met en ligne les programmes ainsi que documents d'application et d'accompagnement pour l'école, le collège et le lycée.

http://www.cndp.fr/doc_administrative/essentiel/programmes.htm

http://www.eduscol.education.fr/index.php?./D0009/LLPBPR01.htm


Primaire : "Instruction civique et morale" : le grand retour de la réaction ?

De tous les changements apportés par les nouveaux programmes du primaire, le plus significatif est peut-être l'incroyable retour de "l'instruction civique"à l'école primaire. Quel sens lui donner ?

Le dossier du Café avec un entretien avec B. Falaize

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/schumaines/[...]



En perspective : L'éducation à la citoyenneté au Québec

Le numéro 146 de Vie pédagogique, une revue québécoise, est dédié à l'éducation à la citoyenneté. 'Quelles pratiques favorisent le développement de la conscience citoyenne?' interroge la revue.


"Plusieurs portes s’ouvrent aux différents intervenants du milieu scolaire. Ils peuvent favoriser des actions à l’intérieur de l’école ou une ouverture sur le monde, en établissant des partenariats avec des organismes communautaires locaux ou internationaux. Selon Denis Parent, il est important de proposer des projets qui mettent les jeunes en situation « de vivre l’expérience de la différence de l’autre dans l’engagement ". Le numéro donne des exemples de pratiques.

http://www.mels.gouv.qc.ca/sections/viepedagogique/146/index.asp



Débuter en éducation civique


Les Itinéraires de citoyenneté

“Les itinéraires de citoyenneté” sont mis en oeuvre en partenariat avec le Ministère de  l’éducation nationale. Leur objectif est de permettre aux enseignants et aux éducateurs de développer des actions visant à encourager les jeunes à une citoyenneté active tout au long de l’année. Ils sont organisés en 6 grands domaines thématiques : Droits, Mémoire, Solidarité et Fraternité, Europe, Développement durable, Démocratie et Citoyenneté.

http://itinerairesdecitoyennete.org/


En partenariat avec le Cidem, le Café pédagogique a publié des ressources pédagogiques pour accompagner les journées civiques officielles. Ainsi vous trouverez des dossiers pour la Journée de la mémoire de l'holocauste, la journée des droits de l'enfant et la journée de lutte contre le racisme.

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/lesdossiers.aspx


"Droits partagés"

"Nous proposons un outil qui ne prétend pas apporter des conclusions définitives, mais donner les moyens de réfléchir.. Nous souhaitons que ceci donne envie aux jeunes d'être partie prenante de la société". Le site Droits partagés se présente comme une boîte à outils riche de plusieurs milliers de documents sur les droits de l'homme. Un moteur de recherche permet une recherche thématique ou par mot-clé. Ainsi une recherche sur l'école restitue les principaux textes de l'histoire de l'enseignement. Le site permet aussi la création d'albums multimédia et disposera d'un espace enseignants.

http://www.droitspartages.org

Au collège


Un important dossier pour le collège

"Pour promouvoir la commune et tenir ses engagements vis-à-vis de son plus important financeur, le conseil municipal s'apprête à décider de remplacer le vieux drapeau qui orne la façade de la mairie par le logo de la société qui distribue l'eau de la commune". Voilà un thème de débat qui devrait mobiliser des collégiens qui assument différentes fonctions : le préfet, le maire, des débatteurs… Cet exemple est tiré de l'important dossier proposé par l'équipe collège de l'académie d'Amiens.


Intitulé "les questions soulevées par l'enseignement de l'éducation civique au collège", il analyse la place de l'éducation civique dans l'école d'aujourd'hui et ses pesanteurs particulières. Il invite à les soulever en utilisant deux outils : le débat, on l'a vu, et l'étude de cas.


Les auteurs analysent les différentes notions au programme mais montrent comment les aborder dans les différents niveaux du collège. Ils proposent des exemples précis de leçons et d'études de cas : les symboles e la République, la Journée des droits de l'Homme, la sécurité etc.


Ce dossier constitue une heureuse et importante contribution pour rénover cet enseignement trop souvent oublié ou saucissonné et lui redonner l'unité et la durée des valeurs de la République.

http://www.ac-amiens.fr/pedagogie/histoire_geo_ic/spip.php?rubrique156


A voir également : le guide pratique de l'académie de Caen

Le CRDP de Caen publie une brochure librement téléchargeable : "enseigner l'éducation civique au collège". Réalisée sous la responsabilité des IPR, elle présente des propositions de mise en oeuvre des programmes. Tous les thèmes sont abordés de la 6ème à la 3ème. Pour chacun, elle propose plusieurs progressions. Elle recense également les dérives à éviter pour chaque sujet. Un guide précieux qui aidera les enseignants dans la mise en oeuvre de cet enseignement.

http://www.discip.ac-caen.fr/histgeo/edcivpro/edciv2002.htm

http://www.discip.ac-caen.fr/histgeo/edcivpro/ed-civ2.htm


Les institutions

Déjà mentionné dans le Café, ce site présente en détail les institutions de la France. Il est parfaitement tenu à jour par sa webmestre, Isabelle Breil.

http://membres.lycos.fr/isabellebreil/

Les institutions de la 5ème République

Avec cette animation Powerpoint d'Isabelle Bessaguet, les élèves découvrent les institutions de la 5ème République et réalisent, en partant d'un texte, un organigramme.

http://www.ac-poitiers.fr/hist_geo/ressources/ibinstitut5rep/index.htm


La Justice avec Adojustice

Sur le site des Clionautes, Christine Galopeau-de-Almeida montre comment utiliser le site Adojustice pour faire découvrir les principes et les acteurs de la justice. Point fort : le manuel est pleinement associé à l'exercice sur Internet.

http://www.college.clionautes.org/article.php3?id_article=1821



Au lycée


L'ECJS dans la réforme des lycées

Le rapport de l'inspection générale sur la réforme des lycées consacre un chapitre à l'ECJS. Le bilan qui est dressé est à la fois positif et critique. Positif car l'ECJS est perçu par les élèves comme un "espace de respiration", un endroit où ils peuvent s'exprimer et avoir un autre rapporta avec l'enseignant. Le débat argumenté est fort apprécié des élèves. En négatif, l'ECJS apparaît en terminale comme une surcharge de travail qui est mise en rapport avec l'absence d'une évaluation au bac. L'inspection recommande sa suppression en terminale ou son évaluation en contrôle continu pour le bac. Enfin l'inspection regrette que cet enseignement soit confié très majoritairement aux professeurs d'histoire-géographie. De ce fait, la rencontre des disciplines autour de la notion de citoyenneté ne s'est pas faite. Une autre rencontre reste à faire : celle entre l'ECJS et la "vie scolaire".

ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/syst/igen/rapports/reflyc.pdf


L'ECJS en série STG

Le même rapport analyse l'expérimentation de l'ECJS en série STT. Disons de suite qu'elle est fort modeste : 24 classes seulement ! Alors que le programme d'ECJS peut accompagner ceux d'économie et droit, l'attribution de l'ECJS aux professeurs d'histoire-géographie n'a pas permis d'utiliser les atouts de la filière.

ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/syst/igen/rapports/reflyc.pdf


Enseigner l'ECJS à Créteil

L'académie de Créteil, sous la plume de M. Champeaux, M.-F. Rossignol et M.-S. Claude, publie une brochure présentant les apports d'un stage de formation académique. En premier lieu, la brochure aborde la question de la recherche documentaire : comment constituer le dossier documentaire, quelles activités. La bochure donne également des exemples de pratiques : organisation du temps, ECJS en terminale, intégration de l'ECJS dans un projet PAC, évaluation. Enfin le lien avec les autres disciplines (ici les SVT, les lettres) est également encouragé.

http://www.ac-creteil.fr/lycee/ecjs/contenu/reflechir%20et%2[...]


