Vincent Peillon a publié le 25 mai 17 rapports de l'Inspection générale portant sur l'année 2011. Ils traitent de la maternelle, des Clis, de la formation des enseignants, du programme CLAIR, du remplacement des enseignants, du plan ENR et de la voie professionnelle. Et ils restituent ce que Luc Chatel n'a pas voulu rendre public de son action ministérielle. Si certains rapports l'accablent d'autres, et parfois les mêmes, interrogent aussi Vincent Peillon.
Le 22 mai, Le Café pédagogique avait évalué à 18 environ le nombre de rapports de l'Inspection générale manquants pour 2011. La sortie de 17 rapports pour cette année nous donne à penser que Vincent Peillon a véritablement sorti ce qui restait dans le coffre. Il confirme ainsi ce que le Café, les Déchiffreurs de l'éducation et d'autres analystes affirmaient depuis des mois : la censure vigilante du cabinet sur des documents qui ne vont pas forcément dans le sens souhaité par le ministre. Cette censure se lit aussi en creux dans les rapports publiés, dans les précautions prises pour faire passer des messages. Enfin certains rapports ont pu sembler trop complaisants par le ministre...
Plusieurs rapports dévoilent les errances d'une politique éducative pilotée par l'Elysée et appliquée avec zèle par Luc Chatel. L'exemple le plus extrême est constitué par les internats d'excellence, extrêmement couteux et surtout utilisés par des élèves issus de milieu plus favorisé que ce qui était dit. Le rapport sur la maternelle montre que la politique suivie par Luc Chatel, "rescolariser" la maternelle, est l'inverse de celle qu'il faudrait suivre. Celui sur le primaire dénonce les tracasseries bureaucratiques dont souffrent les directeurs et établit que la réforme de 2008 n'a rien réglé. Les mêmes conclusions s'imposent pour le dispositif Clair qui a bine du mal à être accepté et qui semble tous les six mois changer de priorité. Le rapport sur les remplacements établit que l'éducation nationale n'est déjà plus , fin 2011, en état de remplir partout sa mission. Certains rapports montrent l'aveuglement du sommet. C'est le cas par exemple de celui sur la formation des enseignants.
La publication des 17 rapports est saluée positivement par les syndicats. Mais ceux qui s'en réjouissent le plus sont les Déchiffreurs de l'éducation. Ce collectif, dont le Café pédagogique fait partie, a dénoncé la censure active sous Luc Chatel. Il milite pour la transparence des données publiques. Pour Jean-Claude Emin, qui le dirige, interrogé par le Café, la publication des 17 rapports est "une excellente chose". La transparence est viable pour un ministre car "il faut distinguer ce qui relève des évaluations et ce qui appartient à la décision politique qui, elle, ne se prend pas que par rapport à des évaluations".
Cette publication est évidemment politiquement heureuse pour Vincent Peillon. Il parait en restaurateur de l'Ecole républicaine et peut démontrer les turpitudes de la droite. Pour autant, sans préjuger de l'avenir des rapports de l'inspection générale sous ce ministère, la publication peut aussi être une gêne pour le ministre actuel. Les rapports de l'inspection sont plus que des études, des pistes discutées et testées par l'administration centrale. Les documents contiennent des préconisations qui peuvent ne pas convenir au nouveau ministre. Ils peuvent aussi contenir des informations en contradiction avec l'image de l'institution.
Enfin cette publication menace directement une autre forteresse de l'éducation nationale : la division des études (DEPP). Si son programme d'études est publié annuellement, tous les travaux annoncés ne sont pas sortis. Certains s'ont été publiés que longtemps après que les statistiques aient perdu tout intérêt dans le débat politique. C'est le cas par exemple des prévisions des effectifs élèves publiées après le débat parlementaire sur les postes. Organisme scientifique, il est plus touché encore par les blocages politiques alors que certains appellent déjà à confier l'évaluation du système éducatif à un organisme externe à l'éducation nationale. La sortie des 17 rapports met davantage encore la Depp en question.
François Jarraud Liens :
La liste des 17 rapports
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