Evaluations, réformes : Le ministère menace les enseignants  

"Vous veillerez à apprécier le comportement de chacun des professeurs concernés". Dans une lettre adressée aux recteurs et aux Dasen le 8 mars, le ministère de l'éducation nationale hausse le ton et menace clairement les enseignants qui refuseraient de faire passer les évaluations nationales ou d'en donner les résultats. Parallèlement, des enseignants qui notent 20/20 des contrôles sont aussi menacés par des chefs d'établissement.  Alors que les syndicats appellent à des mobilisations tout au long du mois de mars pour obtenir une revalorisation et un report des réformes, le ministère semble décidé d'aller à l'affrontement.

 

"Apprécier le comportement de chacun des professeurs"

 

 La lettre envoyée aux Dasen et aux recteurs par Edouard Geffray, directeur général des relations humaines du ministère de l'éducation nationale, menace clairement les enseignants n'ayant pas fait passer les évaluations de Cp, Ce1 et 6ème ou qui ne donnent pas les résultats.

 

Le DRH de l'éducation nationale rappelle l'article 2 du décret 90-680 du 1er aout 1990 relatif au statut particulier des professeurs des écoles et l'article 2 du décret 2014-940 du 20 aout 2014 pour les enseignants du second degré. Pour lui "la participation aux évaluations des élèves relève des obligations de service des enseignants. Dans ces conditions, le refus de procéder à l'évaluation des élèves constitue une faute professionnelle". E Geffray conclue en appelant les recteurs " à apprécier le comportement de chacun des professeurs concernés et le respect de la procédure disciplinaire prévue".

 

L'avertissement des syndicats

 

Ce subit durcissement de la position ministérielle, alors que le problème existe depuis des mois, est certainement à prendre au sérieux. C'est que les évaluations suscitent une résistance très forte. Le 14 janvier, une large intersyndicale du premier degré (Snuipp Fsu, le Se Unsa, le Sgen Cfdt, Sud, FO et la CGT) a écrit à JM Blanquer pour signaler les problèmes posés par ces évaluations.

 

" Enquêtes et témoignages montrent que ces évaluations sont inadaptées aux jeunes élèves de CP et sont facteur de stress. Les consignes officielles de passation, source de confusion et de difficultés, ont dû être adaptées le plus souvent par les personnels. De fait, les résultats ne peuvent être considérés comme fiables et ne sont donc d’aucune aide aux enseignants sur les acquis des élèves. La saisie extrêmement chronophage ainsi que la dépossession de l'analyse des résultats n'ont fait qu'accentuer le malaise ressenti par les enseignants, réduits à de simples exécutants de tâches subalternes", expliquent les syndicats au ministre.

 

" La manière de mener les évaluations standardisées montre une grande confusion sur les objectifs des différentes formes d'évaluation dans et du système éducatif. Ce qui nourrit des inquiétudes quant aux visées du ministère dans l'évaluation des établissements", écrivent les syndicats.

 

S'agissant des évaluations de février, les syndicats mettaient en garde le ministre. " Si l'objectif est d'évaluer le système éducatif, nous disposons déjà de beaucoup d’évaluations nationales et internationales et des évaluations sur échantillon sont suffisantes, nul besoin donc de les généraliser... A moins qu’il ne s’agisse d’utiliser ces évaluations pour imposer des pratiques, réduire la liberté pédagogique, pourtant nécessaire à l’efficacité d’enseignements adaptés aux besoins des élèves, voire  pour évaluer le travail des enseignants au travers des résultats des élèves. Le ministère assure qu'il n'en est rien, il est permis d’en douter", disent de façon unanime les syndicats.

 

Et ils réagissaient aux premières pressions. " Les premières pressions exercées par les corps d’inspection pour imposer telle méthode de lecture, l’usage d’un manuel, ou promouvoir des partis pris faisant fi de l'ensemble des résultats de la recherche n’ont qu’un but : imposer une idéologie pédagogique et mettre au pas les enseignants". Les six syndicats demandaient l'abandon des évaluations.