L'évaluation

Comment évaluer un enseignement aussi particulier que l'ECJS ? Les IPR de l'académie de Grenoble donnent des consignes claires de façon à harmoniser les situations sur les livrets scolaires et dans les jurys du bac. Ils demandent que l'appréciation soit portée sur l'implication de l'élève et sa capacité à prendre et à mener à bien des initiatives. Ainsi ils définissent les 4 items des dossiers scolaires (recherche et analyse de l'information, qualité des productions, aptitude à argumenter et maîtrise des connaissances).

http://www.ac-grenoble.fr/ecjs/ecjs1/ipr/protocole/protocole.pdf


Outils et séquences

Réalisé par un groupe de recherche de l'IUFM des Pays de la Loire, associant un IPR et une vingtaine d'enseignants, ce dossier copieux propose des outils pour définir une démarche en ECJS, pour valider des problématiques et pour accompagner le débat. On y trouvera par exemple une réflexion sur la démarche, des grilles d'analyse de débat, des mots-clés sur chaque thème. Il offre également une dizaine de séquences d'ECJS de la seconde à la terminale. Un excellent dossier qui permettra à chacun de réfléchir à ses démarches et de les améliorer.

http://calcium.paysdelaloire.iufm.fr/ressources/ress_transv/ecjs/


Vivre la République

Comment rendre vivantes et intelligibles nos institutions ? Le CNDP apporte un précieux outil avec le coffret de deux DVD "Vivre la République".

Ce sont près de 250 séquences courtes, une dizaine de films représentant 5 heures d'écoute qui sont facilement accessibles. En effet le DVD propose des accès multiples. Ainsi le premier DVD est consacré à la démocratie et ses pratiques. On peut aussi bien y entrer par un choix d'acteurs de la démocratie que par les valeurs démocratiques. Chaque séquence illustre un thème précis et repose sur des images d'archives ou des entretiens. Les auteurs n'ont pas été frileux. Ils se sont attaqués à des débats de société réels et n'ont pas hésité à les politiser en mettant en valeur les débats parlementaires et le travail politique. Ainsi sont abordés le débat sur l'IVG, l'abolition de la peine de mort, l'accès à la nationalité, le don d'organes; des thèmes qui couvrent les différents points des programmes d'éducation civique.


Le second DVD concerne la constitution. Il donne accès à des séquences sur l'histoire des institutions, l'organisation des pouvoirs et montre le travail des acteurs politiques (président, premier ministre, députés etc.).


Comment utiliser ces DVD ? Bien sûr on pourra s'appuyer dessus pour illustrer le cours avec un vidéoprojecteur ou pour lancer un débat. Les sujets sont accessibles mais posent les vrais enjeux. Et la brièveté des séquences (de quelques minutes à un quart d'heure) se prête bien à ces pratiques.


Mais Vivre la République convient également à un travail autonome des élèves. La navigation y est aisée. Le guide pédagogique qui accompagne le coffret propose des fiches pédagogiques couvrant les programmes d'éducation civique et d'ECJS ainsi que certains thèmes de SES. Des schémas complémentaires, un glossaire, une banque bibliographique et webographique complètent ces fiches.


Certes on pourra regretter que certains débats, plus récents, ne soient pas abordés. C'est le cas par exemple des questions de la laïcité ou de l'antisémitisme. Ou que certains acteurs soient vus sous un angle réduit : les syndicats par exemple.


Mais "Vivre la République" est particulièrement bien adapté aux programmes d'éducation civique du collège et du lycée. Il est accessible aux élèves et permettra de rendre plus intelligibles les débats politiques de notre temps et, sans doute, de montrer le rôle réel des hommes politiques.

Vivre la République, coffret de deux DVD vidéo, SCEREN CNDP 2004.

http://www.cndp.fr/Produits/detailSimp.asp?ID=44291  



Au lycée professionnel


En L.P. à Nancy-Metz

Parmi les nouveautés du site académique de Nancy-Metz, signalons un recensement de sites sur l'articulation de l'ECJS et des pratiques éducatives : liens avec la Vie scolaire, travaux sur la civilité, apports théoriques.

http://www.ac-nancy-metz.fr/enseign/ECJS/HTML/viescolaire.htm


La justice des mineurs

Une fiche pédagogique complète pour mener une réflexion sur la justice des mineurs. Elle comprend le travail sur le vocabulaire juridique, la construction d'un argumentaire et bien sur le débat. Les séquences associent la documentaliste et le professeur de communication - organisation.

http://savoirscdi.cndp.fr/pedago/Initiatives/ECJSClaudel/ECJS_Claudel.htm



Réfléchir à ses pratiques


Education civique, éducation à la citoyenneté, éducation démocratique ?

L'éducation à la citoyenneté écartelée par les défis des sociétés modernes

"La formation du citoyen est de plus en plus intégrée dans les missions de l'Ecole. Mais de quelle citoyenneté s'agit-il ? Quelle pertinence garde le concept de citoyenneté dans des sociétés modernes généralement analysées en termes de changement et de mondialisation, dans un contexte de remise en cause du modèle historique de l'Etat-nation et des formes de citoyenneté qui lui étaient associées ?" En ouvrant ce numéro 44 de la Revue internationale d'éducation de Sèvres,  Maroussia Raveaud pose une des contradictions qui posent problème à cet enseignement particulier qu'est l'éducation civique.


Ces contradictions sont magnifiquement mises en scène par les analyses qui composent le dossier, qui alternent points de vue nationaux et points de vue d'acteurs. En effet que pensent les élèves de l'éducation civique ? Stephen Gorard montre que les lèves ressentent un fort sentiment d'injustice à l'école ce qui l'amène à poser une question. "Comment un programme d'apprentissage de la citoyenneté comprenant les notions de justice et de démocratie pourrait-il efficacement être mis en place si les élèves eux-mêmes ne sont pas majoritairement convaincus que leurs professeurs sont généralement capables d'adopter untel comportement ?". A l'autre bout, Géraldine Bozec et Sophie Duchesne mettent en évidence les contradictions des attitudes des enseignants. Ils mettent peu en avant la France plurielle et le multiculturalisme mais en même temps évoquent peu l'identité nationale.


Plusieurs exemples nationaux montrent comment l'éducation civique vient échouer sur les exigences sociales. Ainsi en Espagne l'instauration d'une éducation civique obligatoire d e10 à 16 ans se heurte à l'Eglise.  "Paradoxalement", écrivent R. Jimenez Vicioso et J.C. Gonzalez. Faraco, "bien des raisons qui justifient une bonne éducation à la citoyenneté sont vécues dans les écoles comme des obstacles à son développement". Certains drames survenus en classe ont augmenté les exigences en terme d'éducation civique. Mais les réponses apportées sont avant tout policières et en contradiction avec les valeurs défendues.


Ce numéro, qui comprend d'autres analyses nationales, ne révèle pas que des contradictions. Il souligne aussi les liens entre les attentes politiques et sociales et cet enseignement particulier. Des attentes qui peuvent heurter les valeurs de l'Ecole. Ce numéro est donc vivement recommandé non seulement à tous ceux qui enseignent l'éducation civique mais aussi à tous les acteurs de l'Ecole.

http://www.ciep.fr/ries/ries44.php


La démocratie dans l'Ecole

"L'école, en effet, n'est pas un lieu clos : elle n'est destinée à devenir ni le sanctuaire protégé des turbulences de la vie sociale ni une sorte d'utopie provisoire qui mettrait les futurs citoyens en contact avec les valeurs humanistes dont on espère qu'ils garderont le souvenir. L'école est dans la démocratie et prépare les élèves à en devenir acteurs. Cela crée des obligations pour tous car, à l'école de la République, est-il imaginable pour les élèves et les familles que la démocratisation des savoirs et la formation des citoyens ne passe pas par des pratiques éducatives, pédagogiques et didactiques conformes aux valeurs de la démocratie ? " Pourtant, ce numéro de mai des Cahiers pédagogiques le précise bien, la société scolaire n'est pas démocratique au sens où enseignants et élèves seraient à égalité de droits et souverains de l'institution scolaire.


