"L'ensemble des rapports de l'Inspection générale qui ont été cachés ces dernières années vont être publiés", a annoncé Vincent Peillon le 21 mai à Brie Comte Robert. Est-ce vrai et surtout est-ce possible ? Quel avenir pour l'évaluation de l'Education nationale par l'éducation nationale ?

Il y-a-t-il blocage des rapports de l'Inspection générale ? En 2011, deux rapports de l’inspection générale ont été publiés au lieu d’une vingtaine dans une année normale. Pour 2012, on en est à 2 rapports également. Publier tous les rapports de l'Inspection  bloqués par le cabinet ce serait donc sortir au moins une quarantaine de rapports d'un seul coup.

Est-ce souhaitable ? Les rapports de l'inspection générale relèvent de commandes officielles faites par le ministre. " Conformément au Programme de travail fixé chaque année, ces rapports ont pour objet l'étude des thèmes prioritaires retenus par le Ministre ainsi que le suivi permanent de la mise en oeuvre de la politique éducative. Cette expertise a pour but de contribuer à la prise de décisions des responsables concernés", expliquent l'Inspection. Ce sont donc plus que des études, des pistes discutées et testées par l'administration centrale. La conséquence c'est que nombre de rapports restent interdits de publication. Vincent Peillon ne s'est d'ailleurs pas engagé sur l'avenir mais sur les bocages de L. Chatel...

Et la Depp ? Le collectif des déchiffreurs, dont le Café pédagogique fait partie, s'est créé justement en réaction à la censure des enquêtes et rapports officiels. Celle-ci concerne aussi les travaux de la Depp, la Direction des études du ministère. Son programme de recherche est publié au B.O. mais les résultats n'en sont pas complètement publiés. Outre des annuels comme le RERS ou la géographie de l'école, la Depp publie des Notes d'information. Avant de partir , Luc Chatel a publié une dizaine de notes en 2012 en avril - mai. En 2012, 28 Notes ont été publiées. En 2010, trois seulement. Mais même sous Chatel, des données stratégiques ne sortent qu'une fois qu'elles sont désamorcées. C'est le cas par exemple des prévisions des effectifs élèves qui paraissent prudemment après le vote du budget et des créations de postes...

Peut-on publier sur soi-même en pleine lucidité et liberté ? Vincent Peillon s'est bine gardé d'évoquer la Depp et de poser la question générale de l'avenir des études  ministérielles. L'intrusion récente du politique dans des publications qui ont un caractère scientifique a fortement interrogé la crédibilité de la Depp. Au moment où le ministre réfléchit à de nouvelles évaluations diagnostic pour le système éducatif, il se trouve devant le choix d'une évaluation externe à l'éducation nationale et indépendante de son autorité ou le maintien de l'évaluation dans son ministère. Derrière ce choix, hautement stratégique, deux conceptions de l'Etat et du rapport entre l'Ecole et la société. Que fera Vincent Peillon ?

Evaluer : Dépasser les blocages