Le CSP veut mettre fin aux notes et au brevet 

Mettre fin au brevet et au LPC, valider un nombre limité de compétences, c’est ce que le Café pédagogique avait annoncé le 6 juin et c’est bien ce que le Conseil supérieur des programmes (CSP) va faire. A quelques jours de la conférence nationale sur l’évaluation convoquée par la ministre, Le Monde communique sur le projet d’évaluation au collège que devrait proposer le CSP.

 

Selon le document qu’a recueilli Le Monde, le CSP devrait remplacer le brevet par la simple validation du bilan de compétences du cycle 4. Le CSP devrait également proposer le remplacement des notes sur 20 par une évaluation en 4 ou 6 niveaux. Le CSP demanderait également la suppression des moyennes. L’élève devrait valider chaque bloc de compétences sans possibilité de rattraper une compétence par une autre. Enfin deux projets personnels, des épreuves transversales de types TPE, auraient lieu en 4ème et 3ème et seraient présentées à l’oral pour décrocher le brevet.

 

La précédente fuite sur le brevet avait été suivie de la démission du président du CSP. Quelle influence les informations données par Le Monde auront-elles sur al conférence sur l’évaluation que la ministre organise les 11 et 12 décembre ?

 

Article du Monde

Le Café pédagogique du 6 juin

 

 

Par fjarraud , le lundi 01 décembre 2014.

Commentaires

  • Guillaume35, le 01/12/2014 à 23:30

    La  décision du Conseil Supérieur des Programmes de remplacer le brevet par une validation  des compétences et des connaissances définies par le socle commun est somme tout logique. En effet, l’objectif pour les élèves est bien de maîtriser des compétences« qu’il n’est pas permis d’ignorer » en fin de scolarité (3e).

    La compétence se définit comme la capacité à savoir agir, à mobiliser un ensemble de ressources transférables dans la résolution d’une tâche complexe.  Quand l’élève est capable de mobiliser à long terme des connaissances apprises qui lui permettent d’accomplir d’autres tâches complexes, il atteint le stade du surapprentissage et donc de la compétence.

    « Les plus récentes recherches en neurosciences nous révèlent que l’atteinte d’un niveau élevé de compétence dans un domaine donné exige des’exercer de trois à quatre heures par jour, tous les jours pendant une dizaine d’années, et ce, peu importe le domaine. L'expert sait agir avec efficience dans un contexte qu’il connaît, ou dans lequel il reconnaît des similitudes avec ce qu’il connaît, car il sait quoi faire, comment faire,quand, où et pourquoi le faire, ainsi que «comment être ».  Ce savoir-agir résulte d'une multitude d'expériences de réussite, ainsi que d’erreurs ayant été objectivées et comprises. »

    Comment construire des compétences enclasse ? par Mario Richard et Steve Bissonnette

    http://www.umanitoba.ca/unevoc/conference/papers/richard.pdf

    Aussi, l’approche par compétences n’est pas contradictoire avec un enseignement des connaissances, au contraire :

    « A ceux qui craindraient quel‘implantation d‘une approche par compétences n‘ait pour effet d‘abaisser le niveau de culture générale chez les jeunes, on pourrait répondre que, comme le démontre le modèle habiletés-capacités-compétencesle fait d’être savant ne garantit nullement qu’on devienne compétent. Alorsque l‘élève qui saura non seulement quoi faire, mais aussi, quand, où, pourquoi et comment utiliser judicieusement ce qu‘il apprend sera beaucoup mieux outillé pour réussir sa vie.  Les compétences qu’il aura développées, parce qu’il les aura exercées pendant toutes les années de son cours primaire et secondaire, lui seront utiles tant pour se trouver un emploi que pour poursuivre des études supérieures. »

    Comment construire des compétences enclasse ? par Mario Richard et Steve Bissonnette

    http://www.umanitoba.ca/unevoc/conference/papers/richard.pdf

    Chaque compétence a sa spécificité :la compétence « maîtriser la langue française » est bien différentede la compétence « maîtriser les techniques usuelles de l’information etde la documentation ». On comprend dès lors qu’un bon résultat dans unecompétence ne peut compenser l’autre compétence où l’élève serait moins en réussite. Ces compétences n’ont  rien à voir entre elles. Et pourtant avec l’actuel système de notation (compensation de moyennes entre les disciplines)tel qu’il est proposé par le brevet des collèges, cela revient à créer cette confusion.

