OCDE : Les enseignants français champions du stress devant l'accueil des élèves à besoins particuliers  

On ne saura pas ce que pensent les enseignants français sur tous les aspects de l'accueil des élèves à besoins particuliers, la France n'ayant pas participé à toutes les questions posées par l'OCDE. Mais la France est le pays de l'OCDE où cet accueil stresse le plus les enseignants. Il y a sans doute des raisons...

 

Les enseignants veulent être formés

 

 

Selon l'enquête Talis de l'OCDE, 27% des enseignants du premier degré travaillent dans des écoles où il y a au moins 10% d'élèves à besoins particuliers. Et 57% de ces enseignants considèrent qu'aider ces élèves est une priorité. A vrai dire le taux varie selon les niveaux (les enseignants du premier degré reconnaissent davantage la priorité) et les pays. Les pays les plus développés ne sont ceux qui mettent le plus l'accent sur cette priorité. Le Brésil, l'Espagne, l'Argentine, les EAU, la Suède y accordent plus d'importance que le Japon ou le Danemark. Quant à la France elle n'a pas accepté la question.

 

"Le role des enseignants du premier degré est particulièrement important" estime l'OCDE. Ce sont eux qui identifient les élèves à besoins particuliers et qui sont en première ligne pour faire face aux difficultés.

 

Partout dans l'OCDE ce sont eux aussi qui réclament le plus de formation pour l'accueil de ces élèves. En France, près d'un enseignant du premier degré sur deux souhaite être formé alors que seulement 30% disent que ça fait partie de la formation initiale.

 

Les enseignants français champions du stress

 

Mais ce qui est le plus intéressant dans l'enquête que vient de publier l'OCDE c'est que l'organisation s'intéresse à l'impact de cet accueil sur le bien être des enseignants. Pour 38% des enseignants du premier degré devoir adapter leur leçon aux élèves à besoins particuliers est source de stress. Et c'est en France que le taux est le plus élevé puisque 80% des enseignants du premier degré français se déclarent stressés par cette nécessité. Au Japon c'est "seulement" 40%en Angleterre 22% en Argentine 16%.

 

 

 


L'OCDE en tire comme conclusion que le manque de formation peut générer du stress et qu'il faut développer la formation. On ne peut qu'être d'accord avec cette conclusion. Mais à condition d'ajouter que tout dépend aussi des conditions d'accueil de ces élèves. Or elles varient beaucoup d'un pays à l'autre.

 

Manque de formation ou délégitimation ?

 

Le stress ressenti par les enseignants français a à voir avec la variété des troubles auxquels ils doivent faire face, au nombre d'élèves en classe (plus élevé en France qu'ailleurs) et à la solitude où ils se trouvent. Dans de nombreux pays développés les enseignants peuvent s'appuyer sur des aides présents dans les écoles. En France ils n'ont que partiellement des AESH non formés et partagés depuis la mise en place des PIAL.

 

Cet accueil se situe dans un contexte global bien présenté dans un numéro récent de la revue Agora. "Nombreux sont aussi les professeurs des écoles interrogés dans la phase des entretiens qui affirment que l’accueil d’élèves désignés comme « handicapés » constitue une difficulté très importante dans la pratique professionnelle. Sur le terrain, la « mise en oeuvre des principes revendiqués par les politiques inclusives » passe d’abord par un bouleversement de l’ordre scolaire. La délégitimation des pratiques pédagogiques des enseignants, l’inflation de leurs tâches bureaucratiques ou encore la désorganisation de leurs territoires professionnels s’inscrivent dans un contexte plus général d’empilement des réformes éducatives sur plus d’une dizaine d’années". C'st peut-être ce contexte qui explique le taux de stress des enseignants français...

 

François Jarraud

 

Publication OCDE

Ce que font les besoins éducatifs particuliers aux enseignants

Une nOte de la Fcpe

 

 

 

Par fjarraud , le vendredi 28 mai 2021.

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