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Formation : L'expérience des LéA 

 

LéA : Les lieux d'éducation associés à l'Ifé sont des établissements scolaires (mais pas seulement) où des ponts sont jetés entre l'enseignement, la formation et la recherche. L'Ifé a construit tout un réseau de LéA et les a rassemblés lors d'une journée d'études qui a eu lieu à Lyon mercredi 15 mai. Ce temps de présentation d'expériences et d'échanges a permis aux participants de se rendre compte de la diversité des projets mais aussi de la régularité des préoccupations dans chaque site.


A Dijon, le LéA Côte d'or permet de structurer un projet sur le développement de la culture scientifique et numérique, mis en oeuvre par la direction académique de l'Education nationale, la ville et l'Ifé, dans des zones urbaines fragiles. Le Café a rencontré la coordonnatrice bourguignonne qui revenait de Lyon où « son » projet a été valorisé. Il avait aussi été sélectionné dans les Journées de l'innovation organisées par le ministère en mars dernier. Le LéA Côte d'or comprend un collège, trois écoles et, originalité, deux centres d'activités périscolaires. Un centre départemental de ressources scientifiques a été ouvert. L'Ifé participe avec deux équipes de chercheurs, l'équipe Educ-Tice et le Centre Alain Savary qui, dans le cadre de ses missions « Education prioritaire » et « Professionnalité », s'intéresse aux actions éducatives et culturelles développées dans les quartiers. A Dijon, il s'agit de prendre en compte de façon plus globale la culture scientifique des enfants et de penser l'articulation de leurs pratiques scolaires et périscolaires.


Le point de vue de Bénédicte Mourey, la coordonnatrice dont la mission est de faciliter les partenariats et les temps de travail communs et de communiquer sur le projet.


Qu'est-ce qui a été à l'origine du projet ? Quels sont les objectifs de votre mise en réseau ?


Le partenariat entre la direction des services départementaux de l’Éducation nationale de la Côte-d'Or, la ville de Dijon et l'Institut Français d’Éducation de l’École normale supérieure de Lyon fait suite à une demande de la direction académique qui a souhaité relancer, dans son département, la dynamique engendrée par le PRESTE  au début des années 2000 et au souhait de la ville de Dijon d’articuler ses lieux d’éducation scientifique pour les jeunes. Il s’appuie sur des expertises de l’IFE dans les domaines de l’enseignement des sciences et des mathématiques fondé sur l’investigation, de la culture numérique, et dans celui de l’éducation prioritaire. Son objectif est de contribuer au développement de la culture scientifique et de la culture numérique des enfants et des adolescents, de la maternelle au collège, en articulant les activités scolaires et périscolaires. Les sciences et le numérique ne devant pas être une cause de discrimination, ce projet est mis en œuvre dans les zones urbaines fragiles de la ville de Dijon afin de participer à la réduction des écarts culturels et de réussite scolaire dans ces territoires. 


Peut-on mesurer l'impact du projet sur les élèves ?


Les enseignants rapportent que « les élèves, à travers ce type d'activités, comprennent mieux ce qu'on veut leur faire apprendre, ils mettent du sens à ce qu'ils font ou encore ils montrent un intérêt pour la discipline et attendent avec impatience la séance suivante ». Les enseignants mesurent les connaissances acquises par les élèves mais « c'est difficile de mesurer l'acquisition de la démarche scientifique ». La démarche des LéA paraît plus centrée sur l'idée de travailler avec les enseignants pour qu'ils s'approprient la démarche d'investigation, puis entre chercheurs, formateurs et enseignants pour que s'organisent des séances et des séquences en classe et se construisent des ressources.


Quel impact ce projet a-t-il eu sur les pratiques professionnelles des enseignants ?


Les différents acteurs sont impliqués durant trois années dans une recherche collaborative s’appuyant sur une méthodologie de type « design based research ». Tous participent à une co-conception de ressources et entrent dans une boucle itérative de conception, expérimentation, analyse, amélioration (2011-13). Une telle méthodologie contribue à produire des ressources adaptées, utiles et utilisables par d’autres acteurs de terrain dans d’autres contextes. Elle permet également un accompagnement et un développement professionnel des équipes éducatives (animateurs, enseignants, formateurs) et une co-construction de savoirs scientifiques.


Pour illustrer l'impact de ces processus sur les pratiques pédagogiques des enseignants, je citerai un extrait d'une interview d'une enseignante de petite section qui fait partie du projet :« Ce fut une étape très constructive pour la suite mais aussi pour moi en tant qu’enseignante de petite section où je favorise les jeux de manipulation, mais où j’avais du mal à faire émerger de leurs manipulations des situations d’apprentissage qui dépassent la « simple » découverte et  observation. [...] Les chercheurs de l’IFE ont pu et su me retourner leurs analyses dépourvues de tout jugement,  dans un flot continu d’ouverture d’esprit car tout devient important et intéressant dans notre action pédagogique passée au peigne fin : nous en sortons grandis car on nous ouvre les yeux sur les conséquences de telle ou telle intervention, telle ou telle interaction, ce qui permet sensiblement d’affiner notre impact pédagogique en recentrant alors nous-mêmes notre activité. »


La collaboration entre enseignants : comment se pense-t-elle ? comment s'exerce-t-elle ? Comment est-elle organisée ? Donnez un exemple


La collaboration entre les enseignants s'effectue lors des journées de travail instituées et inscrite dans le plan de formation départemental à raison de 5 journées dans l'année. Ces temps des moments d'échanges importants entre les enseignants, les formateurs et les chercheurs de chaque projet. Il y a également les temps de travail entre les enseignants et les formateurs qui ont lieu pendant l'année et les échanges collaboratifs via le site sciences 21.


