Le mouvement de grève du 18 octobre devrait être exceptionnel dans les lycées professionnels. Les grévistes pourraient être majoritaires. Cette mobilisation inédite reflète l'unanimité syndicale contre la réforme portée par E Macron et C Grandjean.

Une unité syndicale exceptionnelle

 "On va avoir une grève majoritaire ce qui est inédit", nous a confié Sigrid Gérardin, secrétaire générale du Snuep Fsu. Son syndicat fait partie des 7 fédérations qui appellent les lycées professionnels à faire grève le 18 octobre. Fait exceptionnel, tous les syndicats du professionnel public sont là : Fsu, Cgt, FO, Sgen Cfdt, Snalc, Sud et Unsa. Fait encore plus rare : des syndicats du privé appellent aussi à la grève , comme la Fep Cfdt et le Snec Cftc.

Cette mobilisation sans précédent est à la hauteur de l'importance de la réforme. D'abord parce qu'elle est portée par le président de la République en personne qui a nommé une ministre (C Grandjean) pour la réaliser.

Scandaleuse pour les élèves

Importante aussi par les changements qu'elle entraine. Le doublement des temps de stage en entreprise réduit d'autant les heures d'enseignement. Selon Daniel Bloch, ancien recteur et créateur du bac pro, ce sont 8 à 10 000 postes d'enseignants qui seront supprimés, soit un professeur de lycée professionnel sur six. D'après le projet présidentiel ce seront les établissements qui définiront les nouveaux horaires disciplinaires. Une mesure qui impactera aussi la reconnaissance nationale des diplômes. E Macron a aussi annoncé une nouvelle carte des formations pour qu'elle colle aux besoins des entreprises locales. Il a précisé qu'il y aurait un plan de reconversion des professeurs. Ce sont donc à la fois les disciplines générales et professionnelles qui vint être touchées de plein fouet par la réforme.

"Quand on a fait la tournée des établissements", nous dit S Gérardin, la première réaction des collègues cela a été de dire que cette réforme est scandaleuse pour les élèves. Le gouvernement sacrifie l'avenir de ces jeunes souvent en difficulté. L'Education nationale doit leur offrir la possibilité de renforcer leur culture générale et leurs compétences professionnelles. Et celles ci ne s'apprennent pas en entreprise. En stage les élèves font des taches simples. C'est en atelier, au lycée, qu'ils apprennent vraiment tout le métier".

Sans nul doute le gouvernement aura les yeux braqués sur le taux de grévistes dans les lycées professionnels aujourd'hui. La réforme est très mal partie et les réunions avec C Grandjean n'ont fait que conforter les syndicats dans leur intention de la repousser. "Les collègues savent que cette grève ne suffira pas et qu'il en faudra d'autres", nous dit S Gérardin. Seule une unité syndicale sans faille pourrait permettre d'amender un projet présidentiel déjà totalement ficelé.

François Jarraud

Les raisons d'une grève