La France maltraite son primaire 

" La France dépense moins que la moyenne de l’OCDE pour le parcours d’un élève dans le primaire", annonce sobrement une nouvelle étude de la Depp (division des études du ministère de l'éducation nationale) basée sur les données 2012 fournies par l'OCDE. En fait, l'école française est championne des inégalités aux dépens du premier degré. La répartition de son budget éducation traduit son idéologie dominante : la méritocratie.

 

En matière d'éducation, comme dans bien des domaines, la France offre le visage du juste milieu. Avec 10 450 $ dépensé par élève, la France se situe pile dans la moyenne de l'Ode (10 220 $) en 2012. Mais cette moyenne, extraite de Regards sur l'éducation 2015, une publication annuelle de l'Ocde, cache de fortes inégalités déjà mises en valeur dans l'édition 2014 des Regards.

 

Le pays qui dépense le moins pour le primaire

 

 

 

" La France se positionne différemment selon le niveau d’enseignement. Elle est en dessous de la moyenne pour l’enseignement primaire (avec une dépense annuelle moyenne de 7 010 $ppa contre 8 250 $ppa pour l’OCDE) mais au-dessus pour le secondaire (11 050 $ppa contre 9 520 $ppa) et l’enseignement supérieur (15 280 $ppa contre 15 030 $ppa)", explique la Note de la Depp.

 



La réalité est plus cruelle. Ce que montrent les données Ocde c'est que la France est, avec l'Allemagne, le pays qui dépense le moins pour le premier degré. On est 29% en dessous de la moyenne Ocde. La Suède, la Belgique, les Etats-Unis,  le Royaume-Uni vont dépenser le double des investissements de la France dans l'éducation primaire de leurs enfants. Une réalité que vivent au quotidien les enseignants du primaire qui doivent se débrouiller seuls avec des classes particulièrement chargées. Ce manque d'investissement se traduit aussi dans leur salaire, en décrochage par rapport aux enseignants du secondaire.

 

Le règne de la méritocratie

 

Si le pays dépense dans la moyenne de l'Ocde pour son éducation mais nettement moins pour le primaire c'est biens sur que les dépenses sont plus importantes au secondaire, comme l'affirme la Note. Pour l'ensemble des années du secondaire, explique la Note, la France va dépenser 77 560 $ par élève contre 63 230 en moyenne dans l'Ocde.

 

Mais ces données cachent l'essentiel. La dépense d'éducation par élève va croitre régulièrement avec la hiérarchie scolaire. Ainsi , en 2013, selon des données Depp en Euros, la dépense moyenne par élève représente 6 200 € en élémentaire, 8240 au collège , 10 960 au lycée et 14 850 en CPGE, l'Himalaya du système éducatif. Le système éducatif français, en 2013 encore, préfère dépenser deux fois plus au lycée qu'à l'école, selon une logique en opposition avec celle de la plupart des pays de l'Ocde.

 

Redistribuer les cartes ?

 

 

 



La refondation et l'arrivée de la gauche au pouvoir ont-elles redistribué les cartes ? A vrai dire, selon le RERS 2015, une autre publication de la Depp, l'inflexion a été lancée dès 2009 avec une baisse des dépenses du secondaire alors que la dépense par élève continuait de croitre légèrement au primaire. Mais il faut attendre le budget 2016 pour observer une véritable rupture : 2804 postes sont ouverts dans le secondaire cette année là contre 3835 au primaire. La priorité au primaire, énoncée dans la loi de refondation, commencera seulement à devenir effective à la fin du quinquennat. La dépense de personnel représentant l'essentiel de la dépense d'éducation, la revalorisation salariale au primaire affirmera-t-elle la tendance ?

 

François Jarraud

 

La Note

La même Note en 2015

Regards sur l'éducation 2015

Les coûts dans le RERS 2015

Postes 2016

 

                      

Par fjarraud , le lundi 29 février 2016.