 

Dans sa réponse, le ministre contestait toutes les critiques et estimaient que les évaluations ne posent pas de problème ni pour la passation, ni sur leur utilité et finalité. Du déni exprimé le 16 janvier on passe maintenant à une nouvelle étape.

 

Pressions sur des professeurs de lycée

 

Les enseignants des écoles et des collèges ne sont pas seuls à subir ces pressions. Des professeurs des lycées qui utilisent le 20/20 comme arme pour protester contre la réforme du lycée sont aussi menacés. Au lycée J Verne de Nantes, les enseignants viennent de recevoir une lettre de leur proviseur les mettant en demeure de rectifier rapidement "ce qui relève de la faute professionnelle et potentiellement du délit". Car le proviseur est allé puiser dans le code pénal estimant que les bulletins portant ces notes sont des faux. "Les enseignants qui persisteront devront assumer seuls leurs responsabilités le cas échéant devant les juridictions compétentes", écrit le proviseur.

 

"Depuis une semaine c'est la panique au rectorat à cause de Parcoursup", nous a dit Benoit Picherit, responsable du Snes dans un autre lycée nantais où un professeur sur trois a saisi un devoir noté 20/20 pour tous les élèves. "Ce qui pose problème au rectorat c'est que Parcoursup clot les voeux le 14 mars et la saisie le 3 avril. Plusieurs dizaines de lycées ont ainsi attribué des 20/20 aux élèves ce qui rend Parcoursup inutilisable. Au lycée Balzac de Mitry Mory (77) une quarantaine d'enseignants ont attribué une note trimestrielle de 20/20 à des élèves de seconde. Ils veulent empêcher la sélection opérée pour les spécialités de 1ère et assurer la promesse ministérielle du libre choix.

 

Le précédent de 2011...

 

Ce n'est pas la première fois que des enseignants défient le ministère et que celui ci menace. En 2008, X Darcos avait rencontré une vive résistance des "désobéisseurs" quand il avait voulu forcer une évolution rétrograde de l'école primaire.  En 2011, L. Chatel avait aussi menacé des enseignants qui refusaient déjà les évaluations nationales voulues par son directeur de l'enseignement, JM Blanquer.

 

Dans ces deux cas, les ministres ont sanctionné des enseignants. Ils ont ainsi peut-être répondu a un appel d'autorité qui existe bien dans le pays . Et ils se sont fait plaisir. Mais ils ont vite perçu les limites de cette politique. Les sanctions n'ont rien changé sur le terrain au contraire si ce n'est renforcer et durcir la solidarité des enseignants envers les victimes de la répression. Tout simplement parce que les enseignants "désobéisseurs" étaient trop nombreux pour pouvoir être sanctionnés. Presque 10 ans après les faits, le ministère n'est toujours pas capable d'imposer ses fichiers élèves à toutes les écoles. Il a trainé durant des années une opposition sourde mais très active et un sentiment de méfiance généralisé envers le ministère et la hiérarchie. Sentiment que le baromètre Unsa et aussi Talis (Ocde) ont suffisamment pointé. Parler d'école de la confiance ou user du bâton, il faut choisir...

 

François Jarraud

 

La lettre ministérielle

L'intersyndicale

En 2011 déjà...

Et en 2008

La promesse du libre choix

 

 

 

 

 

Par fjarraud , le mardi 12 mars 2019.

Commentaires

  • VallMick, le 19/03/2019 à 23:36
    Bonsoir,

    Au risque de paraître désagréable, il me semble qu'une personne faisant des généralités du type "j'ai eu le plaisir de croiser le fer avec quelques barbus hirsutes, à l'hygiène douteuse", des termes comme "une liste anti-gauchos" n'est pas très crédible en ce qui concerne l'analyse d'un problème. 

