Revalorisation : Bonne et mauvaise nouvelles...  

La bonne nouvelle c'est que la revalorisation est prévue pour la rentrée 2023. Cela peut paraitre paradoxal aux enseignants tellement l'attente est puissante. Mais on verra que cela permet d'envisager quelque chose de sérieux. La mauvaise nouvelle est pour les enseignants comme pour Pap Ndiaye. Le gouvernement s'entête à ne pas vouloir revaloriser tous les échelons. C'est sa façon de remettre en cause l'avancement à l'ancienneté. Pas sur que les professeurs l'acceptent. Et que Pap Ndiaye puisse l'imposer.

 

Payer les jeunes plus que les vieux ?

 

 "On va aussi augmenter les milieux de carrière". Sur "Le Grand Jury" , le 28 août, Gabriel Attal est revenu sur la revalorisation des enseignants. Et il a, d'une autre façon, redit que la revalorisation ne concernerait pas les enseignants chevronnés. Mais peut-on revaloriser les jeunes professeurs sans augmenter les seniors ?

 

On connait l'argument du gouvernement. Les salaires de fin de carrière des enseignants français seraient comparables à ceux des pays voisins. Il est vrai qu'en France on connait une nette hausse salariale en toute fin de carrière. Le dernier salaire est 72% plus élevé en moyenne que celui d'un débutant selon une étude européenne. Cet écart varie selon les pays. En Norvège sur une carrière, le salaire n'augmente que de 18%. 31% en Allemagne, 42% en Espagne et 72% en Belgique. En fait on a trois types de gestion de carrière en Europe. Mais, entre ces pays, les salaires de départ ne sont pas les mêmes. En toute fin de carrière, un enseignant français gagne 49 514€ en moyenne contre 48 447 en Espagne et 68 035 en Allemagne. Les enseignants français restent nettement moins bien payés que leurs voisins allemands. Et globalement leur carrière coute beaucoup moins cher. Surtout cette hausse ne concerne les enseignants Français que durant les tout derniers mois.

 

Remise en cause du GVT

 

Il y a peut-être une autre raison à ce distinguo. Le président de la République a annoncé un "nouveau pacte" pour certains professeurs. Le 17 mars il n'a pas hésité à expliquer que certains professeurs sont méritants mais pas tous. "La revalorisation nationale compte tenu de la masse salariale n'est pas la plus efficace" a-t-il dit."On ne va donc pas payer les professeurs de façon uniforme dans le pays". Il rejoint ainsi un point du Grenelle de l'éducation qui demandait déjà des payes différenciées et déplorait l'avancement à l'ancienneté. Pap Ndiaye ne tient d'ailleurs pas exactement les mêmes propos que G Attal. Dans son entretien donné à Libération le 26 août, le ministre dit : "un enseignant débutant ne gagnera pas plus qu'un enseignant ayant déjà plusieurs années d'expérience. Cela n'est pas possible. Il faut avoir une vision d'ensemble de l'évolution des carrières".

 

Mais ce qui est en jeu avec cette revalorisation qui ne concernerait que les jeunes et les professeurs en milieu de carrière, c'est le principe du glissement vieillesse technicité, celui de l'avancement à l'ancienneté. Ce qui peut le remplacer c'est le mérite avec ce que ça veut dire de reprise en main par la hiérarchie.

 

C'est ce principe qui sera au coeur des discussions entre le ministre et les syndicats. Les enseignants y sont très attachés, comme en témoignent de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux. Ils n'admettront probablement pas que de jeunes enseignants gagnent davantage que des anciens à corps égal. Et il n'est pas certain que le ministère arrive à jouer les uns contre les autres ou syndicat contre syndicat.

 

Une revalorisation à 4 milliards ?

 

Passons à la bonne nouvelle. Pap Ndiaye a annoncé que les 2000€ pour les débutants, et donc la revalorisation, sera appliquée à la rentrée 2023. Cela fait très loin pour les enseignants. D'autant qu'on les berce de promesses depuis bien longtemps et que leur niveau de vie est au plancher. Il est même douteux qu'ils aient la patience d'attendre un an.

 

Mais budgétairement c'est une bonne nouvelle. Parce que dans le budget 2023, la hausse du budget de l'éducation nationale de 3.6 milliards est déjà nettement entamée par des mesures obligatoires. Il y a la hausse du point fonction publique de juillet 2022 qui consomme déjà 2 milliards. Et il y a le fameux glissement vieillesse technicité (l'avancement à l'ancienneté) qui a besoin de 400 millions. Au final il reste un milliard pour la revalorisation et les mesures catégorielles. Sur une année, c'est très peu pour un million de salariés. Sur un trimestre c'est très différent puisque cela ferait 4 milliards par an soit presque un 13eme mois pour les enseignants. Si cette somme n'est pas croquée par le "nouveau pacte"…

 

Dans cette perspective, il y aurait une vraie revalorisation à négocier. Si les enseignants peuvent attendre et font confiance...

 

François Jarraud

 

 

 

 

Par fjarraud , le jeudi 08 septembre 2022.

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