Cédric Naudet : Pour une géographie expérientielle 

Peut-on partir de l’expérience des élèves pour faire de la géographie ? C’est l’idée de la géographie expérientielle. Cédric Naudet, professeur au lycée Pagnol d’Athis Mons (91) et Caroline Leininger (Université Paris Diderot) expliquent le concept.

 

Beaucoup d’enseignants font de la géographie expérientielle sans le savoir, inventant leur méthode en avançant avec les élèves. Et l’expérience des élèves s’invite toujours dans les cours, même magistraux. Cédric Naudet , Carole Leininger et d’autres enseignants réfléchissent ensemble à cette géographie expérientielle. Ils en analysent les étapes.

 

Comment définir la géographie expérientielle ?

 

 « C’est une géographie qui part de l’expérience des élèves », nous dit C Naudet. « Ils se placent dans un rôle où ils peuvent être acteurs d’un espace géographique. Ils s’appuient sur leur expérience personnelle ou sur des documents.

 

L’exemple de la course à Las Vegas est très éclairant. Quand les élèves tirent au sort leur point de départ, les dés sont déjà jetés. Les élèves se rendent compte des discontinuités spatiales, de l’organisation des réseaux de transport. En mutualisant leurs expériences ils découvrent le poids de l’espace. Un autre exemple a été l’organisation de la coupe du monde au Qatar où les élèves prennent différents rôles. On part d’un sport qu’ils connaissent bien mais qu’on regarde de coté. Ils comprennent le jeu des acteurs et les enjeux de la coupe. L’idée c’est d’arriver à articuler la géographie spontanée et la géographie scientifique.

 

Cela renvoie t-il obligatoirement à une enquête de terrain ?

 

« Sophie Gaujal par exemple a organisé des enquêtes de terrain avec ses élèves », explique Caroline Leininger. « On amène les élèves à arpenter l’espace pas comme lors d’une sortie conférence mais avec l’idée de se centrer sur leurs sensations ».

 

A un moment il faut « institutionnaliser » c'est-à-dire passer de la géographie spontanée à une transcription en langage géographique. Comment fait-on ?

 

« Pour nous elle se fait dans un dialogue avec les élèves ne s’appuyant sur des tableaux », explique C Naudet. « Pour construire les savoirs on échange sur les expériences des différents acteurs et on les confronte avant de formaliser », dit C Leiniger. Son groupe est en train de théoriser ces étapes.

 

C’est une géographie citoyenne ?

 

« La finalité est de faire en sorte que les élèves soient dans une démarche critique et s’approprient des démarches d’argumentation et de conceptualisation », dit C Naudet.

 

Propos recueillis par F Jarraud

 

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Par fjarraud , le vendredi 10 juillet 2020.

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