Le numéro s'articule autour de trois thèmes. Le dossier s'ouvre sur une réflexion sur la notion même démocratie en lien avec l'histoire de l'institution scolaire. Une seconde partie illustre l'idée du lien nécessaire entre les idéaux démocratiques et les pratiques pédagogiques. Ainsi, pour Anne-Marie Hubat-Blanc, "la première condition pour enseigner en accord avec les valeurs de la démocratie.. est de démystifier sa propre maîtrise.., la seconde est la compétence technique…, la troisième est l'institution de la classe et le fonctionnement de l'établissement". Maryse Madiot et Philippe Tessier montrent,par exemple, comment un IDD peut être formateur en ce domaine puisque c'est "un domaine où les élèves comme les enseignants sont amenés à exercer leur liberté d'appréciation, d'invention et d'organisation".


Le dernier chapitre s'intéresse à la démocratie, ou son absence, dans l'institution Education nationale. Un regard croisé sur les C.A. d'établissement est particulièrement intéressant.


La démocratie dans l'Ecole, Cahiers pédagogiques, n° de mai 2005, 72 pages.

http://www.cahiers-pedagogiques.com/numero.php3?id_article=1569  


Doit-on enseigner les questions sensibles ?

C'est la question que se pose aujourd'hui le gouvernement britannique. Les "questions sensibles" sont celles qui touchent directement les plaies sociales. Et poser la question de leur enseignement renvoie évidemment à la fois à une conception de l'école, de son ouverture et à une opinion sur la société et son ordre.


Enseigner la Britishness. Commandé par le gouvernement de Tony Blair, le rapport de Sir Keith Ajegbo recommande de les aborder en classe."C'est le devoir de l'école d'aborder les questions du "vivre ensemble" et de la différence, même si c'est un sujet de controverse… Où les élèves pourraient-ils aborder ces questions si ce n'est à l'école ?"


Dans son rapport il préconise de traiter en classe des questions comme l'immigration, l'Europe ou le passé colonial, afin d'apprendre aux jeunes à vivre ensemble. L'objectif final est de tisser le sentiment national, de faire l'apprentissage explicite de la"britannitude" (Britishness). "Plus peut être fait pour renforcer le programme de telle sorte que les élèves apprennent de façon plus explicite pourquoi les valeurs britanniques de tolérance et respect dominent dans la société et comment nos identités nationale, régionale, religieuse et ethniques se sont développées".


En 2005, un rapport officiel avait montré de sérieuses lacunes en instruction civique chez les jeunes Anglais. Un quart des 14-16 ans ignorait quel parti était au pouvoir. Seulement 2%   s'identifiaient comme européens. Aussi le rapport a été bien accueilli par le ministre de l'éducation qui a estimé que "les valeurs que nos enfants apprennent à l'école définiront le genre de pays que sera la Grande Bretagne demain".


Les syndicats n'y sont pas opposés mais restent sceptiques. Pour la National Union of Teachers, le gouvernement devrait d'abord renforcer les moyens destinés aux enfants des familles défavorisées, c'est-à-dire aux minorités ethniques et aux enfants de la "White Working Class".


La question se pose évidemment également en France mais dans un contexte différent. L'éducation civique est plus solidement installée qu'en Angleterre (c'est une des disciplines les plus anciennes). Avec l'histoire, elle couvre la totalité de l'enseignement obligatoire (et même au-delà). Son importance est rappelée dans le socle commun.


Et en France ? Pour autant, en décembre 2005, un séminaire européen a rendu publiques les difficultés rencontrées par les professeurs pour enseigner certains sujets. Ainsi une enquête de l'Aphg  trace une géographie du phénomène : les régions de l'est, et particulièrement Aix-Marseille et Strasbourg, sont plus sujettes à des incidents que l'ouest. Cinq thèmes semblent poser problème : le fait religieux, confondu avec le catéchisme, la deuxième guerre mondiale, qui provoque des réactions antisémites, le Proche Orient, pour la même raison, les Etats-Unis, qui réveille un antiaméricanisme galopant, et la colonisation. Pour l'Aphg, "les professeurs ne doivent pas céder" et doivent maintenir le programme d'histoire. Ils doivent lutter contre l'ignorance, éveiller l'esprit critique et ne pas hésiter à faire appel à des témoins.


Ces recommandations sont sans doute judicieuses. Mais,lors du même colloque, l'historien André Kaspi posait une question plus dérangeante : "peut-on enseigner des sujets difficiles si la société ne guérit pas de ses maux ? " Or, parmi les systèmes éducatifs européens, le système français se caractérise par sa dimension ségrégative.


Le fait a été évoqué par Georges Felouzis dans une étude célèbre sur les collèges du sud-ouest. Plus récemment, l'Ocde a calculé que "plus de 40 pour cent des élèves allochtones en Belgique, en France, en Norvège et en Suède… affichent des performances inférieures à celles attendues au niveau 2". Ainsi, alors que le score moyen en maths des Français autochtones est de 520, celui des immigrés de première génération est de 448 et celui des immigrés de seconde génération est de 472. Seuls la Belgique, la Suisse et la Suède affichent un écart encore plus fort que la France. Et l'Ocde de conclure : "De fait, dans bien des pays, les enfants issus de familles immigrées sont désavantagés dès le départ. Ils sont en général affectés à des établissements scolaires moins performants qui ont souvent pour caractéristique d’accueillir des enfants issus des milieux défavorisés et où, dans certains pays, les conditions de vie en classe sont conflictuelles. Dans tous les pays examinés sauf quatre, au moins 25 % des enfants issus de la deuxième génération d’immigrés fréquentent des établissements scolaires où les populations immigrées représentent plus de 50 % des effectifs. En comparaison, moins de 5 % des enfants autochtones se trouvent dans cette situation dans tous les pays sauf deux".


La question de l'enseignement des questions difficiles dépasse largement celle de sa pédagogie. Le fait que le gouvernement britannique n'ait pas d'hésitation est bon signe. En France, la baisse de régime de l'enseignement prioritaire devrait rendre cet enseignement toujours plus ardu.

http://news.bbc.co.uk/1/hi/education/6294643.stm  

http://www.tousdifferentstousegaux.fr/  


L'Ecole peut-elle fabriquer de bons citoyens ?

L'année électorale 2007 s'est ouverte sur ces images des files d'attente où des jeunes attendaient pour s'inscrire sur les listes électorales. On sait que l'âge est un facteur important pour la participation électorale. Selon une étude CSA de 2002, les 18-24 ans ont le plus fort taux d'abstentionnisme (40%) parmi les électeurs. Plus récemment, un sondage réalisé pour l'association  "Graines de citoyens" montre que 79% des jeunes âgés de 18 à 25 ans ont une mauvaise image des hommes et femmes politiques. Une petite majorité des jeunes dit s’intéresser à la politique (57%), mais sans grand enthousiasme : seuls 16% s’y intéressent « tout à fait ».. Tous ces faits intéressent l'Ecole, chargée de transmettre les valeurs démocratiques et de "fabriquer" de "bons" citoyens, c'est-à-dire des citoyens exerçant pleinement leurs devoirs.


C'est d'ailleurs devenu un lieu commun que d'affirmer l'existence d'un lien entre l'éducation et la construction démocratique. Cette opinion n'est d'ailleurs pas pour rien dans les motivations des enseignants et leur foi en leur métier. Ainsi Lipset a montré que les individus éduqués acceptent mieux les valeurs démocratiques. D'autres auteurs (Nie, Corbett, Przeworski) ont pu montrer que les individus ayant un haut niveau éducatif votent plus largement pour les partis démocratiques. L'éducation serait donc un élément déterminant de la construction démocratique et de la stabilité politique. On a pu ainsi mettre en relation le niveau d'instruction et les choix politiques aux élections de 2002. On avait ainsi trois fois moins de chances de voter Le Pen avec un diplôme du supérieur qu'avec un simple bac…


Mais est-ce bien l'Ecole qui explique ce décalage ? Thomas Siedler, professeur à l'université d'Essex, a étudié le rapport entre la prolongation de la scolarité et la construction démocratique en Allemagne.


De 1949 à 1969, la scolarité obligatoire a été prolongée. Et parallèlement la vie démocratique s'est développée dans le pays. Il a pu mettre en évidence le rapport entre le développement de l'Ecole et celui des pratiques démocratiques. Ainsi prolonger l'école d'un an est corrélé avec 4% de plus de chances de s'intéresser à la politique ou 3% de participer à une manifestation politique ou encore cela augmente de 5% la possibilité de signer une pétition.


