Les Tice au Burkina Faso : le témoignage d’un lecteur 

Nous avions rencontré Abdouhramane Atji, enseignant burkinabé en histoire géographie, lors du forum des enseignants innovants de Dakar. Atji est un lecteur assidu du Café Pédagogique et un promoteur infatigable des Tice dans son pays. A l’occasion du numéro 100, nous l’avons contacté pour avoir des nouvelles du centre de ressources qu’il a mis en place à Bobo Dioulasso et connaître ses nouveaux projets.


 

Comment va votre centre de ressources Tice?


Mon centre Asselar est le volet formation de l’Association ASSELAR/NTIC/SYA que j’ai mise sur place pour tenter de fédérer les énergies afin de pérenniser les acquis après le projet Worldlinks. Le centre Asselar a ouvert ses portes en 2004 avec 5 ordinateurs sur financement personnel. Dans sa phase 1, il importait d’alphabétiser les élèves et les enseignants en informatique (word, excel, ppt). La phase 2 concerne l’initiation à la recherche sur Internet et à la construction de pages web pédagogiques. La phase 3 est axée sur les séances d’intégration des tic dans les disciplines suivies d’applications pédagogiques de l’internet et de l’ordinateur. Il s’agit pour moi de motiver les apprenants et les enseignants à insérer ces outils pour renforcer leurs capacités. A ce jour le centre a formé 348 élèves et professeurs. Le coût de la formation oscille entre 7500 cfa pour les élèves et 10000 pour les enseignants. je précise que la formation est à but non lucratif.

Le parc ordinateur s’est grossi de 4 postes faisant au total 9 ordinateurs tous des PII. La formation est assurée par le club informatique composé de mes élèves de 6ème depuis 2003. Ces élèves sont maintenant en 1ère, seconde. Ces élèves sont devenus des formateurs élèves/elèves. Mon centre n’est pas connecté à internet d’où un réel handicap pour communiquer avec d’autres communautés éducatives. C’est la phase 4 du centre Asselar. 


Avez-vous de nouveaux projets?


Mon projet actuel est de monter un centre de documentation multimédia associée à une bibliothèque classique car jusqu’ici le support livre est encore sollicité. Ces projets cadrent avec ma nouvelle formation. En effet je suis allocataire d’une bourse de l’AUF pour l’obtention du Master 2 AIGEME ( Applications Informatiques, Gestion et Etudes Multimédias en E-formation) en partenariat avec l’Université de la Sorbonne Paris3. Je veux m’investir d’avantage dans la formation des enseignants et des élèves dans le domaine des nouvelles technologies.

La tendance actuelle de la formation évolue vers la transmission des connaissances par le canal d’un dispositif de formation à distance. Dans la percée des nouvelles technologies le savoir se transmet par la fibre optique et non traditionnellement entre les quatre murs de la classe. Il faut que nous africains se préparent à cela. C’est une opportunité dans la mesure selon le rapport du professeur Philippe Meirieu « l’éducation et le rôle de l’enseignant à l’horizon 2020 » la pédagogie mettra de plus en plus l’apprenant au centre de l’apprentissage et les TIC vont y jouer un rôle clé dans la relation élève/professeur. Cela veut dire que l’enseignement se fera désormais par l’ordinateur et par internet. Il faut se préparer à cette innovation. J’ai compris cet enjeu et c’est pourquoi après ces études en ingénierie de la formation à distance, je voudrais participer à la conception des scénarios de formation destinés aux enseignants africains. 


Est ce que vous constatez une avancée des Tice au Burkina?


Oui depuis 2000, nous sommes une poignée d’enseignants familiarisés aux TIC. Nous nous battons comme nous pouvons et nous sommes devenus incontournables mêmes si nos décideurs rechignent encore à s’investir. Nous avons insufflé le paradigme des tics à travers nos séminaires, ateliers de formation, nos articles de recherches, les conférences, forums entre autres.  Mais nous sommes conscients qu’intégrer les TIC dans une société dominée par l’oralité n’est pas chose aisée. Dans tous les cas le monde enseignant est conscient de l’urgence et beaucoup n’attendent plus l’état pour se former devant l’engouement des élèves technophiles.


C'est le numéro 100 du Café Pédagogique. Qu’aimeriez vous y lire, y trouver?

 

J’aimerai lire dans ce centième numéro de Café Pédagogique, qu’il existe quelque part en Afrique des enseignants mordus par le virus des TICE, qui se battent comme ils peuvent, souvent seuls sans soutien et qu’il est urgent soutenir leur efforts, leurs projets, qu’il faut les récompenser pour au moins pour l’amour qu’ils vouent à l’éducation, l’innovation des pratiques. Il est temps de les motiver pour motiver les autres par les TICE. Nous finançons personnellement nos études dans le domaine des TICE sans appui de l’Etat et nos diplômes ne sont pas reconnus.

Propos recueillis par Monique Royer


Le forum de Dakar

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/Dakar07_Portr[...]

Le centre Asselar et ses projets

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/enseignem[...]

Le thème d’étude d’Atji dans le cadre de son Master

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/enseigne[...]


Sur le site du Café
Par moniqueroyer , le dimanche 15 février 2009.

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