Retraites : Comment le gouvernement veut réformer le travail enseignant 

"Le temps doit nous donner l'ambition de repenser la carrière des enseignants et l'organisation du travail", a déclaré E Philippe le 11 décembre en présentant son projet de réforme des retraites. Si la réforme des retraites est présentée comme une opportunité par JM Blanquer c'est qu'effectivement c'est celle de transformer en profondeur le métier enseignant. Pour avoir un revenu permettant d'assurer leurs vieux jours les enseignants, au moins ceux nés après 1975, vont devoir se plier au nouveau métier voulu par JM Blanquer et E Macron. Car il n'y a rien de neuf dans cette perspective.  Les livres du ministre, une série de rapports gouvernementaux ou parlementaires ont déjà défini le cadre de ce nouveau (futur ?) métier. Déjà une grande partie du travail est fait. On arrive maintenant au moment où le gouvernement pousse les dernières pièces et où les yeux s'ouvrent...

 

Macron fixe le cadre

 

En apparence tout a commencé avec la petite phrase d'Emmanuel Macron le 5 octobre : "Le passage au nouveau système (de retraite) pour le corps enseignant ne peut aller qu'avec une transformation de la carrière. Il faudra repenser la carrière dans toutes ses composantes.. Il faut repenser la carrière. Il faut arriver à ce que la carrière progresse davantage. Comme on paye mieux on change le temps de travail (des enseignants) pour accompagner les jeunes différemment.. On regarde les vacances. Et on valorise la carrière de directeur".

 

C'est donc bien clair. Changer le temps de travail, évidemment à la hausse, diminuer les vacances pour accompagner les jeunes en été et durant les congés, suivre les jeunes en fin de journée, voilà autant de tâches que l'on devrait imposer aux enseignants s'ils veulent bénéficier de primes permettant de maintenir leur pension et de "revaloriser" leur salaire. Du moins les enseignants qui le pourront. Car la longue histoire des missions et des heures supplémentaires dans le corps enseignant montre que par exemple hommes et femmes n'ont pas les mêmes possibilités. Ce qui se dessine c'est donc la progression des inégalités d'âge et de sexe.

 

Mais ces incitations gouvernementales n'ont rien de surprenantes. Tout est déjà écrit depuis des mois, voire des années.

 

L'annualisation, une réforme clé

 

Prenons l'augmentation du temps de travail. Concrètement la façon la plus simple de la faire c'est l'annualisation du service. En 2015 déjà, la Cour des comptes, dans son rapport sur "le suivi individualisé des élèves" demande l'annualisation du temps de travail des enseignants. Annualiser cela revient à sortir de la définition hebdomadaire des services pour une définition annuelle, qui peut d'ailleurs correspondre à 36 fois l'obligation hebdomadaire (648h pour un certifié par exemple). En apparence rien ne change. En réalité, tout un tas d'événements indépendants de l'enseignant font en sorte que son service d'enseignement n'est pas totalement rempli. Par exemple il y a des semaines où il fait passer des examens ou ses élèves sont en révision d'examen. Il y a des journées de formation. Il y a des réunions diverses et variées sur temps de travail. Actuellement ces heures perdues ne sont pas dues. Elles le sont avec l'annualisation. L'annualisation a pour effet par exemple de régler facilement le problème du remplacement. Elle permet d'économiser instantanément au moins 10% des postes d'enseignants (ou d'en créer autant). La Cour des comptes est revenu régulièrement à la charge sur ce point, la dernière fois dans son rapport de 2017.

 

Une autre piste promue à répétition par la Cour, c'est la bivalence dans le 2d degré et même développer la polyvalence au collège. Cela permet de gérer plus facilement les professeurs et de  diminuer le nombre d'enseignants en sous emploi.

 

Des tentatives de modifier les ORS...

 

Une autre modalité c'est de modifier les obligations de service (ORS). La Cour des comptes l'a proposé à plusieurs reprises dès 2010 où elle demande que ces ORS comprennent "la diversité des missions" comme l'accompagnement des élèves et l'orientation. Aujourd'hui le temps de travail des enseignants est défini comme pour les autres fonctionnaires par une référence à 1607 heures annuelles. Or les professeurs sont nettement moins longtemps devant élèves (par exemple 648 heures pour un certifié). Evidemment on sait qu'en réalité les enseignants travaillent plus de 1607 heures. Cela a été évalué par la Depp (service du ministère) avec le travail effectué à la maison. Mais certains trouvent qu'il y a de la marge. Le meilleur exercice en ce sens reste le rapport du sénateur G Longuet en 2016 qui estimait que les certifiés devaient 1296 heures devant élèves soit 36 heures hebdomadaires d'enseignement ou d'encadrement, un record !

 

Inepties d'un parlementaire ? Lisez alors le rapport des sénateurs Brisson, inspecteur général si proche de JM Blanquer, et Laborde de 2018 où apparaissent l'annualisation, les 2 heures supplémentaires obligatoires, les 5 jours de formation sur congé, tout cela bien avant la loi Blanquer. Ou encore rappelez vous  le curieux amendement gouvernemental déposé le 17 mai 2019 pour la loi de transformation de la Fonction publique qui demandait "un décompte (du temps de travail des enseignants) sur la base d'une durée annuelle de travail effectif de 1607 heures". Il avait été soutenu, avec peine, par Olivier Dussopt.

