N Vallaud-Belkacem lance un plan contre le sexisme à l’Ecole 

« Assurer l’égalité à l’école c’est assurer de la réussite à l’école pour tout le monde. C’est assurer une meilleure égalité dans l’accès aux métiers. C’est réduire les violences faites aux femmes ». Le 25 novembre, en présentant son plan de lutte contre les comportements et les violences sexistes, Najat Vallaud Belkacem clarifie remarquablement l’enjeu. Elle y met aussi une conviction réelle que l’on n’entend pas toujours sur d’autres sujets. Mais comment faire passer cette volonté dans le système éducatif de façon efficace ? Le nouveau plan est-il à la hauteur de l’enjeu fixé par la ministre ?

 

Pour parler d’égalité entre les sexes, après les attaques de 2013-2014, la ministre a choisi l’angle incontestable des violences sexuelles et des comportements sexistes. Elle l’a justifié.  Eric Debarbieux, délégué ministériel chargé de la prévention et de la lutte contre les violences en milieu scolaire, rappelle que les filles sont victimes de violences particulières. A commencer par les violences sexuelles : 7,5% des filles ont subi des attouchements ou des embrassades contre 5% des garçons. Les filles sont aussi plus touchées par la cyberviolence et elles souffrent davantage d’ostracisme. Pour lui, face à ces violences, « il faut travailler sur le climat scolaire. La violence n’est pas un à coté. Elle est au cœur de nos pratiques pédagogiques ». Sa délégation vient de sortir un guide de la justice en milieu scolaire tout à fait remarquable.

 

Mieux que les ABCD ?

 

Pour la ministre, « la différence avec les ABCD de l’égalité », le dispositif expérimenté en 2013-2014 qui a suscité les foudres des traditionnalistes, « c’est que c’est plus général et que ça concerne tous les âges ». On retrouve dans le plan les éléments habituels des plans de l’éducation nationale.

 

La ministre promet « la formation de tous les personnels ». En fait un module sur l’égalité filles garçons est inscrit en formation initiale des Espe. Pour la formation continue, un parcours m@gistere de 3 heures sera ouvert dès décembre. Il sera proposé dans le premier degré dans le cadre des 18 heures de formation. Des formations seront proposées dans les académies. Et un séminaire national s’ouvre le 26 novembre à l’Esen « pour procéder à une première formation qui sera ensuite déclinée académie par académie ».  Nous avons pu nous procurer le programme de ce séminaire.  Il comprend une table ronde sur l’élaboration d’une formation en partant de 3 expériences. Une seconde table ronde évoque la Convention interministérielle pour l’égalité entre filles et garçons avec là aussi des expériences.  Le 28 le séminaire travailera sur « agir pour l’égalité en relation avec les familles », un thème qui n’est pas facile.

 

Un site de référence

 

Un site Internet ouvert par Canopé  propose des documents pédagogiques. Il comprend notamment une mallette pédagogique  et des pistes pédagogiques. Par exemple le site propose des textes littéraires à travailler en 4ème sur l’égalité : G Sand, Maupassant ou Zola. On reste souvent au niveau de propositions générales.

 

Un guide « Comportements sexistes et violences sexuelles : prévenir , repérer, agir » a été annoncé par la ministre. Il veut guider les équipes éducatives dans le repérage et la prise en charge des violences sexistes. Une précédente édition du guide, réalisée en 2011, est accessible sur le site Eduscol. Enfin un prix  spécial sera créé sur le harcèlement à caractère sexuel sur le modèle du prix Mobilisons nous contre le harcèlement.

 

Les réactions syndicales

 

L’Unsa Éducation « soutient cette approche qui doit maintenant se concrétiser et être accompagnée. Le fait de l’inscrire dans la formation initiale va dans le bon sens. Cette valeur doit aussi prendre toute sa place dans la formation continue, être au cœur de la vie scolaire et se décliner au quotidien dans les projets éducatifs des établissements ». Pour le Snuipp, « l’éducation à l’égalité filles-garçons constitue bel et bien une des missions de l’école. Après les manœuvres de déstabilisation de réactionnaires de tout poil autour de l’ABCD de l’égalité qui ont trop souvent laissé les enseignants bien seuls, le ministère semble avoir pris conscience que les enjeux de l’éducation à l’égalité doivent être portés de manière claire et forte auprès de toute la communauté éducative ». Cet accueil positif est nuancé : « Le volet formation des enseignants est toujours bien maigre. Les modules « égalité » ne sont pas présents dans toutes les maquettes des ESPE et rien ne garantit qu’elles le seront plus demain. Quant à la formation continue, globalement sinistrée, elle ne saurait se limiter au visionnage de documents mis en ligne. Un effort conséquent dans le domaine de la formation est plus que jamais indispensable. »

 

La ministre veut « modifier les pratiques professionnelles » pour stopper la reproduction des stéréotypes. Sur ce point comme dans beaucoup d’actions de l’éducation nationale, l’énergie ministérielle bute sur les réalités des capacités de formation continue.

 

François Jarraud

 

Dossier d epresse

Le site Canopé

Le guide eduscol de 2011

Enseignant, un levier féministe ?

10 conseils pour la mixité

E Antoine et JB Prévot Prix spécial égalité du Forum des enseignants innovants

Communiqué unsa

Communiqué Snuipp

 

 

Par fjarraud , le mercredi 26 novembre 2014.

Commentaires

  • Franck059, le 27/11/2014 à 07:42
    Un n-ième plan... dont on peut se demander à quoi il servira.

    En effet, pour lutter contre toute forme de violence scolaire, encore faudrait-il rétablir l'autorité dans les établissements, à commencer par celle des enseignants.

    Nombre d'entre eux ont baissé les bras face au laxisme de leur hiérarchie. Bien installée dans ses bureaux, celle-ci ne supporte pas les vagues.
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