Rapport Fourgous : Où en sont les TICE en pratiques ? 

Par François Jarraud




Pourquoi est-il urgent d'intégrer les TICE dans les enseignements ? Pour illustrer les apports des TICE à l'enseignement appelés par JM Fourgous, nous avons interrogé des enseignants expérimentés sur les raisons et les contextes dans lesquels ils utilisent les tice ainsi que sur leurs attentes. Un panorama qui montre les apports réels des tice à l'enseignement et aussi une certaine démystification des Tice en ce qui concerne les attentes.



Les langues : Quand les élèves vont chercher le prof de langues…

Comment enseigner une langue difficile et ultra minoritaire ? Avec les Tice bien sur. Béatrice Crabère enseigne le russe dans le sud-ouest de la France. Elle collabore aussi au Café pédagogique. Elle nous explique comment les TICE ont changé son enseignement.


Deux nouveaux outils semblent révolutionner l’enseignement des langues : la baladodiffusion et les vidéoconférences. Utilises-tu les deux ?


Je n’utilise pas encore la baladodiffusion, mais j’y réfléchis sérieusement, et ce depuis une demande émanant non pas de l’Institution, mais des élèves. Comme j’insistais sur l’importance de la phonétique et de l’intonation en russe, et leur reprochais de parler le russe « comme des francophones qui mettent un point d’honneur à parler les langues étrangères avec la platitude du français » (on est parfois un peu vif en classe !), ce groupe d’élèves de première se situant à 150 kilomètres de leur professeur a argumenté que, s’ils avaient autant d’occasions qu’ils voulaient d’entendre de l’anglais, ils aimeraient bien avoir l’opportunité d’écouter aussi des chansons en russe (comprenez dans leur baladeur, puisque c’est l’outil que cette génération privilégie naturellement). Donc ils réclament, en accord avec les nouveaux programmes de seconde, d’augmenter la masse critique d’exposition à la langue. Ma réaction dans l’urgence a été de leur offrir pour Noël une liste du type « TOP 10  des chansons de variété russe de l’année 2009 », avec les liens nécessaires sur la Toile pour les écouter, voir les clips, les télécharger et lire les paroles. J’ai bien sûr sélectionné les chansons sur des critères alliant plaisir et culture, écartant ce qui me paraissait indigne d’être conseillé par un éducateur !


Nous nous situons là dans une démarche naturelle et dans le plaisir d’écouter une langue étrangère. On peut aller plus loin dans la didactisation, et c’est ce que je me propose de faire maintenant. Je vais commencer à proposer pour toutes les séquences une liste de documents sonores à télécharger en complément. De façon facultative et pour le plaisir. C’est l’expérience qui montrera s’il est intéressant de passer à une étape plus dirigée, avec des écoutes obligatoires en dehors du cours et des évaluations. Pour le moment j’ai peur que les élèves ne se soustraient à une tâche qui transformerait la source de plaisir en devoir supplémentaire. Pour moi, l’utilisation du baladeur rejoint celle du jeu en classe. La part affective doit rester intacte pour obtenir un résultat positif dans l’apprentissage.


Comme toujours lorsqu’on parle de TICE, la question des équipements se pose. Les pratiques actuelles se font le plus souvent en prenant appui sur les outils personnels des élèves. Dans mon lycée de rattachement, nous avons monté un projet d’équipement d’espace-langues et le téléchargement de fichiers audio ou vidéo pourra s’y faire d’une part de façon encadrée et légale, d’autre part sur le matériel fourni à cet usage par l’établissement.


Par contre je pratique depuis maintenant plus de dix ans la vidéoconférence. Et tout d’abord, je voudrais utiliser plutôt le terme de visioconférence, qui est un synonyme plus utilisé en France, d’autant que le mot « vidéo » renvoie dans notre esprit à une notion d’enregistrement, or nous sommes en classe en parfaite interactivité avec les élèves, rien n’est enregistré.


En quoi l’utilisation de cet outil de communication a-t-il révolutionné l’enseignement des langues ?

