LUDOVIA 2013 > Catégories
L’ENT tient-il ses promesses dans l’apprentissage des langues vivantes chez les élèves?

Laurence Langlois, professeur d’anglais en collège dans l’académie de Nancy Metz, où tous les établissements sont passés à l’ENT (PLACE, développé par Itop), nous montre comment elle organise désormais ses cours autour de l’utilisation de cet espace partagé.

http://www.ludovia.com/2013/07/lent-tient-il-ses-promesses-dans-lapprentissage-des-langues-vivantes-chez-les-eleves/

Le numérique ne promet pas une révolution mais permet une évolution des pratiques, dit-elle en introduction. D’autre part, il ne tiendra véritablement ses promesses (et je parle en particulier de l’ENT qui est le lieu de mutualisation de ces pratiques) que si l’établissement entier s’en empare.

Les ressources

Laurence est très fière d’être l’auteur de ses propres ressources, qu’elle dépose sur l’ENT dans une banque de mutualisation. Elle s’aide d’applications en ligne gratuites telles que

-         Learning apps pour les exercices - http://learningapps.org/

-         Quizlet pour la création des fiches lexicales et d’exercices automatiques –

http://quizlet.com/

-         Glogster pour la création de posters - http://www.glogster.com/

-         Voki pour la création des avatars parlants - http://www.voki.com/

 

Les ressources sonores proviennent d’Audiolingua et Ello

Et bien sûr, le manuel numérique se trouve aussi sur l’ENT, les élèves conservant l’exemplaire papier à la maison.

Les activités

De nombreuses activités trouvent leur place dans le cadre de l’aide personnalisée, un  travail à la carte, avant, pendant et après la classe.

Par exemple, des groupes de révision sont créés, à qui l’on associe des exercices classés en rubriques grammaire, culture et lexique, chacun connaissant ses erreurs les plus fréquentes et sélectionnant ce qu’il doit faire.

La plateforme de baladodiffusion : les 3èmes sont équipés de baladeurs. Les pistes sonores sont hébergées sur l’espace dédié de l’ENT, où les élèves vont les télécharger, consulter les consignes d’écoute et de production et déposer ensuite leurs fichiers personnels. On échappe ainsi à l’emploi d’un duplicateur trop lourd à gérer (on y récupère aussi les essais non valides, entre autres inconvénients).

L’espace information avertit des concours et autres évènements, le professeur y donne des conseils de lecture, des liens d’aide au travail en autonomie. Il est à changer toutes les semaines pour être efficace (sinon, il n’est plus consulté).

Le forum est un espace capital. Les élèves aiment se lire entre eux, donc ils produiront aussi pour être lus. Il sert de support à l’expression écrite, à la préparation lexicale, aux concours, devinettes et divers jeux, au partage des impressions suite à un voyage scolaire. Le professeur y associe, dans l’espace des groupes de travail, des conseils de rédaction, de méthodologie. L’expression y est cependant libre et non corrigée : les erreurs sont remédiées en dehors de cette activité. Des quiz auxquels les élèves répondent sur un notebook (il y en a 12 dans la salle de classe) servent d’évaluation de lecture.

La mémorisation du lexique se fait aussi à partir de la plateforme où sont déposées listes sonorisées et flash cards, ainsi que les exercices associés. Le professeur organise des  concours pour deviner la liste à mémoriser.

Les cours sont déposés en format pdf et sont à retrouver toute l’année : ils complètent et corrigent la prise de notes, surtout pour les élèves en grande difficulté.

Les projets internationaux - Les travaux qui seront déposés sur la plateforme e-twinning comme tâches finales des projets annuels- essentiellement des posters complexes- sont préparés en amont sur l’ENT en travail collaboratif. Les devinettes à poser aux partenaires se discutent dans le forum.

La motivation est entretenue grâce à l’organisation régulière de concours : photo mystère, lexique à deviner… Sans oublier la publication de la liste des gagnants pour la valorisation de chacun. On gagne parfois de petits objets. Il est important aussi que les documents soient attractifs et variés. Par exemple le professeur est représenté par un avatar qui délivre des messages oraux.

Manques et contraintes

Laurence est enthousiaste, même si ces activités sont chronophages, notamment les concours, qui doivent être réalisés sur un temps très court et où le professeur doit répondre sur le forum en temps réel, après la classe. L’outil qui manque à cet agrégateur est un outil de visioconférence, pour communiquer avec les partenaires e-twinning.