    "Enseignant en blouse blanche, ayant peu le temps de s'échapper de son labo, je regrette d'avoir manqué trop d'occasions de m'opposer frontalement aux trop nombreux démolisseurs de notre institution" : j'imagine donc que le travail en équipe, la communication, le respect de l'autre n'était pas la qualité première de cette personne. Je fais partie des enseignant en blouse blanche, et cela ne m'empêche pas de communiquer, de respecter les autres et de sortir de mon labo. Avoir une blouse blanche n'implique pas d'avoir une haute opinion de soi-même comme le laisse apparaître la phrase : "il a encore (et beaucoup) de Professeurs (et non de "profs", mot exécrable) qui se contentent de faire passionnément leur métier, pour une poignée de haricots, en respectant les consciences et sans jouer les agitateurs." Il y a ici clairement un sous-entendu d'appartenance à ce groupe. 

    "merci à JM Blanquer pour sa volonté (au moins affichée) de nettoyer les écuries d'Augias." : Cette phrase est d'une puérilité déconcertante. Elle témoigne d'un manque de respect total envers la personne qui ne pense pas comme son auteur, qui compare ouvertement et littéralement cette personne à de "la merde". Comment peut-on à ce point mépriser ses collègues ? Comment peut-on se croire aussi "au-dessus" des autres à ce point ?

    Mise à part cette expression scandaleuse sur un tel forum, qui se veut être un outil de partage d'opinions sur un sujet, je vais tout de même aller dans votre sens en ce qui concerne la notation de 20/20. J'y ai participé durant le second trimestre dans l'objectif de contribuer à un mouvement permettant d'attirer l'attention sur les difficultés qu'entraîne la réforme. Les notes ont finalement été rectifiées pour le conseil de classe par la plupart des collègues, car les parents et les élèves doivent avoir les résultats les plus significatifs possibles de l'évaluation afin de prendre des décisions, en particulier sur l'orientation. Néanmoins, à la décharge des collègues qui ont maintenu le 20/20, les élèves ont tout de même leurs résultats d'évaluation sur leurs copies, et les parents peuvent toujours contacter l'enseignant en question pour obtenir des informations. Si la famille demande, l'enseignant répond évidemment.

    Ce qui m'a fait participer à ce mouvement, c'est l'apparition de difficultés "opérationnelles". Sans en faire la liste exhaustive, on peut citer :
    => Changer les programmes de seconde et de première la même année (avec un récent message des IA-IPR pour nous inciter à aborder certains points du nouveau programme dès maintenant...)

    => Demander aux élèves de faire 4 vœux de manière à pouvoir optimiser les spécialités (ce n'est pas de la propagande de syndicats, c'est une réalité. Je précise, afin d'éviter des sous-entendus cinglants de la part de deux commentateurs assez "extrémistes", que JE NE SUIS PAS SYNDIQUE), quitte à ce que l'élève se voit attribuer une spécialité qu'il n'a pas demandé dans les cas les plus délicats. (C'est écrit dans une note officielle, ce n'est pas une légende). La cohérence avec le projet communiqué officiellement n'est pas évidente !  De façon opérationnelle, les chefs d'établissement ne peuvent pas proposer toutes les combinaisons possibles et imaginables. Il y aura des menus et non pas une carte, et donc finalement des filières... On passe de 3 filières générales à une bonne huitaine... et si on les appelait A, B, C, D ? ...

    => Des difficultés pour obtenir des dédoublements de classe, même si ces dédoublements sont justifiés par les contenus de programmes (en particulier en physique, nous avons du nous battre alors que les programmes sont assez explicites en ce qui concerne la dimension expérimentale) et justifiés par notre IA-IPR. En nous battant, "en jouant les agitateurs", nous n'avons pas "saboté l'institution que nous sommes sensé servir", nous avons simplement obtenu le moyen de parvenir à "appliquer la politique scolaire décidée par le gouvernement, émanation de la majorité démocratiquement élue".