Pour autant il estime n'avoir aucune preuve que ces corrélations sont réellement en lien avec le développement de l'Ecole. D'autres facteurs lui semblent avoir joués : les expériences vécues sous Hitler et l'importance des liens intergénérationnels par exemple.


Que tirer de ces contradictions ?  Calculer la rentabilité même démocratique de l'éducation est chose difficile. La rentabilité diminue sans doute avec l'augmentation du taux de scolarisation : il est peut-être plus difficile de transmettre les valeurs démocratiques aux milieux les plus défavorisés. Mais ces résultats sont à la hauteur de la construction démocratique : un perpétuel défi à relever. Il nous incombe donc de construire la démocratie dans et à l'école.

http://ftp.iza.org/dp2573.pdf   



L'enseignement de la Shoah


On oublie Sarkozy…

 La mission Waysbord-Loing sur l'enseignement de la Shoah au CM2 a remis le  18 juin son rapport au ministre de l'éducation nationale. On se rappelle qu'une injonction du président de la République, qui voulait associer un enfant mort à tout écolier, avait été fortement combattue. Et Mme Waysbord – Loing avait été nommée présidente de commission.


Elle estime que "la thématique des enfants victimes a été d’emblée retenue comme une approche particulièrement adaptée aux élèves de CM2. Elle leur permet par le biais de récits et de figures particulières de s’initier à un passé qui a déterminé l’organisation présente du monde".


Mais les enseignants devront veiller à ne pas traumatiser les enfants. Aussi insiste-elle sur "le conseil donné d’élargir le travail mené en classe, aux enfants cachés et sauvés pour éviter aussi une vision trop simplifiée de la réalité… C’est donc avant tout l’itinéraire des enfants avant leur déportation qui est évoqué. Les enfants sauvés et les Justes sont associés".


La circulaire (à paraître) reprend imparfaitement ces orientations (entre autre sur l'appel à la vie) mais garantit la liberté des enseignants. "Pour aborder cet enseignement", écrit-elle,  les maîtres sont libres de leurs choix pédagogiques et plusieurs approches, souvent complémentaires, sont possibles. La thématique des enfants victimes est cependant une entrée à privilégier au CM2 : partir d’un nom, d’un visage, d’un itinéraire, de l’exemple singulier d’une famille dont l’histoire est liée aux lieux proches – l’école, la commune, le département - constitue une approche pédagogique respectueuse de la sensibilité des enfants. À partir d’un exemple, les élèves appréhenderont la déshumanisation systématique des victimes jusqu’à l’extermination : la discrimination, les arrestations, les camps d’internement, les convois, puis les camps d’extermination. À partir des exemples des maisons d’enfants, des enfants cachés, des justes, ils approcheront aussi les notions de solidarité et de valeurs universelles".


Mais la circulaire annonce un livret pédagogique diffusé auprès des enseignants de CM2 ainsi q u'un site Internet.

 

La circulaire

"Pour aborder cet enseignement, les maîtres sont libres de leurs choix pédagogiques et plusieurs approches, souvent complémentaires, sont possibles. La thématique des enfants victimes est cependant une entrée à privilégier au CM2 : partir d’un nom, d’un visage, d’un itinéraire, de l’exemple singulier d’une famille dont l’histoire est liée aux lieux proches - l’école, la commune, le département - constitue une approche pédagogique respectueuse de la sensibilité des enfants. .. À partir des exemples des maisons d’enfants, des enfants cachés, des justes, ils approcheront aussi les notions de solidarité et de valeurs universelles. Ces cas singuliers inscrits dans l’histoire constitueront, par leur dimension mémorielle, la première étape d’un savoir que les enseignements d’histoire au collège puis au lycée permettront de consolider". Le B.O. du 17 juillet publie la note de service qui met fin à une affaire qui avait secoué l'Ecole. Il annonce aussi des documents pédagogiques pour la rentrée.

La note

http://www.education.gouv.fr/bo/2008/29/MENE0800541N.htm

Sur le Café, les raisons du refus

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/schumaines/e[...]


L'avis de Benoît Falaize

Benoît Falaize, est un spécialiste reconnu de l'enseignement de la Shoah, et plus généralement de l'éducation civique, au primaire. Il travaille au sein de l'équipe Enjeux de mémoire, Europe, citoyenneté, identités, apprentissages et didactique de l'INRP.  Nous l'avons interrogé sur l'instruction donnée par N. Sarkozy d'associer la mémoire d'un enfant victime de la Shoah à chaque écolier.

Lire l'entretien avec B. Falaize

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2008/ShoahFalaize.aspx


Anthologie du judaïsme

"L'identité juive est plurielle. Le judaïsme et sa culture ont des sources multiples, théologiques, historiques, philosophiques, artistiques. Le plus souvent on en connaît qu'une part réduite". Francine Cicurel (Paris3) qui dirige cette ouvrage a raison. L'anthologie du judaïsme fait découvrir à tous la richesse et la variété des cultures juives.


Qui sait qu'en France vécurent et travaillèrent trois des plus grands exégètes de la Torah, intégrés dans des communautés d'un haut niveau culturel ? C'était au XIème et XIIème siècle, avant que l'alliance du roi et de l'Eglise ne fassent place nette.  Qui n'aurait plaisir à relire Albert Cohen, Gary, Pérec ou Modiano ?


Mais l'anthologie n'est pas française. Elle restitue les fondements religieux du judaïsme avec les fêtes et la liturgie, la philosophie juive, de Philon d'Alexandrie à Derrida, les littératures et cultures yiddish, de langue germanique, anglaise, russe, hongroise etc. Une dernière partie fait le point sur l'histoire juive.


Cet ouvrage remarquable peut servir de base à des travaux d'élèves. Il enrichira également la culture professorale.

Anthologie du judaïsme. 3000 ans de culture juive. Ouvrage dirigé par Francine Cicurel, Nathan – Fondation pour la mémoire de la Shoah, 2007, 466 pages.

Présentation

http://www.nathan.fr/_includes/catalogue_detail_concours.asp?ean[...]

Le site judaïsme et cultures juives

http://education.france5.fr/judaisme/#intro


Préparer un voyage à Auschwitz

Depuis plus de 10 ans, le Mémorial de la Shoah organise chaque année des voyages d'étude sur le site d’Auschwitz-Birkenau en Pologne, encadrés par des rescapés et des accompagnateurs-historiens.


Destinés aux élèves de l’enseignement général, professionnel et agricole, ces voyages d'étude s'inscrivent au cœur d'une véritable démarche éducative, souvent pluridisciplinaire, reposant sur une préparation approfondie et personnalisée, sur la mise à disposition d'outils pédagogiques adaptés et exclusifs, sur un encadrement qualifié et un suivi rigoureux après le séjour.


Retenus en fonction de leur motivation, les élèves sont nécessairement engagés dans des projets pédagogiques qui les mobilisent tout au long de l’année scolaire. Avant le voyage d’étude, ces projets conduisent les classes à entamer une recherche documentaire et à renforcer leurs connaissances, une étape fondamentale avant la visite d’Auschwitz. Après le voyage d’étude, les élèves s’attachent avec leurs enseignants à un travail de réflexion et de restitution, tant du point de vue de leurs émotions que des notions acquises.


Les voyages d’étude sont un outil pédagogique au service de l’enseignement de l’histoire de la Shoah, complémentaire des autres actions engagées dans les établissements scolaires. Ils représentent également pour l’ensemble des participants une expérience humaine et intellectuelle exceptionnelle, dont les enjeux dépassent le champ de l’histoire pour atteindre la formation civique et citoyenne.

http://www.memorialdelashoah.org/upload/minisites/voyages/index.htm


Les Justes et la journée du 27 janvier

France 5 Education, en partenariat avec le ministère de l'éducation nationale, propose un remarquable site sur les Justes, ces hommes et femmes qui ont sauvé des juifs durant la seconde guerre mondiale.


