Violence scolaire : JM Blanquer recycle les mesures annoncées depuis l'automne 

Annoncées pour décembre, puis repoussées de mois en mois, les mesures contre la violence scolaire vont être prises "dans  quelques jours", a promis JM Blanquer sur BFM le 5 avril. Une nouvelle fois, le ministre a annoncé des "sanctions pécuniaires" sur les familles dont un enfant est violent et des "structures pour les élèves exclus". Des mesures déjà annoncées le 26 octobre, qui empruntent directement chez les gouvernements précédents, sans répondre aux demandes du terrain...

 

Conséquences pécuniaires pour les familles

 

 "Il y a une série de formules juridiques permettant de dire aux familles que s'il n'y a pas de rectifications il y aura des conséquences pécuniaires". JM Blanquer est resté encore évasif le 5 avril sur BFM dans ses annonces, affirmant que "ce ne serait pas les allocations familiales" et laissant entendre que ce pourrait être des amendes. "Ce n'est pas encore tranché", dit-il tout en annonçant une déclaration dans les jours à venir. Sur un seul point il est formel : des structures pour poly exclus vont voir le jour.

 

Curieusement JM Blanquer est resté muet sur la seule mesure dont on est certain qu'elle va être publiée : la modification des conseils de disciplines qui devraient être resserrés et décider plus rapidement. Le texte a été soumis aux syndicats.

 

Pour le reste , nous voilà revenus au 26 octobre , au moment où en plein mouvement #pasdevagues le gouvernement cherchait la réponse aux problèmes de violence scolaire.

 

Sans aucune originalité, il est allé chercher les mesures que X Darcos ou N Sarkozy avaient déjà proposées sans tenir compte de tout le travail réalisé par la délégation ministérielle à la lutte contre la violence scolaire depuis 2011.

 

Les mesures "d'implication des familles" ont été essayées et n'ont pas fait leurs preuves. La suppression des allocations familiales, soutenue avec obstination par Les Républicains depuis des années, a été appliquée sous Sarkozy. En Angleterre où elle existe depuis des années (elle va même jusqu'à la prison pour les parents) elle n'a pas plus fait ses preuves. Dans un numéro récent de la revue Administration et éducation (n°159), Xavier Pons en fait l'exemple même du "populisme éducatif" : une mesure soutenue par l'opinion mais à efficacité nulle. JM Blanquer écarte la suppression des allocations familiales. Mai sil annonce des amendes ce qui revient au même.

 

Centres spéciaux pour les polyexclus

 

La création de centres spéciaux pour les élèves exclus est aussi une vieille mesure. Le 26 octobre, le gouvernement avait annoncé l'ouverture de 20 centres éducatifs fermés. On compte aujourd'hui 52 centres qui abritent environ 1500 jeunes une partie de l'année (en moyenne 4 mois). Ces centres, qui comptent chacun environ 12 jeunes et 26 adultes, sont fermés au sens où ils sont la résidence obligatoire de ces jeunes. Ils hébergent obligatoirement des multirécidivistes. Problème : ces centres coutent très cher puisque chaque jeune coute en moyenne 16 300 euros par mois. Ouvrir 20 centres représente environ 40 millions, soit 1150 emplois d'enseignants ou presque le double en surveillants. Et cela pour 240 places.

 

L'annonce de "centres d'accueil de jour" avec un encadrement "qui peut devenir éducatif mais aussi de militaires ou de policiers" avait déjà été faite en octobre. A moins d'inventer de nouvelles structures ce pourrait être les actuelles classes relais ou les accueils en associations comme cela se pratique déjà. Dans les deux cas la question reste celle du retour dans l'établissement au bout d'un délai court. La mise à l'écart est temporaire et c'est une bonne chose pour des jeunes qui sont en obligation scolaire. Mais seul le travail pédagogique peut permettre que le retour à l'Ecole soit profitable. Or là dessus rien n'est annoncé à ce jour, bien au contraire.

 

Les réponses du terrain

 

En octobre dernier, les syndicats avaient réagi aux annonces de JM Blanquer, N Belloubet et C Castaner. "Nous n'avons pas besoin de policiers à demeure dans les établissements mais de travailler en partenariat et de pouvoir apporter une réponse rapide quand c'est nécessaire", répondait le Snpden Unsa, le premier syndicat de chefs d'établissement, dans un tweet. Il ajoutait : "Ce qui se fait déjà très bien dans beaucoup d'établissements".

 

Le Snuipp 93 remontait lui à être l'origine des incidents. " En Seine-Saint-Denis, entre 2007 et 2012, 160 postes de RASED ont été supprimés. Quel âge ont les élèves pour lesquels le travail de prévention des rééducateurs (maîtres G des RASED) a cessé d'être conduit, en maternelle et en élémentaire ? Depuis combien d'années maintenant les psychologues scolaires débordés sont centrés sur les dossiers d'orientation plutôt que sur l'accueil des enfants en souffrance et de leur famille ?", interrogeait-il. " Les suppressions de postes de ces années noires ont provoqué une dégradation générale de la qualité de l'enseignement : non-remplacement massif, embauche de contractuels non formés".

 

Six mois plus tard, la réflexion ministérielle semble tourner en rond et recycler les fausses solutions de l'ère  Sarkozy.

 

F Jarraud

 

Les mesures annoncées le 26 octobre

La déclaration du 31 octobre

Violence scolaire : il est temps d'écouter les profs

Debarbieux : Les profs méprisés

X Pons et le populisme éducatif

Snuipp 93

 

 

Par fjarraud , le lundi 08 avril 2019.

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