Juste en ceci qu’il a permis à des élèves éloignés des établissements de résidence des professeurs enseignant des langues à faible diffusion (pardon aux collègues d’allemand !) de profiter de cours que leur établissement était incapable de leur proposer. C’est une bien maigre révolution, c’est juste une adaptation à une politique de moindre recrutement d’enseignants de ces disciplines. La technologie a permis de sauvegarder une certaine offre disciplinaire, quand les suppressions de postes intervenaient partout où la rentabilité était jugée insuffisante par la politique du Ministère. Le russe est depuis longtemps touché par ces mesures de restriction, et j’ai eu la chance de pouvoir continuer à l’enseigner et à échapper à d’autres mesures comme la bivalence imposée, grâce à la visioconférence. Il faut cependant noter que, du moins en ce qui concerne l’Académie de Toulouse, qui est très étendue et comprend de nombreuses zones rurales, ce qui pourrait justifier le succès de cet enseignement, il est en perte de vitesse. Dans de nombreux cas, l’absence d’accompagnement des jeunes professeurs par l’Institution, la non reconnaissance des spécificités de ce mode d’enseignement par la hiérarchie et l’administration, ont amené à un abandon de cette forme d’enseignement. Dans certains cas, l’évolution a été négative et l’offre pour les élèves a été simplement supprimée, dans d’autres cas (pour le chinois par exemple), il y a eu des créations de postes et les collègues ont été soulagés.


Comment fonctionne la visioconférence ?


Jean-Marc Robinet en parle très bien dans cet article paru sur le site du RH Concept, société de conseil en ressources humaines et formation:

http://www.cerclerh.com/editorial/visioconferencelong10903.asp


En général, les collègues qui pratiquent la visio ont un poste à profil spécifique. Ils effectuent un demi-service dans leur établissement de rattachement, et complètent en visio dans un ou plusieurs autres établissements éloignés.


Mon cas est très particulier en ceci que je n’ai pas de service « normal » et que je fais selon les années jusqu’à un temps complet en visio, avec des cours en collège considérés comme expérimentaux par le Rectorat de Toulouse.


J’ai effectivement expérimenté plusieurs techniques et plusieurs configurations, car une partie de mes cours se déroule depuis 10 ans directement depuis la mission TICE du Rectorat, et j’ai participé à toutes les étapes de la recherche en ce domaine.


Au début, nous utilisions le matériel qui a été adopté aujourd’hui dans la plupart des Académies ou des universités et qui consiste en une liaison Internet avec webcam, qui permet d’afficher sur l’ordinateur de chaque élève et du professeur une image de l’interlocuteur dans un coin de l’écran, et des documents sur le reste de l’écran.


Cette configuration est maintenant plus performante qu’à ses débuts en raison des débits plus élevés d’Internet. L’époque pionnière fut épique, avec de nombreux fou-rires quand l’image du prof était figée dans différents rictus expressifs pendant plusieurs minutes (idem pour l’image des élèves, mais le prof sait se tenir !)


Elle n’est cependant pas adaptée à la configuration d’une « classe » (j’ai eu jusqu’à 15 élèves dans les groupes de visio), et ne présente que des inconvénients du point de vue pédagogique. Si elle a tant de succès dans l’Education cependant, c’est qu’elle est très économique.


Nous avons donc décidé de doter les points d’émission et de réception d’une caméra collective performante, téléguidée à distance par le professeur, et qui permet de balayer tout l’espace, de zoomer, et d’afficher sur un téléviseur soit l’image du prof ou des élèves, soir des documents fixes. Le microphone est également collectif et le son transmis par le téléviseur, ce qui permet une liberté de mouvements dans la classe aux élèves libérés des casques individuels.


Les collègues de l’Académie se servent maintenant de ce dispositif sans avoir besoin d’ordinateurs, ils filment un tableau blanc quand ils écrivent le cours.


En accord avec la mission TICE, j’ai conservé l’usage associé d’un ordinateur pour la transmission de documents et le partage d’écran, car dès le début de mon enseignement, j’avais tenu à participer à un groupe de recherches entre collègues de russe à l’Université Paul Sabatier de Toulouse pour développer des logiciels d’apprentissage adaptés à ce mode d’enseignement. La visio était un prétexte en fait, pour mettre un pied dans l’intégration des TICE dans mon enseignement. Aujourd’hui je ne peux plus me passer de ces outils.