Pour Laurence, le bilan est très positif, les promesses tenues, car l’ENT décloisonne la classe et centralise les services de l’apprentissage sur un espace unique accessible en permanence.

ENT, construire une stratégie de développement des usages à l’échelle d’un établissement

Benjamin Paul est principal du collège Gabriel Séailles  de Vic-Fezensac, dans le Gers (32), département rural, depuis 3 ans. Cet établissement de petite taille (12 classes et 285 élèves) est favorisé en termes d’équipements (140 ordinateurs connectés, des tablettes pour les profs). Le nouveau contrat d’objectifs est axé uniquement sur les TICE, et fait suite à 9 ans d’investissements aussi bien en équipements qu’en formation des collègues (l’équipe est jeune, très stable et le CPE passionné de nouvelles technologies). Ajoutons à cela une population homogène, sans familles très favorisées, mais non classée en  zone prioritaire, et les conditions étaient réunies pour le passage à zéro papier et au collège sans note (progressivement sur les niveaux depuis 3 ans).

http://gabriel-seailles.entmip.fr/

Dans ce contexte qui peut aussi effrayer les collègues nouvellement nommés, la communication avec les familles est essentielle, et il faut accompagner les collègues dans leur façon de travailler avec les manuels numériques et le dépôt de leurs cours en ligne. L’objectif est de constituer  une base de ressources utilisable par tous. Pour le moment 30% des enseignants ont tout leur contenu sur l’ENT – fiches de cours, liens, images, vidéos… le tout accessible toute l’année pour leurs élèves. Pouvoir lire le cours en ligne ou le télécharger permet de libérer le temps de la prise de notes et de pratiquer plus d’activités en classe, notamment les activités d’évaluation, multipliées et multiformes, du fait de l’absence de notes. De plus, les supports attractifs en ligne favorisent la motivation, la concentration et donc l’apprentissage, qui, le rappelle Benjamin Paul, dans l’école obligatoire, doit se faire sur le temps de classe, pour l’égalité de tous.

L’accompagnement des usagers

Les élèves de 6ème reçoivent une formation d’1h/semaine durant toute l’année, dans le cadre de  l’Accompagnement personnalisé. La formation commence d’ailleurs maintenant au niveau de la liaison école – collège : les écoliers sont accueillis sur des sessions spéciales au collège, ce qui leur permet de valider le  B2i sur l’ENT.

Ils forment à leur tour leurs parents, pour qui les formations spécifiques se sont avérées peu productives. Un tutoriel est à leur disposition pour leur indiquer comment paramétrer leur page d’accueil. Ils reçoivent sur leur messagerie une cyberlettre mensuelle comprenant entre autres les  actualités, la présentation d’un personnel de l’établissement, d’un service de l’ENT. La consultation est  meilleure dans les familles dont les enfants ont reçu la formation (6ème et 5ème).

Les collègues trouvent un soutien permanent auprès du CPE et du professeur documentaliste. Le jour de la prérentrée propose également un temps de formation. L’évaluation est facilitée par l’utilisation du SACOCHE, référentiel de compétences, qui propose également des liens pour la remédiation.

Les différentes utilisations de l’ENT

-          C’est une vitrine en accès libre, alors on affichage les réalisations des collégiens.

-          C’est un lieu à faire vivre par tous : chaque discipline propose des énigmes à résoudre, des concours.

-          Un accompagnement éducatif obligatoire est organisé chaque semaine sur un horaire banalisé, et les élèves choisissent leur club : l’ENT héberge en particulier une web radio.

-          Les agendas modulables en fonction des publics entraînent la suppression des affichages et de la surcharge des messageries, qui ne sont un lieu difficile à réguler.

-          Bien sûr, l’utilisation et la consultation du cahier de texte, comme partout, arrive en tête du palmarès.

-          Des formulaires en ligne sont à remplir par les utilisateurs, y compris les élèves, pour tout projet pédagogique : l’administration peut alors prévoir le matériel nécessaire, les salles de cours, les horaires, et les professeurs vérifier  les objectifs des élèves.

-          La concertation entre personnels est facilitée, notamment avant les conseils de classe, par la discussion sur la messagerie

-          Les blogs centralisent les informations destinées aux différents usagers

-          L’utilisation du webclasseur orientation  est obligatoire pour les 3èmes, sous contrôle du professeur de documentation. Ce webclasseur est enrichi par les professeurs.

