Les lycéens professionnels ont droit eux aussi de découvrir l'astronomie. Jean-Noël Pédeutour, enseignant en maths sciences au lycée Saint-Cricq de Pau (64) a plaisir à travailler avec des collègues européens. L’étude des planètes s’effectue à l’aide de nombreux outils numériques et oblige ses lycéens à progresser en anglais. Primé en France et en Italie, le projet Space Adventures forme des élèves « plus volontaires pour les propositions de stage dans des entreprises étrangères », indique Jean-Noël Pédeutour, présent à la conférence annuelle d’eTwinning de Varsovie. Il prépare maintenant un nouveau projet de serres connectées.
Qu’ont réalisé les élèves avec ce projet mené autour des planètes et exoplanètes ?
Space Adventures est un projet eTwinning, c’est à dire un projet collaboratif à distance avec trois autres établissements européens, en Italie, en Slovénie et en Pologne. Mes élèves ont choisi ce thème de l’astronomie et l’étude des planètes. Ils ont réalisé des activités très variées.
Tout d’abord, ils ont fait des enregistrements sonores de mots pour enrichir un lexique interactif de l’astronomie dans les 4 langues grâce à Soundcloud et Genial.ly. Puis, ils ont créé des biographies d’astronomes célèbres de façon collaborative. Par exemple, les élèves français devaient faire la biographie de l’astronome italien Galilée en se basant uniquement sur des informations données par les élèves italiens lors d’une vidéoconférence. L’usage d’internet était interdit pour cette activité. Ils ont ainsi créé un dessin animé avec l’outil Powtoon. Mais chaque partenaire était libre de présenter sa biographie sous n’importe quel format.
Ils ont exploré les établissements partenaires à l’aide de robots, comme s’ils exploraient une planète inconnue. En France, nous avons utilisé un robot Lego Mindstorms avec une caméra qui permettait aux élèves polonais de voir en direct la zone explorée. Ils ont pu envoyer des instructions par chat via Discord pour que les élèves français pilotent le robot, par bluetooth, dans la direction souhaitée.
Ils ont également réalisé des posters interactifs sur les planètes du système solaire. Comme ils étaient intéressés par les exoplanètes, ils ont de plus interviewé deux chercheurs, une venue visiter la classe en Slovénie, et un en France directement par vidéoconférence pour en savoir plus sur les avancées de la recherche en la matière.
Enfin, ils ont créé des jeux et notamment un jeu de plateau ayant pour thème toutes les connaissances acquises lors du projet. Ils ont modélisé grâce à Tinkercad et imprimé des pions en 3D, imaginé ensemble le design du plateau et de ses cases, et également codé via App Inventor une application pour tablette et smartphone pour pouvoir tirer aléatoirement les questions du jeu.
Quelles sorties ont-ils effectué au cours du projet ?
Le programme fournit gratuitement une plateforme de travail sécurisée où les élèves peuvent communiquer, collaborer et partager leurs travaux. Mais il n’existe aucun financement de prévu dans ce programme, et nous n’avions donc pas prévu de sorties, ni de rencontres.
Néanmoins, les élèves français ont participé à un concours organisé par la Société Française d’Astronomie et d’Astrophysique et ont pu présenter le projet devant un jury composé essentiellement de scientifiques à Bordeaux. Ils ont ainsi gagné le deuxième prix du concours et ont été invités à revenir à Bordeaux, plus exactement à Cap Sciences, Centre de Culture Scientifique, Technique et Industrielle. Ils ont ainsi rencontré des chercheurs issus du Laboratoire d’Astrophysique de Bordeaux avec qui une vidéoconférence avait organisée pour tous les partenaires européens, sur le thème des exoplanètes.
Avec quels partenaires avez-vous travaillé ? Pour quels échanges ?