Commentaires

  • Guillaume35, le 03/03/2016 à 14:07

    29% en dessousde la moyenne Ocde pour le primaire, 23 % au dessus de la moyenne OCDE pour lesecondaire : ces chiffres ne font que traduire la disproportion de moyensobservée sur le terrain.

    Outre lessalaires, ces différences primaire/secondaire se retrouvent dans lesdifférences de statut :

    Rémunérations

    Professeurs de

    maternelle et primaire

    Salaire moyen réel : 35 400 $ contre 41 300 $ moyenne OCDE (14% en moins)

    http://education.versunnouveaumonde.fr/role-de-l-enseignant.html

    Prime ISAE (créée en 2014) - indemnité de suivi et d'accompagnement des élèves:

    400€ brut/an

    Professeurs de

    collège et lycée

    Salaire moyen réel : 42 200 $ contre 43 400 $ (2% en moins par rapport à la moyenne OCDE)

    http://education.versunnouveaumonde.fr/role-de-l-enseignant.html

    Prime ISOE - indemnité de suivi et d'orientation des élèves : 1200€ brut/an pour les professeurs principaux

    Après 15 ans d'exercice, un enseignant de collège gagne en moyenne 9% de plus qu'un ensei­gnant de pri­maire. La France est l'un des pays où l'écart de traitement entre premier et second degré est le plus important, en 30ème position sur les 36 pays passés au crible par l'étude annuelle de l'OCDE "Regards sur l'éducation" 2013

    Statut

    27h x 36 semaines = 972h/an

    Moyenne OCDE : 782h/an

    24 h d’enseignement + 3h de temps de service (aide aux élèves, concertations et formations). Ces temps de service sont annualisés (108h).

    -          Les formations se font en dehors du temps scolaire (mercredis après-midis ou vacances)

    -          Les concertations pédagogiques hebdomadaires se font en dehors du temps scolaire

    Polyvalence des enseignants (10 disciplines à enseigner au primaire : français, mathématiques, sciences, géographie, histoire, enseignement moral et civique civique, anglais, informatique (B2i), éducation musicale, arts visuels, histoire des arts…)

    18h x 36 semaines = 648h/an

    Moyenne OCDE : 709h/an (collège)

    664h/an (lycées)

    18h d’enseignement. Pas de temps de service. Il faut ajouter les conseils de classe (non comptabilisés). Toute mission supplémentaire (accompagnement personnalisé, tutorat…) rémunérée.

    Pour les agrégés, 15h d’enseignement.

    -          Les formations se font sur le temps scolaire.

    -          Les concertations pédagogiques  se font sur le temps scolaire (journées pédagogiques sans élèves)

    Monovalence des enseignants (une seule discipline à enseigner)

    Taux d’encadrement

    18,9 élèves par enseignant

    (15,3 moyenne OCDE)

    Regards sur l’Education OCDE 2014

    47,3 % des élèves (maternelle et primaire) en France scolarisés dans des classes multi-niveaux

    http://www.education.gouv.fr/cid58840/les-eleves-du-premier-degre-930-classes-supplementaires-a-la-rentree-2014.html

    12,5 élèves par enseignant

    (13,3 moyenne OCDE)

    Regards sur l’Education OCDE 2014

    Pas de classe muti-niveaux.


    Même s'il y a un rééquilibrage de postes entrele primaire et secondaire ou des rattrapages de salaire pour le primaire, ilfaudra bien un jour ou l'autre réformer le statut des professeurs du secondairepour intégrer dans leur mission de service l'aide aux élèves et lesconcertations comme leurs collègues du primaire. Depuis 2010, la Cour descomptes ne cesse de le répéter.

    Car, c'est bien France que le travail enseignant est le plus isolé et lesentiment d'inefficacité le plus grand. http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2016/02/17022016Article635912910344682854.aspx

    Le travail en équipe sur les pratiques pédagogiques, voilà ce quicontribuera à l’amélioration de notre système éducatif.

