A. Refalo : " Seuls nous ne gagnerons pas" 

C'était à la mi-novembre. Alain Refalo, enseignant à l'école Jules Ferry de Colomiers (31), entrait en "résistance pédagogique". Depuis, il refuse les programmes de 2008, la semaine de 4 jours et les deux heures d'aide. Il justifie sa décision par "le démantèlement pensé et organisé de l'Education Nationale",les critiques sur le "pédagogisme", la dévalorisation du métier d'enseignant. Au moment où il s'affirme, le Café fait le point sur son mouvement.


Avec les enseignants "désobéisseurs", vous venez d'envoyer une lettre percutante aux inspecteurs. Qu'en attendez-vous  ?


De pouvoir susciter le dialogue avec eux. On sait que beaucoup sont mal à l'aise avec le rôle qu'on leur fait jouer, qu'ils ont l'impression qu'on leur donne à faire un sale boulot. Pour nous c'est important de dialoguer avec eux. A tel ou tel endroit il a pu se nouer.


Cette lettre nous la vivons comme celle qui a été envoyée au ministre : il nous faut la faire pour être en accord avec nous-mêmes, même si on en attend pas de résultats.


Vous avez des relations avec leurs syndicats ?


Directement non. Le dialogue peut exister localement de façon informelle.  


Vous êtes combien de professeurs "désobéisseurs" ?


C'est difficile à dire. Car de nombreux collègues, parfois à l'appel même de leurs organisations syndicales locales, pratiquent la désobéissance sans le dire. Par exemple, ils "gèlent" l'aide individualisée, ou la font à leur façon. Leur nombre est très important, probablement des dizaines de milliers. Quant aux désobéisseurs affichés, qui ont signé une lettre de désobéissance, il y en a 2 100 recensés sur notre site.


Vous-même vous en êtes où dans vos rapports avec l'administration ?


J'ai été convoqué il y a 15 jours par l'inspecteur d'académie. Il m'a annoncé qu'on me retirerait deux jours de salaire à partir du 5 janvier. Mais je n'en ai pas encore eu de confirmation écrite. Il n'a pas entamé de procédure disciplinaire contre moi. On doit être une vingtaine d'enseignants sanctionnés. Visiblement le ministère craint que cette action s'étende et souhaite la freiner.


Mais on va répliquer. Puisqu'ils nous prélèvent de l'argent on va lancer une caisse de solidarité nationale en demandant aux parents, aux collègues de nous aider.


Quelle issue voyez-vous à ce conflit ?


Seuls nous ne gagnerons pas. Mais le mouvement qui se lève dans les lycées, les IUFM, les universités peut puissamment nous aider.


Entretien F Jarraud


Par fjarraud , le lundi 02 février 2009.

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