    Voilà pourquoi, il semble logique que le CSP demande l’abandon de ce système et privilégie un système de« certification » des compétences qui simplifiera le travail d’évaluation des enseignants (qui devaient évaluer à la fois les compétences du socle et les disciplines au brevet).  

    Pour autant, est-ce que ce nouveau système signifie la fin des notes ? Pas nécessairement. La notation peut être au service de la validation des compétences. En effet, les enseignants auront toujours besoin de critères objectifs et précis (dont la note ou un pourcentage de réussite) pour indiquerons seuil de réussite qui permettra de dire sil’élève est compétent ou non.

    Maintenant que le CSP se positionne pour la validation de compétences du socle, il lui appartient d’expliquer :

    -        comment valider une compétence générale comme« maîtriser la langue française » ou « utiliser le langage scientifique ».Y aura-t-il des items précis ? combien d’items seront nécessaires à la validation ?

    -        comment faire si un élève ne valide pas l’une des compétences en fin de scolarité (en 3e fin de collège)?

    Il semble important que les compétences« fondamentales » puissent être travaillées dès le primaire car cela met en perspective toutes les connaissances et habiletés qui y sont enseignées.

    Autre question que l’on peut se poser,c’est de savoir si le CSP demandera aux enseignants d’évaluer ou valider ces« objectifs de connaissances et de compétences » comme :

    • Se poser des questions et chercher des réponses
    • Acquérir la capacité de coopérer et de réaliser des projets
    • Développer le jugement
    •  Développer le sens de l’engagement et de l’initiative
    • Développer la sensibilité, la confiance en soi et le respect des autres

    Si tel était le cas, cela poserait un vrai problème d’éthique. En quoi les enseignants sont-ils compétents pour valider des attitudes, des qualités humaines et morales de l’élève (qui rappelons-le à cet âge n’est qu’un adolescent en construction).

    Ne tomberait-on pas dans l’écueil de la normalisation excessive des comportements des élèves, telle qu’elle a été dénoncée par Angélique Del Rey, dans son livre « A l’école des compétences ? ».

    Ne nous sommes pas en train de confondre finalités éducatives (au sens d’esprit à transmettre) et compétences (au sens de normes)?

     Si « maîtriser la langue française »,« pratiquer des langues vivantes étrangères »sont des compétences,relevant du domaine de l’enseignement, qui peuvent faire l’objet d’une évaluation et d’une validation objective par les enseignants, on ne le saurait à moins pour des compétences si subjectives telles que : « Développer la sensibilité, la confiance en soi et le respect des autres » relevant davantage du domaine éducatif.

    Sans vouloir nier le rôle éducatif de l’école, il me semble important que le travail des d’évaluation des enseignants se cantonne à la mission d’enseignement.

    Enfin,on peut poser la question de la hiérarchie de ces compétences. Est-ce que

    « maîtriser la langue française » aura autant d’importance que « Développer le sens de

    l’engagement et de l’initiative. »

    Voilà autant de questions et d’ambiguïtés auxquelles le CSP devra répondre pour que cette réforme du socle commun et de son évaluation puisse susciter l’adhésion dans la communauté éducative.

  • chabrun, le 01/12/2014 à 19:07
    Pour information
    Ce n'est pas vraiment une fuite et ce sont les propositions du CSP, elles ont été rendues le 20 novembre 2014 et sont sur le site du MEN :
    http://cache.media.education.gouv.fr/file/CSP/83/9/evaluation_socle_20_nov_MEF-CSP_371839.pdf 
    Le Conférence nationale sur l'évaluation aura lieu les 11 et 12 décembre prochains, les délibérations auront lieu en décembre.
  • eplantier, le 01/12/2014 à 15:27
    Ôtez moi d'un doute : un jury de la conférence nationale pour l'évaluation des élèves est bien en train de travailler, ses conclusions devant être rendues début 2015 ?
    Et le CSP aurait déjà des conclusions à lui ?

    L'éducation nationale est bel et bien un monde de pouvoirs, certains occultes. Cette info est une intox destinée à donner de l'espace aux conservateurs avant les décisions, bien entendu.
    Laissons la parole des professionnels et des usagers s'exprimer comme cela a été voulu ;  nous commenterons après.
  • Franck059, le 01/12/2014 à 14:50
    Une évaluation par 4 ou 6 niveaux : bonne idée
    Je sais dire si un élève est excellent, très bon, bon, moyen, faible, en grande difficulté.
    Et cela est suffisant. 
    Ras le bol des comparaisons de notes au dixième près, parfois initiées par les élèves eux-mêmes !