    => Le problème de l'abandon d'une spécialité en terminale: la méconnaissance des attendus précis des écoles dans l'enseignement supérieur qui peut conduire à des impasses pour certains élèves qui n'auraient pas abandonné "la bonne" (en particulier dans les écoles sélectives)

    Il n'y a pas de "bien et de mal". La vision "moi je suis un vrai bon prof consciencieux" versus "lui, c'est un gaucho barbu syndiqué" est très caricaturale, n'a pas de sens, et témoigne d'une certaine présomption. Les choses sont évidemment beaucoup plus compliquées que ça.

    Un agent de l'état doit rester à sa place, mais doit pouvoir communiquer son opinion librement (article 6 de la fameuse loi "Le Pors"), et rendre compte d'incohérences et des difficultés repérées sur le terrain, tout comme le ferait un technicien ou un opérateur en détectant une anomalie dans un process.

    "Le ministre de l'éducation nationale fait son travail avec compétence, pragmatisme, détermination et autorité, c'est une petite révolution  dans cette grande maison qui par lâcheté, avait  pris l'habitude d'obéir aux syndicats." : Les anciens ministres de l'éducation nationale apprécieront de n'avoir pas été compétents, pragmatiques, déterminés, sans autorité, et d'avoir été des lâches. Ces mêmes ministres qui ont été les supérieurs de la personne qui a écrit ces mots. Cette personne a donc du respect pour un ministre qui n'est plus son supérieur, mais n'a manifestement pas eu de respect pour ses anciens patrons...
  • jeroem, le 13/03/2019 à 17:52

    En lisant les positions tellement légalistes de Sergio 33210 et de Philippe55, je me rappelle que e Ministère et le gouvernement, qui investissent beaucoup dans la communication pour faire passer leur réforme, sont tout à fait capables de se payer un ou deux conseillers politiques du cabinet du Ministre, ou un ou deux trolls pour aller tenter de saper le moral des collègues sur un site notoirement connu pour ses positions critiques envers la politique éducative actuelle, en tentant de se faire passer pour des « profs ».

    De la même façon que la Russie paye des trolls pour aller spoiler des sites de discussion de ses clichés racistes, ou que la police française fait parfois le boulot de casseurs pour déconsidérer un mouvement social (ça s’est vu…depuis le 19ème siècle), un gouvernement sans scrupule ne se priverait pas de ce genre de procédé… Bonsoir, messieurs.


    • sergio33210, le 15/03/2019 à 15:01
      Merci, j'ai beaucoup ri, ce qui n'est pas si fréquent...et cela m'a tellement rajeuni, d'entendre cette logomachie. Donc, nous serions, Philippe55 et moi, des "conseillers en com' du ministre", ou des "policiers infiltrés", des "trolls de Poutine", en bref des "jaunes" (sans gilet, heureusement). Il ne manque plus que "vipères lubriques" et "cas psychiatriques" pour avoir la panoplie totale. Cela m'a rappelé mes rares incursions en salle des professeurs, où j'ai eu le plaisir de croiser le fer avec quelques barbus hirsutes, à l'hygiène douteuse. Enseignant en blouse blanche, ayant peu le temps de s'échapper de son labo, je regrette d'avoir manqué trop d'occasions de m'opposer frontalement aux trop nombreux démolisseurs de notre institution (ce que mon éthique personnelle m'interdisait de faire devant des élèves ou leurs parents). 
      Donc, au risque de me répéter (toujours le "papy sénile") il a encore (et beaucoup) de Professeurs (et non de "profs", mot exécrable) qui se contentent de faire passionnément leur métier, pour une poignée de haricots, en respectant les consciences et sans jouer les agitateurs. Beaucoup de collègues pensaient comme moi, puisqu'il m'a suffi, à maintes reprises, de présenter une liste anti-gauchos (apolitique et asyndicale) aux élections du C.A. pour rafler 40% des voix : l'hostilité, sinon la haine, soulevée, à chaque fois par ce résultat en dit long ; mais la majorité silencieuse existe aussi à l'E.N.
      Vous ne prospérez que parce que les gens se couchent ou fuient les conflits.
    • Philippe55, le 13/03/2019 à 18:35

      La théorie du complot, c'est grotesque.

