Le CSP veut enterrer et le brevet et le LPC 

Selon Denis Paget, membre du Conseil supérieur des programmes, le CSP s'apprêterait à en finir avec le brevet et le livret personnel de compétences (LPC). Un autre système d'évaluation, par compétences, replacerait ce couple qui clôt les années collège.

 

S'exprimant le 6 juin dans le cadre de l'Université de printemps du Snuipp 75, Denis Paget, enseignant chargé de recherche à l'institut de recherche de la FSU et membre du CSP, a présenté les idées du conseil sur l'évaluation des élèves. "On va en finir avec le Livret Personnel de Compétences", a-t-il annoncé, "pour faire une évaluation unique". Actuellement, les élèves doivent en fin de troisième valider le socle et passer le brevet. La validation du socle est effectuée par un document administratif , le LPC, attestant l'acquisition de dizaines de compétences.

 

"On évaluera les compétences domaine par domaine", a-t-il ajouté, précisant qu'il n'y aurait que "4 compétences par domaine", soit une vingtaine de compétences au total, 4 fois moins qu'aujourd'hui dans le LPC "allégé". Selon D Paget, la validation sera collégiale. Si l'élève n'a pas validé le socle en 3ème , il pourra , le valider au lycée, ce qui risque d'être une véritable nouveauté.

 

"Nous n'allons pas maintenir le brevet", a dit Denis Paget. "Il n'y aura que la validation du socle en fin de troisième". Selon lui, le CSP réfléchissait à la portée de la validation du socle. Le valider ouvrira-t-il la porte de toutes les classes de seconde ? Aujourd'hui l'orientation en fin de troisième se fait indépendamment du socle et du brevet. Elle pourrait se faire en fonction du socle. Mais sur ce point, a ajouté D Paget, le CSP réfléchit encore.

 

Reste à mettre en oeuvre cette révolution de l'évaluation. On sait que, selon la Dgesco, le ministre veut faire de l'évaluation un sujet qui marque son passage rue de Grenelle. Entre le CSP et le ministre, qui tiendra le discours de l'institution sur l'évaluation? Ce discours sera-t-il le même ?

 

François Jarraud

 

Par fjarraud , le vendredi 06 juin 2014.

Commentaires

  • Franck059, le 06/06/2014 à 17:59
    Intéressant...

    Cette annonce est-elle faite pour prendre la mesure des réactions ? En cette période préestivale, sans doute choisie en conscience, ce sujet n'intéressera pas les foules.

    Je suis d'avis que le Brevet est une mascarade, mais la délivrance du socle l'est tout autant. Dans certains établissements, tout le monde a le socle ! L'école des fans... pour reprendre une expression très répandue maintenant dans le milieu enseignant.

    La validation du socle n'aura donc aucune valeur dans l'opinion publique. Et c'est oublier que les Français, qui ne sont pas à un paradoxe près, sont attachés aux épreuves d'examen de fin d'année et à la délivrance d'un dipôme officiel.

    Dans les années 80, le Brevet fut supprimé durant 3 ou 4 ans. Il fut vite rétabli. Mais l'histoire se répète...

    Quant à subordonner le passage en 2de à la seule délivrance des compétences du socle, là je me délecte... et je laisse les collègues enseignant en lycée apprécier pleinement la portée qu'aurait une telle décision !

    D'ici à ce qu'on voit les filières technologiques, et surtout professionnelles, se raréfier et devenir pour le coup des filières de sélection... ce serait le pompon !

    Pour couronner le tout, il ne reste plus qu'a supprimer les notes et à enterriner une baisse drastique du niveau d'ensemble pour que notre pays, déjà mis à mal économiquement sur le plan international, connaisse un recul sans précédent.

    Sait-on qu'un pays voisin, en l'occurence la Belgique, a connu sur une longue période (dix ans) la suppression des notes et l'évaluation exclusivement par compétences. Elle était très en avance sur la France...Mais les notes y ont été rétabli... sous la pression de l'opinion publique !


  • Viviane Micaud, le 06/06/2014 à 16:50
    Actuellement, le brevet est fait pour classer les meilleurs élèves. Il était évident que cela ne pouvait pas continuer. Il faudrait un brevet qui permet de valider que les 30% plus faibles aient bien les acquis du socle. Le problème est que dans ce cas là, le brevet devient une plaisanterie pour les 50% les meilleurs. Donc, c'est ingérable.
    C'est bien pour cela que la moins mauvaise solution est de le supprimer. Quitte à créer l'équivalent en formation continue pour les raccrocheurs ou ceux qui arrivent en France à l'âge adulte.
    • amalric, le 07/06/2014 à 08:19
      Le Brevet comporte une part de contrôle continu et une autre d'épreuves corrigées anonymement à l'extérieur du collège.

      Le LPC est validé par les collègues, qui doutent déjà de son efficience, et surpervisé par le principal qui "corrige" les mauvais scores de ses collégiens à l'occasion.

      De toutes façons, quand on voit le taux de doublement et de réorientation en fin de seconde générale, on comprend le malaise et la mascarade.



