Les recommandations du Cnesco pour rendre le redoublement inutile  

"Le jury sait que la simple suppression du redoublement ne résoudra pas le problème". Pour André Tricot, président du jury réuni par le Cnesco et l'IFé, "il ne s'agit pas de dire qu'à la rentrée 2015 le redoublement c'est terminé". A l'issue de la conférence de consensus, le Cnesco propose une évolution lente vers la suppression du redoublement grâce à des expérimentations concrètes qui devraient permettre d'apporter une réponse aux difficultés des élèves. Deux propositions émergent : un examen de rattrapage durant l'été et le suivi sur trois ans par le même professeur des élèves du cycle 2.

 

Le 4 février, Nathalie Mons, présidente du Cnesco, Michel Lussault, président de l'IFé, et André Tricot ont présenté les recommandations du jury de la conférence de consensus réunie fin janvier.  "C'est optimiste de dire qu'un décret peut supprimer le redoublement. Sa fin ne se décrète pas", explique Nathalie Mons. "On ne produit pas de circulaire", a prévenu Michel Lussault. A la place le jury propose des expérimentations susceptibles de faire bouger les lignes sur le terrain. "On est à un moment charnière où par des propositions on peut faire avancer le système éducatif", croit M Lussault.

 

Suivre ses élèves en cycle 2

 

Le Cnesco entend d'abord jouer sur l'organisation de la scolarité. Il propose d'expérimenter le suivi de classe sur tout le cycle 2. Pendant 3 ans, les écoliers ne pourraient pas redoubler mais suivraient d'année en année le même maitre. Pour le Cnesco ce procédé améliore les résultats scolaires car professeur et élèves se connaissent bien. Cela supprime le mois nécessaire à la  prise en main de la classe en début d'année. Les élèves savent aussi mieux coopérer. Les conditions d'enseignement sont meilleures. Surtout le temps scolaire s'étale sur trois ans et permet aux élèves d'avancer à leur rythme au lieu de devoir affronter chaque fin d'année la perspective du redoublement.

 

Cette proposition du Cnesco devrait prochainement devenir expérimentation. Elle repose aussi sur l'idée que l'aide aux élèves doit venir de la classe et se dérouler dans la classe. Le professeur "des apprentissages fondamentaux" devrait bénéficier d'une formation pédagogique.

 

Un autre aspect systémique est mis en avant par le jury. "Les établissements peuvent réinvestir dans les mesures de lute contre la difficulté scolaire les économies réalisées grâce à la limitation du redoublement". C'est exactement le contraire de la logique actuelle qui fait qu'en supprimant le redoublement on perde des élèves et donc des moyens.

 

Proposer un examen de rattrapage

 

La seconde grande proposition du Cnesco c'est l'examen de rattrapage en septembre. Ce dispositif est déjà très fréquent en Europe et souvent couplé avec des écoles d'été. L'examen est destiné aux élèves suscptibles de redoubler. Si l'élève réussit l'examen il passe dans la classe supérieure. Pour le Cnesco cela a aussi l'avantage d'obliger les établissements à définir précisément les conditions du redoublement. Une école d'été, sur trois semaines en petit groupe et sur les fondamentaux, permet de se préparer à l'examen.

 

La troisième proposition du Cnesco vise à changer les représentations, très positives, que les professeurs, élèves et parents ont du redoublement. Il proposera des mallettes destinées au chef d'établissement et à l'association de parents d'élèves sur le redoublement.

 

Prendre le chemin du terrain

 

La démarche du Cnesco et de l'IFé interroge forcément le ministère qui a publié en novembre 2014 un décret n'autorisant que les redoublements demandés par les parents ou ceux qui font suite à une interruption des études. Mais pour le Cnesco aucun décret ne peut venir à bout d'une pratique perçue comme légitime par les enseignants, les parents et les élèves. Et ce n'est pas un décret qui va aider les élèves faibles à remonter leur niveau. Le Cnesco entend prendre un autre chemin pour atteindre le même objectif, supprimer le redoublement. En expérimentant des dispositifs d'aide ou en revoyant l'organisation du système éducatif, il espère débloquer un système éducatif jusque là sourd à toutes les démonstrations des chercheurs. "Dans les pays qui se sont contentés d'imposer l'interdiction du redoublement sans mettre en place des solutions alternatives, cette pratique... s'est réinvitée", explique le Cnesco. C'est tout le pari du Cnesco et de l'IFé de casser le cycle infernal du redoublement.

 

François Jarraud

 

Les recommandations de la conférence

Redoublement : Le DOSSIER

 

 

 

 

 

Par fjarraud , le jeudi 05 février 2015.

Commentaires

  • Renan, le 09/02/2015 à 10:05
    A l'attention du webmaster,
    Mon commenta ire sur cet article, concernant le redoublement, n'a pas été publié. Je souhaiterais savoir pourquoi.
    A l'heure où de nombreux élèves redoublent, en raison notamment de leurs difficultés en lecture, il me paraît important d'analyser toutes les mesures susceptibles de sortir de la situation catastrophique actuelle. Merci de me renseigner. René ANGEL. Association de Recherche Pédagogique.
    <http://range.pagesperso-orange.fr/contrib-a-la-resussit-educ.htm>  

  • Viviane Micaud, le 06/02/2015 à 06:01
    Le redoublement est un outil utilisé pour mobiliser les élèves moyens. Ceux-ci font des efforts pour éviter de redoubler qu'ils ne feraient pas sans cela. Il s'agit d'un mécanisme que j'ai compris très récemment, en lisant le premier rapport de la Cneco Par contre, et je ne suis pas sure que la Cnesco l'ait vu, cette technique utilisée par les enseignants et qui crée une dynamique pour l'effort scolaire indispensable à la dynamique de classe, a pour effet non désiré de dévaloriser les élèves les plus en difficultés. En effet, pour eux le redoublement est inutile. Les notes sont souvent plus faibles la deuxième année pour les élèves déjà noyés. Aussi, aujourd'hui, on propose le redoublement aux élèves moyens qui ont des lacunes rattrapables, mais pas au plus faibles. C'est compris dans l'inconscient des intéressés. comme "on est trop nul pour que l'Etat investisse dans un redoublement".
    Il est établi que le redoublement est inutile pour les élèves qui ont de fortes lacunes. Or que c'est pour eux que l'on doit chercher des solutions. L'examen n'est pas une solution jusqu'en fin de troisième, car : 1) les lacunes sont souvent trop fortes pour être récupérées en un mois, 2) Une partie n'est pas psychologiquement prêts à se mettre dans l'effort scolaire. Or, si c'est le cas, il y a une forte chance qu'ils seront en échec pour l'examen. Comme le redoublement ne sert à rien pour eux, il n'y a pas de solution. 
    L'idée de l'examen est excellente pour les deux pas d'orientation fin de 3ème ou fin de 2nde. Ceux pour qui le conseil de classe a jugé le niveau insuffisant pour qu'ils aient une chance raisonnable de réussir, pourront être admis par un examen préparé dans des stages spécifiques et gratuits. 
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