Qui s'intéresse au Principal de collège Pierre-Jean Briard ? Il n'est pourtant ni incorporel ni intemporel, mais il ne correspond à aucune des définitions qui s'étalent dans les circulaires dithyrambiques du ministère le décrivant comme représentant de l'État. Représentant de l’État ; certes ! mais sans les fastes de la République. Pierre-jean Briard, se transforme à la demande en opératrice de saisie, standardiste, archiviste, vaguemestre ou surveillant de récré. Ses dossiers dépassent d'une armoire brinquebalante aux étagères atteintes de strabisme. Son bureau déborde d'emballages : dans ce carton de Thon à l'huile on trouve les livrets de sixième et les Pâtes aux œufs frais, c'est le Brevet. Un tel dénuement ne prête pas à conséquences et crée même le pittoresque de l’établissement. Ici c’est la débrouille, avec un adjoint en congés de longue durée non remplacé, une infirmière à temps partiel, pas d’assistante sociale, une secrétaire dysorthographique, un conseiller d’éducation tétanisé par les élèves, une attachée d'intendance frigorifiée sous son châle, un cuisinier pochard et un gardien atrabilaire. Alors, Bernard Briard maintient son collège en état de marche à grand renfort de stagiaires, de contractuels et d’emplois-aidés.
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