      Et pour un enseignant  c'est même très préoccupant !


  • sergio33210, le 13/03/2019 à 09:17
    à destination de Kiddy :
    a) Rien ne vous autorise à me tutoyer.
    b) On peut argumenter sans injurier : le "papy sénile" ne vous traitera donc pas de "jeune con inculte".
    c) Je conçois bien qu'être lecteur du Figaro (ce que je ne suis pas) soit l'insulte suprême pour certains gauchos qui pullulent dans l'E.N. (et qui ont souvent plus de logorrhée que de compétence professionnelle) mais, attention, quand on dit que le ridicule ne tue pas, j'ai parfois des doutes... Sans compter que les élèves, qui ont souvent du "pif", sentent très bien si l'adulte en face d'eux est haineux ou bienveillant : peut-être n'avez-vous pas toujours des heures de cours tranquilles...

    ps : merci à Philippe55 pour son soutien et sa pertinence argumentaire et merci à JM Blanquer pour sa volonté (au moins affichée) de nettoyer les écuries d'Augias.
  • Viviane Micaud, le 12/03/2019 à 09:24
    L'école de la confiance vue par Blanquer. 

    • sergio33210, le 12/03/2019 à 16:38
      Le rideau de fumée épais qui stagnait, depuis plusieurs décennies, sur notre pauvre maison se dissipe enfin : nos résultats sont devenus calamiteux et nos lycéens sont les plus coûteux d'Europe (12 k€/an/élève en moyenne): cherchez l'erreur !
      Il y a trop de profs, trop mal payés et qui ne travaillent pas assez...
      Notre taux d'encadrement est l'un des meilleurs d'Europe (14 élèves/prof en moyenne en lycée) mais de nombreuses classes sont à 35 (voire 36) ; mais de nombreuses options (non sans intérêt, mais accessoires) se font avec moins de 10 élèves, des dédoublements factices sont réalisés sans réelle nécessité, puisque sans travail EXPERIMENTAL) : à quoi servent ces heures gaspillées, sinon à faire passer la pilule du reste du service, réalisé devant des classes pléthoriques et ingouvernables.
      En Allemagne, nos collègues gagnent entre 30 et 50% de plus que nous mais travaillent 24 à 25 h/sem et partent en retraite à 65 ans...
      Il n'y a rien de scandaleux à sanctionner des idéologues qui se sont appropriés la machine Education Nationale (à leur profit, sous couvert de discours ronflants sur les "zonfon" ) : un fonctionnaire est là pour appliquer la politique scolaire décidée par le gouvernement, émanation de la majorité démocratiquement élue. Si cette politique leur déplaît, la porte est grande ouverte, personne n'est obligé d'enseigner...
      Avant d'être excommunié par les bien-pensants, dois-je préciser que je sais un peu de quoi je parle, puisque j'ai enseigné 42 ans (collège, lycée, fac, Greta, IUFM, animateur académique), toujours en service complet, sans décharge, même quand j'assurais en simultané lycée et post-bac. (et en faisant largement mes 50/55 h/sem)
      L'E.N. n'est PAS un réservoir de main-d'oeuvre mais un service pour former notre descendance, assurer la prospérité de la Nation en donnant les qualifications (de tous ordres) dont le pays a besoin (et pas seulement la main-d'oeuvre, car je vois déjà poindre d'avance le procès en sorcellerie)