Les contraintes et limites

La salle de permanence est évidemment équipée d’ordinateurs connectés.
Les professeurs ont leur salle de cours attitrée pour retrouver leurs équipements dans la même configuration ; 1h de concertation/semaine est obligatoire pour tous. Ce sont des temps d’échanges, de mutualisation des pratiques.
Le secrétariat a la lourde mission de trier et hiérarchiser les informations sur l’ENT
Le Principal est responsable de toutes les publications, et ne peut pas vraiment tout contrôler

Il est capital que le Référent numérique et le  chef d’établissement travaillent ensemble

 

http://www.ludovia.com/2013/07/ent-construire-une-strategie-de-developpement-des-usages-a-lechelle-dun-etablissement/

 

Apprentissage de l’anglais et mondes immersifs : quelle plus-value ?

Isabelle Bonnassies, enseignante d'anglais et chercheur associé au LAIRDIL de Toulouse nous présente l’apprentissage de l'anglais à travers échanges et mondes immersifs virtuels.

Son projet innovant a été mené avec une classe de 6ème la 1ère année (2010-2011), sur le thème de  la création d’un village, puis a poursuivi, à la demande des élèves, en 5ème (2011-2012), sur le thème de la création d’une école.

Sa démarche s’inscrit dans le cadre d’un projet européen e-twinning.

Quels étaient ses objectifs ?

-          Motiver/remotiver les élèves  en donnant des outils nouveaux et attractifs

-          Appliquer une approche pédagogique de simulation globale dans des situations de la vie courante pour favoriser l’interaction

-          Développer le coapprentissage

L’utilisation de la plateforme e-twinning a été enrichie par l’exploration d’un monde virtuel,  propice au faire semblant, donc au jeu, et favorisant le transfert des compétences langagières.

Le support e-twinning – plateforme européenne gratuite et sécurisée proposant des outils prêts à l’emploi pour la diffusion et la mise en relation- permet à l’enseignant de déposer un projet. On rencontre ensuite dans la salle des profs virtuelle d’autres enseignants de pays européens désireux de travailler sur le même thème. Ensuite, le programme est affiné collectivement, avec un calendrier des tâches à effectuer et des rencontres éventuelles par visioconférence. Tous les enseignants de la communauté ainsi établie travaillent sur les mêmes modules.

On trouve aussi sur la plateforme un espace ressources et échanges de pratiques, ainsi qu’une formation en ligne. Le professeur y ouvre des comptes pour ses élèves.

Le projet « créer 1 école » a permis, au niveau A2, de se présenter, de parler de soi, d’établir un règlement, une description des salles… Toutes les activités ont été intégrées dans le temps du cours. Les travaux publiés étaient ceux des tâches intermédiaires et finales. La préparation à ces productions, soit les exercices d’entraînement et d’acquisition des compétences, constituaient le contenu des cours.

Attention cependant, parmi les outils attractifs et faciles d’emploi suggérés par la plateforme pour la réalisation des productions, se trouvent Glogster ou  Voki, pour lesquels les élèves doivent créer un compte personnel. Ce qui peut poser le problème de la protection des données personnelles des mineurs.

Les productions déposées peuvent être évaluées par les pairs, selon le principe des réseaux sociaux (j’aime…)

Mais la plateforme e-twinning ne favorise pas les compétences orales, ce qui justifie l’immersion dans un monde virtuel. La mission TICE de l’Académie de Toulouse a permis de réaliser l’expérience avec la société  ACTENGO – malheureusement en liquidation judiciaire. Une salle de cet espace st dédié au stockage de données, sous forme de cartes mentales, qui peuvent facilement être utilisées comme support dans les échanges oraux. Une visionconférence a d’ailleurs été rapidement organisée avec les partenaires e-twinning. La conversation par visio pose souvent des problèmes techniques, mais le plus difficile est de trouver des temps communs entre les différents professeurs et les différents pays. Les élèves devaient se présenter et interroger leurs interlocuteurs, ce qui a suscité en amont un travail sur l’inter culturalité (les représentations et stéréotypes). Suite à ces prises de contact, les élèves ont pu constituer librement des groupes de chat et poursuivre individuellement les échanges.

Sur la plateforme du monde virtuel, le professeur dépose des exercices de sa création – acquisition lexicale, compréhension écrite, orale… Le travail est individuel, le rythme de chacun est respecté. Il peut arriver que ce soit aux élèves à trouver les documents d’étude. Le monde virtuel favorise l’oral en interaction et l’entraînement en simulation grâce à la représentation de l’élève par son avatar, ce qui permet de lever les inhibitions.