 

Ca se précise avec la loi Blanquer

 

Mais le puzzle se précise quand on relit la loi Blanquer. L'article 38 sur les expérimentations pose déjà le principe de l'annualisation. " Ces expérimentations peuvent concerner l'organisation pédagogique de la classe, de l'école ou de l'établissement, la liaison entre les différents niveaux d'enseignement, la coopération avec les partenaires du système éducatif, l'enseignement dans une langue vivante étrangère ou régionale, les échanges avec des établissements étrangers d'enseignement scolaire, l'utilisation des outils et ressources numériques, la répartition des heures d'enseignement sur l'ensemble de l'année scolaire, les procédures d'orientation des élèves et la participation des parents d'élèves à la vie de l'école ou de l'établissement." L'article 50 précise que " La formation continue est obligatoire pour chaque enseignant". Un décret d'application publié le 8 septembre 2019 permet d'imposer une semaine de formation continue sur le temps des vacances. " Dès lors qu'elles sont réalisées à l'initiative de l'autorité compétente, ces actions de formation n'excèdent pas, pour une année scolaire donnée, cinq jours lors des périodes de vacance de classes. L'autorité compétente informe les personnels, dès le début de l'année scolaire, des périodes de vacance de classes pendant lesquelles pourraient se dérouler de telles actions de formation."

 

La source de toutes ces réformes

 

Arrivons à la source gouvernementale de ces transformations. On en trouverait certainement des éléments dans "L'école de demain", le livre de JM Blanquer édité en 2016. Mais plus proche de nous et de Macron, il y a le rapport "Cap 22", officiellement dénommé : "Service public : se réinventer pour mieux servir" remis en juillet 2017 à Edouard Philippe. Il a été rédigé par des personnalités connues pour être proches du président comme Philippe Aghion, Jean Pisani-Ferry ou Laurent Bigorgne, le directeur de l'Institut Montaigne.

 

Le rapport fixe comme objectif la réduction de la dépense publique qui, pour les auteurs, "n'est pas soutenable". "La réponse aux insuffisances du service public et son adaptation ne pourront pas passer par une hausse de la dépense publique, celle-ci étant en France très nettement supérieure à celle de ses voisins", estime le rapport. Il fixe comme horizon la moyenne européenne (47% du PIB) alors que la France est à presque 57%. C'est donc une baisse de 10 points qui est souhaitée par le rapport. Pour cela il veut '"refonder l'administration" en préconisant "un changement dans la gouvernance publique" avec des managers "intéressés aux économies". Les économies reposent essentiellement sur les fonctionnaires c'est à dire d'abord sur les enseignants , qui représentent la moitié de la fonction publique d'Etat.

 

La première recommandation du rapport c'est de passer "d’un pilotage des effectifs (plafond et schéma d’emploi) à un pilotage par la masse salariale". Le rapport emprunte cette idée aux Républicains du Sénat qui depuis des années demandent de stabiliser la masse salariale. Il n'y a qu'un seul moyen pour y arriver : remettre en question les règles de l'avancement. D'où l'obsession sur les commissions paritaires dont la suppression tient une curieuse place dans le rapport.

 

Il s'agit donc de "bâtir un nouveau contrat social" dans la Fonction publique et pour cela "offrir davantage d’agilité et de souplesse aux employeurs publics et leur donner des marges de manoeuvre accrues dans leur politique de recrutement". Le rapport recommande "d'assouplir le statut pour offrir la possibilité d’évolutions différenciées, notamment des rémunérations" et "d'élargir le recours au contrat de droit privé comme voie « normale » d’accès à certaines fonctions du service public".  Il veut donner "la possibilité au management de recruter, faire évoluer et promouvoir les talents sans autres contraintes préalables que celles de droit commun". En clair les chefs de service, comme les chefs d'établissement, doivent devenir des managers pouvant recruter et décidant de la paye.

 

Pour cela il faut en finir avec le paritarisme et le rapport recommande "de supprimer les commissions administratives paritaires (CAP) mobilité et promotion actuelles... Les CAP seraient repositionnées pour analyser et garantir la qualité de l’accompagnement managérial".  Elle n'auraient plus de contrôle sur les mutations ou l'avancement qui seraient entièrement entre les mains des managers.

 

Un nouveau métier pour de nouveaux profs

 

Tout un chapitre est consacré à l'Ecole. Le rapport invite à "responsabiliser davantage les chefs d’établissement notamment en leur donnant plus de marges de manoeuvre pour constituer leur équipe pédagogique". Il leur promet "un déroulement de carrière plus attractif afin qu'ils jouent pleinement leur rôle de manager".