Qui pilote ? qui coordonne ? Qui sont les formateurs ? Comment s'organise la coopération entre les 3 partenaires que sont la DSDEN, la ville et l'Ifé ?


Le pilotage s'organise à plusieurs niveaux et entre les trois partenaires. Les formateurs sont à la fois les chercheurs qui apportent une expertise didactique et les formateurs de l'éducation nationale, maitres formateurs et directeurs d'écoles d'application qui apportent une expertise pédagogique. Pour la ville de Dijon, il y a un coordonnateur pour le travail avec les animateurs des centres périscolaires concernés. La ville a beaucoup investi, en particulier cette année dans l'achat de tablettes numériques. La DSDEN montre une volonté forte de soutenir le projet. Elle  s'est engagée à remplacer dans leur classes les dix enseignants concernés pour leur permettre de participer aux 5 journées de regroupements dans l'année. Les maitres-formateurs engagés doivent donner 30% de leur temps de formation pour le projet. Du côté de l'IFE, le pilotage est assuré par Michèle Prieur, enseignante-chercheuse de l'équipe EducTice, elle coordonne les recherches et les interactions entre les autres chercheurs ; une dizaine de chercheurs de l'Ifé et du CAS sont investis ; certains filment des séances en classe et font des retours au groupe.


C'est un dispositif de co-construction, co-élaboration, co-conception de ressources, dans lequel chacun apprend de tous. L'année prochaine, les chercheurs et les formateurs vont continuer de concevoir ensemble des formations pour les enseignants et les animateurs et des  formations de formateurs. L'objectif est d'ouvrir des perspectives de travail avec la future ESPE.


Quelle collaboration avec l'Ifé ? La Formation : comment, pour quoi ?


Ce projet, alimenté par la créativité et l’expertise des différents acteurs, explore les démarches et pratiques innovantes en sciences et les usages associés des environnements informatiques pour participer au développement de la culture scientifique et numérique des élèves. Il s’agit d’une part de fonder ces pratiques sur des démarches d’investigation scientifiques effectives et d’articuler des usages de tablettes numériques avec des manipulations expérimentales. La collaboration entre les acteurs scolaires, périscolaires et chercheurs, permet à chacun de mieux comprendre le sens de son action, de positionner son action au regard de celles des autres, et de la faire évoluer.


Quelles ressources fabriquées et échangées ? Donnez un exemple.


Les ressources fabriquées lors de ces deux premières années du projet sont des séances et séquences de classe. Elles sont disponibles sur le site coopératif du site sciences 21. Elles seront bientôt mises à disposition des collègues. Dans un deuxième temps, l'année scolaire 2013-2014, les formateurs associés au projet (PEMF et DEA de Côte-d'OR) et les chercheurs de l'IFE vont élaborer des modules de formation à destination des enseignants, des animateurs mais également à destination des formateurs.


Propos recueillis par Isabelle Lardon


Sur le site de l'Ifé

http://ife.ens-lyon.fr/ife/recherche/lea/programme-dactio[...]

http://ife.ens-lyon.fr/sciences21



Le point de vue de la chercheure, Sophie Soury-Lavergne, qui participe à ce projet à Dijon

Extrait de l'interview accordée à Isabelle Lardon en mars.


Vous êtes impliquée dans un plan Sciences en Côte d’Or. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ? Comment faire travailler ensemble les enseignants de l'école et du collège dans une continuité des apprentissages ?


La continuité des apprentissages dans le plan Sciences en Côte d’Or, au delà d’une thématique commune retenue comme la thématique de l’eau en sciences, se situe dans les outils et les démarches proposés aux élèves par tous les enseignants du projet. Par exemple, l’accent est mis sur le travail des différentes représentations possibles et complémentaires des questions scientifiques rencontrées. Les tout-petits de la maternelle produisent des premiers codes (oraux ou même écrits) pour décrire une situation. A partir de l'élémentaire, le travail porte sur les différentes représentations des situations expérimentales (dessins, schémas, textes, tableaux…) et ce qu’elles disent ou cachent de la situation et des solutions possibles. Il faut aussi faire évoluer ces productions d’élèves vers des représentations plus conformes et opérationnelles, propres à chaque discipline. La continuité, c’est aussi à l’école et après l’école, notamment pendant le temps périscolaire. Nous démarrons une action au niveau du périscolaire sur trois écoles de Dijon centrée sur l’usage de tablettes numériques. Les tablettes seront utilisées pendant le temps scolaire et pendant le temps périscolaire, sur des contenus différents mais qui s’articulent du point de vue de l’enfant.  L’objectif du plan sciences est aussi la formation des enseignants grâce à la conception collaborative et au partage de séquences pédagogiques. L’année prochaine, nous aborderons la phase de mise en commun des différentes séquences élaborées et de leur diffusion au niveau du département.


Lire la suite dans le café mensuel n° 141

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/primaire/elementaire/Pages/2013/141_4.aspx


Sur le site du Café

Par fjarraud , le samedi 25 mai 2013.

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