Menaces : Les syndicats dénoncent une crise d'autoritarisme du ministre 

Que faire alors que le ministère invite les recteurs et Dasen à sanctionner les professeurs qui n'ont pas fait passer les évaluations nationales ? Francette Popineau , co-secrétaire générale du Snuipp Fsu, et Stéphane Crochet,  secrétaire général du Se Unsa, craignent la crise d'autoritarisme ministérielle. Ils se tiennent prêts à accompagner les enseignants qui seraient menacés de sanction.

Un durcissement inattendu

 

La publication le 12 mars de la lettre envoyée par le DRH du ministère aux recteurs et Dasen a jeté un froid. Dans cette lettre, E Geffray déclare que "la participation aux évaluations des élèves relève des obligations de service des enseignants. Dans ces conditions, le refus de procéder à l'évaluation des élèves constitue une faute professionnelle". Il conclue en appelant les recteurs " à apprécier le comportement de chacun des professeurs concernés et le respect de la procédure disciplinaire prévue". La lettre annonce probablement des enquêtes des Dasen vers les inspecteurs et des explications demandées par ceux ci aux enseignants.

 

Ce durcissement ministériel arrive alors qu'une large intersyndicale a interpellé en janvier le ministre sur l'inefficacité des évaluations et leur peu d'intérêt pour le suivi des élèves. Le caractère non scientifique d'évaluations passées dans des conditions fort différentes d'une classe à l'autre ne fait aucun doute. Les enseignants ont souvent souligné les retombées négatives de ces évaluations. Dans une réponse aux 6 syndicats le ministre écarte toutes ces remarques. Mais rien ne laissait prévoir cette chasse aux fautes professionnelles.

 

Les enseignants n'ont pas commis de faute

 

"C'est un signe de fébrilité", nous dit F Popineau. "Cela prend une dimension disproportionnée. Le ministère parle de faute professionnelle alors que les enseignants ne commettent pas de fautes. Ils évaluent leurs élèves. Ils sont ne règle avec les programmes et la loi de 2013. Ils ne cèdent pas à la pression  pour une évaluation qui ne leur est pas utile. Les familles savent que les enseignants ne délaissent pas leurs élèves. On est très loin de l'école de la confiance. On est en pleine crise d'autoritarisme".

 

F Popineau juge que "le ministre est capable" de passer à l'acte mais qu'il faut "espérer que la raison l'emporte. Sanctionner des gens qui travaillent tous les jours pour un salaire aussi bas parce qu'ils n'ont pas répondu à une commande ministérielle que même le Depp juge inutile, ça poserait question".

 

Dans l'immédiat, pour F Popineau, il va falloir "dialoguer avec l'inspecteur et faire le pari de l'intelligence. Si le ministre veut nous faire faire des évaluations à tous crins, on fera des évaluations sous la contrainte qui n'auront aucun sens". En attendant le Snuipp se prépare à défendre les enseignants qui seraient  inquiétés.

 

De l'école de la confiance à l'école de l'obéissance

 

"Le Se-Unsa se met en capacité d'accompagner tous les collègues qui seront l'objet d'interpellations individuelles", nous a dit Stéphane Crochet, secrétaire général du Se-unsa. "Pour nous, le ministre troque l'école de la confiance pour l'école de l'obéissance. Après plusieurs tentatives de discussions de la part des organisations syndicales sur les évaluations nationales et une réunion devant déboucher sur d'autres rendez-vous, le ministre fait le choix du rappel à l'ordre et de la menace".

 

S Crochet annonce "avoir pris immédiatement contact avec le cabinet du ministre". Pour lui, "si le droit est du côté du ministre, faire l'impasse sur la conviction des professionnels est une erreur".

 

F Jarraud

 

Le ministère menace les enseignants

 

 

 

Par fjarraud , le mercredi 13 mars 2019.

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