      De : fjarraud
      • Marc1987, le 12/03/2019 à 23:32
        Il y a beaucoup d'erreurs dans votre commentaire.
        1) "Il y a trop de profs"  
        Faux ! moyenne OCDE dans le secondaire : 1 prof pour 13,1 élèves. En France : 1 pour 12,7. Il y en a un peu plus en France, c'est vrai, mais ce n'est pas flagrant. En revanche, si on regarde au niveau du primaire, c'est 1 pour 15 en moyenne pour OCDE, contre 1 pour 19 en France ! L'écart est énorme en notre défaveur cette fois-ci ! 
        source : https://www.education.gouv.fr/cid57111/l-education-nationale-en-chiffres.html

        2) "qui ne travaillent pas assez". "En Allemagne, nos collègues gagnent entre 30 et 50% de plus que nous mais travaillent 24 à 25 h/sem"
        Si en Allemagne les profs travaillent plus, ce n'est pas si flagrant que vous semblez le dire. Ce n'est pas 24 ou 25h mais 26 séances de 45 mins (qui sont transformés en heures pour faire gonfler le temps de travail !!). Moi je veux bien passer de 18h à 20h si mes "heures" de 55 mins devant élève sont transformés en "heures" de 45 mins!

        3) Sur la faiblesse de la rémunération, on est d'accord!

        4) "Si cette politique leur déplaît, la porte est grande ouverte, personne n'est obligé d'enseigner..."
        Mais qu'ils sont pénibles ces profs à donner leur avis sur leur profession et sur la façon dont ils voudraient pouvoir travailler avec les élèves ! Qu'ils se taisent un peu, qu'on puisse remplacer les salles de classe par des amphis, on fera des économies et on ne les entendras plus se plaindre.




        • Philippe55, le 13/03/2019 à 10:51

          Les enseignants font un travail remarquable et plus particulièrement ceux qui ne se plaignent jamais, (les plus nombreux) dignes héritiers des hussards noirs de la République, plus préoccupés par les résultats et les  conditions de travail de leurs élèves que par leur situation personnelle.   

          Oui Marc,  ils sont un peu pénibles ces profs et ces syndicats qui donnent leur avis sur tout, même sur ce qui ne les regarde pas, convaincus de détenir la vérité et prêts à se mettre en grève à chaque réforme ministérielle. Je me souviens d’échanges un peu rudes en salle des profs avec  les plus pénibles.  J’ajoute que quand seulement 20 à 25% des enseignants sont syndiqués dans notre pays, on est aussi en droit de s’interroger sur la légitimité des syndicats et leur emprise  sur le système.

          Au risque de me répéter, ce n’est fort heureusement pas aux enseignants de décider de la façon dont ils veulent travailler, mais comme le dit fort bien Sergio, leur mission est d’"appliquer la politique scolaire décidée par le gouvernement, émanation de la majorité démocratiquement élue". C’est comme ça dans une démocratie, le ministre n’a pas de compte à rendre à ses personnels mais seulement aux usagers et aux électeurs.

          Les enseignants peuvent toutefois exercer leur liberté pédagogique, dans le cadre des instructions nationales qui ne se discutent pas  et du projet d’école ou d’établissement qui définit, au niveau local les "modalités particulières de mise en œuvre des orientations, des objectifs et des programmes nationaux, ainsi que du projet académique". Il est à noter que la liberté pédagogique est une spécificité française car dans la plupart des pays l'enseignant ne peut choisir ni ses manuels, ni ses méthodes.

          Concernant les effectifs par classe (au collège et au lycée),   toutes les études internationales ont montré qu’ils n’avaient aucune incidence sur les résultats des élèves, même si j’admets volontiers que cela modifie quelque peu les conditions de travail des enseignants et des élèves.


