« La revalorisation concernera le début et le milieu de carrière à partir de septembre 2023 ». Sur France info le 12 septembre, Pap Ndiaye confirme une revalorisation des enseignants limitée aux premiers échelons. Une conception qui fait réagir les enseignants sur les réseaux sociaux et leurs syndicats.
La revalorisation automatique pour une minorité
A l’aise devant le micro de France Info, Pap Ndiaye a confirmé ce que Gabriel Attal avait déjà déclaré. La revalorisation des enseignants sera partielle, limitée au maximum à la première moitié de carrière. Interrogé par les journalistes, P Ndiaye parlait surtout de 10 ans d’ancienneté.
Inscrite dans la loi de finances qui sera discutée cet automne au Parlement, la revalorisation envisagée ne concernerait qu’une minorité des enseignants. « A priori les milieux de carrière c’est 10 ans d’ancienneté », réagit Guislaine David , secrétaire général du Snuipp Fsu, aux propos du ministre. « Doit-on considérer que les 30 dernières années c’ets la fin de carrière ? Techniquement si c’est cela, les trois quarts des enseignants vont être exclus des revalorisations ». Même si l’on prend la moitié d’une carrière normale , compte tenu du vieillissement du corps enseignant, seule une minorité serait concernée.
On connait l'argument du gouvernement. Les salaires de fin de carrière des enseignants français seraient comparables à ceux des pays voisins. Il est vrai qu'en France on connait une nette hausse salariale en toute fin de carrière. Le dernier salaire est 72% plus élevé en moyenne que celui d'un débutant selon une étude européenne. Cet écart varie selon les pays. En Norvège sur une carrière, le salaire n'augmente que de 18%. 31% en Allemagne, 42% en Espagne et 72% en Belgique. En fait on a trois types de gestion de carrière en Europe. Mais, entre ces pays, les salaires de départ ne sont pas les mêmes. En toute fin de carrière, un enseignant français gagne 49 514€ en moyenne contre 48 447 en Espagne et 68 035 en Allemagne. Les enseignants français restent nettement moins bien payés que leurs voisins allemands. Et globalement leur carrière coute beaucoup moins cher. Surtout cette hausse ne concerne les enseignants Français que durant les tout derniers mois.
De nouvelles tâches dès octobre
Et les autres ? « A partir d’octobre de nouvelles tâches seront proposées aux enseignants comme l’orientation ou l’accompagnement individualisé au lycée », déclare Pap Ndiaye. Il s’en tient aux annonces d’Emmanuel Macron sur le « nouveau pacte » qu’il veut proposer aux enseignants. On voit mal comment ces nouvelles missions pourraient se décliner pour tous les enseignants , du 1er comme du 2d degré.
Ce qui change c’est la rapidité de la mise en route. On envisageait cela plutôt pour l’automne 2023. Voilà que le ministre parle d’octobre. Visiblement le gouvernement veux réformer l’éducation durant les premiers jours de mandat, période durant laquelle le passage en force est plus facile. Quelle marge de négociation est elle possible avec un calendrier aussi court ?
Tout semble inscrit en fait pour en finir avec l’idée de carrière et d’avancement à l’ancienneté. Ce qui est en jeu avec cette « revalorisation » qui ne concernerait que les jeunes et les professeurs en milieu de carrière, c'est le principe du glissement vieillesse technicité, celui de l'avancement à l'ancienneté. Ce qui peut le remplacer c'est le mérite avec ce que ça veut dire de reprise en main par la hiérarchie.
François Jarraud
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