Le mensuel Imprimer  |  Télécharger nous suivre sur Twitter nous suivre sur Facebook

Lycée 

Ryem Boudjemaï : Permaculture et grainothèque au lycée 

Comment le potager peut-il devenir une source de motivation chez les lycéens ? Ryem Boudjemaï, enseignant de SVT au lycée Jacques Brel de La Courneuve (93), y développe un projet de jardin pédagogique. Ses élèves sont impliqués pour semer, récolter et conserver les graines des tomates qu’ils replantent l’année suivante. En lien avec le dispositif « Jardins de Créteil », l’enseignant vise aussi à étoffer sa grainothèque et assurer la continuité des espèces anciennes et locales. Pour Ryem Boudjemaï « le travail réalisé à l’échelle du jardin permet ensuite d’extrapoler à l’échelle des biomes et de la biosphère ».

 

Pourquoi ce projet de grainothèque ?

 

Il s’agit d’abord d’un projet de jardin pédagogique, avec notamment un potager. L’idée est de planter des graines une année n, puis de les récupérer dans les fruits, les faire sécher et les stocker pour les replanter ensuite l’année n+1 !

 

En attendant, les graines sont stockées dans une grainothèque située au CDI du lycée. Je mène ce projet dans le cadre de l’enseignement de détermination MPS en 2nde et avec les éco-délégué.e.s du lycée.  C’est seulement la deuxième année pour ma part, et l’année dernière nous n’avons pu obtenir que des tomates en fruits. Alors, on n'a pour l’instant que des graines de tomates en stock … mais en quantité astronomique !

 

Ce projet a une vocation scientifique bien sûr mais surtout citoyenne, puisque les élèves prennent conscience de questions sociétales, relatives entre autres aux écosystèmes et aux interactions entre espèces. Ils se reconnectent aussi à la nature au contact du sol, et nous travaillons le sens de l’observation, le temps qui passe et la transmission de quelque chose entre générations d’élèves.

 

Que font vos élèves au cours des séances ?

 

Ce sont avant tout les activités classiques réalisables dans un potager en permaculture : préparer la lasagne et le paillage en automne, planifier et réaliser les semis en hiver, les repiquer puis les mettre en terre. Surveiller, arroser encore et encore et enfin récolter les fruits quand ils sortent. On peut ensuite récupérer les graines, les faire sécher et enfin les stocker en sachets dans la grainothèque.

 

Vous voyez qu’il s’agit là d’un dur labeur et cela développe le sens de l’effort, en particulier chez certains élèves, qui peuvent être en difficulté dans des activités classiques en classe, et qui se sentent d’un coup très valorisés. Le potager devient alors une source de motivation, par son côté très concret et pratique, puisque l’élève peut constater le fruit de son travail et du temps qu’il a investi : les plantes poussent, on récolte des fruits, etc.

 

Quelles ressources utilisez-vous en classe ?

 

En fait, ce potager est lui-même fournisseur de ressources et de matériel au service de la formation scientifique des élèves. Le travail réalisé à l’échelle du jardin permet ensuite d’extrapoler à l’échelle des biomes et de la biosphère.

 

Mais nous utilisons aussi l’outil Grainocréteil pour constituer des fiches permettant de référencer précisément chaque graine avec de nombreuses informations sur la variété et pour assurer la traçabilité des semences. Il s’agit d’une base de données en ligne permettant le référencement des graines issues des grainothèques de toute l’académie de Créteil !

 

Quels sont les objectifs du groupe de travail sur les potagers et grainothèque dans l'académie de Créteil ?

 

Nous sommes un groupe de huit professeurs de l’académie de Créteil. Je ne les ai rejoints que cette année, mais ça m’a déjà permis d’apprendre énormément. Certains membres du groupe sont de véritables experts qui partagent leur expérience et les échanges sont ainsi très instructifs et dynamiques.

 

Ce groupe anime le dispositif « Jardins de Créteil » qui vise à accompagner depuis 2013 les équipes qui développent des projets de jardins pédagogiques.

 

Plus concrètement, nous cherchons à promouvoir la création et le développement des potagers, grainothèques et coins nature dans l’académie de Créteil. Entre autres, nous organisons un concours de jardins, des forums départementaux pour former les personnels, des formations au PAF (Sous forme d’ANT notamment), nous créons des ressources et nous gérons aussi l’outil Grainocréteil. Mais on se refile surtout des idées ou des conseils en jardinage les un.e.s les autres !  Nous avons aussi une liste de discussion pour les personnes intéressées.

 

Pourquoi cette mise en réseau des grainothèques ?

 

De nombreuses grainothèques existent déjà dans l’académie de Créteil et ailleurs. Si la mienne est encore peu remplie, je sais que certaines sont bien garnies, diversifiées et déjà opérationnelles.

 

Nous espérons justement créer un réseau opérationnel de troc de graines dans l’académie de Créteil, grâce à l’outil Grainocréteil. A terme, ce réseau pourrait inclure tous les niveaux d’enseignement et être au cœur de magnifiques projets de potagers et grainothèques créateurs de lien social et d’échanges très riches. On pourrait par exemple imaginer que chaque établissement ait sa « graine spéciale », une variété locale cultivée anciennement, et en assure la continuité et la promotion.

 

Entretien par Julien Cabioch

 

Dispositif « Jardins de Créteil »

 

Outil Grainocréteil

 

Dans le Café

Ryem Boudjemaï : Des lycéens éco-délégués  

Ryem Boudjemaï : Un rucher sur le toit du lycée

Des lycéens envoient des graines dans l’espace

 

 

Davy Rousseau : Aux arbres citoyens !  

