Les syndicats demandent l'abandon des évaluations de mi-CP 

Nous demandons l'abandon de ce protocole d'évaluation". Cette fois-ci, c'est l'ensemble des syndicats du premier degré qui s'oppose aux évaluations de mi parcours instituées en CP pour la première fois par JM BLanquer. L'intersyndicale réunit le Snuipp Fsu, le Se Unsa, le Sgen Cfdt, Sud, FO et la CGT. Tous pointent l'inadaptation et les risques pour le métier enseignant.

 

Des évaluations de début d'année inadaptées

 

Les syndicats rappellent les critiques émis sur l'évaluation de début d'année. " Enquêtes et témoignages montrent que ces évaluations sont inadaptées aux jeunes élèves de CP et sont facteur de stress. Les consignes officielles de passation, source de confusion et de difficultés, ont dû être adaptées le plus souvent par les personnels. De fait, les résultats ne peuvent être considérés comme fiables et ne sont donc d’aucune aide aux enseignants sur les acquis des élèves. La saisie extrêmement chronophage ainsi que la dépossession de l'analyse des résultats n'ont fait qu'accentuer le malaise ressenti par les enseignants, réduits à de simples exécutants de tâches subalternes".

 

Quels objectifs pour les évaluations de mi parcours ?

 

Ils en arrivent à ces évaluations de mi parcours qui sont prévues pour la période du 21 janvier au 1er février. " La manière de mener les évaluations standardisées montre une grande confusion sur les objectifs des différentes formes d'évaluation dans et du système éducatif. Ce qui nourrit des inquiétudes quant aux visées du ministère dans l'évaluation des établissements", écrivent les syndicats.

 

" Si l'objectif est d'évaluer le système éducatif, nous disposons déjà de beaucoup d’évaluations nationales et internationales et des évaluations sur échantillon sont suffisantes, nul besoin donc de les généraliser... A moins qu’il ne s’agisse d’utiliser ces évaluations pour imposer des pratiques, réduire la liberté pédagogique, pourtant nécessaire à l’efficacité d’enseignements adaptés aux besoins des élèves, voire  pour évaluer le travail des enseignants au travers des résultats des élèves. Le ministère assure qu'il n'en est rien, il est permis d’en douter", disent de façon unanime les syndicats.

 

" Les premières pressions exercées par les corps d’inspection pour imposer telle méthode de lecture, l’usage d’un manuel, ou promouvoir des partis pris faisant fi de l'ensemble des résultats de la recherche n’ont qu’un but : imposer une idéologie pédagogique et mettre au pas les enseignants", ajoutent-ils.

 

Le risque du pilotage par l'évaluation

 

Dans son discours donné à Ludovia , en aout 2018, le ministre avait donné une finalité plus globale aux évaluations. "Le traitement des données va permettre de mener une politique éducative au plus près des besoins scolaires", disait-il. "Dès cette année on ira dans ce sens avec les évaluations de Cp Ce1 et 2de... On va établir pour chaque élève à chaque moment un état des lieux de ses forces et de ses besoins. C'est le sens des évaluations auxquelles je fais référence".  Le 2 aout, le premier ministre vantait l'opération : " une véritable culture de l’évaluation, transparente et publique, doit se déployer au service de la réussite des élèves et de la qualité de la vie scolaire".

 

Cette promesse rappelle les évaluations systématiques réalisées aux Etats-Unis depuis la loi No Child Left Behind.  La loi NCLB a mis en place des batteries d 'indicateurs pour évaluer les objectifs à atteindre. Les résultats sont publics, ce que prévoit aussi le gouvernement. On obtient ainsi une évaluation de chaque établissement, un thème porté aussi par JM Blanquer. L'avenir des écoles et établissements est lié aux résultats aux tests. Dans plusieurs Etats on a lié aussi "tout naturellement" le salaire et l'emploi des enseignants aux résultats des évaluations. Des primes au mérite ont vu le jour , attribuées aux enseignants obtenant les meilleurs résultats aux tests jugés infaillibles. Les Etats-Unis sont revenus sur la loi NCLB et sur ces tests aux effets pervers.

 

Le ministre sommé de s'exprimer sur ses intentions

 

C'est donc bien aussi sur les intentions finales de ces évaluations que les syndicats s'opposent aux évaluations. Pointé du doigt par les syndicats avec ces évaluations à l'américaine, le risque d'évaluation individuelle de tous les enseignants de CP demeurera si l'évaluation de Ce1 a lieu à la rentrée 2019.

 

Si cette lettre commune envoyée au ministre est très claire pour dénoncer ce qui se trame avec cette évaluation, elle laisse au ministre la possibilité de s'exprimer avant une éventuelle consigne envoyée aux enseignants.

 

La lettre

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Par fjarraud , le mardi 15 janvier 2019.

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