    « Si lapromotion de la coopération entre enseignants a des effets indirects, elle estquand même susceptible d’améliorer les performances quand les décisionscollectives sont centrées sur les pratiques d’enseignement

    Extrait du livre« l’efficacité dans l’enseignement », dirigé par Xavier Dumay etVincent Dupriez  et publié en 2009 faisantétat des différentes recherches sur l’efficacité de l’enseignement.

     


    • thais8026, le 01/03/2016 à 01:21
      Il va falloir revoir vos textes :

      Toutefois, le décret 2007-1470 (art. 9)

      • « Les actions de formation relevant du a du 2° de l’article 1er [adaptation immédiate au poste de travail] suivies par un agent sur instruction de son administration sont prises en compte dans son temps de service.
      • Il en va de même des actions de formation relevant du b du 2° de l’article 1er [adaptation à l’évolution prévisible des métiers]. Toutefois, avec l’accord écrit de l’agent, la durée de ces actions peut dépasser ses horaires de service dans la limite de 50 heures par an.
      • Les actions de formation relevant du c du 2° de l’article 1er [développement /des/ qualifications ou acquisition de nouvelles qualifications] se déroulent également sur le temps de service. Toutefois, avec l’accord écrit de l’agent, la durée de ces actions peut dépasser ses horaires de service dans la limite de 80 heures par an ».

      - Les actions de formation continue effectuées « sur instruction de l’administration » (ce qui signifie : avec ordre ou lettre de mission) doivent ainsi être accomplies pendant le temps de service, ou en déduction de ce temps, conformément aux dispositions réglementaires (« sont prises en compte »), sauf accord écrit de l’intéressé-e pour une durée horaire, annuellement limitée, qui dépasserait « ses horaires de service ».

      Donc si dans le 1er degré vous faites des formations pendant vos vacances : c'est pas légal.

      Les conseils d'enseignements n'ont pas lieu durant le temps scolaire mais la plupart du temps le soir voir durant l'heure du déjeuner

      Maintenant je n'irai pas plus loin parce que si vous voulez que l'on aligne les clichés sur les professeurs du 1er degré on peut aussi le faire. Si le boulot est si confortable passait le concours du 2nd degré et venez voir si l'herbe est plus verte. Il faut comparer professeurs des écoles et certifié car dans vos chiffres les profs de supérieurs et agrégés viennent augmenter la moyenne des salaires. Le gros du différentiel vient essentiellement du fait que les profs du 2nd degré peuvent toucher des heures supplémentaires qui, à partir du 5ème échelon, sont moins bien payés que l'heure de cours normal.
      J'aimerai savoir comment un certifié peut arriver à un salaire moyen de 3500 euros alors qu'un certifié dernier échelon de la hors classe ne gagne pas ça, hors heures sup.

      Est-ce qu'il faut que je vous fasse un cours sur la moyenne pour vous dire qu'elle ne veut rien dire et qu'on peut lui faire ce que l'on veut ? Il va falloir revoir vos cours sur les stat et vite si vous voulez être crédible dans vos argumentations. 

    • kiddy, le 29/02/2016 à 22:03
      sauf que des chiffres donnés en vrac ça ne reflète pas forcément la réalité!

      encadrement de 12.5 élèves par professeur, depuis 2012 il y a moins d'options (et la réforme du collège va encore en enlever), je pense que peu de professeurs ont réellement un taux d'encadrement de 12.5 élèves

      le salaire de 42000$ tiens compte des certifiés et des agrégés, donc on est loin du salaire net d'un professeur moyen (le mien après 10 ans de carrière 1850€ net)

      " ilfaudra bien un jour ou l'autre réformer le statut des professeurs du secondairepour intégrer dans leur mission de service l'aide aux élèves et lesconcertations comme leurs collègues du primaire. Depuis 2010, la Cour descomptes ne cesse de le répéter. "

      si la cour des comptes le dit....

      bref ton analyse est loin d'être exacte, tiens sur des vieux chiffres (2012) qui sont biens trop vagues. Donner plus de moyen au professeurs de primaire je suis pour, dégrader les conditions de travail des professeur du second degré je n'en voit pas l'utilité. D'ailleurs je n'ai jamais compris cette mentalité de merde qui consiste à vouloir toujours supprimer les acquis de certains sous prétexte que d'autres n'en n'ont pas, il serait plus intelligent de demander ces acquis pour tous.