 

La principale réforme consiste à créer un nouveau corps d'enseignants. L'objectif est "d'augmenter le temps d’enseignement des enseignants du secondaire actuels avec un recours à deux heures supplémentaires, ce qui conduira à améliorer leurs rémunérations, et créer pour cela un nouveau corps d’enseignants qui pourrait se substituer progressivement à celui de professeur certifié. Pour ce nouveau corps, que les enseignants pourraient rejoindre sur la base du volontariat, le temps d’enseignement serait supérieur à celui des professeurs certifiés mais la rémunération serait également supérieure... Ce corps serait soumis à des obligations supplémentaires (bivalence, annualisation d’une partie du temps d’enseignement, obligation de remplacement dans l’intérêt du service) qui offriraient plus de souplesse aux chefs d’établissement"

 

La formation continue "doit elle aussi être repensée... en effectuant les formations en dehors des heures de cours tout en les valorisant pour que les enseignants s’y rendent... La proposition est donc d’intégrer un temps réservé à la formation, de 3 à 5 jours, pleinement intégrée aux obligations réglementaires de service".

 

L'heure du changement est venue

 

On mesure la puissance de l'Institut Montaigne. Pratiquement tous les points cités dans Cap 22 sont passés soit dans la loi Blanquer, soit dans la loi Fonction publique. Il restait la création d'un nouveau corps enseignants travaillant plus et acceptant plus de souplesse dans sa gestion. Ce nouveau corps nous le voyons se dessiner : ce sont les enseignants nés après 1975. Ceux à qui on va proposer de travailler plus et autrement pour mériter leur retraite. Pour JM Blanquer, si proche de l'Institut Montaigne, c'est l'heure H. Il manquait juste l'occasion politique d'imposer cette réforme de fond. Elle arrive avec le nouveau régime de retraite. Et on comprend mieux la détermination gouvernementale.

 

François Jarraud

 

Les annonces d'E Philippe et JM BLanquer sur les retraites

Cap 22

La Cour des comptes et l'annualisation

L'amendement à l aloi Fonction publique

Les idées du Trésor sur l'Ecole

Le rapport Brisson Laborde

Blanquer : L'école de demain

Le rapport Longuet

Le décret formation 5 jours sur congés

 

 

 

 

Par fjarraud , le vendredi 13 décembre 2019.

Commentaires

  • laguepe, le 15/12/2019 à 22:33
    Que la fonction d'enseignant soit à transformer, c'est une évidence, quand on voit la difficulté actuelle à les recruter et ensuite à les garder. En réponse aux commentaires publiés ci-dessous, je ne crois pas à la bivalence ou plurivalence, on ne va pas se voiler la face, il est très compliqué actuellement de former des enseignants compétents dans leur propre discipline, encore plus d'attirer vers cette profession (j'interviens en Inspé), c'est le contenu même des concours, en particulier l'agrégation, qui est à refonder. Quant au temps de travail des enseignants, il est très inégal, et très difficile à chiffrer. Il ne me semble pas scandaleux que le temps de formation ne se fasse pas au détriment des élèves (si on fait le cumul annuel des heures "perdues" pour des absences certes justifiées, cela monte vite), mais ces formations devraient permettre un véritable travail d'équipe, une mise en réseau réelle des ressources pédagogiques. 
  • Guillaume35, le 14/12/2019 à 13:13
    On fait le constat que les équipes enseignantes ne sont pas assez stables dans les établissements scolaires avec des élèves en difficulté (cf. PISA 2018) mais il ne faut surtout pas toucher au système de mutation par ancienneté et surtout ne pas donner aux chefs d'établissement le soin de constituer leur équipe pédagogique.

    Dans n'importe quel métier, on fait passer des entretiens pour pourvoir un poste  (y compris dans la fonction publique territoriale) mais pas dans l'Education nationale. On ne se pose pas la question de savoir si le projet pédagogique de l'établissement correspond au profil de l'enseignant. Où est la prise en compte de l'humain là-dedans alors que notre métier est au coeur de la relation humaine ?

    On se rend compte que la différence entre professeurs polyvalents du 1er degré et professeurs monovalents du 2nd degré pose des difficultés pour beaucoup d'élèves : avoir des enseignants qui enseignent dans deux disciplines au début du collège (donc bivalence) permettraient d'atténuer cette différence entre le primaire et le secondaire et favoriserait le suivi des élèves mais non, la monovalence doit être intouchable. Cela ne pose aucune difficulté qu'un enseignant de primaire puisse enseigner pas moins de dix disciplines (français, maths, sciences, EMC, anglais, EPS, numérique, arts plastiques, musique, histoire/géographie) mais ça l'est pour un professeur de collège ? N'est-il pas au contraire cohérent qu'un professeur de français enseigne également l'histoire en 6e, que les maths et les sciences soient dispensés par le même professeur. Ne voit-on pas le bénéfice pour les élèves d'avoir plus d'enseignants référents auprès d'eux ?

    A l'école primaire, le suivi des élèves qui ont des difficultés est assez poussé. Des PPRE, PAP sont mis en place pour que les élèves décrochent le moins possible. Ce travail demande des rencontres avec les parents, de la concertation entre enseignants. Au primaire, dans nos obligations de service, nous avons des heures consacrées aux relations avec les parents et aux concertations. Elles font partie de nos 108 h annualisées. Bien évidemment qu'au collège, il y a des professeurs qui assurent le suivi des élèves et la rencontre des parents. Pour autant, pourquoi ce travail  n'est-il pas reconnu dans leur statut comme c'est le cas pour les enseignants du 1er degré ? Pourquoi leur statut est-il limité à la mission de 18h d'enseignement alors qu'en réalité, d'autres missions sont assurées ? 