Ce genre de projet est évidemment très chronophage, surtout au début, mais très motivant, aussi bien pour le prof que pour les élèves. Ce qui n’effraie pas du tout Isabelle, qui a même l’idée pour cette année d’une prolongation des activités en dehors de la classe par un atelier en libre accès, qu’elle animera aussi, et le thème sera les Jeux olympiques. Par contre, il est impossible de réaliser ce type de projet avec plus d’une classe chaque année, mais les exercices et documents d’étude sont transférables dans le cadre d’un cours habituel.

Isabelle a eu l’occasion de rencontrer dans la vraie vie ses partenaires de projet lors de la réception du prix européen à Lisbonne.  8 des élèves ont pu ainsi profiter d’un séjour dans un camp de vacances.

Le dictionnaire électronique Casio : apprentissage avancé de l’anglais

Dans le cadre des partenariats entre enseignants et éditeurs,  Jean-Grégoire Royer, professeur agrégé d’anglais en CPGE présente lors de la session "ressources, jeux et logiciels", un atelier sur le dictionnaire électronique de CASIO.

Sa démonstration prouve encore, s’il était besoin, que c’est bien le projet pédagogique qui importe et qui transporte, et que l’outil n’a de sens que dans sa fonction de facilitateur. L’atelier présenté illustre d’une part la passion du professeur pour les richesses cachées du langage, d’autre part le monde merveilleux du dictionnaire, dont, rappelle-t-il, Roland Barthes disait qu’il est une machine à rêver. L’atelier nous met en situation : il s’articule autour de la lecture du tableau de Bruegel L’Ancien « La chute d’Icare ». Il est demandé de formuler d’abord en français ce que l’on a vu pendant quelques secondes : c’est une prise de conscience de la difficulté d’être précis dans sa propre langue et des variations d’expression et d’interprétation d’un individu à l’autre. C’est aussi une lecture rapide et superficielle de l’image, au premier degré. Des parties précises sont ensuite numérotées sur l’image par le professeur, qui demande de les nommer précisément d’abord en français, puis en anglais. Elles ne sont bien sûr pas choisies au hasard, mais sont les éléments clés de la lecture du tableau à un deuxième niveau. C’est le but de la première recherche sur la base bilingue du dictionnaire. Le professeur demande ensuite une recherche sémantique précise pour chacun des mots choisis, puis une recherche du sens de collocations liées à ces mots. Ce travail se fait en utilisant les bases unilingues du dictionnaire, qui incluent justement ces collocations dans leurs exemples. La découverte du sens de ces collocations, de leur histoire, de leur étymologie, puis leur interrelation dans le tableau permettra d’accéder au véritable message du peintre, à notre grand émerveillement.

Quel est donc ici l’intérêt de l’outil ? Ce dictionnaire de format A5 et plat a indéniablement un côté pratique : il fonctionne sur pile, possède un écran et un clavier, des touches de fonction, sur le modèle de la célèbre calculette de la même marque. Il agrège 7 dictionnaires et un moteur de recherche. Il fonctionne sur le principe de liens hypertextes. Ses fonctions rappellent celles que l’on trouve par exemple sur le site Lexilogos, qui propose une recherche multiple dans des dictionnaires unilingues et bilingues. Il existe pour de nombreuses langues. Il est maniable et non connecté, c’est l’outil de poche nomade par excellence. A l’origine conçu par les Japonais à des fins touristiques comme guide de conversation, ses nouvelles versions sont détournées vers un usage pédagogique, et il inclut un guide grammatical, dont l’accès n’est pas immédiat cependant. Il est possible d’y organiser des listes personnelles, des favoris. Il ne lui manque que la parole, et ce me semble une limite importante : la prononciation est indiquée en API comme dans les dictionnaires papier. Il paraît que certaines versions ont une fonction sonore.

Sauf que de nos jours, chacun a son outil de poche connecté, et que développer une application du même type en ligne, collaborative de surcroit pour enrichir les bases  d’exemples et respecter l’évolution des langues et multimédia, en incluant image et son, serait certainement plus porteur. Jean-Grégoire Royer tempère cet avis, estimant que le travail connecté peut engendrer une certaine dispersion sur la Toile, et que tous les établissements n'offrent pas les mêmes équipements. D’ailleurs ses élèves ont été conquis et ont acheté massivement l’outil suite à l’expérimentation menée en classe avec les appareils prêtés.

Pour moi, cet outil est comparable en tous points à la calculette, qui sera elle aussi détrônée par des supports connectés. La tablette regroupant différentes fonctions et applications me semble mieux répondre aux attentes de l’école de demain.