Loi séparatisme : La question sociale finit par remonter 

Intéressant débat  devant la commission spéciale de l'Assemblée nationale chargé d'examiner le projet de loi séparatisme , devenu "projet de loi confortant le respect des principes de la République". Si JM Blanquer s'en est pris assez violemment aux députés de l'opposition c'est que des critiques se font entendre d'un peu partout sur le texte. Le ministre a du annoncer un amendement sur la généralisation d'un identifiant des enfants, une mesure qui pourrait avoir un impact social.

 

Quand JM Blanquer démonte involontairement la loi...

 

"Comment articuler l'article 1 de la loi (sur la neutralité obligatoire des services publics faits par des entreprises privées) et le caractère propre des établissements privés", demande le député centriste Charles de Courson. "Vous limitez l'autorisation de l'instruction en famille à des "situations particulières". Mais c'est quoi une situation particulière ? Combien d''enfants éduqués en famille sont devenus séparatistes ou terroristes ?", demande t-encore. En quelques questions le bel exposé ministériel sur la loi séparatisme a volé en éclats.

 

Charles de Courson n'a pas été seul à participer au démontage de la loi. JM Blanquer y a mis involontairement la main. Quand on lui demande de montrer l'utilité de l'article 18 qui crée un délit de menace sur un agent public, il explique qu'un parent d'élève est en prison après avoir menacé un professeur suite à la cérémonie pour S Paty. Il démontre ainsi que cet article est inutile !

 

Une avancée sur la question sociale de la scolarisation obligatoire

 

Les critiques sont venues aussi bien de la droite que de la gauche et même parfois de la majorité. A droite comme à gauche on défend la liberté de l'instruction en famille. Mais les interventions se sont focalisées sur les failles de la scolarisation. Avant d'être prise à parti par JM Blanquer, la députée socialiste Cécile Untermeier montre qu'on ne pourra pas controler les enfants instruits secrètement sans identifier les enfants.

 

C'était une recommandation de la mission Brugnera (LREM) et Pau-Langevin qui n'a pas été retenue. Anne Brugenra le rappelle d'ailleurs dans cette réunion. Mais veiller à identifier tous les enfants en âge d'aller à l'école, comme la loi l'exige, c'est donner la possibilité aux enfants très pauvres d'aller à l'école alors que beaucoup de maires leur refusent la scolarisation. Des associations chiffrent leur nombre à 100 000 enfants. On a là le vrai enjeu de la scolarisation obligatoire.

 

Finalement le ministre déclare "qu'il est possible qu'il propose un amendement gouvernement" en ce sens. Un identifiant pourrait être crée à partir des fichiers de la Caisse d'allocation familiale. Il sera intéressant de voir si cette mesure voit réellement le jour. elle aurait des conséquences sur le budget de l'éducation nationale mais aussi dans les municipalités. Jusque là le ministre ne 'est pas battu pour faire appliquer le droit à la scolarisation.

 

Mais pas sur la mixité sociale

 

JM Blanquer a aussi été interrogé sur la mixité sociale dans les établissements scolaires. "On ne peut pas faire l'impasse sur la promesse d'égalité des chances" a dit AC Lang (LREM). "Je plaide pour un grand plan des collèges adossé à un texte prévoyant la fermeture de certains collèges ségrégés et leur reconstruction avec un objectif de mixité sociale". JM BLanquer lui répond en expliquant que ce qui compte c'est "le projet éducatif et le climat scolaire". La route sera longue pour le grand plan des collèges...

 

François Jarraud

 

 

Par fjarraud , le vendredi 18 décembre 2020.

Commentaires

  • caroudel, le 18/12/2020 à 09:36
    "alors que beaucoup de maires leur refusent la scolarisation."

    Il y aurait donc des maires qui refusent des élèves ? 
    Si cela existe c'est depuis qu'on leur a donné la main sur le directeur qui était habilité à inscrire tout enfant  se présentant à l'école (il le devait)...
    • messier_x, le 19/12/2020 à 00:49
      Je suis étonné que des maires puissent refuser.

      https://www.maire-info.com/ecole/refus-de-scolarisation-dans-une-commune-le-conseil-d'%C3%89tat-rappelledans-quelles-conditions-l'%C3%89tat-est-juge-responsable-article2-22683
      • fjarraud, le 19/12/2020 à 09:31
        C'est pourtant d'une grande banalité. Le nombre d'enfants non scolarisés est estimé à 100 000 par des associations qui les suivent. Un cas édifiant à Chilly Mazarin http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2018/10/08102018Article636745794267539341.aspx
        • caroudel, le 19/12/2020 à 11:17
          "Mal lui en a pris; "J'ai fait ce que je devais faire", explique t-elle dans Libération. "J'ai procédé à l'admission provisoire. Puis j'ai prévenu la hiérarchie". "L'inspectrice a déboulé dans l'école", écrit Libération, "demandant de lui montrer les enfants du doigt. J'ai évidemment refusé, ils n'ont pas à être mêlés à ces histoires d'adultes... Elle m'a demandé... d'appeler le commissariat afin que la police vienne sortir les enfants de l'école. J'ai refusé". Disons le : à la différence de son inspectrice, cette directrice fait honneur à l'école publique. Grâce à elle Herik, Souverain et Angélique sont scolarisés."

          Dans cette affaire, non seulement les principes d'obligation scolaire sont bafoués, mais obliger un "inférieur" à faire intervenir la police est assez inquiétant. Pourquoi l'Inspectrice ne s'y est-elle pas risqué ? Peut-on rappeler que la police n'a pas à agir dans l'école : elle doit attendre la sortie et ne pas oublier que tout mineur ne peut être interrogé sans ses parents. Est-ce que je me trompe ?
          En tout cas bravo à cette directrice qui mérite bien les palmes académiques et pourquoi pas une promotion! 
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