Une démonstration de cet enseignement est disponible sur le site du Rectorat de Toulouse. La vidéo présentée date de 2005 :

http://www.ac-toulouse.fr/web/65-actualites.php?actu=3034


Depuis, l’Académie fait partie du projet de classe virtuelle souscrit par les IUFM avec le groupe Centra. C’est un logiciel très performant qui permet une navigation partagée et confortable, une interaction totale avec l’ordinateur de chaque élève. C’est un pas de plus vers l’intégration d’Internet dans le déroulement du cours : correspondance scolaire, visite de sites et accès aux documents authentiques, dictionnaires et traducteurs en ligne, téléchargement de fichiers de cours même en dehors des heures de cours, partages d’écran.


La visioconférence n’est qu’une technique pour palier une absence physique du professeur, on l’aura bien compris. C’est là sa limite, et je ne l’aurais jamais pratiquée si longtemps ni défendue avec tant d’acharnement si elle n’avait pas été un moyen pour moi d’obtenir systématiquement d’enseigner dans un environnement multimédia, car c’est là que je situe la véritable révolution !


Qu’est-ce que ça apporte à l'élève par rapport à un cours en présentiel?


Y a-t-il réellement un apport différent ? Je pense que les inconvénients sont plus nombreux pour l’élève que les avantages. Par rapport au même cours en présence du prof s’entend, donc en ce qui me concerne, par rapport à un cours dans un environnement informatisé. Tous les collègues comprendront à quel point il est difficile, dans des conditions normales, à un prof de langue qui a des groupes de 1 à 15 élèves de bloquer une salle informatique pour tous ses cours ! C’est de l’utopie. Donc, pour mes élèves, le prétexte de la visio est le premier avantage : celui de profiter pleinement des nouvelles technologies. En collège, certains choisissaient même l’option russe pour avoir accès aux ordinateurs (surtout en zone rurale il y a dix ans !).


Le deuxième avantage est la pratique de l’oral. Quand l’interlocuteur est absent, on a tendance à multiplier les interventions orales pour garder le contact. Le prof ne voit les ordinateurs des élèves que s’il sollicite un partage d’écran. La description orale des documents cherchés sur Internet par exemple prend tout son sens dans cette situation. Les échanges entre élèves sont également plus fréquents, car ils se sentent plus facilement entre soi, il suffit de ne pas regarder la télé, et le prof n’est plus au milieu de l’échange.  L’interaction orale est ainsi plus naturelle.


Les élèves prennent possession de leur cours. Ils doivent souvent aller chercher seuls une clé de salle, allumer les appareils, se positionner, respecter l’ordre de parole (on ne comprend plus rien s’il y a du bruit). C’est finalement eux qui vont chercher le prof et non l’inverse. C’est une différence sérieuse.


En lycée, les cours se déroulent simultanément sur deux (ou trois) établissements : je suis dans une classe de Toulouse avec 4 ou 5 élèves, et nous sommes en liaison visio avec autant d’élèves d’un lycée distant (à Tarbes et, à une époque, à Pamiers). L’avantage pour les élèves est de reconstituer un groupe plus nombreux et où les échanges sont plus riches. Les petits effectifs, c’est bien, mais les très petits effectifs, non !


Enfin, il y a un recentrage sur les apprentissages. Il est difficile de parler à quelqu'un en particulier pendant le cours, tout le monde entend. Il est insupportable pour le prof d’assister à la télé à une digression des élèves à laquelle il ne prend pas part. Des dérives sont ainsi évitées. Et puis, l’environnement particulier agit un peu comme l’espace scène sur les acteurs. Quand on est entré dans le champ de la caméra,  on fait du russe. C’est automatique.


N’est-ce pas demander beaucoup d’autonomie aux jeunes ?


Si, et c’est bien ! Ceci dit, l’environnement que nous avons choisi à Toulouse limite l’autonomie des élèves à quelques gestes matériels en début et en fin de cours, et à la gestion de leur classeur. Le choix de cette caméra collective fait que le professeur sait en permanence ce qui se passe dans la salle de classe, entend tous les chuchotements, répond à toutes les demandes. La prise de notes est simplifiée au maximum par le partage d’écran, et le professeur voit si les élèves copient ou non.


De toutes façons, le choix d’apprendre une langue comme le russe est déjà une décision d’acquérir une plus grande autonomie : rares sont ceux qui pourront se faire aider à la maison ; ou un choix motivé par une recherche personnelle, familiale. Dans tous les cas, c’est un vrai choix, la matière est rarement subie. Il arrive que ce choix ne soit pas motivé par les bonnes raisons (contournement de la carte scolaire par exemple), et là, effectivement, certains abandonnent en invoquant la visio. Je ne suis pas convaincue que la seule présence physique d’un professeur les ait retenus bien plus longtemps et de façon profitable. Je ne connais pas d’expérience d’enseignement en visio et multimédia dans des matières obligatoires (anglais, maths). C’est peut être là qu’il faudrait mesurer l’impact d’une telle demande d’autonomie.


