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Carnet de voyage d'Helsinki > Messages > Le (dé) clic du changement
Le (dé) clic du changement
Changeons, changeons, comme un refrain, le changement revient dans les discours et les échanges.  Changement dans les pratiques, changement dans les systèmes, dans les politiques éducatives, dans les outils et dans les pensées. L'invitation au changement de ce forum "school of the future" complète la célébration de l'innovation des rencontres ITF.
 
Quoique. Eduardo Chaves, consultant brésilien en education et technologie, a souligné la nécessité pour les organisations d'innover pour éviter de régresser. Le danger guette les systèmes en bonne marche de fonctionnement qui n'innovent plus pusiqu'en apparence ils n'en ont pas besoin. Les courbes de Pisa illustrent son discours : n'est ce pas lui le brésilien, issu d'un pays fort mal classé, qui vient parler d'innovation en Finlande, championne toutes catégories de l'éducation.
Il est risqué d'innover mais plus encore de ne pas le faire. Et les pays émergents, constituent un lieu fort d'innovation pour peu que l'on reconnaisse la créativité pédagogique au delà des aspects purement technologiques.
Nous l'avions constaté lors du forum des enseignants innovants de Dakar,  les initiatives pédagogiques répondent souvent à des problèmes insolubles avec des moyens classiques, avec usage appuyé des Tice ou non. Pourtant, le continent africain était quasiment absent ici, exclusivement (et brillament) représenté par l'Afrique du Sud.
 

Pour une organisation comme Microsoft, fondée sur la technologie, le discours sur les innovations pédagogiques se construisent essentiellement sur les usages des Tice. Rien ne paraît novateur dans les arguments pédagogiques exposés : travail coopératif, réalisation de projets, ancrage autour de l'apprenant.  La technologie bouscule les besoins, les façons d'apprendre, ouvre des nouvelles pistes mais sert elle la pédagogie ou au contraire, la pédagogie tend elle à servir la technologie?
Je me pose des questions bien compliquées en ce dernier jour. Heureusement, je suis bien entourée pour parvenir à démêler les fils de mes interrogations. Bruno Nibas, directeur de l'école innovante de Chateaudun, fort de son projet, me démontre que la démarche pédagogique, les objectifs poursuivis en terme d'acquisition de compétences, sont fondamentaux. Peut être alors est ce une vision typiquement française.
Denis Meuret, enseignant en sciences de l'éducation à l'Université de Bourgogne, m'explique patiemment que le changement  nécessaire pour le système français serait plutôt du côté de l'évaluation, de l'"accountability" (je ne sais comment traduire ce terme). Culturellement,  nous ne sommes pas portés à analyser ce que nous faisons, à tirer des résultats néfgatifs ou positifs de l'évaluation des changements à conduire dans nos pratiques, l'erreur est  associée à la faute, à la culpabilité. "Issu de Rousseau et Durkheim, le modèle français prône l’élévation à la Raison, à la Liberté, par la maîtrise, l’inhibition, le sacrifice. ", je repique le texte de Patrick Picard sur le dernier ouvrage de Denis Meuret "Gouverner l'école une comparaison France/Etats Unis". Rendre des comptes, je crois qu'"accountability" contient aussi cette notion, est compliqué dans le système français. Rendre des comptes à qui : à l'élève, aux parents, à l'insepcteur, à la collectivité territoriale, à son directeur, ses collègues. Je repense à l'éole finlandaise visitée hier et à son mode de gouvernance qui inclut tous les acteurs de l'école.

Denis Meuret photograhié par sa fille

Il est difficile de parler de changement, d'innovation lorsque le modèle de référence est flou ou mal défini. Le modèle américain, comme le montre Denis Meuret, n'est pas le modèle français, le modèle canadien, sénégalais ou finlandais. Il n'existe pas de modèle mondial et c'est plutôt rassurant. Les recettes finlandaises ne s'appliqueraient sans doute pas aussi bien chez nous car la toile de fond est différente. Le changement pour Microsoft est certianement de l'admettre et de puiser dans les différents systèmes l'eau à mettre dans son vin américain. Selon la vision proposée par Eduardo Chaves, l'entreprise de Redmond a tout intérêt à innover dans ses approches, au risque elle même d'être en danger.Lors de la conférence d'introduction, Bruce Dixon, Président de la société australienne Anytime Anywhere Learning Foundation, a introduit dans le modèle carré et efficace anglo saxon une touche d'iincertitude et d'humanisme qui ouvre une fenêtre vers une évolution de perspective.

Ces rencontres ont sans nul doute ce mérite : mélanger les approches, les réalités et parfois les utopies. Il en ressort au moins un objectif commun : le monde doit changer et l'éducation en est la clé. Former des "têtes bien remplies plutôt que des têtes bien pleines", nous rappelle Eduardo Chaves.

Car le monde entier se préoccupe de former des citoyens, des personnes pour le monde de demain. Anoop Gunta, vice président de Microsoft, place son intervention à la lumière de cette observation. La technologie a un rôle important à jouer même si en premier lieu, le système éducatif doit s'appuyer sur la qualité de ses enseignants. L'accès de tous aux moyens d'apprentissage, la connectivité des pays pauvres doivent être assurés. L'outil numérique est un moyen de favoriser la diversification des moyens d'apprentissage, d'ouvrir l'école aux parents. Il peut être aussi un vecteur de changement pour les producteurs d'outils. Lorsque les livres ont été numérisés, simple transposition de l'écrit à l'écran, des moyens ont été utilisés par les enseignants pour compléter les usages : messagerie électronique, vidéo, etc. Ces moyens complémentaires ont ensuite été intégrés dans les ressources  par les éditeurs. Anoop Gunta invite les gouvernements à s'emparer des technologies pour faire évoluer les systèmes. Le changement technique impulse le changement des pratiques puis du système.

Changement par l'innovation technique contre changement par la rupture et la nécessité, l'opposition des points de vue n'est pas si frontale. A la fin de ces journées sur l'innovation, dans les pratiques en classe d'abord, dans les systèmes ensuite, des questions restent pour moi encore sans réponse. L'innovation émerge t'elle du terrain (la richesse des expériences présentées le laisse à penser), épaulée par des entreprises privées (l'aide de Microsoft aux projets éducatifs est loin d'être négligeable) ou des collectivités territoriales. Le système institutionnel ne risque t'il pas de se trouver exclu d'une évolution profonde si lui même ne change pas? L'incursion des firmes dans le système éducatif pour outiller son changement est il inéluctable, constitue t'il l'aveu d'un aveuglement de l'Etat sur la nécessité de trouver des pratiques éducatives adaptées aux réalités sociales et culturelles d'aujourd'hui? Cette nécessité est pourtant ressentie par bon nombre d'enseignants, de parents et d'acteurs de l'école.

Mon retour en avion sera certainement propice aux discussions avec mes compagnons de voyage pour éclairer ces épineuses questions. Plaignez les!

 

Commentaires

Sur Denis Meuret

L'ouvrage de D.Meuret est un des livres les plus importants surl'Ecole. Sur le Café onpeut aussi, avec le texte de P. Picard, lire cet entretien publié dans le numéro 83 :
http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/larecherche/Pages/83_Lecolefran%c3%a7aisenestpasgouverneeEntretienavecDMeuret.aspx 
fjarraud à 01/11/2007 17:14

The (un) click of change

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johnhenry à 02/06/2020 16:35