    Dans les évaluations PISA 2018, on fait le constat que les professeurs français sont moins bien formés que les autres enseignants qu'ils soient chinois ou finlandais.... Dès lors, pourquoi ne pas effectivement intégrer dans les obligations de service des enseignants du secondaire des heures dédiées à la formation continue, tout cela en dehors du temps scolaire pour éviter de pénaliser les élèves qui ont doivent avoir cours. Dans le 1er degré, il y a bien 18h de formation continue annualisée en dehors du temps d'enseignement et c'est tout à fait normal. Pourquoi cela ne le serait pas dans le second degré ?
    Est-ce que toutes les propositions mises sur la table relèvent de l'ultra libéralisme ou du simple bon sens ? 
    • FabriceToi, le 14/12/2019 à 16:22

      Guillaume, 
      Vos idées sont intéressantes mais permettez moi ces quelques réserves. 

      -Vous reprenez le constat selon lequel les équipes ne sont pas stables dans les établissements qui concentrent le plus de difficultés tout en suggérant que cette instabilité résulterait du système de mutation et d'une absence de recrutement local. Ce sont effectivement les moins expérimentés qui se retrouvent dans ces établissements par le jeu des mutations, est-ce tant le problème du système d'affectation que celui du manque d'attractivité ? Pensez-vous que sans bouleversement d'attractivité un chef parviendrait, à lui seul, à recruter davantage de prof chevronnés ? Un prof en REP cumule autant de points qu'un TZR à condition, au passage, qu'il y reste 5 ans... Et gagne 140E de plus qu'un autre avec des effectifs élèves réduits de presque rien dans les grandes villes par rapport à un bahut "sans grosses difficultés". Convaincrait-on qui que ce soit de venir exercer dans des conditions difficiles et si peu attractives après de longues années de labeur ? Non, ni dans le privé ni ailleurs. 
      Proposer un barème réellement attractif, un encadrement favorable à l'accompagnement des élèves et une contrepartie financière à la
      hauteur de l'ambition affichée, ce sont quelques idées qui permettraient d'attirer des personnels motivés et expérimentés avec le même système. 

      -Je réitère mes réserves et mes compléments précédents. Il est utile de rappeler que ce métier s'inscrit dans la fonction publique d'État d'éducation. Le professeur est un fonctionnaire investi par des missions d'intérêt national dont les compétences ou l'employabilité ne sont pas supposées être déterminées localement. L'histoire éclaire et explique ce choix. Ce n'est donc pas par hasard que notre employeur soit l'État et non un chef d'EPLE. Le chef d'établissement n'a par ailleurs pas prétention à garantir, seul, la continuité d'un projet pédagogique. Et celui-ci n'est d'ailleurs pas gravé dans le marbre. 
      Enfin, les prof du 2nd degré ont réussi un concours national qui les a le plus souvent contraints à partir à des centaines de km de leur vie. En contrepartie, ils cumulent, au gré des affres de leur instabilité, des points censés assurer les mêmes perspectives à tous. Dès lors, il semblerait injuste que ces points ne leur permettent pas d'obtenir un poste au motif de critères arbitraires arrêtés par la seule appréciation d'un autre fonctionnaire qui n'a pas ou presque pas été formé au recrutement des professeurs ? Sans parler de ce poste qui vous aurait échappé sous prétexte que le profil de l'ami d'une amie était plus adapté... Les concours de ce type sont nés entre autres pour limiter ces problématiques. À quoi bon s'imposer tout cela sinon, autant les supprimer ! 

      Toutefois, s'il y a bien quelque chose qui fait défaut à notre profession alors que cela existe partout ailleurs, c'est une gestion des ressources humaines plus proche de ses salariés, qui les accompagne tout au long de la carrière et éclaire leurs perspectives.

      -Je ne suis pas certain d'avoir compris votre idée. Est-ce la monovalence de l'enseignement reçu par l'élève de 6e que vous pointez du doigt ? Suggérez vous ainsi qu'il pourrait être intéressant qu'un professeur des écoles enseigne jusqu'à ce niveau ? Pourquoi pas, mais cette année ne constituerait plus de réelle transition avec le cycle 4, non ? Ou s'agit il de la "monovalence" des prof du secondaire ? Suggérez-vous un corps intermédiaire d'enseignants propre aux élèves de 6e ? Ou un corps intermédiaire de prof propre au collège ? Je ne vois pas sinon où vous souhaitez en venir. Vous savez comme moi que la polyvalence existe déjà dans le 2nd degré, en histoire-géo, en SES, en SVT, en SPC etc. Vous savez également que les prof du 2nd degré sont amenés à enseigner au collège et au lycée (parfois en CPGE) au cours de leur carrière. Ils doivent donc être en mesure d'assurer leur(s) discipline(s) jusqu'au cycle terminal (notamment général) avec un recul didactique et scientifique suffisant pour préparer à l'enseignement supérieur. Raison pour laquelle les concours les recrutent selon un niveau de maîtrise de M1. À moins de revoir les exigences du lycée général et du supérieur, pensez-vous sérieusement que l'État parviendrait à recruter des candidats pluripotents avec égal niveau universitaire en histoire-géographie-lettres-LV1-LV2 ou en physique-chimie-biologie-géologie-écologie-mathématiques ? 
      Ainsi, pour ce qui est de la cohérence sur le niveau 6e, peut-être vaudrait-il mieux renforcer l'harmonisation sur le cycle 3 afin de préparer ce passage, difficile il est vrai, mais inévitable in fine.

