Dubet : Blanquer le réformateur  

" Il ne faut pas voir dans la philosophie scolaire de Jean-Michel Blanquer une série de « mesurettes », mais une rupture profonde. Si ses propositions en venaient à s’appliquer, c’est le coeur de l’institution lui-même qui en serait bouleversé. À la tradition scolaire française d’un pilotage par les normes édictées par le centre auxquelles les acteurs doivent se conformer, Jean-Michel Blanquer propose de substituer un pilotage par les résultats". Dans une nouvelle Note du conseil scientifique de la Fcpe, François Dubet donne sa vision, assez admirative, du ministre.

 

" Pour qui connaît l’histoire, les traditions, les coutumes et l’imaginaire de l’Éducation nationale française, l’affirmation aussi nette de ces principes annonce une révolution. Le recrutement des enseignants par les établissements mettra à mal la conception traditionnelle de l’autonomie professionnelle des enseignants et privera les syndicats d’une de leurs principales ressources, celle de la « cogestion » des carrières. Le transfert de l’inspection vers un système d’audit et de renforcement du pouvoir des chefs d’établissement sera, lui aussi, perçu comme une révolution : au pouvoir lointain du ministère et de l’inspecteur se substituera un pouvoir proche. Enfin, le système modulaire du lycée et la réforme du baccalauréat bousculeront la hiérarchie des disciplines, entre celles qui resteront nationales et celles qui tomberont dans le contrôle continu."

 

Pour le sociologue, qui prend au sérieux la démarche "scientifique" utilisée par Blanquer, ces évolutions permettront une école plus efficace et feront évoluer le débat sur l'Ecole. " En étayant une politique scolaire sur la recherche, Jean-Michel Blanquer a pris le risque d’être discuté et démenti par cette dernière. Il faut donc que les acteurs de l’école, les associations, les syndicats, les mouvements pédagogiques, les chercheurs et les partis se saisissent de cet enjeu. Il ne s’agit plus de défendre un imaginaire scolaire contre le changement, mais d’avoir la maîtrise des mutations de l’école. Le lyrisme des querelles scolaires y perdra ce que l’école pourrait y gagner".

 

La note

Dubet le sociologue qui dérange les profs

Avec Blanquer une nouvelle idéologie

Qui a peur de l'autonomie ?

 

Par fjarraud , le jeudi 08 février 2018.

Commentaires

  • Viviane Micaud, le 09/02/2018 à 10:10
    IL y a plusieurs choses qui me gênent dans la note:
    - la première est le déni de l'effet taille des classes dans l'école du socle (CP à 3ème). Les classes hétérogènes doivent avoir entre 18 et 24 élèves pour que l'enseignant est le temps d'aider les plus en difficultés, ceux qui n'ont pas mis en place les automatismes de lecture, de calcul, etc. C'est à ce prix que la Finlande est l'école la plus performante.
    - le deuxième est la fascination du lycée modulaire dont on sait qu'il n'apporte rien à la hiérarchie des filières et qui permet augmenter les biais sociaux dans les choix de parcours.
    - la troisième est le déni du rôle du CNESCO mis en place par la gauche. Blanquer reprend avec son conseil scientifique beaucoup de travail qui ont été ébauché par le CNESCO.
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