Anglais : Les clés du succès ? 

Il y a des réformes qui marquent des points. Celle de l'enseignement des langues le faut au moins pour l'apprentissage de l'anglais. On le savait depuis la publication des premiers résultats de l'enquête CEDRE menée par la Depp (division des études du ministère) en 2017. La Depp publie un rapport complet qui donne à voir aussi bien les pratiques de classe et leur évolution que celles des élèves en dehors de la classe. Si le niveau progresse c'est bien que les enseignants ont fait évoluer leurs pratiques pédagogiques.

 

Des progrès à l'école...

 

Menée en 2016, l'enquête CEDRE étudie de façon précise les compétences d'un échantillon d'élèves en fin d'école et fin de collège. La publication de la Depp donne des exemples d'items proposés lors des évaluations. Une partie d'entre eux proviennent des évaluations de 2004 et 2010. On a ainsi sur 12 années une idée précise de l'évolution de l'enseignement de l'anglais.

 

A l'école, l'évaluation marque une stabilité dans le niveau en compréhension de l'oral mais une hausse importante de la compréhension de l'écrit. "A l’oral, on note une évolution différenciée des performances, selon le degré de complexité des compétences évaluées. A titre d’exemple, lorsqu’il s’agit de reconnaître à l’oral le lexique le plus courant et quelques expressions figées mémorisées (« connaître et reconnaître »), les élèves de 2016 sont aussi performants que ceux de 2010 (70 % en 2016 et 71 % en 2010). En revanche, ils sont un peu moins nombreux qu’en 2010 à maîtriser les compétences orales plus complexes telles que « dégager les principales informations» (72,3 % en 2016 contre 74,3 % en 2010)... A l'écrit, on note " une différence de réussite selon la complexité en jeu. Comprendre du lexique de la vie quotidienne ou de courtes phrases dans des textes écrits pose de moins en moins de problèmes aux élèves du primaire, qui réussissent mieux qu’en 2010 et a fortiori qu’en 2004 (64,9 % en 2016 contre 62,4 % en 2010 et 61,9 % en 2004). C’est la démarche de construction du sens à partir d’indices pluriels et variés qui pose davantage problème aux écoliers : 61,5 % en 2016 contre 62,4 % en 2010, soit une différence de réussite de 3,5 points entre les deux compétences". Il apparait que les filles sont meilleures que les garçons. Surtout l'écart selon le profil social des élèves augmente.

 

Limités notamment par le recrutement des enseignants

 

Par contre dans les travaux d'expression les progrès sont nettement plus faibles. En expression écrite le niveau est stable. " Il est important de souligner que les enseignants du primaire entrainent moins leurs élèves à l’expression écrite qu’à l’expression orale, notamment. En effet, 78,7 % d’entre eux déclarent dans le questionnaire qui leur a été soumis entrainer leurs élèves dans cette activité langagière « jamais », « très rarement », « rarement » ou « parfois »", explique la Depp. En expression orale, l'évaluation de 2016 est la première du genre. Et elle est médiocre. " Seulement 54,4 % des élèves (un peu plus d’un élève sur deux) s’expriment dans une langue globalement compréhensible, malgré quelques erreurs ou dans une langue correcte (avec des erreurs n’entravant pas la compréhension par l’évaluateur)".

 

L'enquête montre que les élèves aiment moins l'anglais et s'investissent moins qu'en 2010. "Ils sont moins nombreux qu’en 2010 à oser prendre la parole (67,4 % en 2016 contre 75,7 % en 2010) ; ils sont également moins nombreux à aimer lire des albums en anglais (40 % en 2016 contre 46 % en 2010) et ils sont également moins nombreux à aimer les enquêtes ou interviews (49 % en 2016 contre 55,8 % en 2010)".

 

Pourtant les enseignants mettent l'accent sur l'oral : 85% pratiquent souvent l'expression oral en interaction. Mais l'enquête souligne le fait que seulement 63% des professeurs du 1er degré ont l'habilitation pour enseigner l'anglais. " moins d’un quart d’entre eux déclarent se rendre régulièrement dans un pays anglophone ; seuls 26% communiquent souvent en anglais avec des locuteurs natifs et à peine quatre enseignants sur dix consultent régulièrement des sites internet en anglais"

 

Au collège les progrès sont nets...