      -Dans les évaluations PISA, puisque vous les citez si souvent, d'autres problématiques sont pointées depuis plusieurs années. Les professeurs français sont moins bien payés que la moyenne de l'OCDE et beaucoup moins que leurs homologues dans les pays comparables au notre. De plus, le coût salarial par élève est parmi les plus faibles de l'OCDE et inférieur à la moyenne (moitié moins que la Finlande par exemple...) en raison de nos effectifs bien supérieurs aux autres et à la durée d'instruction par élève supérieure elle-aussi... Pourtant, les prof français sont parmi les plus qualifiés (bac+5/concours/titularisation) de l'OCDE. Pourquoi ne commencerions nous pas par là déjà ?
      Concernant la formation je vous rejoins sur la nécessité de préparer davantage et mieux les prof aux enjeux de leur métier. 

      De là à dire qu'il est normal d'avoir des formations en dehors de son service statutaire c'est plus discutable, et beaucoup de PE ne partagent pas votre avis. Pour de nombreuses raisons. La plus évidente débute par un simple calcul. La Depp évalue la moyenne hebdomadaire d'un PE à 44h (au gré des réformes, circulaires etc). Sur une base de 35h, le PE travaille donc avec un excédent de 9hX36 semaines (Code du travail, bien que le calendrier déborde...) soit 324h de plus qu'un salarié classique. Ramené aux 35h, cela fait 9,3 semaines. En les soustrayant aux 16 semaines de vacances scolaires on arrive, au mieux, à 6,5 semaines de congés effectifs. Certains verront cet écart comme le summum de l'indécence au regard des 5 semaines de congés du privé (voire plus selon la convention collective), d'autres argueront qu'il ne vaut pas un 13e mois éventuel, un CE, un salaire équivalent au privé à qualifications égales... Une chose est certaine, bien peu de salariés du privé trouveraient normal d'être formés sur leurs jours de congé.

      Quel que soit le bord vers lequel penchent ces diverses propositions, force est de constater que les gouvernements successifs enchaînent les décisions paramétriques ou idéologiques avec une vision plus économique que sociétale.
      Brandissons PISA comme indicateur suprême de la santé scolaire, soit, mais cessons de n'en retenir que les conclusions qui n'arrangent toujours que les mêmes. 
      Sachant que l'avenir de la profession déserte chaque année un peu plus les concours tandis que ses acteurs la quittent, il serait de bon ton d'arrêter de reprocher à ceux à qui on demande toujours plus de ne jamais en faire assez et pire, leur reprocher de faire ce que l'on s'échine à leur imposer, appliquer les politiques éducatives. L'inéquation scolaire ne se réduira pas à la seule dévotion professorale ni le service publique d'éducation à davantage de servitude encore. 


      Confraternellement, pour ce que cela vaut au crépuscule de la fraternité. 
      • Guillaume35, le 15/12/2019 à 16:48

        Je vous remercie Fabrice pour votre réponse argumentée.

        Nous avons clairement des points d’accord et de désaccord.

        Tout d'abord, je trouve cela dommageable que l'on pose la question du statut des enseignants et leur revalorisation salariale avec la question du rattrapage de salaires lié à la réforme des retraites. Pour moi, ce sont deux sujets différents.

        Mais, pour autant, comment comprendre le fait que depuis des années on ne soit pas capable d'envisager la révision du statut des enseignants du 2nd degré ?

        Sans vouloir jouer la course à l’échalote sur les conditions de travail, il me semble tout de même nécessaire que les professeurs du secondaire acceptent, moyennant revalorisation, une révision de leur statut pour se rapprocher de celui des professeurs du 1er degré et de leurs homologues européens. Et pour ma part, comme professeur des écoles, je demande un alignement des revenus avec les enseignants du 2nd degré.

        Vous parlez à juste titre du travail hors enseignement évalué par la DEP et qui n'est pas reconnu. Alors pourquoi ne pas le reconnaitre dans votre statut ? Dans le 1er degré, les 108h annualisées (obligations de service de 3h/semaine en plus des 24 h d’enseignement) ont permis d'inscrire les temps de concertation, de formation, de rendez-vous avec les parents dans notre staut. Et cela me semble normal et positif pour le bon fonctionnement de notre système éducatif.

        Vous évoquez une meilleure coordination entre les professeurs de cycle 3 (CM2-6e).Dans nos 108h dans le 1er degré, il y a bien 6h de concertations prévues pour les conseils école-collège. Malheureusement, cette disposition n’existe pas pour les enseignants de collège puisque leur statut ne prévoit pas d’heures de concertation.

        Qu’est-ce que cela signifie concrètement ? Cela signifie que la présence des professeurs des écoles dans les conseils école collège est officiellement reconnue et exigible tandis que la présence des professeurs de collège relève du simple volontariat. Comment voulez-vous que cela fonctionne réellement ?