Peut-on complètement se passer de présentiel ?


Là, je vais choquer, mais oui. Surtout au lycée. Les collégiens ont encore besoin que l’on vérifie leur cahier, et de sentir une présence rassurante de temps en temps. Les groupes sont réduits, et dans ces conditions, on s’attache. Quand je viens voir les élèves de 4ème au bout d’un mois, ils seraient prêts à m’embrasser ! C’est comme quelqu’un de la famille avec qui on est en contact, mais qu’on n’aurait pas vu depuis longtemps.


Les lycéens, on le comprend, ont une approche moins affective de leur enseignant. Ceux que je sens les plus fragiles en seconde, je les place le plus près possible de la caméra et du micro, au premier rang. Ils se sentent plus en sécurité, plus concernés. Il est bien sûr plus sympathique de faire au moins connaissance en chair et en os. Mais certains de mes élèves ne m’auront jamais rencontrée jusqu'au Bac, et pourtant nous nous connaissons très bien et sommes même très proches. Ils me donnent des nouvelles après le Bac, ou me croisent alors qu’ils poursuivent leurs études à Toulouse et c’est une grande émotion.


Encore une fois, se passer de présentiel n’est pas un choix, il s’agit de contraintes d’emploi du temps, de temps et de coût des déplacements. La meilleure façon de faire cours est d’être parmi ses élèves.


Béatrice Crabère



Français : Palimpsestes : petit exercice d’écriture sur le rapport Fourgous

Jean-Michel Le Beaut nous fat découvrir Palimpsestes, un projet de création littéraire. "Acceptons l’invitation pour parcourir à la lumière de ce rapport un travail original et intéressant mené par Claire Berest, professeur de lettres au lycée de l’Iroise à Brest : un livre numérique rassemblant des autoportraits sous forme de palimpsestes réalisés par des élèves de seconde."

Lire l'article

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2010/02/F[...]



Les Tice en histoire-géographie

Les Tice peuvent-elles changer l'Ecole ? Quelques jours après la publication du rapport Fourgous, le Café interroge deux professeurs d'histoire-géographie.



Géographie : Les TICE pour une géographie moderne, attrayante, et ancrée dans le quotidien des élèves


Pionnière dans l'utilisation en classe des systèmes d'information géographique (SIG), Cécile de Joie montre comment les TICE peuvent faire le lien entre la culture scolaire et celle de la société.


Il y a eu deux grandes innovations dans les usages géographiques de la société en général c'est l'apparition des SIG et des globes virtuels Google Earth / Google Maps. Dans quelle mesure te semblent-ils avoir fait leur apparition dans les salles de classe?


J’ai croisé les SIG lorsque j’étais étudiante en géographie, à la toute fin de mon cursus, en 1995 et alors que l’informatique arrivait péniblement à toucher le 3e cycle universitaire. Lorsque je suis devenue enseignante, l’année d’après, l’idée d’employer un logiciel de SIG en classe ne me serait jamais venue à l’esprit ! Mais lors d’un stage de formation continue en 2000 dans l’académie de Dijon, j’ai rencontré Jean-Marc Bonnefoy. Il était alors l’auteur de Wincarto, mais surtout pensait que les SIG devaient avoir une place dans l’enseignement. Compte tenu de mes compétences acquises à l’Université, j’ai intégré le groupe de réflexion sur l’usage des SIG dans l’enseignement de l’hist-géo en 2001. De 2001 à 2005, nous avons défriché le terrain, essayé de développer des applications pour la classe, mais nous avions beaucoup de mal à convaincre en dehors d’un petit cercle de passionnés : prise en main complexe des logiciels de SIG, poids des données qui s’ouvraient avec peine sur les ordinateurs des salles infos de nos établissements, problèmes d’acquisition des données. A partir de 2005, avec l’arrivée d’applications faciles à utiliser comme Google earth ou Google maps, mais aussi Géoportail, les choses ont changé. D’un seul coup l’information géographique était à la portée de tout le monde.