 

La compréhension de l'oral progresse nettement. "On constate une nette progression des taux de réussite globale aux items communs 2010-2016 en compréhension de l’oral : 58,5 % de réussite contre 50,9 % en 2010, soit plus de 7 points à six années d’intervalle. Une analyse plus fine des compétences évaluées indique pour l’ensemble des élèves une hausse significative des performances : plus 7 points pour « repérer l’information explicite » (53,3 %) et pour « construire le sens » (61,6 %). Cette dernière compétence est plus difficile à maîtriser car l’élève ne peut s’appuyer que sur ses connaissances linguistiques pour accéder au sens ; il ne peut pas avoir recours à des stratégies compensatoires ou des compétences transversales". On observe un net écart selon la composition sociale des collèges au détriment de splus populaires. En compréhension de l'écrit les progrès sont encore plus importants qu'à l'oral.

 

Et en lien avec le premier degré...

 

Comment l'expliquer ? " D’une manière générale, plus les élèves ont commencé tôt l’apprentissage de l’anglais, meilleurs ils sont en fin de 3e. Cette tendance s’observe de manière encore plus marquée pour les élèves évalués en 2016". Mais la Depp émet un doute . " En effet, les activités langagières auxquelles les élèves sont le plus entraînés à l’école sont la compréhension et l’expression orales. Comment le nombre d’années d’apprentissage en primaire peut-il jouer à ce point et rendre les élèves plus performants en compréhension de l’écrit en fin de 3ème ?"

 

"Le temps et la qualité d’exposition à la langue en dehors des cours peut également avoir joué un rôle prépondérant dans la hausse des résultats depuis 2010", note la Depp. En effet le pourcentage d'élèves qui regardent souvent des émission ou des vidéos en anglais a nettement augmenté : de 4 à 16% pour ceux qui regardent plus d'une fois par semaine par exemple.

 

Et avec les pratiques enseignantes et des élèves

 

Mais selon la Depp cela tient aussi à la gestion de la classe. " Le nombre d’élèves déclarant travailler en groupes « la moitié du temps » ou « presque tout le temps » a en effet doublé en 6 ans, passant de 12 % à 24 % en 2016".

 

En expression écrite les résultats sont un peu moins bons en 2016 qu'en 2010.  80 % des enseignants d’anglais déclarent pourtant entrainer leurs élèves dans cette activité langagière « souvent » ou « très souvent ». Pour la Depp l'expression écrite en anglais rejoint un problème général de difficultés à s'exprimer à l'écrit pour les élèves.

 

En expression orale, " c’est la difficulté du traitement syntaxique, morphosyntaxique et lexical en temps réel qui semble la caractéristique commune d’une large majorité d’élèves. Celle-ci apparaît comme symptomatique d’un manque de pratique de l’expression orale en continu mais surtout en interaction... les difficultés d’expression que rencontrent plus de la moitié des élèves peuvent sans doute s’expliquer par le peu d’occasions qu’ont les apprenants de pratiquer la langue, c’est à dire entrainer leur appareil articulatoire, procéder à ce jeu d’essais-erreurs indispensable à tout apprentissage, recevoir des rétroactions positives ou négatives permettant de s’auto-évaluer, essayer de résoudre les problèmes de communication et enfin, prendre plaisir à l’expression en continu ou en interaction".

 

Le principal élément de cette étude reste l'impact de l'augmentation de l'exposition à l'anglais au primaire. C'est là où les progrès peuvent être faits le plus facilement. C'est ce que le Québec teste à grande échelle en ce moment. Mais cela suppose un véritable effort de formation et de soutien des professeurs des écoles. Lors d'une récente conférence de consensus, le Cnesco demandait le rétablissement d'une option langues au concours des PE.

 

F Jarraud

 

L'enquête Cèdre

Ses premiers résultats en 2017

Conférence de consensus Cnesco

L'enseignement intensif au primaire au Québec

Les réformes de BLanquer pour l'apprentissage des langues

 

 

 

 

Par fjarraud , le jeudi 06 juin 2019.

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