Régis Kéréneur : Les nouveaux programmes de maths sont-ils réalisables ? 

Que penser des nouveaux programmes de mathématiques ? Avec l’arrivée de la fonction exponentielle en 1ère, des valeurs absolues en 2nde et un pan entier dédié à l’algorithme et la programmation, les nouveaux programmes de maths sont plus exigeants que les précédents.  Régis Kéréneur, enseignant de mathématiques au lycée Eugène Freyssinet à Saint-Brieuc (22) livre son premier regard sur ces nouvelles exigences demandées aux lycéens. Comment les enseignants seront-ils formés au langage Python ? Comment les anciens élèves de 3ème assimileront les raisonnements abstraits exigés ? Quelle part raisonnable accorder à l’histoire des maths ? Les questions soulevées sont nombreuses.

 

Quels sont les principaux changements dans les programmes de 2nde en maths ?

 

On conserve les trois grandes parties de l’ancien programme : « la géométrie », « les fonctions » et « les probabilités et statistiques ».  Dans la partie  « nombres et calculs », on revient à la construction des nombres : nombres entiers, nombres décimaux, nombres rationnels et les réels et leurs propriétés. Les valeurs absolues alors vues en 1ère S font leur apparition. L’arithmétique abordée au collège arrive aussi en seconde. Le calcul littéral  conserve sa place mais les exigences semblent plus modestes.

 

La vraie évolution c’est la place que prendra désormais « l’algorithmique et la programmation » avec l’étude du langage « Python ». Cette partie ne constituera pas un chapitre indépendant mais les problèmes traités devront être mis en relation avec les autres parties du programme.

 

De la même façon, la notion de démonstration interviendra dans tous les domaines en insistant sur le vocabulaire ensembliste et logique et en mettant l’accent sur les différents  raisonnements : implication, équivalence’ contre-exemple, raisonnement par disjonction de cas, par l’absurde…

 

Avec l’algorithmique et les démonstrations, on cherchera à travailler la rigueur mathématique. Mais les élèves de troisième qui sont encouragés en grande majorité à s’orienter en seconde générale seront-ils capables d’assimiler ces raisonnements abstraits ?  Niveau équipement, les salles informatiques seront-ils suffisantes ? On peut peut-être espérer le langage Python dans leurs nouveaux modèles de calculatrice. Enfin, le plus important, quelles seront les formations proposées aux enseignants de mathématiques pour effectuer cet enseignement ?

 

Quelles sont les conséquences possibles des parties « approfondissements » en 2nde ? Et quelle place accorder à l’histoire des mathématiques ?

 

Le programme propose des approfondissements qui ne sont pas obligatoires. Mais le temps ne va-t-il pas nous manquer ? Etudier le langage Python est déjà chronophage. L’heure de dédoublement en seconde va-t-elle être conservée ? Expliquer et corriger les erreurs de programmation de 32 élèves simultanément est-il réalisable ? Beaucoup de questions sont encore sans réponses.

 

Dans chacune des parties, les professeurs sont invités à éclairer et à  illustrer les cours par des éléments de « l’histoire des mathématiques ». Ceci est à n’en pas douter intéressant, la plupart des professeurs l’évoque dans leurs cours,  mais l’étude de documents historiques qui est préconisée n’est pas judicieuse. Cela prendra du temps et nous en manquerons. Il faudra donc faire des choix.

 

Quels changements sont notables dans les projets de programme en 1ère spécialité ?

 

Le programme de spécialité « maths » en 1ère se rapproche énormément du programme actuelle de 1ère S. On observe l’apparition de l’étude des exponentielles, des probabilités conditionnelles et de la disparition de la loi binomiale. L’algorithmique et la programmation constituent comme en classe de seconde une notion transversale.

 

Cette spécialité devrait attirer principalement les élèves qui se destineront à des études scientifiques. Ceux qui jusqu’à présent choisissaient la filière ES et qui voudraient conserver des bases en mathématiques, pourront néanmoins choisir l’enseignement optionnels «  mathématiques complémentaires »  en terminale.

Mais ils ne feront alors pas de mathématiques en première…

 

Qu’attendez-vous des parties « maths complémentaires et maths expertes » en terminale ?

 

D’après ce que j’ai pu lire, les maths complémentaires seront optionnelles en terminale. Elles se destineront à ceux qui, sans se lancer dans des études purement scientifiques, souhaiteront consolider leurs acquis afin d’intégrer des écoles ou des formations qui nécessitent une culture mathématique (économie par exemple).

 

Les « maths expertes » quant à elles seront adaptées à ceux qui envisageront des études en mathématiques, en physiques ou qui choisiront les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE)

 

Dans tous les cas, les enseignements de spécialité et complémentaires en classe de première, puis, en classe de terminale devront être choisis consciencieusement dans l’optique de la poursuite d’études. Il est fort à parier que la procédure Parcoursup en fin de terminale tiendra compte de ces choix

 

Entretien par Julien Cabioch

 

Les programmes de maths vus par l'Apmep

Projet de programme de maths en 2nde

Projet de programme de maths en spécialité 1ère – voie générale

 

 

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Par fjarraud , le mardi 23 octobre 2018.

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