J’avais de l’amitié et une grande admiration pour  Rémi Brissiaud. Les éditions Retz m’ont donné l’occasion de lui rendre hommage en participant à la nouvelle édition de son ouvrage de référence « Premiers pas vers les maths ». Et vendredi 16 septembre, j’ai eu la chance de pouvoir assister à l’hommage qui lui a rendu l’Université Paris 8.

Tous les témoignages ont rendu hommage à Rémi Brissiaud, en tant que professionnel mais aussi en tant que personne. Il était décidément quelqu’un d’exceptionnel, et il nous manque terriblement. Mais sa mémoire perdure et perdurera pour un long moment. Rémi Brissiaud a profondément marqué l’enseignement des mathématiques. L’emblématique personnage qui illustre ses fichiers et manuels, Picbille, trône parmi les figures les plus marquantes des deux décennies écoulées sélectionnées par Google, en 2018. Karen Fuson, dans une intervention en anglais en direct de San Diego, nous a présenté « Conceptual, charming, clever and engaging : the wonderful books of Remi Brissiaud ». Les Noums ont été élaborés avec la Norvège. Le travail de Rémi a dépassé nos frontières.

L’œuvre de Rémi est aujourd’hui associée au dénombrement : il a beaucoup travaillé sur les principes nécessaires pour pouvoir dénombrer correctement, et lutté avec acharnement contre le principe de comptage numérotage, qui prive les enfants d’un accès véritable au concept du nombre. Mais il serait injuste de réduire ses travaux et son influence à ce thème du dénombrement : Rémi a travaillé sur tous les domaines des programmes, y compris la géométrie, la résolution de problèmes, sans oublier les pans de son travail tournés vers la psychologie de l’enfant, la compréhension et les concepts. Emmanuel Sander, dans une intervention, l’a rappelé : « si on veut rentrer dans la pensée de Rémi Brissiaud, il faut s’intéresser aux ressorts, aux leviers de la psychologie. »

Au travers des interventions des chercheurs, enseignants, éditeurs, et de celle de son fils Julien, c’est un beau portait qui a été dressé. Celui d’un homme entier, sincère, virulent (André Tricot a décrit les échanges avec Rémi Brissiaud lors de l’élaboration de nouveaux programmes, et nous l’imaginions tous !), terriblement cultivé.

Selon Michel Fayol, peu de chercheurs ont contribué autant que Rémi à l’élaboration et à la diffusion d’outils vers les enseignants, tout en ayant à cœur d’aller voir précisément l’effet de ses propositions. Mais ces interventions ont aussi dessiné aussi un état des lieux : la recherche en didactique des mathématiques et en psychologie est en constante évolution et différents points de vue, différentes théories coexistent, se succèdent, s’affrontent parfois. Rémi était engagé dans ces combats, et parcourait autant les circonscriptions qu’il écrivait (et le Café Pédagogique a toujours relayé sa parole) pour faire changer les pratiques. Ce qui lui tenait à cœur, c’était la réussite des élèves, pour que ces enfants deviennent des adultes éclairés, mathématiquement compétents.

Julien Brissiaud en a témoigné : « Sur les 5 dernières années de sa vie, il était très malade. Mais il s’est battu parce que, je pense, il voulait laisser un monde meilleur derrière lui. »

Merci Rémi, et merci à tous les intervenants et organiseurs qui ont faire vivre cette journée.

Claire Lommé

Retrouvez ici les résumés des interventions lors du colloque

André Tricot : Hommage à R Brissiaud

Rémi Brissiaud est décédé