Mais ces outils ne permettent pas la même réflexion sur l’espace qu’un logiciel de SIG. Jean-Marc Bonnefoy s’est alors consacré à la production d’un logiciel de SIG, libre de droits, et conçu dès le départ pour une utilisation en classe et la manipulation par des élèves. Wingis permet aujourd’hui à tout enseignant d’hist-géo qui le désire de se lancer dans l’aventure du SIG. Localement, nous avons conclu des accords avec le Grand Dijon et le Grand Chalon pour acquérir des données. Nous avons constitué cette année des groupes de travail à Dijon et à Chalon pour utiliser ces données et produire des séances, au niveau lycée surtout, car les programmes intègrent davantage la France et le local. Pour la 1ère fois dans l’académie, nous avons le sentiment de dépasser le stade des défricheurs pour aller vers un élargissement de l’usage.


Quelle connaissance un élève de lycée peut-il avoir de Google Maps (/earth) ? Celle-ci peut elle être mobilisée pour la géo ?


En seconde, je m’aperçois que les élèves ont une connaissance très vague de ces outils pour la majorité d’entre eux. Ils savent trouver un lieu, mais ne connaissent en général pas les outils de croquis, ou la possibilité de créer des placemarks. Ils ont beaucoup de difficultés à lire les images de Google earth, passer de la vue aérienne ou satellitale, à la vue au sol, à identifier des objets géographiques. Ne parlons pas de l’identification de la source des images, qui pose aussi de gros problèmes aux adultes et aux enseignants comme on peut le constater en formation ! Les globes virtuels donnent à voir, et il est tentant de multiplier les vues pour illustrer le cours au videoprojecteur, mais il s’agit d’images complexes à lire, interpréter, contextualiser.


Quelle utilisation un professeur expérimenté comme toi peut en faire ?


Pour initier les élèves de seconde aux globes virtuels Geoportail est plus intéressant, parce qu’il permet de sélectionner les couches d’informations (routes, bâti, chemin de fer, hydrographie, etc.) qui donnent du sens à l’image. Si l’établissement est abonné à Edugeo, on peut ensuite passer facilement au croquis d’interprétation, c’est possible aussi gratuitement avec Google Maps. Exemple avec ce module sur le Cap d’Agde. :

http://histoire-geographie.ac-dijon.fr/spiphistoire/sp[...]


Il est possible aussi de faire apporter aux élèves du contenu pour expliquer les images de Google earth, leur faire fabriquer des repères, enregistrés en fichier kmz. Cet exercice demande de disposer d’au moins deux heures de suite en salle info, car il y a des acquis techniques à maîtriser pour les élèves. Voir cet exercice réalisé en classe de seconde :

http://www.lycee.clionautes.org/article.php3?id_article=291


Plus classiquement, on peut faire travailler les élèves sur des parcours réalisés par le prof, comme le montre le site de Jean-marc Kiener consacré à ces voyages virtuels pédagogiques. Mais attention à ne pas utiliser Google earth comme prétexte à « enfermer » les élèves dans la démarche du prof, en oubliant totalement de poser des questions qui concernent l’espace…


Les SIG permettent ils d'introduire une façon différente de faire de la géo ? Par exemple des raisonnements différents ?


Le fonctionnement du SIG par couches que l’on peut ajouter successivement, enlever, combiner, permet une approche hypothético-déductive. Donc une démarche qui se construit étape par étape en vérifiant chaque hypothèse par la prise en compte de tel ou tel niveau d’analyse spatiale. Il est particulièrement intéressant de solliciter le SIG dans des problématiques liées à l’aménagement du territoire, à la prise en compte des risques ou des nuisances. Les séances élaborées aujourd’hui vont dans ce sens. Ainsi, cette année en classe de 1ère, j’ai réalisé dans le cadre du chapitre « Peuplement et urbanisation en France », une séance intitulée « Dijon : la ville reconquise ». Partant d’un article paru dans un journal local qui faisait la part belle au « retour au centre » à Dijon à propos du recensement de 2006, les élèves ont tenté de comprendre où se faisait ce retour au centre, pourquoi, comment ? Par la manipulation de Wingis, ils ont pu localiser les quartiers construits ou modifiés depuis 2002 (données Grand Dijon), que ces quartiers correspondaient pour une bonne part à des friches militaires (superposition du scan 25), particulièrement bien situés par rapport aux zones d’activités et principaux pôles d’emploi (données Grand Dijon). En faisant apparaître les espaces verts, les équipements collectifs publics, la desserte par stations velodi et futur Tram, la classe a pu avoir une réflexion sur le projet de ville durable, de mixité sociale… suppositions qui ont pu être confrontées au site internet du Grand Dijon. A partir de cette étude de cas, la confrontation à l’exemple du Mans traité dans le manuel, a pu montrer que le cas dijonnais était assez représentatif des dynamiques actuelles des métropoles régionales. Grâce au choix des couches d’information pertinentes, c’est l’élève qui construit le raisonnement sur l’espace, et se met dans la peau des acteurs-aménageurs.