      • Philippe55, le 12/03/2019 à 22:24
        Comme Sergio j'ai passé plus de 40 ans dans cette grande maison Education Nationale avec beaucoup de satisfactions et je souscris pleinement à son discours. 
        • Marc1987, le 12/03/2019 à 23:33
          Vous y êtes encore?
      • kiddy, le 12/03/2019 à 17:16
        mais tu mélanges tout,quel est la rapport entre le taux d'encadrement et l'article? entre l'autre qui part à la chasse aux méchants syndicats et papy sénile on se croirait sur au figaro...
    • Philippe55, le 12/03/2019 à 10:29
      L'école de la confiance n'est pas incompatible avec le devoir d'obéissance hiérarchique, inscrit dans le statut des fonctionnaires et pourtant si cher aux syndicats.
      Que l'on soit d'accord ou pas avec les réformes ministérielles, le devoir d'un fonctionnaire est de remplir correctement  la mission pour laquelle il est rémunéré par l'Etat et non de saboter l'institution qu'il est censé servir.  Pour le bon fonctionnement de l'institution, cette résistance inacceptable et illégale de quelques enseignants  extrémistes qui semblent avoir  perdu la raison doit cesser ou  être sanctionnée et les  insubordonnés n'en sortiront pas grandis.
      Le ministre de l'éducation nationale fait son travail avec compétence, pragmatisme, détermination et autorité, c'est une petite révolution  dans cette grande maison qui par lâcheté, avait  pris l'habitude d'obéir aux syndicats. 

      • Itaruvis, le 12/03/2019 à 21:34
        Bonjour,
        Vous dites : "L'école de la confiance n'est pas incompatible avec le devoir d'obéissance hiérarchique, inscrit dans le statut des fonctionnaires et pourtant si cher aux syndicats.".
        Là il faut vraiment, sincèrement, que vous nous trouviez le texte de loi qui impose le devoir d'obéissance hiérarchique.
        Merci par avance pour votre professionnalisme.
        • Philippe55, le 12/03/2019 à 21:50

          Bonsoir,

          très sincèrement je vous le trouve.

          Loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 portant droits et obligations des fonctionnaires. 
          Loi dite loi Le Pors.

          Article 28

          Tout fonctionnaire, quel que soit son rang dans la hiérarchie, est responsable de l'exécution des tâches qui lui sont confiées. Il doit se conformer aux instructions de son supérieur hiérarchique, sauf dans le cas où l'ordre donné est manifestement illégal et de nature à compromettre gravement un intérêt public.

          Il n'est dégagé d'aucune des responsabilités qui lui incombent par la responsabilité propre de ses subordonnés.


      • Jean Maurice, le 12/03/2019 à 13:23
        Bien dit. Virons donc tous ces incompétents et insoumis! Remplaçons-les par... Euh? Ben y a pas foule en fait pour faire le job! Surtout si chaque ministre vient rajouter un fardeau supplémentaire sur les épaules de ceux qui font encore tenir la république.
        C'est un cas de conscience et non d'obéissance. D'un coté perdre son temps à d'inutiles besognes pour flatter l'ego surdimensionné de certains néo-pédagogues en tongs. De l'autre, utiliser le précieux, car inextensible, temps scolaire à apprendre quelque chose à ses élèves. 


      • kiddy, le 12/03/2019 à 11:02
        "Le ministre de l'éducation nationale fait son travail avec compétence, pragmatisme, détermination et autorité "

        les FAMEUX syndicats, comme si ils ne formaient qu'une seule et même entité...t'es bien payé par LREM pour écrire ce genre de phrase?
        • Philippe55, le 12/03/2019 à 23:00
          Retraité de l'Education Nationale, après 41 ans de service dans la "grande maison" ma pension est payée par l'Etat et non par LREM, mais j'accepte les dons !
          Je n'ai rien inventé, mais seulement repris une phrase de l'article de F. JARRAUD qui écrit : "l'avertissement des syndicats ….. (une large intersyndicale du premier degré (Snuipp Fsu, le Se Unsa, le Sgen Cfdt, Sud, FO et la CGT)." Il manque effectivement le SNALC, c'est peut-être ce qui vous heurte.

          Peut-on encore dans ce pays exprimer son point de vue sans s'exposer à la raillerie ou l'invective ? 
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