Comment les conservateurs font éclater le système éducatif britannique 

Par François Jarraud



Victorieux aux élections de juin 2010, les conservateurs, alliés aux Libéraux, ont ouvert les vannes de la concurrence entre établissements. Ils ont aussi interrompu la modernisation pédagogique accélérée par les travaillistes.


Autorité et concurrence gouverneront l'Ecole. Le discours royal du 25 mai a présenté le programme de la nouvelle coalition gouvernementale associant conservateurs et libéraux. Pour l'Ecole , la nouvelle politique accordera plus de liberté aux établissements scolaires. Elles pourront prendre le statut "d'académies", c'est-à-dire d'école gérée de façon privée mais avec des fonds d'Etat. Elles auront plus de liberté dans les programmes scolaires, qui seront ramenés à un minimum commun. Elles pourront aussi payer leurs enseignants comme elles le veulent et sélectionner leurs élèves. Les enseignants et chefs d'établissement verront leurs pouvoirs augmenter de façon à rétablir l'autorité professorale. La nouvelle politique devrait donc élargir les écarts entre établissements et les inégalités sociales à l'Ecole, même si de nouveaux tests d'évaluation sont prévus.


Selon le Guardian, cette nouvelle politique intéresse fortement de grands groupes privés attirés par la possibilité d'ouvrir sur fonds publics des écoles privées. Ainsi le groupe Gems, venu des Emirats arabes unis, devrait ouvrir de nouvelles écoles. Edison, le plus grand groupe américain également. Le groupe anglais VT Group devrait travailler moins pour la défense et investir plus dans les écoles.


La réforme conservatrice fait éclater le système éducatif anglais. Près de 70% des meilleures écoles anglaises ont déjà demandé à bénéficier du statut d'"académies", annonce BBC News. En trois semaines, 1722 établissements ont demandé à devenir des académies parmi lesquels 870 des meilleures écoles (environ moitié primaire et moitié secondaire).


Avec ce statut, ces établissements vont échapper aux autorités locales et avoir davantage d'autonomie aussi bien sur les curriculums que la gestion. Le statut creusera les inégalités entre établissements, ce qui pour le gouvernement conservateur ne peut qu'impulser une saine concurrence.


Le gouvernement promet que "ces écoles continueront à appliquer les règles d'admission qui garantissent l'égalité des chances". Michael Gove, ministre de l'éducation, hisse les couleurs. "Nous allons vous donner le type d'autonomie qui a si bien servi les écoles en Amérique, au Canada, en Suède et en Finlande et autoriser toutes les écoles à développer leur propre curriculum et à contrôler leur budget et leur personnel".


Adieu les TICE ! Le nouveau gouvernement a décidé à la fois la suppression du Becta, l'organisme qui gère la diffusion des TICE dans les établissement, et la modification du curriculum du primaire qui devait entrer en application à la rentrée 2010 et donnait aux Tice une place importante.


C'est une des décisions du programme de rigueur que la nouvelle coalition gouvernementale a décidé le 24 mai. Le gouvernement a décidé d'économiser 6,5 milliards de livres (7,5 M €). Près de 700 millions seront prélevés sur le budget de l'éducation dont 80 en abolissant le BECTA. Cette agence en charge du déploiement des TICE dans les établissements britanniques, a joué un rôle majeur dans l'avance dont disposent les établissements anglais. C'est sans doute l'arrêt d'une politique qui a fait du royaume un des pays le splus équipés au monde.


Officiellement pour économiser 7 millions de livres, le nouveau curriculum de l'école primaire est annulé. Il devait entrer en vigueur à la rentrée 2010 et avait la particularité d'inclure les TICE dans les priorités de l'école. La littératie, la numératie, les TIC et le développement personnel étaient les 4 points importants de ces nouveaux programmes. On attendait des enfants un certain niveau de maitrise des TIC, par exemple de Facebook, du tableur, de Twitter, et on considère cette exigence comme aussi importante qu'apprendre à compter.


En fait la priorité donnée aux économies permet de ramener tout le système éducatif vers l'arrière. Pour économiser 22 millions de livres, le gouvernement va aussi revenir au système d'examens traditionnel. Le programme de repas gratuits pour tous les élèves du primaire, une idée venue de Finlande, est aussi annulé. Le tutorat en maths et anglais pour les élèves en difficulté également. Ainsi les 359 millions d'économies pèseront de façon inégale sur les élèves. En échange le gouvernement promet de donner la possibilité aux élèves des écoles publiques de passer le bac international. Une ouverture qui ne profitera qu' à certains…

Article Guardian

http://www.guardian.co.uk/politics/2010/may/24/george[...]

L'Angleterre un modèle à suivre ?

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/P[...]

Article du Guardian

http://www.guardian.co.uk/politics/2010/jun/07/primar[...]

Sans internet est-on instruit au 21ème siècle

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/laclasse/Pages/[...]

BBC News

http://news.bbc.co.uk/2/hi/education/10338892.stm

Autorité et concurrence gouverneront l'Ecole

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2010/05/[...]

Discours royal

http://www.number10.gov.uk/news/topstorynews/2010/05/q[...]

Article du GUardian

http://www.guardian.co.uk/education/2010/may/25/free-s[...]

Article du GUardian

http://www.guardian.co.uk/education/2010/may/25/david-[...]

Royaume Uni ce qui va changer

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/P[...]


Les évaluations frappées à la tête en Angleterre

L'agence crée par les travaillistes pour concevoir les tests va disparaître a annoncé le ministre de l'éducation, Michael Gove, le 27 mai. Le gouvernement a décidé de fermer un service qui n'aura pas sa place dans sa nouvelle école.

Article du Guardian

http://news.bbc.co.uk/2/hi/education/10176060.stm


Angleterre : La moitié des écoles sont insuffisantes

La moitié des écoles anglaises sont très insuffisantes ou à peine acceptables, affirme un rapport officiel de l'Ofsted. Selon ce rapport, le pourcentage d'excellents établissements a diminué, passant de 14 à 11%. 42% seraient "bonnes" mais 53% seraient "acceptables" et 9% insuffisantes.


Ces chiffres ont fait réagir le ministre des écoles qui a annoncé qu'il "est urgent de faire de vraies réformes". Le nouveau gouvernement envisage de privatiser des milliers d'écoles publiques en les transformant en "académies".


Ce n'est pas l'avis des syndicats. L'association des chefs d'établissement (ASCL) remarque que le mode d'inspection a changé cette année. L'Ofsted aurait relevé le niveau et changé ses indicateurs ce qui rendrait tout comparaison avec les années antérieures impossible. "Le fait qu'il y ait 3% d'écoles en moins jugées excellentes ne signifie pas que les écoles aient baissé de niveau mais que les exigences de l'Ofsted ont monté".

Article BBC News

http://news.bbc.co.uk/2/hi/education/10327284.stm

Autorité et concurrence gouverneront l'Ecole

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2010/05/26052[...]



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Par fjarraud , le samedi 19 juin 2010.

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