Ils ont encore assez peu pénétré l'Ecole. Comment l'expliquer ? Faut il encourager leur utilisation et comment faire ?


Il me semble que les globes virtuels ont largement pénétré l’école, surtout cette année avec la mise en œuvre du nouveau programme de 6e. Pour les SIG, il faut encourager une utilisation raisonnée et raisonnable : mettre à disposition des enseignants un logiciel libre et de prise en main aisée, des données facilement intégrables, dans un format répandu. C’est ce que propose aux collègues le groupe TICE/SIG dans l’académie de Dijon. Mais cela suppose de pouvoir accéder facilement à une salle informatique, au moment où le besoin s’en fait sentir… et en lycée, cela reste un frein majeur ! Edugeo sera peut-être aussi l’occasion d’élargir la pratique des SIG en classe.


Finalement quels gains attendre des tice en géographie ?


Depuis les 1ers logiciels de cartographie ou de croquis, les tice ont largement fait leur preuve dans l’enseignement de la géographie. Elles permettent de pratiquer une géographie moderne, attrayante, et ancrée dans le quotidien des élèves, contrairement à ce que certains pensent de la géographie scolaire…


Cécile de Joie



Fabricarto

http://histoire-geographie.ac-dijon.fr/spiphistoire/sp[...]

Wingis

http://histoire-geographie.ac-dijon.fr/SIG/Carto/sig/W[...]



Et l'histoire ?

Denis Sestier évoque plutôt les applications en histoire. " Un élève comprendra sans doute nettement mieux certains aspects par exemple du développement durable en utilisant un jeu sérieux qui le met dans la peau d'un décideur et qui l'oblige à gérer plusieurs paramètres à la fois, plutôt que dans une étude plus classique dans laquelle les phénomènes sont étudiés les uns après les autres."

Les tice en histoire

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2010/02/Fo[...]



Les Tice en sciences

Les Tice et les sciences font-elles bon ménage ? Alors que le rapport Fourgous veut accélérer les choses, deux enseignants se confient sur leurs pratiques et leurs attentes."Les relations entre un élève motivé et son enseignant sont en règle générale meilleures" nous confie JP Gallerand. "Ce qui "passe" mieux, ce sont, non point les raisonnements, mais les représentations", affirme D Missenard "La fluctuation d'échantillonnage, notion clé de la statistique, devient facile à faire comprendre de par la multiplication des possibles qu'offre l'informatique."


S.V.T. : "Les relations entre un élève motivé et son enseignant sont en règle générale meilleures"


Prof de SVT, Jean-Pierre Gallerand est aussi auteur de logiciels, webmestre, lanceur de projets. Il montre ici comment les Tice peuvent être mises au service des SVT.


On dit souvent que les tice stimulent la motivation des élèves. Est-ce le cas en SVT ?


Les Sciences de la Vie et de la Terre motivent, en général, assez bien les élèves avec les élevages (parfois), le microscope, les expériences et même les dissections (mais pas tous les élèves!). Les TICE permettent de diversifier encore plus cette matière et par conséquence de motiver un peu plus les élèves. Il n'est pas possible parfois (souvent !) de réaliser en classe certaines expériences ou simulations pour des raisons de législation, de temps, de prix, de manque de matériel, de manipulation de produits toxiques et aussi de groupes d'élèves trop nombreux. Les expériences et les simulations virtuelles ne remplacent pas le réel mais permettent cependant de les réaliser lorsque pour une ou plusieurs des raisons citées précédemment ce n'est pas possible. Elles sont plus stimulantes que décrites dans un ouvrage ou présentées dans une vidéo. Elles sont même leur intérêt lorsqu'elles ont été réalisée en classe « en vrai », elles permettent aux élèves de les compléter et/ou de les refaire au CDI ou à la maison « en virtuel », ce qui est une stimulation au travail personnel.