Le site donne la parole à plusieurs Justes qui reviennent sur leurs motivations. Des repères chronologiques permettent de mieux saisir les témoignages. Enfin le site est complété d'une sélection de ressources et de fiches pédagogiques (primaire, collège et lycée). D'un maniement très simple, le site peut servir en classe pour la journée du 27 janvier.


Signalons également les pages du site Histoire et mémoire qui proposent des ressources pour la journée du 27 janvier et une réflexion sur le rôle des enseignants par rapport à la transmission de la mémoire et à ces journées commémoratives.

http://education.france5.fr/lesjustes

http://www.crdp-reims.fr/memoire/informations/actualites/27_janvier.htm

http://www.crdp-reims.fr/memoire/enseigner/memoire_histoire/04rol[...]




Ressources : un abécédaire…


Atlas : L'atlas du Forum économique mondial

Rejets de carbone, effet de serre, désastres : l'atlas interactif du Forum économique mondial n'oublie pas l'environnement. Il est aussi politique : conflits, dépenses militaires par exemple; et social : travail des enfants, faim, malaria etc. Bien sûr, il est économique : liens avec la Chine, endettement, ouverture aux TIC etc.


Ce très bel outil dresse ainsi une cartographie efficace de la planète. L'atlas est aussi original et particulièrement riche. Original par certaines représentations : ainsi du rapport avec la Chine ou de celui entre dépenses militaires et dépenses de santé. L'atlas est aussi interactif : sur chaque carte des balises donnent accès à des fiches complémentaires (en anglais). Un outil à intégrer dans nos signets.

http://forum.maplecroft.com/loadmap?template=map&issueID=17



Banlieue : Les émeutes de novembre 2005 sous l'analyse

"À partir des entretiens menés aussi bien avec les jeunes qu’avec les professionnels, nous avons pu saisir un contexte marqué par les éléments suivants : une difficulté de la part des parents des jeunes interviewés à exercer leur autorité en dehors du foyer, dans les espaces publics ; un échec de l’orientation et le manque de moyens dont souffrent les écoles fréquentées ; un contentieux qui oppose les jeunes aux forces de l’ordre et qui crée des tensions décrites par les jeunes à partir d’un double registre symbolique, de l’humiliation (qui renvoie à la valeur partagée et intériorisée de la dignité et du respect de la personne) et de l’honneur (qui renvoie en revanche plutôt à la défense de la réputation du groupe d’appartenance, qu’il s’agisse de la famille, du groupe des pairs ou de la cité) ; une forte pression conformiste du groupe des pairs qui s’exerce sur chacun d’entre eux et à laquelle il est difficile de résister ; le racisme et la discrimination dont font l’objet les jeunes vivant à Aulnay, surtout en prévision de leur entrée sur le marché du travail. Le dernier élément remarquable parmi les résultats du tableau des éléments contextuels est l’absence de références à une quelconque identité ethnico-religieuse. La religion est associée, par ces interviewés, à une dimension strictement individuelle et privée. Autrement dit, le rapport que ces jeunes entretiennent à l’égard de deux institutions républicaines, telles l’école et la police, se base sur la critique et le rejet". Le rapport du Centre d'analyse stratégique , un service du Premier ministre, sur les émeutes de novembre à Aulnay-sous-Bois se base sur des interviews réalisés auprès de jeunes et de responsables.


Il met notamment en évidence le manque de confiance dans l'Ecole. Pour expliquer le retour au calme il cite le renforcement des forces de l'ordre, le rôle des relais sociaux, les effets des actes symboliques d'apaisement la fatigue des émeutiers.

http://www.strategie.gouv.fr/IMG/pdf/EtudeAulnaysousbois.pdf  

http://www.strategie.gouv.fr/IMG/pdf/EtudeStDenis.pdf  



Citoyen : Demain je serai citoyen

EduScol publie un dossier sur l'apprentissage de la citoyenneté à l'école. Il rappelle que "l'éducation à l'exercice de la citoyenneté ne repose pas exclusivement sur l'acquisition de savoirs... Elle vise, aussi et surtout, à une évolution du rapport de chaque élève au groupe, à la société, au monde. Pour y parvenir, les innovateurs cherchent à créer des situations pédagogiques, qui "font vivre" aux élèves une expérience et qui donnent sens aux discours tenus. Ainsi, sont privilégiées les modalités de travail coopératif, les moments d'échanges, d'écoute et de responsabilisation : travail en groupes, débats, partage des tâches, prises d'initiatives...". Le site donne accès à de nombreuses pistes pédagogiques : conseil de vie en cm2, tutorat, apprentissage de la citoyenneté européenne etc. Autrement dit, la citoyenneté ça s'apprend dès l'école et le collège. Inutile d'attendre "demain" !

http://www.eduscol.education.fr/D0094/r_demos.htm



Constitution : la réforme de 2008

La réforme de la constitution voulue par Sarkozy est passée le 21 juillet 2008 avec un vote du Congrès. Rappelons que le texte donne au président de la République un droit de parole devant le Congrès, qu'il limite le recours au 49.3 (vote bloqué de la loi), qu'il crée un référendum d'initiative populaire à condition de réunir de très nombreuses signatures (10% du corps électoral).


Présenté comme une révision rééquilibrant les pouvoirs dans un sens favorable à l'opposition et au Parlement, le texte est critiqué pour son présidentialisme. Ainsi pour Robert Badinter " le projet de révision ne réduit pas les pouvoirs du président. Il les accroît en lui permettant de s'adresser directement aux parlementaires réunis en Congrès. Le président présentera un bilan flatteur de son action et fera acclamer par sa majorité son programme de gouvernement. Le premier ministre comme chef de la majorité parlementaire disparaît. Le renforcement des prérogatives du Parlement, premier objectif de la révision selon le président, est un leurre en termes de pouvoir réel. Tant que le président sera le chef incontesté de la majorité à l'Assemblée, le Palais-Bourbon demeurera une annexe du palais de l'Elysée".


Alors que pour G. Carcassonne, " les pouvoirs du président sont soit encadrés, soit limités. Celui d'envoyer des troupes à l'étranger est soumis à un contrôle. De même pour son pouvoir de nomination. C'est un progrès substantiel, qu'il s'agisse de la désignation des responsables des grandes entreprises publiques mais aussi de celle des membres du Conseil constitutionnel et du CSA".

Le texte

http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT00[...]

L'analyse du Café

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/schumaines/[...]

L'avis de R. Badinter

http://www.lemonde.fr/opinions/article/2008/07/19/non-a-l-hyperp[...]

L'avis de G. Carcassonne

http://www.lefigaro.fr/politique/2008/07/19/01002-20080719ARTFIG[...]



Esclavage

"Dans les écoles et les établissements scolaires, les enseignants sont appelés à organiser un moment particulier de réflexion dans le cadre de la classe au cours duquel ils liront un texte choisi parmi ceux qui sont proposés ci-après". Depuis 2006, une journée de la mémoire de la traite négrière et de l'esclavage,le 10 mai, invite les enseignants à faire travailler les élèves sur cette mémoire. Deux dossiers du Café proposent des ressources.

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/schumaines/[...]

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/schumaines/[...]



Europe : European Navigator, une ressource multimédia pour l'Europe

European Navigator est une banque d'information sur l'Europe, développée par un établissement public luxembourgeois. Elle contient des centaines de documents qui permettent une étude très poussée des institutions et de l'histoire de l'Union européenne. Les enseignants apprécieront certainement d'avoir à portée de clic une multitude d'extraits vidéos, de fichiers sonores, de fac-similes de documents historiques. Une ressource unique par sa richesse.

http://www.ena.lu/index.cfm



Identité nationale

Un ministère de l'identité nationale est-il compatible avec les valeurs démocratiques ? "Le ministre de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du codéveloppement prépare et met en oeuvre la politique du Gouvernement en matière d'immigration, d'asile, d'intégration des populations immigrées, de promotion de l'identité nationale et de codéveloppement" annonce le Journal Officiel du 1er juin qui définit les attributions du nouveau ministère. .


