Alain Refalo : Blanquer et le devoir de réserve 

Chef de fil des "désobéisseurs" sous X Darcos et L Chatel, Alain Refalo reprend la plume sur son blog à propos de l'article 1 de la loi Blanquer. "Le ministre Blanquer veut « réussir » là où ses prédécesseurs Darcos et Chatel ont échoué. Il veut mettre au pas les enseignants, brimer leur liberté d’expression, et ce faisant, caporaliser la profession. Le métier d’enseignant sera un métier d’exécutant aux ordres d’une hiérarchie toujours plus technocratique. Les élèves, qui ne comptent pas dans leur sinistres décisions, seront les grands perdants. C’est une logique de destruction de notre système éducatif qui continue. Alors que les nombreux témoignages d’enseignants sur les hashtags #pasdevagues et #jesuisenseignant-e ont montré un désir de prise de parole sur leur métier, alors que le mouvement des « stylos rouges » bouscule les organisations traditionnelles et rassemble des enseignants qui veulent se faire entendre du fait de leur manque de reconnaissance, l’heure n’est plus à la résignation, au silence et à la déprime face aux coups de boutoir du pouvoir sur notre système éducatif. La pétition initiée par la FSU pour la liberté d’expression des enseignants mérite d’être signée massivement. (ici). Sachons nous autoriser à user de cette liberté, sans quoi elle finira par disparaître et notre âme d’enseignant avec !"

 

Sur son blog

La pétition

A Refalo en 2009

 

 

Par fjarraud , le jeudi 17 janvier 2019.

Commentaires

  • Philippe55, le 17/01/2019 à 09:39

    N’en déplaise à Monsieur Refalo, un enseignant est un "exécutant", soumis au principe d’obéissance hiérarchique qui  oblige tout fonctionnaire à se conformer aux instructions de son supérieur hiérarchique, "sauf dans le cas où l'ordre donné est manifestement illégal et de nature à compromettre gravement un intérêt public." La subordination hiérarchique impose également de faire preuve de loyauté dans l'exercice de ses fonctions.

    Peut-on reprocher au ministre sa volonté de gouverner les personnels qui sont sous son autorité alors que c’est lui seul qui devra rendre des comptes aux  usagers du service public ? 

    Pour ce qui concerne la liberté d'expression, elle est reconnue aux fonctionnaires sous réserve que son usage ne soit ni excessif, ni insultant à l'égard des pouvoirs publics et de la hiérarchie. Cette obligation signifie que tout agent, lorsqu'il s'exprime publiquement, doit veiller à ce que ses propos ne portent pas atteinte aux pouvoirs publics, à ses collègues, à sa hiérarchie de manière trop directe et violente. Il doit donc faire preuve de mesure. 

     

    La France est un "drôle" de pays dans lequel de plus en plus de citoyens semblent avoir élevé la contestation en vertu et relégué l’obéissance en vice.


    • Jean Maurice, le 17/01/2019 à 13:04
      "lui seul qui devra rendre des comptes aux  usagers du service public"
      Le jour où le ministre viendra en personne recevoir les parents véhéments qui insultent les enseignants à tour de bras, on vous convoquera Philippe pour acter de l'implication personnelle du politique.
      Si vous avez constaté que les ex-ministres sont menacés ou malmenés dans leur quotidien suite à leurs échecs de commandement, vous me ferez un rapport circonstancié. A ce que je vois, ils continuent leurs carrières publiques sans aucune sanction. Pourtant, au vu des résultats, ils devraient se cacher au fond d'un trou perdu.
      Le problème de la parole verrouillée est justement ce qui empêche l'EN de progresser car il est impossible de faire évoluer un système qui refuse la critique. Un système où, comme disait Coluche, il y a des milieux autorisés où on s'autorise à penser.
      La liberté d'expression c'est aussi le droit à la critique. Certes, il faut être mesuré, réservé, mais il faut pouvoir garder une ouverture sur la réalité. Ce que refusent bien des technocrates.
      Ce que j'ai dis sur un autre article vaut ici : " Nous avons mené une étude... 3/4 des PE sont d'accord". Sauf que si cette étude a eu cours (ce dont je ne suis pas tout à fait convaincu en l'absence de rapport nominatif), elle s'est effectué comme d'habitude par questionnement direct du supérieur hiérarchique qui attend une réponse et une seule de son subalterne en vis-à-vis sous peine de sanctions. Ce n'est pas une étude indépendante et donc sans aucune valeur morale. 
      Personnellement je fais passer ces évals même si je les trouve totalement inappropriées au contexte de ma classe. Je fais ce qu'on me demande. C'est mon rôle. Je devrais toutefois pouvoir conserver le droit de dire qu'elles sont mal faites dans l'intérêt de tous. Et parce que je suis autant expert que ceux qui s'affichent comme tels sans jamais avoir vu une classe de près.
      Pour terminer, il va falloir m'expliquer comment quelqu'un qui ne serait qu'exécutant est obligé de faire essentiellement des développements de travail personnel en 45 h par semaine pour réaliser ce pour quoi on ne le paye que 27.
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