Comment embrasser sur grand écran un pan entier de l’histoire contemporaine du Japon tout en concentrant le regard sur la (petite) histoire d’une ‘maison’ et de ses habitants ? Pour son 82ème long métrage, Yoji Yamada, vétéran du cinéma de son pays, signe une œuvre magistrale, pleine de grâce et de jeunesse. S’y entremêlent un mélodrame intime, traversé par des bourrasques de désir et d’amour, habité par le secret, et une fresque recouvrant plusieurs générations, malmenées par les soubresauts d’un siècle tumultueux, aux destins brisés par ‘le grand crime de la guerre’. Fiction incroyablement audacieuse, en raison du télescopage formel des époques et des genres, « La maison au toit rouge » nous offre à la fois un plaidoyer poétique en faveur des aspirations au bonheur et une satire, feutrée et féroce, de la bêtise meurtrière d’une société courant à sa perte.
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