Les enseignants seront aussi particulièrement sensibles à des attributions qui ont un impact sur l'enseignement. "Il participe, en liaison avec les ministres intéressés, à la politique de la mémoire et à la promotion de la citoyenneté et des principes et valeurs de la République".


Dans L'Humanité, trois historiens, E. Le Roy Ladurie, C. Charle et S. Wolikow, analysent la création du ministère. "L’intégration pose le problème de l’inégalité sociale fondée sur des discriminations d’origine. Si ce ministère a pour fonction de s’attaquer à ces inégalités, tant mieux, mais s’il a pour but d’assigner des gens à résidence en fonction de leur provenance, je doute de son intérêt. Pour que le flux migratoire n’augmente pas, il faut que ces pays trouvent les moyens de se développer. Cela ne relève pas d’un ministère unique mais des politiques européennes".

Au J.O.

http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=IMIX0755108D

http://www.humanite.fr/journal/2007-06-02/2007-06-02-852236



Justice : Le point sur la justice des mineurs

La Documentation française publie un excellent dossier sur la justice et les mineurs. Il donne accès aux chiffres clés de la délinquance des jeunes, aux textes fondamentaux aussi bien sur la délinquance et sa répression que sur les droits des jeunes, particulièrement les nouveaux textes répressifs, ainsi qu'à des dossiers sur la violence scolaire. Ce dossier manque peut-être un peu de profondeur sociologique mais sera très utile pour motiver les adolescents et lancer études et débats.

http://www.vie-publique.fr/dossier_polpublic/jeunes_justice/index.shtml



Laïcité

Les textes administratifs

Textes fondateurs, lois antiracistes, lois laïques, circulaires, extraits du Code de l'Education, décrets, comptes-rendus des arrêts en Conseil d'Etat dans les affaires de voile : le ministère publie sur EduScol une batterie de textes qui montre la complexité, indéniable, de la situation actuelle. La jurisprudence du tribunal administratif est complexe et il est très utile pour les chefs d'établissement de la connaître. L'ensemble du dossier pourrait donner à penser que la loi sur le voile simplifiera tout cela. Pourtant sa lecture amène deux réflexions. Premièrement, ces dernières années ont vu les textes se multiplier de circulaire en décret, de code en arrêts. La multiplication de ces textes souligne plutôt l'incapacité de la loi à régler la question en conformité avec les principes de l'état de droit. Enfin une absence ne passe pas inaperçue : la Convention internationale des droits de l'enfant a été "oubliée" alors qu'elle a été ratifiée par la France et qu'elle apporte des garanties aux enfants (par exemple dans l'article 14-3).

http://www.eduscol.education.fr/D0157/ref01.htm#nouveau


La laïcité au 21ème siècle

La Lettre laïque, lettre d'information du site laicite-laligue.org, fait connaître deux déclarations rédigées à l'occasion du centenaire de la loi de 1905. La "Déclaration universelle sur la laïcité au 21ème siècle", lancée à l'initiative de Jean Baubérit, Roberto Blancarte et Micheline Millot, a été signée par plus de 200 universitaires de 29 pays. Elle professe une évolution de la laïcité. " Tout en veillant à ce que la laïcité ne prenne elle-même, dans ce nouveau contexte, des aspects de religion civile où elle se sacraliserait plus ou moins, l'apprentissage des principes inhérents à la laïcité peut contribuer à une culture de paix civile. Ceci exige que la laïcité ne soit pas conçue comme une idéologie anticléricale ou intangible. C'est une conception laïque, dynamique et inventive qui donnera une réponse démocratique aux principaux défis du XXIe siècle. Cela lui permettra d'apparaître réellement comme un principe fondamental du vivre-ensemble dans des contextes où la pluralité des conceptions du monde ne doit pas apparaître comme une menace mais plutôt comme une véritable richesse".


Adopté par des organisations françaises (Cnal, Fcpe, Fsu, Maif, Mgen, Ligue de l'enseignement, LDH, Sgen, Unsa etc.) et la Fédération humaniste européenne, l'appel "Pour une laïcité à l'échelle du monde" pose la question de la spécificité française en Europe. " Assurer la liberté de conscience nécessite de développer l'esprit critique et son exercice, notamment au travers de l'acquisition des connaissances : cela demeure la responsabilité de l'Ecole publique, seule école de la République… A l'heure de la mondialisation, de la multiplication des vecteurs de communication, de diffusion des informations, des connaissances et des savoirs, le débat sur la laïcité ne saurait être propre à la France. La construction européenne pose la question de la place du principe laïque au sein d'une union de pays qui ont traité les rapports du politique et du religieux en fonction de leur propre histoire".

http://www.laicite-laligue.org/



Parité

L'égalité des sexes et le bien-être des enfants sont indissociables" affirmait en décembre dernier Ann M. Veneman, directrice générale de l'Unicef. "Lorsque les femmes ont la possibilité de vivre pleinement et d'être productives, les enfants prospèrent. L'UNICEF a souvent pu constater le phénomène inverse : quand, dans une société donnée, les femmes ne bénéficient pas de chances égales, les enfants en pâtissent". La Journée des femmes du 8 mars doit au moins nous amener à réfléchir à l'absence de parité en éducation. Dans le monde, seulement 43% des filles sont scolarisées dans le secondaire. 130 millions de femmes ont été victimes de mutilations génitales. 150 millions de jeunes filles (et 73 millions de garçons) ont fait l'expérience de relations sexuelles forcées. Une femme sur trois est en couple avant l'âge de 18 ans.

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/schumaines/e[...]

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/schumaines/e[...]



Pauvreté : Pour que l'Ecole soit aussi celle des pauvres

On le sait : l'Ecole a bien du mal à casser le cercle de la reproduction de la misère. Pire, elle accueille souvent mal le million de jeunes de moins de 14 ans vivant dans des foyers en grande pauvreté (moins de 140 euros par mois). Pour réfléchir à l'incompréhension entre ces familles et l'Ecole, un dossier sur EduScol.

http://www.eduscol.education.fr/D0115/default.htm



Présidentielles : Un Dossier spécial du Café

Doublement difficile d'aborder l'élection présidentielle en classe avec les élèves. Disons d'abord qu'il est presque impossible de ne pas le faire : les élèves participent eux aussi à la mobilisation populaire qui accompagne cette élection.


L'enseignant se heurte à deux difficultés : trouver un angle original pour un travail en classe et disposer des outils d'analyse qui lui permettent de prendre un recul d'autant plus nécessaire que les esprits sont échauffés. C'est pour répondre à ces besoins que le Café pédagogique vous propose ce nouveau Dossier spécial "Présidentielles 2007". Vous y trouverez des informations, des documents, y compris en anglais, et aussi des exemples de séquences pédagogiques.


Il n'oublie pas non plus le prof – citoyen. Une partie du dossier est dédiée au débat sur l'Ecole durant la campagne électorale ainsi qu'aux réalisations des candidats en matière éducative. En Poitou-Charentes, la démocratie participative en marche. Dans les Hauts-de-Seine, le pouvoir local s'impose dans les collèges…


Quelle sera la politique éducative de Sarkozy? Le dossier se clôt par une relecture du programme annoncé et sa  mise en perspective par P. Meirieu et A. Giordan.

Dossier spécial Présidentielles 2007

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/02052007_Pr[...]   



Racisme : Un kit pour l'éducation interculturelle

"Il est facile de dire "je ne suis pas raciste"… Il est difficile de dire "je veux prendre mes responsabilités pour faire en sorte que, à l'avenir, les choses changent". Selon cet ouvrage du Conseil de l'Europe, la population européenne compterait environ 10% de racistes, 40% de personnes ayant des penchants racistes, autant de tolérantes et 10% de personnes engagées contre le racisme. Clairement, le racisme a progressé et les anti-racistes pourraient se trouver minoritaires.


Le "kit pédagogique" est donc une arme pour mobiliser les anti-racistes et soutenir leur cause. Persuadés que "les jeunes ne peuvent parvenir à comprendre leur position… sans une compréhension des circonstances internationales et nationales qui façonnent leur monde", l'ouvrage commence par une argumentation en faveur de l'éducation interculturelle. La seconde partie est une véritable boîte à outils contenant des méthodes et des activités à exploiter avec les jeunes.