      • Franck059, le 07/06/2014 à 11:56
        +1

        Mais attention, voici le nouveau discours tenu par les chefs d'établissement et COP lors du dernier conseil de classe de 3ème . Et, très inquiétant, ces personnes là sont tellement déconnectées du terrain qu'ils croient vraimant à ce qu'ils disent, ils NE FONT PAS SEMBLANT:

        - Il faut laisser leur chance aux élèves (chance d'aller se planter en fait)

        - Faisant face à un nouveau public, les enseignants du lycée sont bien obligés de s'adapter et de revoir leur pédagogie (délectable...)

        - Au lycée maintenant sont mis en place des dispositifs de remédiation pour les élèves fragiles

        - Et cerise sur le gâteau :
        Laissons les collègues du lycée observer encore pendant un an le jeune pour apprécier pleinement ses possibilités à l'issue de la seconde (traduisez : vous êtes bien incapables d'en juger au collège !!!)

        Et préparez-vous, les proviseurs de lycée commencent déjà à faire pression pour laisser passer quelques élèves incapables dans certaines sections (c'est ce qui s'appelle gérer le flux social). Voyez dans ce sens la volonté politique d'envoyer davantage de jeunes dans le supérieur.
        • Viviane Micaud, le 08/06/2014 à 08:58
          Merci pour ce commentaire très instructif. Je n'avais pas ces éléments de langage. 
          En effet, les processus de remédiation qui ont été inefficaces au collège (faute de moyens et d'informations de qualité), vont donner des résultats fulgurants au lycée et ceci sans moyen.
          Les chefs d'établissements et les COPs tiennent les éléments de langage qui leur a été imposé par leur hiérarchie, sans se poser la question s'ils sont crédibles ou non : ils n'ont pas le choix.
          Beaucoup de chefs d'établissement de collège trouvent un intérêt à la doctrine actuelle qui est l'évacuation vers le haut du problème d'orientation. Personnellement, je pense que ce n'est pas une solution. 
        • Bernard Girard, le 07/06/2014 à 19:55
          C'est vrai que tout était tellement plus simple pour les lycées lorsque seuls les enfants des milieux les plus aisés y avaient accès... Si les profs de lycée ne sont pas capables de travailler avec des élèves qui ont derrière eux une dizaine d'années de scolarité, il serait peut-être souhaitable qu'ils commencent à se remettre eux-mêmes en cause ou, à défaut, qu'ils changent de métier.

          Pour en revenir au DNB, il faut quand même rappeler que, jusque dans les années 80, il était délivré exclusivement sur le contrôle continu, ce qui ne semblait guère poser de problèmes. L'examen actuel avec trois épreuves écrites résulte d'une initiative de Chevènement, un ministre qui n'a pas laissé un souvenir impérissable dans l'histoire de l'EN.




          • amalric, le 08/06/2014 à 09:21
            Les collègues de lycée vous saluent bien et vous remercient de prendre en compté leurs conditions d'enseignement : des classes approchant la quarantaine d'élèves, des programmes hachés et quelquefois inassimilables dans le cadre horaire donné.
            Bien évidemment, ils implorent votre pardon et vous prient de leur enseigner votre connaissance du public scolaire qu'ils découvrent à peine.
          • Viviane Micaud, le 08/06/2014 à 08:48
            Il faudrait accepter de voir la souffrance des jeunes qui arrivent en 4ème en maîtrisant insuffisammeent la lecture et l'expression. Que voulez-vous qu'il leur arrive au lycée ? Les enseignants n'ont pas les moyens de faire des cours de lecture et de donner des bases pour entreprendre les études supérieures dans la mêmee classe.
            C'est ce type de négationnisme qui a fait foirer toutes les réorganisations précédentes.
            • Bernard Girard, le 08/06/2014 à 21:25

              « Accepter de voir les souffrances des jeunes qui arrivent en 4e… » Merci pour ce conseil pertinent qui s’adresse à un prof qui exerce en collège depuis plusieurs dizaines d’années et qui n’a pas eu l’occasion d’observer chez ses élèves des difficultés accrues en lecture…Depuis des milliers d’années que l’école existe et qu’on se lamente d’une hypothétique« baisse de niveau », il y a longtemps que nous devrions tous être analphabètes.

              Mais quel est le sujet de l’article ? L’éventuelle suppression du DNB. Les arguments avancés pour justifier l’institution de cet examen il y a bientôt 30 ans étaient qu’il devait permettre une plus grande motivation des élèves et qu’il contribuerait à les familiariser avec les examens ultérieurs. N’importe quel prof de collège sait qu’il a surtout favorisé de désastreuses pratiques de bachotage et contribué à désorganiser toute la fin de l’année scolaire. Un examen qui n’a donc pas fait ses preuves.Il est peut-être temps d’en tirer les conséquences sans sombrer dans les polémiques hors de saison.

            • amalric, le 08/06/2014 à 09:24
              Ces jeunes quelquefois confortés par des commissions d'appel qui les envoient en seconde où ils débarquent tant bien que mal, après la remise à niveau de l'été promise par la famille (ngark, ngark), pour échouer en fin d'année sur un doublement piteux ou une réorientation subie quand les filières professionnelles les plus attratictives sont combles.
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