        Nous sommes en désaccord sur les heures de formation et de concertation. Clairement,je trouve cela anormal que les heures de concertation et de formation dans le secondaire se fassent au détriment du temps d’enseignement des élèves. J’ai du mal à comprendre qu’il y ait des journées où les élèves n’ont pas cours ("journées pédagogiques") ou parce que les enseignants partent en formation. Je ne dis pas cela parce que je suis enseignant de primaire mais plutôt comme parent d’élève. Nous disposons suffisamment de temps dans l’année pour assurer ces heures-là en dehors du temps scolaire. Il en va aussi de notre crédibilité vis-à-vis de tous ceux qui travaillent comme indépendants ou dans le privé.

        Fabrice, je vous rejoins sur la nécessité d'attribuer une revalorisation financière plus importante pour les établissements scolaires en REP. La cour des comptes dit la même chose que vous, récemment dans son rapport du 11 juillet 2019 «  La Cour fait plusieurs recommandations. La première c'est la redéfinition de l'indemnité de résidence qui devrait passer d'une prime correspondant à un surcout d'installation à une prime incitant à s'installer dans une zone déficitaire. " Elle doit être transformée en un dispositif prenant en compte le manque d’attractivité des territoires". http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2019/07/12072019Article636985169864941818.aspx

        Mais, tout n'est-il qu'une question de moyens ? N'y a-t-il pas aussi autre chose qu'à proposer que ce système où dès qu'on a cumulé des points il faut pouvoir partir dans un autre établissement ou une autre académie ? 

        N’y a-t-il pas plutôt un projet d’établissement à faire vivre et dans lequel l’enseignant a envie de s’investir ?

        Pour vous, le recrutement des enseignants par le chef d'établissement semble être du copinage. Dans ce cas, autant dire que tous les chefs d’entreprise ou cadres recrutent par copinage. N'est-ce pas une vision réductrice et peu professionnalisante du rôle du chef d’établissement ? 

        En ce qui concerne la bivalence, je pense, effectivement, que l'on peut proposer de passer une certification pour l'enseignement d'une seconde discipline aux professeurs de collège volontaires. Cela est évidemment moins possible pour les enseignants de lycée et de l'enseignement supérieur. 

        Confraternellement, dans le souci partagé d'un meilleur système éducatif en France.



        • FabriceToi, le 17/12/2019 à 15:12
          Je vous remercie à mon tour pour votre réponse Guillaume. 

          Je vous rejoins totalement sur cette bien regrettable collusion entre la réforme des retraites et l'éventuelle revalorisation des enseignants. Présenter la revalorisation promise depuis si longtemps comme LA solution à la diminution prévisible des pensions tout en la conditionnant à une redéfinition du métier et notamment du temps de travail, il fallait oser ! Force est de reconnaître le coup de maître, ou comment faire d'une pierre, 3 coups.

          Le statut a déjà été révisé en 2014 par le décret Hamon pour les professeurs du 1er et du 2nd degré avec redéfinition des ORS. Que proposeriez vous comme autre(s) modifications du statut ?
          Les études montrent que le pouvoir d'achat des professeurs a diminué de près de 30% en 30 ans, eux qui commençaient avec près de 1,9 smic débutent désormais à 1,2 smic le point d'indice est gelé depuis une dizaine d'années. Les salaires de leurs homologues ont augmenté en moyenne de 20% selon l'OCDE (et très peu avec le même niveau de qualification). La France quant à elle est l'un des rares pays où.. il diminue ! Pourquoi faudrait-il accepter une nouvelle révision statutaire avant d'envisager une revalorisation plus que légitime ? Pour une dizaine d'heure en plus en Allemagne les professeurs sont payés plus de deux fois plus, même chose au Canada. Pourtant le nombre de contractuels ou non titulaires a explosé là-bas aussi, la crise de recrutement y est d'ailleurs historique : Les candidats se raréfient au motif que les conditions d'exercice y sont trop difficiles et la rémunération pas à la hauteur... Que devrions-nous dire ? Preuve qu'il n'y a pas qu'en France, alors que les conditions d'enseignement y sont jugées plus difficiles encore d'après PISA (et la profession, pardonnez moi d'insister, bien moins payée avec un coût salarial en dessous de la moyenne), que le métier n'attire plus. 

          Il me semble que ces rémunérations à la française, au regard du niveau de qualification à la française, n'ont besoin d'aucune autre raison objective d'être revalorisées. D'ailleurs, en dehors du temps de présence effectif, le temps de travail des professeurs français n'a pas à rougir sur la scène internationale, les comparaisons ne manquent pas, c'est surtout la reconnaissance effective qui nous différencie. Pourtant les heures devant élève ne sont pas pour autant immuables, mais à une transformation du métier il faudrait une transformation littérale du salaire. Cette éventualité me paraît très improbable.

          Quant au salaire, les grilles des PE ont été alignées sur les certifiés, fort heureusement. La différence éventuelle réside dans les heures supplémentaires. Tous les professeurs n'en font pas et la diminution de la plupart des dotations fait que beaucoup ne sont jamais payées (en dehors des HSA) dans de plus en plus d'établissements. Je suis partisan d'une reconnaissance du travail supplémentaire pour tous, dans le 1er degré y compris.