Nous avons travaillé avec Tatjana Gulic, enseignante de maths sciences en Slovénie avec qui de nombreux projets ont été réalisés depuis près de 10 ans. L’entente professionnelle avec cette collègue atteint un niveau rare et le plaisir de travailler ensemble est sans cesse renouvelé. Nous avons progressé ensemble dans la gestion de ce genre de projets collaboratifs et bien entendu dans la maîtrise d’outils TICE toujours nouveaux. Nous avons trouvé les deux autres partenaires grâce à l’outil de recherche de la plateforme eTwinning, Michele Rapuano enseignant de biologie et de chimie à Lodi en Italie et Katarzyna Mazur enseignante de sciences physiques à Varsovie en Pologne. Les échanges ont été fructueux, notamment avec le collègue italien très enthousiaste.
En quoi le programme eTwinning apporte-il une plus value à votre cours ?
J’enseigne les maths et sciences en anglais à des élèves en section européenne de bac pro Systèmes Numériques. Leur niveau en anglais est en général assez bas, ce n’est pas un critère de sélection pour le choix de cette option. Les projets eTwinning permettent de rendre cet apprentissage plus vivant avec une communication avec de vraies personnes sur des thèmes scientifiques que je laisse souvent au choix des élèves. Grâce à cette pédagogie de projet, ils acquièrent de l’autonomie et sont généralement satisfaits de l’expérience, ce qui est un plus indéniable. L’évaluation élaborée avec les partenaires a permis de constater l’acquisition souhaitée des connaissances, en sciences et en anglais.
Le programme apporte aussi une reconnaissance du travail fourni, le projet Space Adventures ayant gagné le prix national eTwinning en France et en Italie !
Vous êtes partis sur un nouveau projet avec l’Italie et la Slovénie sur l’effet de serre. Quelles réalisations sont envisagées ? Pour quels objectifs ?
La collaboration avec le nouveau partenaire a été tellement productive que nous lui avons proposé, avec la collègue slovène, de participer à un projet plus ambitieux, un projet Erasmus+ Échanges scolaires. L’idée de la thématique de la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre par les transports nous est venue lors d’une rencontre lors d’un atelier de développement professionnel à Bristol. La ville de Pau est en train de se doter de nouveaux bus à hydrogène qui devraient être en service pour la deuxième année du projet, le thème était trouvé ! Nous allons ainsi étudier l’effet de serre lors de la première année avec des expériences de chimie et de biologie. Nous allons même construire des serres connectées dans les 3 établissements, les données seront collectées grâce à une application programmée par les élèves.
L’analyse statistique des données des stations météorologiques locales complétera cette étude pour une prise de conscience des élèves du problème. La deuxième année sera consacrée à la recherche de solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre lors des transports. Une réflexion sera menée autour du changement de mode de vie, avec une consommation plus locale et des transports courts faisant plus appel à notre éducation physique. Les nouvelles technologies seront aussi explorées avec les piles à hydrogène donc, mais également d’autres sources. Une cartographie des zones intéressantes sera faite grâce à OpenStreetMap, outil libre et collaboratif.
Quels sont les retours de vos élèves suite à ces expériences européennes ?
Nous essayons de créer cette ouverture européenne à plusieurs niveaux et eTwinning est une première expérience. Les échanges lors des projets eTwinning ne comportent pas de risque pour les élèves. Les vidéoconférences, par exemple, sont très appréciées même si elles représentent une mise en danger avec une prise de parole devant des partenaires lointains. Les élèves s’habituent ainsi à des échanges avec l’étranger. Ils sont alors plus volontaires pour les propositions de stage dans des entreprises étrangères que nous leur proposons en terminale ou en BTS au lycée. Les élèves qui participent cette année au projet Erasmus+ ont déjà fait un projet eTwinning l’an passé et sont donc plus à l’aise avec cette manière de travailler, ils sont plus efficaces et plus créatifs.
Entretien par Julien Cabioch
Dans le Café
Dossier : Par-delà les frontières : Apprendre en eTwinning
Productions du projet Space Adventures