Maternelle : Des radeaux qui portent loin... 

"Je ne suis jamais blasée de la créativité des enfants". Cécile Pignol ne se lasse pas d'enseigner en maternelle. En poste en moyenne section - grande section à l'école Menans à Paris 19ème, elle a remporté un second prix au concours de poésie organisé par le Snuipp et différents partenaires dont Le Café pédagogique. Ses tout petits élèves ont lancé sur le canal de l'Ourcq un train de radeaux , aboutissement d'un travail qui lie les sons des mots, les couleurs, les générations.

 

De l'intérêt des contraintes poétiques...

 

Tout a commencé avec la découverte des haïkus. Ces petits poèmes japonais ont été le premier contact avec la poésie en début d'année. Un premier éveil intellectuel qui a emmené les enfants en visite au musée Cernuschi. Dans cette classe d'un quartier populaire de Paris, les enfants ont un rapport au langage très différent. De nombreux enfants ne parlent pas français chez eux et le repérage des sons du français va d'autant moins de soi qu'ils s'expriment peu.

 

"Le travail sur les rimes fait partie du programme de grande section en préparation à l'apprentissage de la lecture", explique Cécile Pignol.  Pour entrer en poésie, les enfants s'appuient sur les ritournelles apprises en classe. L'enseignante introduit les contraintes qui sont une clé du concours poésie. "On a respecté des contraintes oulipiennes. On est parti du "Sur le radeau il y a..." avec un travail sur les rimes qui vont avec le prénom de l'enfant. Il y a eu aussi un travail sur les rimes qui vont avec "radeau". Et encore une recherche sur les mots qui commencent par le R de radeau.  En faisant cela, les enfants prennent conscience de la musique des mots. Mais ils isolent aussi des sons, un début d'attention aux syllabes.

 

Avec les parents, faire parler tous les enfants

 

"Mais, j'ai voulu développer chez eux la spontanéité", ajoute-elle. "S'ils ont appris quelque chose avec l'expérience des radeaux c'est bien l'envie de parler". Le haïku s'est installé de façon rituelle à l'accueil du matin et les enfants amènent souvent à l'école des poésies qu'ils ont inventé chez eux. Les petits "peu disants" ont pris la parole. Les poèmes font le pont entre l'école et les familles. C'est le rapport au langage qui est changé par ces exercices créatifs.

 

Et puis il y a les rencontres. L'idée du radeau c'est le grand père artiste d'un élève, Jacques Riby, qui l'a soufflé. Installé sur la Loire il réalise des radeaux avec des éléments récupérés. Il est venu passer 3 jours avec les enfants pour les aider à réaliser leurs radeaux. Chaque radeau se singularise avec l'initiale du prénom de l'enfant. Il porte des objets personnels (mais pas trop lourds !).  C'est un papa poète, Hubert Fréalle, qui accompagne les enfants dans la rédaction du poème qui orne chaque radeau. "Je suis toujours partante pour travailler avec les parents", nous dit Cécile Pignol. En ce moment un papa travaille avec les enfants à un abécédaire.

 

A quoi ça sert de  participer à un concours de poésie ? "J'ai appris comment aborder la rédaction de poèmes en classe", nous dit C. Pignol. Elle salue l'aide apportée par le site de la BNF, partenaire du concours. "Je en suis jamais blasée de la créativité des enfants. Pour Noël un tout petit a offert un poème qui reprenait un poème de début d'année et le prolongeait. C'est formidable !"

 

François Jarraud

 

Quand la poésie nourrit de belles rencontres

 

Par fjarraud , le mercredi 15 avril 2015.

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