          Pourquoi l'alignement devrait-il toujours se faire vers le bas ? La définition d'une quotité horaire des missions complémentaires fléchée dans le 1er degré me paraissait déjà être une infantilisation sans nom il y a qlq années. Ces missions n'étaient elles pas déjà effectuées par les PE auparavant ? Ils ne les comptaient simplement pas ! Au même titre que les prof du 2nd degré assurent les réunions de suivi de leurs élèves (plusieurs centaines dans la plupart des disciplines), les conseils de leurs classes, les rdv parents, les conseils peda, les conseils d'enseignement, les commissions, les réunions parents profs, les projets, les parcours, les EPI, les journées à thème, les forums, les concours etc. Sans parler des nouvelles réunions inhérentes à la réforme des lycées avec les classes morcelées. 
          Prenons donc une minute pour nous rendre compte de tout ce que font déjà les professeurs de tous les degrés.

          Chiche, fléchons tout cela mais en incluant aussi le temps de préparation, de recherche et d'évaluation ! Je serais curieux de voir écrit dans le Code de l'éducation qu'un professeur fournit en moyenne 42 à 44h de travail hebdomadaire... Et débute à un peu plus de 1400E net ! 
          Bref, ces "missions" ont déjà été "reconnues" par le décret Hamon. C'est d'ailleurs toute la force de notre institution, une reconnaissance qui n'est jamais plus qu'un bout de papier avec un peu plus d'obligations. Tandis que le salaire, lui, baisse.

          Je suis d'accord, la liaison école-collège ne fonctionne pas bien partout. Ce conseil n'a aucun caractère obligatoire, tant pour le PE que pour celui du 2nd degré. La différence c'est que les pressions pour y assister sont parfois considérables dans le 1er degré. Il arrive même que des "convocations" soient émises alors même qu'elles interviennent au-delà des 108h. C'est inacceptable. 
          Le collège quant à lui constitue une double interface entre le 1er degré d'un côté et l'orientation /lycée de l'autre. Avec la nécessité de coordonner les équipes et préparer les élèves à chacune de ces étapes. N'hésitez pas à demander à vos collègues comment ils vivent la réunionite chronique qui s'accentue depuis la réforme du collège. Arrive maintenant le tour des lycées. Compte tenu du nombre exponentiel de réunions qui augmente aussi avec le nombre d'élèves suivis (360 en sciences, 540 en éd.musicale), certains établissements ont choisi de nommer des référents "liaison" rémunérés (une demi IMP au mieux, 56E/mois) et les conseils école/collège/lycée semblent bien fonctionner. Peut-être que les collègues n'en peuvent simplement plus de la multiplication des injonctions à moyens décroissants. 


          Je reconnais effectivement notre désaccord. Lorsqu'un professeur du 2nd degré a l'honneur de voir ses formations acceptées (nous intervenons de plus en plus dans les établissements où des chefs ne valident pas à temps ou refusent les formations demandées), il s'agit de 3 demi journées en général, réparties sur l'année. Il arrive que ce soit moins, parfois plus, rarement les mêmes jours. Les élèves n'ont pas la discipline concernée ce jour mais ils ont toutes les autres. Je n'ai encore jamais vu un chef valider une formation pour chacun des profs d'une même classe le même jour et vous ? À moins d'un événement exceptionnel, et encore, je n'ai pas connaissance d'établissement où le temps de concertation a lieu sur 1h de cours, elle se fait le plus souvent sur 1h de trou, entre midi et deux, le soir, le mercredi AM. Que sont ces "journées pédagogiques" ? La plupart des  demi-journées particulières que j'ai déjà rencontrées concernent une journée d'intégration des 6e ou des 2nd en début d'année, un forum des métiers ou de l'orientation (le samedi souvent), ou pour une épreuve certificative type DNB ou BAC en fin d'année...
          J'ignore ce qu'il se passe dans l'établissement dont vous faites mention mais cela mériterait d'être abordé en CA si vous m'autorisez un avis.
          Il ne reste donc que les formations qui privent au pire l'élève d'une discipline dans sa journée. 
          D'autre part, la formation a vocation à améliorer la qualification du salarié et constitue donc une plus-value pour l'employeur et le service. Raison pour laquelle, comme partout ailleurs, elle a lieu sur le temps de travail. En se rappelant du petit calcul dont je vous avais fait part, je serais curieux de connaître l'argument de ceux qui nieraient à notre profession ce droit tel qu'il est pourtant pratiqué partout dans le privé (pour les indépendants c'est différent, nous ne sommes pas (encore) une profession libérale).

          Cette proposition de la Cour des comptes va dans le bon sens. C'est assez rare pour le mentionner. Elle nous avait surtout habitué à ses propositions d'annualisation du temps de travail comme si les prof bossaient dans un bureau prévu à cet effet sur leur lieu de travail, de rémunération conditionnée par le "mérite" lui-même déterminé par le chef d'établissement ou encore l'exhortation à la suppression de postes qui a tant inspiré le gvt Sarkozy grâce auquel nous avons connu la pénurie que l'on sait.

          Tout n'a pas toujours été qu'une question de moyens mais à force de les rogner ici et là, de ne pas compenser l'augmentation des prélèvements, de geler le point, de réduire les DHG et les dotations de fonctionnement, de réduire les enseignements généraux (réforme du lycée, en particulier professionnel), d'augmenter les missions non payées ou à 17 centimes (copies du DNB, oraux de langues, bts), de renvoyer la balle aux collectivités (avez-vous aussi des plafonds ou des canalisations qui s'effondrent sur les élèves ?) on ne peut plus ne pas reconnaître qu'ils constituent un obstacle majeur à toute politique éducative durable et ambitieuse.