Les TICE influent-elles sur la relation enseignant - enseignés ?


Les TICE permettent de motiver les élèves et leur permettent aussi de mieux s'approprier les connaissances et certaines compétences, avec la possibilité de presque tout revoir ou refaire au CDI ou à la maison. Les relations entre un élève motivé et son enseignant sont en règle générale meilleures, même si de nombreux autres paramètres interviennent dans cette relation. Je pense aussi qu'un certain nombre d'élèves sont conscients du travail réalisé par l'enseignant et lui en sont reconnaissants.



Quelles pratiques semblent les plus intéressantes sous cet angle ?


Un exemple en 6ème avec la dissection de la pelote de réjection de certains oiseaux (chouette,.. .), il est interdit aujourd'hui de les disséquer en raison de la grippe aviaire. Sans les TICE, les élèves travailleraient à partir du livre ou peut-être d'une vidéo. J'ai créé un logiciel qui "virtualise" toutes les étapes de cette dissection. Ce logiciel peut-être utilisé avec un TBI au laboratoire et sans cet outil avec un vidéoprojecteur. C'est également intéressant avec ce dernier mais l'élève est beaucoup plus «dans l'action » devant le TBI que devant l'ordinateur du laboratoire et sa souris. Il peut être aussi utilisé en salle multimédia (si elle est libre !) et c'est chaque élève (ou groupe de deux) qui dissèque virtuellement. L'utilisation de la salle multimédia permet à chaque élève de progresser à son rythme mais favorise moins le travail collectif, les deux ont leur intérêt. Le TBI est plus adapté à certaines parties du cours et la salle multimédia à d'autres. Entre la dissection virtuelle ou un travail à partir du livre, le choix de l'élève est vite fait. Ce logiciel comme les autres est très proche d'un jeu.

http://44.svt.free.fr/jpg/pelote.htm


Ce logiciel pelote a été téléchargé plus de 30 000 fois depuis sa création et la version en ligne a été utilisée plus de 20 000 fois ces 6 dernières semaines. Curieusement bien que téléchargeable gratuitement la version en ligne est beaucoup plus utilisée.


Le cahier de l'élève virtuel que j'ai mis en place stimule aussi les élèves. Il leur permet de retrouver et de refaire presque toutes les activités du cours (sorties, expériences, observations, …) avec des photos, des vidéos, des animations intégrées. Il permet également à l’élève de télécharger un document perdu ou abîmé,   un logiciel utilisé en classe, de trouver des pistes sur Internet pour approfondir un sujet que l'élève a particulièrement apprécié, de retrouver le résumé qu'il a peut-être mal copié,... Pour les plus motivés, ils retrouvent également les compétences du socle commun. L'intérêt pour l'élève absent est encore plus important.

http://sites.google.com/site/cahierdesvt/


Je viens tout récemment d'installer un forum (associé au site) pour me permettre de répondre aux questions des élèves et leur permettre d'échanger sur certains sujets. Je ne l'ai pas encore « ouvert », mais je crois vraiment à l'intérêt pédagogique de cet outil dans le cadre d'un cours.


Les outils collaboratifs sont également très intéressants comme Google Document ou le blog. J'ai créé pour mes élèves de 6ème un blog collaboratif et j'ai invité une dizaine de collègues (de Beyrouth, Bogota, Bombay, Tripoli, Shanghai,...), à collaborer à ce blog avec leurs élèves de 6èmes. Chacun présente son environnement (programme de SVT de ce niveau). Les élèves apprécient cet échange et certains de ces collègues apprécient de se sentir un peu moins isolés.

http://collegien.blogspot.com/


Certains programmes de SVT sont très axés sur l'environnement proche des élèves, j'ai créé des blogs pour leur permettre de découvrir certains de ces environnements et les inciter à sortir du virtuel en s'y déplaçant avec leurs parents. Un autre blog SVT News Junior leur fournit les informations présentes sur Internet en rapport avec leur niveau et la matière.

http://lacdebeaulieu.blogspot.com/

http://svtnewsjunior.blogspot.com/



De tous les objets passerelles pour introduire les Tice, le TBI semble particulièrement efficace. Quels sont ses avantages par rapport au tableau classique ? Comment en faire un usage qui aille plus loin que le cours frontal ?


