Rythmes scolaires : Le décret est paru. La contestation continue  

Le débat sur les rythmes scolaires continue. La publication au Journal Officiel du 26 janvier du décret sur les rythmes scolaires n'a pas mis fin à la contestation de cette mesure. Les syndicats d'enseignants donnent à nouveau rendez-vous au ministre alors que les maires annoncent vouloir s'affranchir de leurs obligations.

 

L'école française revient à une semaine de 5 jours soit environ 180 jours de classe au lieu de 144. Le nombre d'heures annuelles d'enseignement reste le même. Rappelons qu'il est nettement supérieur à la moyenne des pays développés. Le texte impose une semaine de 24 heures d'enseignement sur 5 jours, chaque journée ne pouvant excéder 5h30 ou 3h30 pour le mercredi matin. La pause méridienne doit être au minimum de 1h30.

 

Le ministère n'enterre pas le principe de l'aide personnalisée mais la remplace par "les activités pédagogiques complémentaires" (APC). Elle sont organisées par le maitre qui demande l'accord des parents, pour " l'aide aux élèves rencontrant des difficultés dans leurs apprentissages" ou "pour une aide au travail personnel ou pour une activité prévue par le projet d'école, le cas échéant en lien avec le projet éducatif territorial". Mais un projet de circulaire présenté en CTM le 10 janvier réduit à 36 heures annuelles le volume de l'aide au lieu de 60.

 

Le nouveau texte a tenu compte des résistances rencontrées. Il allonge au 31 mars la date limite de décision des maires pour mettre en place en 2013 ou en 2014 les nouveaux rythmes scolaires. La ministre des sports, Valérie Fourneyron a fait savoir qu'elle préparait un décret abaissant le taux d'encadrement des enfants pour les activités périscolaires. Cette mesure permettra aux communes d'embaucher moins de personnel. Elle répond à deux critiques de l'Association des maires de France sur le coût de la réforme et sur la difficulté pour les petites communes de trouver du personnel qualifié. Le seuil actuel , qui est d'un adulte pour 10 enfants de moins de 6 ans et un pour 14 au-delà de 6 ans, passera à 1 pour 14 et 1 pour 18. Ces normes ne s'appliqueront que dans le cadre des projets éducatifs territoriaux. Les conseils d'école peuvent, comme c'était déjà le cas dans la première rédaction, tout comme les maires, proposer un projet d'organisation de la semaine scolaire. C'est le Dasen qui décide au final. Il pourra accepter des dérogations sur le samedi matin ou la durée de la journée.

 

Mais rien ne semble réglé ni du coté des enseignants, ni du coté des maires. Le Snuipp 75, qui a réussi une grève massive le 22 janvier, appelle à une nouvelle manifestation le 2 février. Il lance aussi, avec les syndicats parisiens Sud, le se-Unsa  la Cgt, FO, la proposition d'une grève nationale. L'Association des maires de France fait savoir que les activités périscolaires ne seront pas forcément gratuites et qu'elles ne seraient pas obligatoires, ni pour les parents, ni pour les élèves, ni pour les municipalités. Du coup, c'est la promesse présidentielle de l'accompagnement de chaque enfant jusqu'à 16h30 qui s'envole.  Cette annonce entraîne le 25 janvier une réaction du Snuipp national. " Où est l’intérêt de l’enfant pourtant vanté à coup de déclarations tonitruantes ?", demande le Snuipp. Relevant un engagement du ministre de consulter les conseils d'école, promesse qui ne s'est pas inscrite dans le décret, le Snuipp proteste. "Un peu de sérieux ! Le flou et les annonces contradictoires sur la mise en œuvre de la réforme ne sont plus supportables". Les parents de la Peep, seconde association de parents d'élèves, décident de lancer un "manifeste" pour imposer la concertation au niveau local sur les rythmes et obtenir le report de la mise en place de la réforme. La Peep, qui ne ménage généralement pas les professeurs des écoles lors des grèves, reprend la revendication du Snuipp pour que les conseils d'école soient obligatoirement consultés sur tout changement dans les rythmes.

 

Passer à la caisse. L'unanimité qui s'était faite sur l'idée de nouveaux rythmes scolaires semble avoir volé en éclat. Chaque partie prenante estime qu'elle n'a pas obtenu la compensation à laquelle elle pense avoir droit. Les maires ont obtenu une aide financière de 250 millions de l'Etat pour aider à la mise en place des APC. Elle varie selon les communes, les communes en zone rurale ou zone urbaine sensible bénéficiant d'une aide supplémentaire allant jusqu'à 90 euros par élève. Mais cette somme reste inférieure au coût réel des activités complémentaires qui sont évaluées à environ 150 euros par enfant. La tentation reste grande pour les élus de les installer sur la pause méridienne, moment où l'encadrement des enfants et le nombre d'enfants en charge peuvent être inférieurs, plutôt qu'en fin de journée, ou de ne pas mettre en place d'activités comme le suggère l'AMF.

