JM Blanquer face au scandale de Chilly-Mazarin 

"Cela nécessite d’avoir une vision claire de l’école comme institution qui transmet des connaissances et des valeurs". Dès novembre 2017, JM Blanquer n'a eu de cesse de se situer dans la tradition républicaine et d'en appeler à ses valeurs. Un intérêt qui l'a amené à réécrire les programmes d'Education civique et morale de l'école et du collège. Est ce simplement la posture d'un politicien confirmé ou JM Blanquer est-il vraiment un défenseur de ces valeurs ?  L'incident de Chilly-Mazarin va permettre de le savoir. Va-t-il appliquer les nouveaux droits que lui donne la loi du 1er août 2018 pour faire respecter le droit des enfants à la scolarisation ou va-t-il fermer les yeux adressant à son administration une lâche consigne ? L'incident scandaleux de Chilly-Mazarin est un précédent qui va envoyer un message clair aux Dasen. Doivent-ils inscrire d'office les enfants victimes des refus de scolarisation des maires comme la loi le leur demande ? Les journalistes de Libération ont pu constater qu'à Chilly-Mazarin les principes républicains et la loi ne pèsent pas lourds. Non seulement le maire LR tente d'empêche la scolarisation d'enfants congolais mais aussi l'inspectrice du secteur est intervenue de façon proprement scandaleuse pour les faire retirer de l'école. Une vraie honte pour une Education nationale qui prétend enseigner l'éducation morale et civique. Et aussi un défi adressé au ministre.

 

A Chilly-Mazarin, selon Libération, le maire LR refuse de scolariser des enfants congolais hébergés par le Samu social dans un hôtel de sa commune. Pourtant la loi est très claire. L'article L131-5 du Code de l'éducation  stipule précisément : " Le statut ou le mode d'habitat des familles installées sur le territoire de la commune ne peut être une cause de refus d'inscription d'un enfant soumis à l'obligation scolaire". La loi du 1er août 2018 (article 61) a retenu un amendement déposé par la députée (LREM) Anne Christine Lang, auteure d'un rapport sur la scolarisation des allophones. Cet amendement stipule que " Le sixième alinéa de l’article L. 131-5 du code de l’éducation est complété par une phrase ainsi rédigée : « En cas de refus d’inscription de la part du maire, le directeur académique des services de l’éducation nationale peut autoriser l’accueil provisoire de l’élève et solliciter l’intervention du préfet qui, conformément à l’article L. 2122-34 du code général des collectivités territoriales, est habilité à procéder à une inscription définitive. »"

 

A Chilly-Mazarin, la directrice de l'école Pasteur ne connait peut-être pas tous les textes de loi, mais elle n'a pas perdu de vue les principes de l'école républicaine. Et elle a à coeur de protéger ses élèves même contre son administration. Et elle a accueilli plusieurs enfants dans son école.

 

Mal lui en a pris; "J'ai fait ce que je devais faire", explique t-elle dans Libération. "J'ai procédé à l'admission provisoire. Puis j'ai prévenu la hiérarchie". "L'inspectrice a déboulé dans l'école", écrit Libération, "demandant de lui montrer les enfants du doigt. J'ai évidemment refusé, ils n'ont pas à être mêlés à ces histoires d'adultes... Elle m'a demandé... d'appeler le commissariat afin que la police vienne sortir les enfants de l'école. J'ai refusé". Disons le : à la différence de son inspectrice, cette directrice fait honneur à l'école publique. Grâce à elle Herik, Souverain et Angélique sont scolarisés.

 

Mais sur le fond, cet incident met en branle l'application de la loi du 1er aout 2018 pour la première fois.  Le ministre de l'Education nationale va-t-il appliquer le nouveau droit que lui donne la loi et faire se rejoindre la loi et les valeurs de la République ou mettre ces valeurs dans sa poche comme un vulgaire politicien et laisser entendre aux Dasen qu'ils doivent se garder d'intervenir ?

 

François Jarraud

 

Article L113-1 du Code de l'éducation

Article L131-5 du Code de l'éducation

La loi du 1er août 2018

Rapport Lang

Déclaration de JM Blanquer à l'Assemblée novembre 2017

 

 

Par fjarraud , le lundi 08 octobre 2018.

Commentaires

  • user33, le 08/10/2018 à 09:37
    Non seulement cette directrice a agi dans le respect des valeurs d’une République démocratique mais elle a aussi agi conformément à la réglementation qui prévoit, dans l’attente de la régularisation de la situation administrative d’inspection, une admission provisoire....
    voir à ce propos le billet de blog d’un inspecteur qui donne les références des textes réglementaires.  

  • caroudel, le 08/10/2018 à 09:20
    Nous espérons que notre ministre prendra une décision conforme à notre tradition scolaire. Sinon il ne restera plus qu'à refouler tous les étudiants étrangers et tous les "vagabonds"...
    En tout cas bravo et merci à madame la directrice ! La preuve qu'elle a plus besoin de moyens que de caporalisme, elle sait prendre les bonnes décisions républicaines. 
    • ANGHELIDI, le 01/11/2018 à 18:55

      Sur les bases de la base de l’article L 2122-34 du code général des collectivités territoriales, il appartient au Préfet d’obliger le Maire de scolariser les enfants demeurant dans sa commune, même en maternelle alors que la scolarité n’y est pas encore obligatoire.

      C’est la procédure que j’ai utilisée en Seine-Saint-Denis, en qualité de DDEN, avec succès.

      Il n’est donc pas nécessaire de solliciter le Ministre de l’Éducation.


    • AthisMons, le 09/10/2018 à 17:02
      Je vous invite à regarder cette vidéo, sur-réaliste datant de mars 2018

      https://www.facebook.com/ville.athis.mons/videos/1606985379378361

      Christine Rodier, maire LR d'Athis-Mons dans l'Essonne, venant d'être condamnée à scolariser des enfants très majoritairement syriens, y explique qu'elle n'appliquera pas la loi...Certains auront perdu presque 2 ans. A ce jour les inscriptions se font encore au compte goutte, certains ont été privé de cantine en début de cette année, mais la mairie semble avoir fini par reculer sous la menace d'une nouvelle action en justice et semble désormais autoriser ses enfants à fréquenter la cantine.
      Voici comment sont bafouées publiquement même après condamnation par la justice les lois de la République dans l'Essonne.
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