Le TBI est un outil « Tout en un » qui regroupe le tableau « noir », le rétroprojecteur, la télévision (avec le magnétoscope et le lecteur de dvd associés), l'ordinateur de fond de classe (parfois inutilisé), l'écran du projecteur de diapositives et pourquoi pas en remontant dans le temps du projecteur super 8 et de l'épiscope (pour projeter la page d'un livre,...). Le « Tout en un » c'est pratique mais pas une révolution pédagogique! Si on se limite à « remplacer » ces outils ou si l'enseignant n'utilise que des diaporamas Impress ou PowerPoint , le cours frontal peut ne pas être loin.


Le TBI apporte un plus pour toutes les utilisations que je viens de présenter. La trace écrite sur un TBI peut-être sauvegardée et mise à la disposition des élèves sur Internet, l'intranet de l'établissement ou très prochainement pour l'Académie de Nantes sur l'ENT. La photo projetée peut-être annotée, schématisée et le tout sauvegardé. La même chose avec une vidéo mise en pause. Pour les schémas utilisés avec un rétroprojecteur, ils peuvent toujours être annotés et coloriés mais ils peuvent en plus être animés. Pour l'ordinateur, le TBI permet une projection collective de pages Internet et de documents avec toujours cette possibilité d'annoter, surligner et de sauvegarder. Certains livres scolaires sont maintenant numérisés, la projection d'une page du livre facilite le travail à partir d'un document du livre, de l'annoter et permet également à tous les élèves de participer même ceux qui ont oublié leur livre. Elle peut  permettre aussi d'alléger le cartable de l'élève. En SVT le TBI prend sa véritable dimension dans le domaine du virtuel, une expérience virtuelle ou une simulation sur grand écran c'est presque magique surtout si un maximum d'élèves l'utilise dans une séance et l'enseignant le moins possible. Les élèves doivent se l'approprier. La cinquantaine d'expériences virtuelles, simulations que j'ai réalisées à ce jour :

http://44.svt.free.fr/jpg/applicat.htm


Les « outils » des logiciels des TBI qui permettent d’écrire, surligner, capturer, … sont indispensables. Pour la partie « support du cours » de ces logiciels, c'en est un parmi d’autres (diaporama, blog, …) avec ses avantages et ses inconvénients. Un exemple dans lequel j'ai essayé d'exploiter toutes les possibilités offertes par le logiciel associé au TBI que j’utilise :

http://44.svt.free.fr/jpg/tbi



La société dans son ensemble utilise les tice et notamment les chercheurs. Peut-on dire des tice qu'en svt elles peuvent rendre plus pointus les contenus disciplinaires ?


Pour rendre un contenu disciplinaire plus pointu, il faut déjà que le contenu exigible soit acquis par tous les élèves et dans les limites des instructions officielles. Mais l'intérêt se situe dans la mise à disposition sur Internet, l'ENT, de ressources supplémentaires exploitables au CDI ou à la maison, et associé à un forum pour les échanges. A l'inverse il est aussi intéressant de mettre également du contenu permettant une remédiation pour les élèves en difficulté.



Peut-on dire qu'elles permettent des raisonnements plus difficiles à faire passer traditionnellement ?


Je vais revenir sur les expériences, simulations et modélisations virtuelles. Un élève peut lire un document présentant une expérience et il peut la réaliser avec un TBI ou un ordinateur en salle multimédia. Si le logiciel a été bien conçu (en respectant les étapes de l'acquisition des connaissances et des compétences) et est accompagné d'un document de travail respectant bien la problématique, le TBI ou l'ordinateur permettra probablement de mieux assimiler des raisonnements plus complexes. Les TICE seules ne suffisent pas, l'enseignant a encore son rôle à jouer, aussi important qu'avant mais différent.


Jean-Pierre Gallerand


Entretien François Jarraud



Et les maths ?

"Ce qui "passe" mieux, ce sont, non point les raisonnements, mais les représentations", affirme D Missenard "La fluctuation d'échantillonnage, notion clé de la statistique, devient facile à faire comprendre de par la multiplication des possibles qu'offre l'informatique."

Les maths

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2010/0[...]



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Par fjarraud , le lundi 15 février 2010.

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