Le kit pédagogique offre une assez grande variété de scénarios ludiques, adaptés à des niveaux différents et qui permettent de travailler les stéréotypes, générer de l'empathie pour les personnes déplacées ou prendre conscience de la discrimination dans la vie quotidienne. Ces exercices peuvent aussi servir à souder le groupe et à le mobiliser pour des actions.


On ne peut que recommander une large diffusion de cet ouvrage.

Tous différents tous égaux. Kit pédagogique. Idées, ressources,méthodes et activités pour l'éducation interculturelle informelle avec des adultes et des jeunes, Conseil de l'Europe, 2005, 224 pages.

Le kit pédagogique (zippé)

http://www.coe.int/t/E/Human_Rights/ECRI/3-Educational_resources/E[...]

Eduquer contre le racisme : un dossier du Café pédagogique

Après Auschwitz, il est difficile de croire que l’éducation soit un rempart contre le racisme et l’antisémitisme. Pourtant, il est plus que jamais nécessaire de mobiliser la raison contre la barbarie.

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/schumaines/[...]

Immigration et intégration, un dossier spécial du Café

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/schumai[...]

L'Europe a adopté plusieurs textes contre les discriminations : directive sur l'égalité raciale, directive sur l'égalité en matière d'emploi. Le site Stop Discrimination présente les politiques européennes en ce domaine.

http://www.stop-discrimination.info/



Pratiques vidéo en L.P. : Entretien avec Stéphane Desahyes


Scénariste, militant pédagogique, titulaire d’un DEA en Sciences de l’Education, prof de lettres et d'histoire-géographie dans un lycée professionnel de Morteau (Doubs), Stéphane Deshayes réussit à tenir toutes ces identités ensemble. C'est là qu'il puise la créativité qui justifie cet article. Avec ses classes,S. Deshayes s'appuie, dans le cadre du cours d'ECJS, sur la vidéo pour faire vivre leur citoyenneté à ses élèves.

 


Je vous ai connu au départ par la création de la liste de discussion plp lhg. Quels liens faites vous entre elle et vos pratiques vidéo  ?


Il me semble nécessaire d’explorer les différentes perspectives de mon métier, d’en avoir une pratique globale, d’où mon implication dans tout ce qui me semble propice à stimuler et améliorer mon action auprès des élèves. Je participe au groupe de travail d’Histoire de l’académie, je forme également les stagiaires PLP-LHG à l’IUFM IUFM notamment aux TICE, ce qui ne m’empêche pas parallèlement d’avoir un engagement syndical, de participer quand je le peux aux réflexions du GFEN ainsi que d’avoir écrit pour la revue Dialogue.


Quant à la liste plp-lhg je la trouve indispensable et rafraîchissante, aussi quand Laurent Martin son créateur n’a plus donné signe de vie, absorbé sans doute par ses tâches d’écrivain, je « passais » par là et  c’est donc tout naturellement que j’ai accepté de modérer la liste pour qu’elle survive…


A priori rien n'associe l'ecjs et la vidéo. Quels rapports voyez vous entre eux ? Et déjà pensez vous qu'un projet tel que le vôtre soit plus en adéquation avec l'ecjs qu'avec l'histoire ou le français ?


Je dirais qu’a posteriori non plus, rien n’associe l’ECJS et la vidéo… la vidéo au même titre que l’informatique, la photo, la musique, l’écriture, n’est qu’un media parmi d’autres servant de support et de diffusion à des idées préalablement délibérées, mûries … pesées de manière tout à fait « traditionnelle » , ce n’est qu’une question de forme, le fond lui, demeure : il faut réfléchir dans tous les cas !  On peut posséder un robot mixeur turbo des plus sophistiqués doté de douze programmes et ne produire qu’un brouet insipide…


Là où il y a adéquation avec l’ECJS c’est par rapport à l’esprit même de cet enseignement qui n’est pas une discipline (« L’'éducation civique, juridique et sociale n'est donc pas, parmi d'autres enseignements, une discipline nouvelle. » B.O. HS N°6 du 31 août) : je n’ai pas souvenir que l’Education Nationale ait produit un texte officiel aussi novateur (révolutionnaire ?) que celui qui préside à cet enseignement !


Dans le même B.O. H.S. N°6 on peut lire « Le dossier documentaire sur lequel se fonde le débat est le témoin de la progression de cette démarche. Il peut prendre des formes variables : présentation de textes fondateurs ou de textes de loi, sélection d'articles de presse, collecte de témoignages, recherche ou élaboration de documents photographiques, sonores ou vidéo. » Ma démarche est donc actée. Si l’on ajoute à cela la possibilité de grouper cet enseignement de quinze heures annuelles sur trois jours par exemple, l’ECJS me permettait de réaliser concrètement ce projet : les référentiels de français ou d’histoire ne sont pas aussi « larges d’esprit », cependant ma qualité de professeur bivalent me permet bien entendu de lier le tout.


Qu'apporte la vidéo à l'ECJS ?


Plutôt que de vidéo tout court je parlerai d’ « atelier vidéo » , et je dirai que l’ECJS, c’est du moins comme cela que je l’envisage, est une pratique plutôt qu’un « savoir » et encore moins un « savoir-être » (j’ai beaucoup de mal avec cette notion qui est trop souvent réduite à sa plus simple expression : « une bonne manière de se comporter » , par exemple : dire bonjour à la dame, dire merci et s’il vous plait à la boulangère… la citoyenneté me semble mériter une autre définition…). Une pratique donc, parce qu’il faut s’entendre à quinze sur une idée et une seule et qu’il faut que ces quinze s’impliquent pour que le projet aboutisse. Rien que cela exige des comportements on ne peut plus citoyens : écouter l’autre, respecter son avis, ne pas empiéter sur le territoire de chacun, critiquer sans offenser… et j’en passe.



Voyez-vous des liens avec les deux autres disciplines ?


Les liens sont aussi multiples que variés et c’est même là que le projet prend tout son sens et sa valeur : se documenter, élaborer un synopsis, construire un scénario sont des objectifs de français et c’est d’ailleurs sur les heures de français en lien avec la documentaliste (ah le bonheur d’avoir une Vraie documentaliste « sous la main » !) que nous travaillons. Le lien avec l’Histoire est plus occasionnel, il est flagrant dans la dernière vidéo parce que le thème choisi y incitait plus ou moins (« mémoire »), il est beaucoup plus diffus quand le thème est « l’intolérance », la « maltraitance » ou « l’environnement »…



Comment organisez vous la réalisation ?


Pour la réalisation proprement dite nous ne disposons que de deux jours et demi, soit une quinzaine d’heures : les heures d’ECJS annualisées (ce n’est pas toujours un gros mot !). Autant dire qu’il n’y a pas vraiment le temps pour changer de scénario ! Tout doit être rassemblé en vue du jour J, le « petit » matériel (ciseaux, cartons, polystyrène, colle, scotch…), les costumes, les caméras, les batteries en nombre suffisant et rechargées, les lampes… TOUT !


Durant ces quinze heures finalement je n’ai qu’un seul rôle : entretenir la motivation des « troupes » en ne laissant personne inactif. Les élèves se répartissent les tâches en fonction de leurs intérêts et de leurs savoir-faire, et cela va de l’élève qui s’occupe du café (il en faut bien un-e !) à ceux qui réalisent les décors… Une véritable ruche et je peux vous assurer que c’est sans doute le moment le plus passionnant de l’opération (en tout cas pour moi) : voir s’activer avec plaisir, dans un même but, une classe entière constitue déjà en soi un motif de satisfaction !



On est frappé de la qualité graphique des vidéos par exemple les animations à la gouache, les photos numériques. Ce sont des techniques que les élèves ignorent généralement. Comment faites vous ?


Oui : dans bon nombre de domaines, l’élève dépasse le maître ! Très souvent, c’est cette idée-force qu’il faut, en évitant toute démagogie, mettre en avant. Cela peut permettre à certains élèves d’oser, d’entreprendre et au bout du compte de révéler des capacités quelques fois inconnues d’eux-mêmes.