 

Du coté des professeurs des écoles, il y a déjà beaucoup de méfiance sur l'efficacité d ela réforme. S'y ajoute la réclamation d'un dédommagement pour appliquer la réforme des rythmes. Le ministre évoque une revalorisation financière des professeurs des écoles mais refuse de la présenter comme une compensation puisque le volume annuelle horaire de travail des professeurs des écoles reste le même... Entre maires, très souvent de gauche; et syndicats, là aussi de gauche, Vincent Peillon semble bien seul.

 

François Jarraud

 

Le décret

Comment sera organisée la semaine

Des avancées pour les enseignants du primaire

Le dossier du Café

 

 

Par fjarraud , le lundi 28 janvier 2013.

Commentaires

  • stephanetreza, le 28/01/2013 à 16:30

    Nos enfants vont donc aussi faire les frais de la réduction des déficits de l’Etat.

    Qu’est-ce qui peut motiver la mise en place de cette réforme des rythmes scolaires qui va d’une manière évidente dans le sens d’une plus grande fatigue pour nos enfants, contre l’avis des professionnels, à marche forcée, si ce n’est encore une question de gros sous ?

    Première étape d’un plan qui vise à refiler aux communes la charge des salaires des enseignants du primaire, ce projet de modification de la semaine des écoliers n’a pour seul but que de favoriser la mise en place des Projets Educatifs Territoriaux ( PET).

    Il s’agit d’étendre progressivement l’influence des collectivités locales sur les écoles jusqu’au moment où il paraîtra évident de leur donner aussi la charge de la gestion et de la rémunération des enseignants ( qui pour l’instant sont encore à la charge de l’Etat ), en plus des locaux et des cantines. Contribuables locaux, attention à votre portefeuille !

    Et puis quelle sera la qualité de l’enseignement dans les écoles publiques quand on connaît les finances de la plupart des communes ??  Je vous laisse réfléchir ….

     

    http://legrandnimportequoi.clicforum.fr/index.php

     


  • devanssay, le 28/01/2013 à 11:04
    Attention à la confusion APC et activités péri-éducatives !

    APC = Activités Pédagogiques Complémentaires assurées par les PE en groupes restreints (36h/an) ce qui n'a rien à voir avec l'aide donnée aux communes pour aider à financer le péri-éducatif (qui pourra se dérouler en même temps que les APC) mais sera assuré par les communes.

    • chabrun, le 28/01/2013 à 17:22
      Je me posais la question, justement. Les APC ne concernent pas tous les enfants (soutien et aide au travail personnel ou projet en lien avec le projet d'école ou le projet éducatif territorial ), je cite :
      "Le maître de chaque classe dresse, après avoir recueilli l’accord des parents ou du représentant légal, la liste des élèves qui bénéficient des activités pédagogiques complémentaires. »
      Cela veut dire que les APC ne sont pas obligatoires.
      Cela ressemble à ce qui se passe actuellement pour l'aide personnalisée, les enfants qui ne sont pas "retenus" sont chez eux ou en pause méridienne ou en activité périscolaire
      Que feront ceux qui ne seront pas en APC ? ils rentreront chez eux ? des activités périscolaires ?
      L'idée était quand même au départ que tous les enfants bénéficient d'actvités.



      • paslolotte, le 28/01/2013 à 19:05
        Je n'y comprends plus rien ! On revient le mercredi et on fait qd même des heures de soutien ?

        • Zantigui, le 28/01/2013 à 21:07

          Contrairement à le fonctionnement d'avant la réforme précédente, la 1/2 journée travaillée est récupérée au fil des jours de la semaine (si j'ai bien compris). En diminuant le quota horaire journalier, on récupère 3h pour le mercredi/samedi matin.

          Pour les APC, c'est en remplacement de l'aide personnalisée (mais quota horaire diminué) et est compris dans le calcul des 108h dues à l'EN.

          C'est l'article qui se trompe je pense en disant:
          "Les maires ont obtenu une aide financière de 250 millions de l'Etat pour aider à la mise en place des APC."
          La subvention ne sert à la mise en place de l'APC mais pour l'accueil périéducatif (ex.: après 15h30 pour les activités d'éveil, ou juste de la surveillance car pas de budget).

          A mon avis, ca va se transformer en autant de temps à l'école qu'avant car la société, elle n'a pas changé et que les parents ne pourront pas pour autant récupérer leurs enfants plus tôt. Mais ce temps sera plus consacré à de "grandes" récréations.
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