Dubet : Avec Blanquer une nouvelle idéologie 

" Si on prend au sérieux les livres de Jean-Michel Blanquer, il ne faut pas voir dans sa philosophie scolaire une série de « mesurettes », mais une rupture profonde. Si ses propositions en venaient à s’appliquer, c’est le cœur de l’institution lui-même qui en serait bouleversé. À la tradition scolaire française d’un pilotage par les normes édictées par le centre auxquelles les acteurs doivent se conformer, Jean-Michel Blanquer propose de substituer un pilotage par les résultats : l’évaluation et l’audit à la place de l’inspection", explique François Dubet dans La vie des idées.

 

Le sociologue voit JM Blanquer porteur d'un nouveau projet pour l'Ecole une "révolution". " Le recrutement des enseignants par les établissements mettra à mal la conception traditionnelle de l’autonomie professionnelle des enseignants et privera les syndicats d’une de leurs principales ressources, celle de la « cogestion » des carrières. Le transfert de l’inspection vers un système d’audit et de renforcement du pouvoir des chefs d’établissement sera, lui aussi, perçu comme une révolution : au pouvoir lointain du Ministère et de l’inspecteur se substituera un pouvoir proche. Enfin, le système modulaire du lycée et la réforme du baccalauréat bousculeront la hiérarchie des disciplines, entre celles qui resteront nationales et celles qui tomberont dans le contrôle continu." Pour lui cela implique un "déplacement de la critique".  " Comment faire pour que l’école efficace soit aussi une école juste ? Si l’efficacité des apprentissages est une des fonctions essentielles de l’école, elle n’en définit pas pour autant toute la vocation éducative... L’école efficace ne peut, à elle seule, fonder le projet éducatif dont nous avons besoin". Encore faudrait-il que cette école soit efficace..

 

Dans la vie des idées

Dans le Café

 

Par fjarraud , le mercredi 18 octobre 2017.

Commentaires

  • Bernard Girard, le 18/10/2017 à 13:38

    Dans son article, François Dubet oppose un Blanquer bon connaisseur des questions éducatives, auteur d’ouvrages prétendument scientifiques et rigoureux, (« L’école de demain »), s’appuyant sur l’expertise ; et un Blanquer, haut fonctionnaire sarkozyen, copain avec Sens commun, tourné vers un passé mythique qu’il faudrait faire renaître (redoublement, sélection précoce, bonnes vieilles méthodes etc).

    Le problème avec cette analyse est que, outre que les ouvrages théoriques de Blanquer apparaissent comme peu étayés et peu scientifiques, c’est bien le haut fonctionnaire sarkozyen, péremptoire et brutal, porteur d’un projet réellement réactionnaire qui a pris le pouvoir au ministère.

  • Michel MATEAU, le 18/10/2017 à 09:12

    Si on souhaite une analyse fouillée, nuancée, rigoureuse et surtout honnête du texte de Dubet, il serait bien de lire tout simplement… le texte de Dubet

    On pourra y trouver, outre une critique argumentée et solide (parce qu’honnête justement) des projets et des conceptions de Blanquer, aussi des analyses trop fines pour être retenues dans le tamis de la « lecture » du Café Pédagogique .

    Ainsi,  « En construisant un projet scolaire sur la comparaison et l’expertise, le ministre s’éloigne tout autant des référentiels traditionnels de la droite que de ceux de la gauche et il déplace le cadre du débat. On ne gagnera pas beaucoup à dénoncer un nouvel avatar du néo-libéralisme et de la « marchandisation » de l’éducation, car le projet du ministre s’appuie sur un état des lieux de l’école française qui ne souffre pas la contestation, tout en s’inspirant de pratiques que ne viennent guère des pays les plus libéraux. S’y opposer frontalement serait défendre un système à la fois inefficace et injuste ». 

    Ou encore : « Il est toujours possible, voire nécessaire, de critiquer le recyclage de quelques mesures du sarkozisme scolair et de reconduire ainsi les termes usés d’un vieux débat sur « les moyens » et les politiques libérales. Mais on peut craindre que ces critiques, désormais aussi rituelles que celles de la droite contre la gauche accusée de « niveler par le bas », ratent l’essentiel du projet de Jean-Michel Blanquer ».

    C’est exactement ce que fait le Café Pédagogique », il rate l’essentiel. Mais l’essentiel est-il vraiment important pour le Café Pédagogique...?

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