      • Guillaume35, le 29/02/2016 à 23:49
        Et bien si les chiffres sont faux !

        Désolé de mettre le doigt sur des réalités. Et il n'y a pas que les chiffres !

        Je ne demande pas la suppression des acquis (on n'est pas dans une course à l'échalote sur les conditions de travail) mais simplement que le secondaire se rende compte de la nécessité de participer aux efforts pour redresser le système. En s'obstinant sur un statut obsolète, et bien ce sont les élèves qui y perdent. Le travail en équipe, gage de la qualité de l'enseignement (à condition qu'il porte sur les pratiques pédagogiques), ne peut se faire sur la base du volontariat mais bien dans un cadre réglementaire, comme au primaire. Je dis cela car comme professeur des écoles, je peux témoigner que  les concertations pédagogiques hebdomadaires permettent de réguler l'organisation, de penser nos progressions en équipe, réfléchir ensemble aux solutions pour les élèves en difficulté...
        Et il n'y a pas que moi qui le dit :

        → Enquête auprès de 5500 enseignants duprimaire

        Une récente enquête commandée par le syndicat SNUIPP du 1er degré, menée du 8 au 21 décembre 2015 par HarrisInteractive, auprès de 5555 personnes représentatives des enseignants dans leprimaire public, indique que « letravail en équipe est plébiscité : 70% des enseignants le jugentindispensable, 55% estiment qu’ilpermet de trouver de meilleures solutions et 84% qu’il est source de soutienpsychologique important. Mais 88% déplorent le manque de temps pour ce typede travail (et 81% voudraient travailler plus souvent en équipe). »

        http://blog.francetvinfo.fr/l-instit-humeurs/2016/01/24/enquete-les-eleves-plus-que-jamais-au-coeur-des-preoccupations-des-instits.html



        Regards sur l'éducation 2014, OCDE
        "La collaboration entre les enseignants, que ce soit au travers de la formation continue ou de pratiques collaboratives, entraîne aussi des niveaux plus élevés d’efficacité personnelle et de satisfaction professionnelle. Ainsi, les enseignants qui ont déclaré participer à des activités d’apprentissage professionnel collaboratif au moins cinq fois par an ont aussi déclaré un sentiment d’efficacité personnelle plus élevé (dans presque tous les pays) et une meilleure satisfaction professionnelle (dans les deux tiers des pays et économies de l’enquête)".http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2015/04/24042015Article635654585305215511.aspx



        • thais8026, le 01/03/2016 à 01:26
          5555 sur 330 500 prof des écoles soit 1.6% de ces enseignants : c'est que le sondage est représentatif.
          De plus, il est stipulé que ces 5 555 personnes sont "représentatives" donc n'ont pas été choisies au hasard. D'ici à penser que l'on a choisi ces personnes en fonctions des résultats que l'on voulait avoir.
          C'est comme si j'évaluai la probabilité qu'un candidat de droite soit élu au prochaine élection en interrogeant que des militants des Républicains....
        • kiddy, le 29/02/2016 à 23:55
          Non mais sérieusement t es tombé sur la tête? "Participer aux efforts" t as regardé tes fiches de salaires sur les 5 dernières années? La multitude de choses qu on nous demande de faire en plus?

          Mais il n y a aucun effort à faire, un stagaire enseignant démarre au smic sauf que le second degré C est pour bosser en banlieue parisienne, tu veux qu on compare qui a la plus grosse? Qui est le plus malheureux?

          Et laisser croire au gens que le salaire moyen d un prof c est l équivalent de 3500€...

          L autre il nous fait passer pour des touristes qui ne communiquent jamais ensemble
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