André Tricot : Hommage à Rémi Brissiaud 

"C'était un homme avec qui on était content de travailler". André Tricot participe le 16 septembre au colloque de l'Université Paris 8 qui rend hommage à Rémi Brissiaud, décédé en novembre 2020. Avec Michel Fayol, Evelyne Clément, Agnès Batton, Jean-Paul Fischer, Jean Luc Dorier, Emmanuel Sander et Karen Fuson, il rappellera l'importance des apports de Rémi Brissiaud à l'enseignement des mathématiques.Il évoque pour le Café pédagogique sa relation avec Rémi Brissiaud.

 

Vous ne travaillez pas sur les mêmes champs. Comment avez vous connu Rémi Brissiaud ?

 

Je connaissais ses travaux de deux manières. D'une part comme formateur d'enseignants, je savais que c'était quelqu'un qui avait beaucoup d'influence sur la formation des professeurs des écoles. Et je connaissais ses recherches avec Emmanuel Sander qui montraient que la façon de formuler un problème peu avoir une influence énorme sur la réussite d'un problème.

 

Par exemple, Rémi Brissiaud citait ce problème : un enfant achète 3 paquets de 10 bonbons, combien de bonbons a t-il ? Il achète 10 paquets de 3 bonbons, combien en a t-il ?En début de CE1 la moitié des élèves réussit le premier problème moins d'un cinquième le second. En fin de CE1 le taux de réussite augmente mais il y a toujours un écart.

 

Je trouve cet exercice très intéressant car il montre l'importance de la charge cognitive. C'est une expérience élégante, simple et qui alerte sur le fait que deux situations peuvent sembler équivalente pour nous mais pas pour un élève de CE1. Cela montre que la difficulté des élèves ne vient pas que des élèves mais se situe dans l'interaction entre l'élève et la situation qu'on lui propose.

 

Rémi Brissiaud était un des rares psychologues de sa génération à avoir gardé un lien avec la didactique des maths après la séparation des années 1970. Et pour moi c'est important de dire qu'il faut s'intéresser à la façon dont les élèves apprennent et que le point de vue psychologique ne suffit pas.

 

Vous évoquerez lors du colloque les contributions de R Brissiaud aux contributions scolaires. C'est un sujet que nous avons vécu avec lui au Café pédagogique. C'était souvent assez conflictuel avec le ministère. A t-il vraiment réussi à infléchir des orientations ministérielles ?

 

Quand on a rédigé les programmes des cycles 2 et 3 on a sollicité une centaine de personnes et on en a auditionné une dizaine. Rémi Brissiaud en faisait partie. On savait que c'était quelqu'un d'important dont il fallait écouter le point de vue. Et on a repris certaines de ses idées. D'ailleurs dans un article du Café pédagogique il dit être reconnaissant de l'avoir écouté même s'il regrette tel ou tel point. On lui a répondu qu'on était content de travailler avec lui même si certains de ses points n'étaient pas pris en compte. J'ai beaucoup aimé ces controverses où on se respectait et où on avait des relations cordiales.

 

Avait-il vraiment une conception éducative ?

 

C'est quelqu'un qui disait "si vous voulez enseigner vous devez bien comprendre ce que vous enseigner". Il a écrit des choses magnifiques sur la différence entre grandeur, quantité et nombre et sur l'importance de comprendre comment les élèves apprennent. On enseigne au service des apprentissages des élèves. Il  a fait de cette idée quelque chose de très opérationnel.

 

Propos recueillis par François Jarraud

 

Colloque Brissiaud

Décès de Rémi Brissiaud

 

 

 

Par fjarraud , le vendredi 16 septembre 2022.

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