C’est pourquoi je ne suis pas tout à fait d’accord sur la soi-disant « ignorance » des élèves : les générations montantes ont une réelle propension à développer une connaissance intuitive de la « technologie de l’image » ainsi qu’une compréhension empirique de l’image elle-même.


Cette inclination pour la vidéocommunication est beaucoup plus marquée que celle que j’avais à leur âge en tout cas. De plus, on rencontre beaucoup « d’adolescents »  (davantage en LP ?) qui font preuve, hors contexte scolaire, de dextérité et d’aisance dans l’exécution de nombreuses activités. Cela va du bricoleur de mob au « fou » de modélisme. Il y a là de véritables savoirs à faire valoir et à utiliser.


Je me souviendrai longtemps de Redouane et  Abdelkader reproduisant un stade de foot à l’échelle pour « Tête de bille » ! Ou bien, pour ce même court-métrage de Caroline et Laetitia fabriquant minutieusement, et ce une journée entière, dix-huit trousses et autant de cartables de deux cm environ ! Ou encore d’Emilie et Angélique ayant passé l’après midi à régler l’éclairage afin que dans « Mise en boîte » les photos soient réalistes ! Et je ne parlerais pas des crampes de David qui a du prendre des positions invraisemblables pendant plusieurs heures pour avoir le bon angle de vue… Le professeur, que je suis, ne possède pas toutes ces aptitudes. Il ne sait  pas (il ne sait vraiment pas !) utiliser un pinceau, c’est tout juste s’il sait découper droit… Il sait ordonner le travail, il sait comment organiser des recherches, il sait améliorer l’écriture du scénario (…)  mais il ne sait pas utiliser la gouache ou faire des trousses en pâte à modeler !


En outre, il serait malhonnête de ma part de ne pas dire que mes élèves sont de « bons » élèves de LP, plutôt motivés pour la plupart par leur orientation positive, alors sans doute  les mêmes résultats seraient plus difficiles à obtenir ailleurs, dans d’autres circonstances. Mais pour l’avoir expérimenté dans d’autres situations plus délicates je reste persuadé que ce genre de travail est toujours positif, que l’engagement, la volonté de l’enseignant porte toujours ses fruits d’une manière ou d’une autre. Je ne pense pas que l’on puisse s’épanouir dans ce métier sans cette croyance…



Pensez vous que les élèves sont fiers de leur travail ? Qu'est ce que cela leur apporte finalement ?


En tous cas moi je suis fier de leur travail…  et si eux ne l’étaient pas je ne continuerai pas !

Alors qu’ils venaient collectivement de recevoir le deuxième prix du Festival de Montceau pour « La liberté (selon) le peuple », prix tout de même attribué par des professionnels de l’image, de vrais cinéastes dont c’est le métier, ils se sont quasiment tous tournés vers moi et m’ont demandé si je n’étais pas trop déçu qu’ils n’aient pas obtenu le premier prix…


Humour ? Mésestimation feinte ? Cela pose question et c’est dire combien la considération et le crédit que l’on porte à soi-même revêtent une importance non négligeable ! J’espère que ces réalisations participent au moins à leur construction identitaire. Il est en tout cas essentiel de valoriser leur ouvrage car c’est l’aboutissement du travail fourni par chacun d’eux coordonné au sein du groupe classe. A cet effet, nous diffusons aussi les films dans le lycée afin qu’ils aient la reconnaissance directe de leurs pairs et des autres enseignants.


Je pense aussi qu’ils ne regarderont peut-être pas Schrek 4 comme ils ont vu les précédents, qu’ils évaluent mieux la somme de travail que demande toute création de ce genre… ce n’est pas un regard si anodin, il est peut-être même déjà critique… En deçà de ces finalités il y a, de toute façon, tous les objectifs sous-jacents, pour produire ce travail il a fallu se documenter, se concerter, réfléchir, produire…



Et les parents, les collègues ? L'institution ?


Je ne sais pas si c’est « un mal ou un bien », et ce n’est pas à débattre ici, mais toujours est-il que les parents en LP sont globalement absents… Je ne crois pas, contrairement à ce qui peut être entendu ici ou là, « qu’ils se fichent de leurs enfants ou de ce que ceux-ci font à l’école ». Je pense que beaucoup, par déterminisme social,  « s’excluent naturellement » et, qu’en fin de compte, ils nous font confiance. De toute façon ils n’ont pas trop le choix ! A quelques exceptions près, les seuls parents qui sollicitent un rendez-vous sont ceux dont les enfants « réussissent ».  Les autres évitent le contact comme pour échapper à une situation honteuse. De fait, cette attitude de retrait ou de fuite me paraît justifiable : il n’est  jamais agréable en effet d’entendre dire, pour quiconque, que son enfant est « faible », « médiocre », « sous la moyenne » ou pire encore… d’autant plus que parfois ces appréciations viennent raviver pour certains  ce qu’ils ont déjà vécu étant élève…  En tout cas je n’ai pas encore rencontré de parents qui m’aient reproché ces ateliers vidéo, dois-je en conclure qu’ils approuvent ?


Quant aux collègues il y a ceux qui sont enclins à travailler dans le même sens … et les autres ! Parmi ces derniers, certains réprouvent cette perspective de travail : une fantaisie démagogique conforme au goût du jour… et surtout irresponsable car engendrant une perte de temps manifeste par rapport aux « bouclages des programmes »…  Il est clair que je rencontre plus de résistances en terminale BAC pro qu’en CAP… Mais je trouve suffisamment d’encouragements et de soutiens pour persister dans cette voie, heureusement ! 


Quant à l’Institution, je crois avoir un soutien sans faille de mes inspecteurs qui m’ont au final paru beaucoup plus ouverts que certains collègues… Par contre  quelle n’a pas été ma surprise quand j’ai découvert que nos travaux vidéo en ECJS avaient été inscrits, sans que l’on ne m’en ait fait part, dans le projet d’établissement ! L'institution sait récupérer ce qui peut lui être utile… mais peut-être est-elle réceptive à l’épanouissement des élèves durant ce type d’activités ou bien  reconnaît-elle les progrès qu’ils font… Mais peu importe tant qu’elle cautionne, cela fonctionne ! Au moins n’ai-je aucun remords à demander des subventions…


Parce que c’est aussi un aspect qu’il faut mentionner : si ces films sont réalisés avec une telle qualité, c’est en grande partie parce qu’un intervenant extérieur indispensable, Lars Beierbach, graphiste réalisateur, nous prête main forte notamment au niveau du montage et que, bien sûr, cette aide a un prix. J’espère que je pourrai longtemps continuer à financer ce genre de projets, parce que j’en ai plein d’autres …


Stéphane Deshayes

 

Entretien François Jarraud


Les courts-métrages sur le site académique

http://artic.ac-besancon.fr/lp_lettres/ecjscourtmetrages/la_liberte.htm


Films et Prix obtenus :

1) THEME : tolérance / intolérance

Mise en boîte, film réalisé par les deuxièmes années CAP Bijouterie en 2006 :

- Sélectionné au festival des Lumières de Luxeuil-les-Bains

- Prix spécial du Jury du festival de Montceau-les-Mines

http://fr.youtube.com/watch?v=CQx20Fz0fYg


Tête de bille, film réalisé par les deuxième année CAP Horlogerie en 2006 :

- Prix du meilleur film d’animation au festival des Lumières de Luxeuil-les-Bains

http://fr.youtube.com/watch?v=HzSH7mcnr-w


2) THEME : Mémoire

La liberté (selon) le peuple, film réalisé par les Terminales Brevet Métiers d’Art Bijouterie en 2007 :

-           Prix du Conseil général de Saône et Loire du festival de Montceau-les-Mines

-           Prix du thème (meilleur film sur le thème « mémoire » au festival des Lumières de Luxeuil-les-Bains

http://fr.youtube.com/watch?v=iCB9MEyR5JM

Par fjarraud , le lundi 01 septembre 2008.

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