Quel impact des élections départementales pour les enseignants ? 

Quel impact auront les élections du 29 mars sur les enseignants ? La situation politique nouvelle ,avec le basculement à l'extrême droite de plusieurs départements pourrait avoir des conséquences palpables dans les collèges.

 

L'élection du 29 mars pourrait changer radicalement la carte politique du pays. Outre le basculement à droite de nombreux départements, les sondages donnent à penser que plusieurs départements pourraient pour la première fois tomber dans les mains de l'extrême  droite.

 

Les loi de décentralisation ont confié la gestion des collèges aux conseils généraux. Et les derniers textes sur les collectivités locales ne devraient rien changer d'important, hors métropoles, à cette situation. L'aisance matérielle des collèges, leur capacité à financer des projets pédagogiques dépendra de l'alternance politique. De nombreux départements ont lancé des politiques éducatives ambitieuses et leur avenir se joue évidemment le 29 mars. D'une façon générale les capacités de gestion des candidats doivent interroger les électeurs.

 

Mais de nouvelles compétences, accordées récemment aux départements, engagent beaucoup plus loin les établissements et les enseignants.

 

La loi d'orientation a donné aux départements la responsabilité d'assurer la mixité sociale dans les collèges. La loi ne l'impose pas mais elle rend possible une autre politique de sectorisation en regroupant dans un même secteur plusieurs collèges. Les parents doivent alors choisir un secteur et l'administration peut ensuite répartir les élèves entre les collèges pour assurer une certaine mixité sociale. Dans de nombreux endroits cette mesure doit permettre de lutter contre la ségrégation sociale et ethnique et  une reconquête républicaine des publics scolaires. Face à cet enjeu les différents partis ne font pas les mêmes choix. L'idéologie de la préférence nationale , la stigmatisation de catégories de la population , les appuis aux plus favorisés sont en contradiction avec cette politique qui est pourtant vitale pour la République.

 

Dans le débat sur les valeurs républicaines mené après les attentats, le gouvernement a annoncé son intention d'associer les jeunes régulièrement aux commémorations patriotiques. A beaucoup d'endroits, les enseignants pourraient avoir des cas de conscience à accompagner leurs élèves à des manifestations commémorant des visions très partisanes de l'histoire nationale.

 

Un autre texte va changer profondément les relations entre collèges et collectivité locale. L'article 61 de la loi d'orientation et de programmation pour la refondation de l'École de la République permet à la collectivité territoriale de rattachement, si elle le souhaite, d'être cosignataire du contrat d'objectifs actuellement conclu entre les services académiques et les établissements publics locaux d'enseignement. Ces contrats tripartites font l'objet d'une circulaire publiée en janvier 2015. " L'établissement élabore, sur la base de ce contrat, les objectifs opérationnels qu'il s'assigne pour parvenir à satisfaire aux objectifs stratégiques du contrat tripartite ainsi que les programmes d'action qui permettent de les atteindre", dit-elle. Autrement dit, les conseils départementaux qui étaient déjà derrière les choix pédagogiques des établissements, vont passer devant. Ils pourront, comme l'Etat, fixer des objectifs avec le collège. Cette intrusion des nouveaux élus dans la pédagogie pourrait poser problème quand ceux-ci ne respectent pas les valeurs fondatrices de l'Ecole et de la République. Les enseignants là aussi seraient en première ligne.

 

François Jarraud

 

Elections : ça concerne les profs

 

 

Par fjarraud , le vendredi 27 mars 2015.

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