    La suppression du DNB en l'état : bonne idée.
    La correction des copies des épreuves ponctuelles se fait dans des conditions déplorables, pas sérieuses (une demi-journée pour corriger 45 copies en étant mal indemnisé).
    L'épreuve de l'Histoire de l'Art est une mascarade faite pour gonfler les résultats.
    Une soutenance de projet à l'oral est une bonne idée : tout le monde n'est pas intéressé ni doué par l'histoire de l'art. Reste le manque de temps pour travailler et s'entraîner sur ce type de projet.

    Attention à la validation du DNB par compétences ! C'est très subjectif et cela se transformera sans aucun doute en école des fans : tout le monde aura le brevet !

    La moyenne générale n'a aucun sens : je n'ai jamais compris pourquoi elle apparaissait sur un bulletin, si ce n'est pour justifier des décisions absurdes : parce qu'il obtient au moins 10 de moyenne générale grâce au sport, à la techno, à la musique et à l'art plastique, on envoie en 2de générale un(e) élève qui n'a pas la moyenne ni en langues, ni en maths, ni en français...

    Avis partagé avec le commentaire ci-dessous, au lieu de proposer des compétences fumeuses inaudibles : retour au B.A. BA : arriver à l'heure, ne pas être absentéiste, rendre ses travaux en temps et en heure et de manière soignée, savoir travailler en équipe et respecter autrui, savoir obéir. 
    Ah oui, mais là, GROS SOUCI, de plus en plus permissive, l'Ecole a laissé se développer le mythe de l'enfant roi et n'est plus légitime dans le fait de faire acquérir ces compétences auprès des jeunes...

    Quant aux compétences de bases en lecture, écriture et calculs, ce doit être l'objectif ABSOLU de l'école primaire. Au collège, c'est trop tard.
    • Viviane Micaud, le 01/12/2014 à 18:31
      La lecture, l'écriture et le calcul doit être l'objectif ABSOLU de l'école primaire. Totalement d'accord avec le début de la phrase. Nous devons pour cela avoir un nombre de profs en primaire par élève dans les normes de l'OCDE, améliorer la formation des professeurs des écoles et pratiquer la discussion entre collègues pour affiner le diagnostic sur un élève ayant une difficulté d'apprentissage ou pour partager ses astuces.
      Par contre, il y aura toujours des primo-arrivants, des enfants qui ont fait un blocage, des enfants ayant un handicap à accueillir au collège avec des lacunes fortes. Il FAUT que le collège mette les moyens pour les faire progresser en lecture, écriture, calcul (et seulement dans ces matières) le plus rapidement possible en fonction de leur capacité d'apprendre.

      Au collège, ce n'est PAS trop tard.C'est un devoir de service public.
    • amalric, le 01/12/2014 à 18:09
      Le Brevet par compétences sera gentiment validé en douce par le principal dans son bureau pour tenir la rampe face à ses collègues et à son administration.

      Les agrégés en collège vont apprécier de mettre des Acquis/Non acquis et des pastilles colorées...

  • Viviane Micaud, le 01/12/2014 à 09:31
    Il faudrait voir le texte. Il faut encourager l'élève à travailler toutes les compétences et connaissances du socle, et reconnaître toutes les formes de compétence. Faire un projet sur 20% du temps après avoir appris les concepts dans des cours structurés est une très bonne chose en sciences et Technologie. (C'est une catastrophe avec des biais sociaux importants, quand la théorie où le môme retrouve seul les concepts qui ont mis 20 siècles à se stabiliser est appliquée).
    Par ailleurs, si l'enfant n'a pas 1/3 des connaissances de géographie, il aura un manque mais cela ne l'empêchera pas de réussir sa vie d'adulte.
    Par contre, si l'enfant ne maîtrise pas la lecture, l'expression orale et écrite à la sortie de 3ème, les conséquences sont infiniment plus importantes. Le calcul et les "codes de comportements nécessaires pour travailler dans une entreprise" font aussi partie des connaissances indispensables. 
    Aussi, les moyens et l'attention pour acquérir ces compétences quand elles ne sont pas acquises doivent être infiniment plus importants. Ce qui n'est pas forcément relié à un coefficient sur l'évaluation. 
    Conclusion : les informations parcellaires qui ont fuité ne permettent pas de construire un avis sur la pertinence du rapport du CSP.
    • eplantier, le 01/12/2014 à 15:28
      Oui, chef ! ;-)

      Je le redis, une conférence pour l'évaluation des élèves est convoquée : c'est à elle de formuler des recommandations, le temps des commentaires éclairés viendra après.
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