          Je vous rejoins sur le fait que le système de points n'est pas idéal mais il s'il a au moins un mérite important, c'est celui de permettre de choisir, parfois après plus de 10 ans, son affectation et le lieu où l'on souhaite vivre sans obliger pour autant à partir. Il ne fait qu'en offrir la possibilité avec équité de traitement.

          Le copinage est arrivé après dans mon propos. J'ai d'abord fait part de mes réserves concernant la suppression d'un principe d'égalité. Dans le 1er degré les concours sont académiques. Dans le 2nd degré ils sont nationaux, l'Etat décide pour vous de votre affectation n'importe où en France. Lorsque vous êtes parisien et souhaitez le rester ce n'est pas un véritable problème. Vous savez bien que ce n'est pas le cas de la grande majorité des prof du 2nd degré, recrutée en province et dont certains aspirent, un jour, à retourner. Comme tous les autres lauréats d'un concours national, ils acceptent (lorsqu'ils ne démissionnent pas avant, ce qui arrive de plus en plus) de servir là où on les envoie avec la promesse qu'ils auront plus tard le choix. En recrutant localement nous les priverions de cette contrepartie tacite d'égalité d'affectation. Ce serait changer les règles en cours de route, au cours parfois d'une très longue route à boucher les trous ici et là. Ce serait profondément injuste pour ne pas dire indigne. Il fallait le leur annoncer avant de s'engager, sans doute certains l'auraient alors fait dans le privé sous contrat, ou en tant que contractuels voire pas du tout ! Imaginez donc le tableau pour les étudiants de demain, un métier qui ne réunirait plus que les inconvénients du public (salaire, affectation lointaine, conditions difficiles, DRH fantomatique) et du privé ("inégalités" et/ou arbitraire et/ou autoritarisme) réunis mais sans les contreparties de quel côté que ce soit. 

          J'ai choisi très tôt ce métier par vocation en sachant à peu près dans quoi je m'engageais. Si vous m'aviez proposé cette définition du service public dans le 2nd degré, vocation ou pas, je ne m'y serais probablement pas aventuré.

          Par ailleurs, le projet peda d'un établissement entre aussi en ligne de compte pour les collègues qui demandent leur mutation, il peut constituer le critère décisif de leur choix. Et fort heureusement, notamment pour les collègues qui font parfois leur moitié de leur carrière dans le même établissement, le projet peda est amené à évoluer en fonction de la dynamique et des objectifs des équipes.

          La certification est une idée intéressante si elle est basée sur le volontariat et pourrait même être étendue au lycée puisque les professeurs passent le même concours. Cela changerait il leur statut ? Quid de ceux qui resteraient monovalents ? La voyez vous comme une condition Sine Qua None à la revalorisation due à tous ? Quid des professeurs déjà bivalents ? 


          Veuillez excuser le côté un peu décousu de mes propos, j'ai tâché d'aborder chacun des points soulevés sans pour autant harmoniser l'ensemble ^^'

          Dans cet intérêt réciproque,

          Bien à vous
  • EricPLP, le 13/12/2019 à 19:16
    L'impression d'une étape supplémentaire dans le dénigrement. "repenser la carrière des enseignants et l'organisation du travail", c'est du langage macronien qui signifie simplement : travailler nécessairement plus pour gagner plus. D'ailleurs avec les déclarations récentes du gouvernement, il s'agirait plutôt de travailler plus pour ne pas perdre du pouvoir d'achat, le gel du point d'indice semblant comme acté et définitif ... ?! 
    Cette volonté suppose d'abord, il aurait fallu le préciser, que les enseignants ne travaillent pas assez, ce qui est contredit dans votre autre article.
    Ensuite imposer deux heures supplémentaires ... il aurait fallu préciser dans votre article que le but premier et principal c'est de faire des économies en confirmant la suppression de postes et en autorisant d'autres ! D'ailleurs c'est le même principe des différentes réformes ou changements : non redoublement, BAC PRO 3 ans, CCF ... uniquement économique comme but premier et principal !
    Et avant de vouloir optimiser un système en prenant les enseignants pour des machines, il faudrait peut-être qu'il fonctionne, ce qui est loin d'être le cas, d'autant plus avec les conditions de travail qui se détériorent (gros effectifs, pas de soutien réel de la hiérarchie, manque d'estime pour la profession cautionné par le gouvernement, baisse des rémunérations par le gel du point d"indice etc) et condamnées à continuer à se dégrader (management qui tend de plus en plus vers le privé avec suppressions des CAPA, subordination renforcé pour les CDE et inspecteurs, primes au mérite à venir qui vont anéantir le droit de grève etc).
    Nous avons un gouvernement ultralibéral qui ne respecte pas ses enseignants, fonctionnaires dont le statut est voué à disparaître, et sur lesquels il faut des économies à tous les niveaux : suppressions de postes en répartissant des heures sup en conséquences, gel du point d'indice, et maintenant l'enfumage sur les retraites ...

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