Composée d’élèves et d’enseignants, l’association "Aux arbres citoyens" sensibilise sur le réchauffement climatique et collecte des fonds pour planter des arbres sur l’espace public. Davy Rousseau, professeur de sciences de la vie et de la Terre au lycée Romain-Rolland de Clamecy (58) voit l’association comme « un outil d’apprentissage pour les élèves dans divers domaines tels que la communication, la citoyenneté et la réflexion collective ». Le succès est au rendez-vous avec déjà 51 arbres mis en terre. Pommiers, merisier, chênes vont ainsi « stocker du dioxyde de carbone et permettre de compenser la production annuelle des lycéens ».

 

Quels sont les objectifs de cette association ? Qui rassemble-t-elle ?

 

 L’association « Aux arbres citoyens » a son siège au lycée Romain Rolland de Clamecy. Elle est composée d’élèves, de professeurs et de personnes extérieures au lycée (parents ou autres). Elle a vu le jour en novembre 2018 et compte pour le moment plus de 80 adhérents et s’inscrit dans la démarche de labellisation « Ecolycée ».

 

Il s’agit d’une association de loi 1901 avec des membres du bureau professeurs et élèves (Présidents : Davy Rousseau et Mathilde (élève de TS), trésoriers : Frédéric Barré (professeur d’EPS) et Emilie (élève de TS), secrétaires : Patricia Barré (professeur d’histoire-géographie) et Emilie (élève de TES). Elle a été créée pour sensibiliser au réchauffement climatique. Elle collecte ainsi des fonds (adhésions, subventions, dons, …) afin d’acheter des arbres pour les planter principalement sur l’espace public. Ces arbres vont stocker du dioxyde de carbone, un des principaux gaz à effet de serre et permettre de compenser la production annuelle des lycéens.

 

L’association est également un moyen de sensibiliser les élèves sur les conséquences du réchauffement climatique. C'est un outil d’apprentissage pour les élèves dans divers domaines tels que la communication, la citoyenneté et la réflexion collective dans le cadre d’une association. Chaque adhérent peut, s’il le souhaite, essayer de convaincre d’autres personnes afin de faire grandir notre association.

 

Quelles actions avez-vous déjà mené ?

 

A ce jour 51 arbres ont été plantés dans les communes de Dun Les Places, Mont et Marré, Dirol, Asnois, Champallement, Clamecy (ville et lycée), Menou et Domecy sur Cure. Nous plantons des essences forestières (chêne, merisier, …) mais aussi des essences fruitières (cerisier, pommier, poirier, …). Chaque arbre planté porte une signalétique sur laquelle sont précisés la variété, le nom et le but de l'association. Le nom d’un membre de l’association apparait aussi. Un site Internet avec un compteur carbone est en cours de réalisation par les élèves ainsi qu’une vidéo. Un logo est en cours d’élaboration.

 

L’objectif des prochaines années est d’intervenir dans toutes les écoles, de la maternelle au lycée. Le but est bien sûr de planter des arbres mais aussi de récupérer des adhérents. Des antennes de notre association sont envisagées dans les établissements visités.

 

Comment avez-vous réussir à réunir parents, personnels et élèves dans ce projet ?

 

Ce sont principalement les élèves qui sont prospecteurs de nouvelles adhésions. Les premiers élèves adhérents sont passés dans les classes, en salle des professeurs, dans les bâtiments administratifs et la cantine pour présenter le projet d’association. Le prix de l’adhésion est de 5 euros pour les lycéens, 10 euros pour les adultes. L’accueil a dépassé nos espérances. La communication au sein des familles a aussi fonctionné très convenablement.

 

Les élèves ont ensuite fait la démarche auprès du maire de leur commune pour proposer de planter des arbres sur les places publiques, fossé, talus, terrains communaux, … Pour cette première année, entre 4 et 7 arbres étaient proposées pour chaque village. Chaque commune, où nous plantons des arbres, adhère en général de manière spontanée à l’association.

 

En quoi ce projet rejoint-il votre travail d’enseignant ?

 

Notre travail d’enseignant en général, et de SVT en particulier, est la formation de futur(e)s citoyen(ne)s et la sensibilisation aux problématiques environnementales entre autres. Ce projet est donc le prolongement de l’enseignement. Il montre à l’élève, comment de manière concrète, il est possible de s’investir dans un projet. Il permet aussi aux élèves de développer des compétences dans le domaine de la communication. 

 

Quels sont les retours des lycéens ? S’impliquent-ils par ailleurs dans les mobilisations sur le climat ?

 

Les lycéens de l’association sont très engagés dans ce projet puisque les plantations se font en dehors des heures de cours, le plus souvent le samedi. Ce type d’engagement est chronophage, surtout pour des élèves qui passent le baccalauréat.

 

Le nombre d’adhérents augmente perpétuellement grâce aux élèves qui continuent de persuader les personnes de leur entourage.  Nous ne pensions pas collecter autant de fonds dès la première année.

 

Les élèves sont depuis, beaucoup plus à l’écoute des problèmes environnementaux, même s’ils ne se sont pas impliqués directement dans la mobilisation sur le climat. 

 

Entretien par Julien Cabioch

 

Par vivelessvt , le jeudi 11 juillet 2019.

Partenaires

Nos annonces