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L’éducation en Asie en 2014 : quels enjeux mondiaux ? > Messages > Quelles leçons tirer de la marchandisation de l’enseignement en Asie ?
Quelles leçons tirer de la marchandisation de l’enseignement en Asie ?

La shadow education menace-t-elle tous les systèmes éducatifs ? La shadow education c'est le développement des cours et des écoles privés qui se développent sur le terreau de la compétition scolaire. Un des ateliers du colloque Asie, organisé par la revue internationale d'éducation de Sèvres, le 13 juin, réunissait des représentants de plusieurs pays pour faire le point d'un problème qui dépasse le continent asiatique.


Comme le dit Keith Lewin, université du Sussex, d’ici à 2030 tous les pays asiatiques voudront que leurs enfants suivent une scolarité de 12 années. “L’éducation fait bien plus qu’enlever l’hostilité des pauvres envers les riches: elle les empêche de rester pauvres » (Horace Mann). L’éducation est un investissement durable et présente une ambition certaine pour une plus grande compétitivité nationale. Il n’en reste pas moins que l’accès à l’éducation est lié aux inégalités économiques et qu’il est bien difficile de recruter des professeurs dans certains pays asiatiques.


En plus de l’éducation de base la question  posée à présent dans tous les pays asiatiques est celle de la qualité des apprentissages, de l’éducation à l’intérieur et à l’extérieur de l’école, de la nécessité d’obtenir plus d’équité  envers les filles, les minorités vivant dans les zones rurales, les handicapés... De nouveaux donateurs privés apparaissent  en Asie de l’Est , selon Mme Shoke Yamada, maître de conférences en éducation université de Nagoya,  et proposent le programme suivant : faire des choses, voir si cela fonctionne puis mettre en place des programmes et des aides financières. Ainsi en Inde, un enseignement privé à faible frais de scolarité a vu le jour et semble en constante augmentation. L’Inde manque de ressources alors que la demande d’éducation s’accroît. Malgré le Rights of Children to Free and Compulsory Education Act  de 2009 il est difficile de réunir suffisamment de fonds pour fournir une éducation de qualité. Les PPP (partenariat public privé) se développent. Il s’agit de mobiliser des aides privées et d’augmenter le rôle d’acteurs non-étatiques. Il est à noter que, comme dans d’autres pays, la présomption idéologique selon laquelle les écoles privées sont meilleures que les écoles publiques est vivace.


La règle des 25% , les aspects positifs


Les écoles privées indiennes sont obligées de réserver 25% de leur effectif à des enfants de familles pauvres de castes inférieures. Cela gratuitement et jusqu’à ce que les enfants aient terminé l’école primaire. On constate des différences sensibles entre garçons et filles, villes et campagnes. Loin des idées reçues, l’aide du secteur privé permet donc de scolariser des enfants de milieux défavorisés qui ne pourraient pas aller à l’école faute de subventions de l’état.


Le soutien scolaire privé


Les familles asiatiques montrent de plus en plus de méfiance vis-à vis de l’institution scolaire publique qui ne répond plus à leurs attentes. La « shadow education »:le soutien scolaire privé se développe. Ces cours sont dispensés par des sociétés commerciales privées. Cette éducation parallèle souligne l’accroissement des inégalités économiques et peut créer des problèmes psychologiques graves, certains enfants passant plus de la moitié de leur temps à l’école.


Historiquement, les répétiteurs constituaient pour l’élite et l’aristocratie le seul moyen de s’instruire. Aujourd’hui les répétiteurs sont engagés à grands frais par des familles aux revenus modestes pour $80 par matière et par mois à Taiwan par exemple. Ils permettent aux élèves d’approfondir leurs connaissances et surtout de se préparer aux examens.  


La pression de l’entourage et de la famille est forte. Les cours de soutien ont lieu communément jusqu’à 20h ou 21h, souvent dans l’école même où les élèves se trouvent depuis 7h30. Les cours particuliers peuvent avoir lieu aussi à la maison ,  en petit groupe, être assurés par les professeurs des élèves ou des professeurs à la retraite.  En Malaisie, les répétiteurs sont considérés comme des acteurs indispensables ( on dénombrait 3107 centres de cours particuliers privés en 2013) dans un pays où les classes comptent en moyenne 50 élèves.

Le cas est identique à Taiwan avec jusqu’à 200 élèves par classe.


Les effets positifs de ce tutorat  dans ce que l’on nomme aussi des « cram schools »sont liés au suivi individualisé et personnalisé. Les élèves et leurs familles consentent à tous ces efforts dans l’espoir d’ obtenir un bon salaire. Les cours privés, tous pays confondus, concernent principalement l’anglais, les mathématiques et les sciences. Les autres disciplines sont délaissées. C'est un autre aspect de cette compétition.


Anne Vallet


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