L'alliance perdue de l'école et des catégories populaires ? 

Le récent rapport Fotinos pose à nouveau la question des rapports entre Ecole et parents des milieux populaires. Assiste-on vraiment à un éloignement ? L'analyse est partagée par le sociologue Régis Cortesero. Et la question s'invite à nouveau dans nos interrogations sur l'Ecole.

 

"La fonction visible et palpable de l’école, pour les catégories les catégories les moins bien préparées aux épreuves scolaires, s’en trouve totalement transformée", explique Régis Cortesero, dans un article publié sur le site de l'Injep. "Naguère perçue comme un levier d’intégration à la citoyenneté et à une culture nationale assimilée au Progrès et à la Raison, l’école leur apparait aujourd’hui comme un instrument d’exclusion, d’humiliation, de stigmatisation, scellant l’infortune de leurs destins sociaux dans le marbre du diplôme (et surtout de son absence !). L’ambition de l’instruction publique était politique et symbolique : former un citoyen émancipé, apte à l’usage du suffrage universel. La fonction de sélection et de tri passe désormais au premier plan dans l’expérience des jeunes, alors même que l’institution continue de revendiquer son ambition émancipatrice".

 

" L’un des effets paradoxaux des inégalités scolaires aujourd’hui est de décrédibiliser l’ambition éducative dont, pourtant, l’école ne cesse de se prévaloir. La lutte contre les inégalités générées par le système scolaire constitue donc un enjeu majeur pour redonner toute sa place à l’institution scolaire dans notre société", écrit-il. Mais pour lui cela passe par une transformation de l'Ecole et son ouverture à de nouvelles alliances avec les territoires et les jeunes.

 

Le rapport de la Mission d'information parlementaire sur les relations entre l'Ecole et les parents, publié le 10 juillet, a lui aussi point la difficulté des relations avec ces parents des milieux populaires. . "Le rapport avec l’école des parents issus des milieux populaires ou vivant dans la grande pauvreté peut être empreint de méfiance, apprise ou « héritée », voire de rejet. Cette attitude explique « l’absentéisme » de ces adultes dans la vie des établissements", notent les rapporteurs Xavier Breton et Valérie Corre. Absentéisme qu'il ne faut pas confondre avec une quelconque démission. Mais la Mission aligne aussi des chiffres plus positifs. 67% des parents font confiance à  l'Ecole, 79% jugent positivement l'école maternelle et 68% l'école élémentaire.

 

La question est aussi pédagogique. Jean-Yves Rochex  montre cette dimension pédagogique de cette défiance. "La pédagogie mise en oeuvre à l’école repose, depuis plusieurs années, sur le questionnement, l’argumentation et une certaine forme d’autoapprentissage : « L’acquisition des savoirs importe moins que l’appropriation par les élèves, dans un contexte d’apprentissage autonome, des moyens de construire le savoir  ». Les méthodes en vigueur présupposent donc que l’enfant qui débute sa scolarité est d’ores et déjà « préparé » à cet environnement pour reprendre l’analyse de M. Jean-Yves Rochex. Tel est le cas des enfants des classes moyennes, qui ont appris, grâce à leur éducation, à soutenir leur propre point de vue et à construire leur propre raisonnement. Les enfants issus des milieux populaires, en revanche, ne disposent pas toujours d’un tel « outillage » et se retrouvent, par la suite, souvent « confrontés » à des enseignants qui, faute d’avoir reçu une formation adéquate, n’ont pas toujours conscience de ces différences".

 

Renouveler l'alliance c'est donc un travail en profondeur sur l'école, sa position, ses pratiques, son idéologie. On mesure la difficulté du travail de JP Delahaye chargé par la ministre d'une mission "grande pauvreté et réussite scolaire".

 

Article Injep

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Par fjarraud , le mercredi 05 novembre 2014.

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